Sunday, November 29, 2009

Revolting - Dreadful pleasures (Razorback Records) 2009


Alors que le "death metal mélodique" d'aujourd'hui est devenu synonyme de refrains pop et de riffs compressés avec lesquels vous pourriez faire danser la boum de votre lycée, il y a encore des musiciens avec de la mémoire et beaucoup de passion pour le genre. Roger "Rogga" Johanson est l'un d'entre eux et avec Billy Nocera du label Razorback, ils partagent une passion sans borne.

Nocera l'exprime avec son propre label en signant des groupes de death metal et de doom old school. Johanson, quand à lui, passe son temps a jouer dans une dizaine de groupes différents un death metal purement old school (Paganizer, Ribspreader, Putrevore ou Bone Gnawer avec Kam Lee de Mantas / Death) influencé par les premiers groupes des labels Earache et Peaceville : Autopsy, Dismember, Entombed. Des groupes de death metal capable de découper vivant un bus scolaire avec un son de guitare incisif tout en les faisant headbanguer grâce a un groove immense.

Assisté de Grotesque Tobias (basse) et Mutated Martin (batterie), Roger Johanson joue de la guitare et growl les paroles écrites par Billy Nocera et un dénommé Elektrokutioner. Fait rare, les paroles mérite d'être lu attentivement par tout les passionnés des histoires horrifiques des EC Comics comme Tales from the Crypt et Vault of Horror ("Killer brain ! He wants you for his lunch ! Killer brain ! Your body he will munch !" dans "Brainwaves of death).

L'artiste auteur de la pochette, Jeff Zornow, dessinateur de divers comics comme Vampirella, Halloween ou Warhammer 40000 ainsi que pochettes de disques (Gama Bomb, Gruesome Stuff Relish, Horrific), est clairement influencé par les auteurs de cette époque tels que Wally Wood ou Graham Ingels. Une nuée de référence qui ne laisse pas au hasard la qualité de l'hommage rendu ici au death metal old school.

La production n'a par contre rien d'old school et profite de la technologie contemporaine pour rendre encore plus puissant les neufs morceaux. La basse ronde gronde sous les riffs dont le groove vous attrape la tête pour vous plonger dans une frénésie qui rendra à la longue vos cheveux plus longs et plus graisseux qu'ils ne l'ont jamais été ! Plus qu'un hommage, Revolting poursuit la route tracée par Dismember et Autopsy et vous invite à oublier tout les groupes de death techniques et artificiels au son d'un death metal suédois old school et irréprochable.

Saturday, November 28, 2009

Pyramids with Nadja - Pyramids with Nadja (HydraHead) 2009


Si la pochette vous donne une impression de calme reposant propice à l'isolement, alors vous avez a quoi vous entendre en achetant ce disque. Plus qu'une collaboration entre les membres mystérieux de Pyramids dont on ne connait encore que le contour vaporeux des photos promotionnels et le duo formé par Nadja, ce disque est une fusion entre deux entités dont l'interprétation des préceptes du shoe gaze a été applaudis par leur originalité.

L'écoute de ces quatre titres (pour plus de 55 minutes de musiques) devra cependant se faire dans l'isolement et le calme plus complet pour en apprécier les nappes vaporeuse et le roulement de basse dont la présence, à l'instar du cours d'eau au travers de l'étendu verte de la pochette, se fait discrète tout en alimentant le mouvement de la vie alentours. Les battements de la boite à rythme sont rares tout au long du disque et n'interviennent que brièvement. Les transitions ne sont donc marqués que par les variations dans les couches de sons provenant de guitare, de synthétiseur, de clavier ou de paroles étouffés dont les respirations roulent au gré de l'évolution de chaque compositions.

Celles-ci forment un tout cohérent pour une plongée intégrale dans un univers sonore tout aussi personnelle que celui de chacun des parties intégrés dans le cadre de l'expérience. En plus des six musiciens de chaque formation, Simon Raymonde (Cocteau Twins), Albin Julius (Der Blutharsch), Chris Simpson (Mineral) , Colin Marston (Behold... the Arctopus, Dysrhytmia) et James Plotkin (Jodis, Khanate) participent. Tout n'est pas qu'ambiance et étendu sonore puisque la présence d'un clavier se distingue très nettement mais il n'intervient, par exemple, qu'à 5 minutes passés pendant "Another war" et ne revient ensuite que plus tard. Distingué une structure serait, de toute façon, une perte de temps quand le but est justement de s'abandonner au gré de l'heure passé en compagnie de ces musiciens.

Tim Hecker, Blut Aus Nord, Stockhausen même, sont des noms qui conviennent très bien pour tracer le contours de ce disque. Les influences de chacuns des collaborateurs, de l'indie-rock à l'industriel jusqu'au travail de textures aériennes interviennent tout au long de ce disque pour en faire un album à part. Un disque qui trouvera parfaitement sa place chez les aficionados du label HydraHead ou des artistes cités à condition qu'ils prennent le temps, ferment les yeux et laissent le disque leur parler tout comme on s'allonge parfois dans l'herbe pour ne capter que les sensations autour de soi et nous oublier quelques instants.

Comity - You left us here (Trendkill Recordings) 2009


Depuis As Everything is a tragedy Comity s'est d'abord éteint pour ensuite être raviver alors que la promesse non tenue d'un dernier concert parisien pendant plusieurs mois sans jamais aucune nouvelle. Puis, l'annonce d'un nouveau batteur et de la prise en main de la basse par le chanteur raviva alors les espoirs de tout le monde jusqu'à leur participation au festival Kill the Trend qui les vit reprendre les armes pour interpréter leur deux derniers albums, As everything is a tragedy et ce mastodonte de dix sept minutes.

You left us here est un titre en forme de question de la part du public envers Comity. La conclusion d'As everything is a tragedy pourrait être, en effet, l'introduction de ce nouveau morceau. Lent et parcouru par des hurlements maladifs, Comity délaisse le chaos alambiqué de ses débuts pour une approche toujours aussi complexe et riche en question / réponse entre les instruments. L'intensité dans la lourdeur. L'influence noise rock est beaucoup plus présente mais écrasé par un tempo doom. Une rencontre étrange et unique à la fois nouvelle et pourtant très naturelle dans l'évolution du groupe quand on considère toutes les étapes traversés dans leur carrière jusqu'au monstre de quatre-vingt dix neuf plages qu'ils nous avaient offert avant leur résurrection.

Accueilli comme des fils prodigues dont on attendait plus le retour sur les planches, Comity continue sa vie comme si rien ne s'était passé. Pas de split, pas de reformation, pas de communiqué de presse pour annoncer un retour au source. You left us here prouve que la réputation de ces parisiens n'est pas le résultat d'un hype alimenté par quelques fans bien placés mais la concrétisation d'années de travail et de connivence entre des musiciens pour obtenir un résultat aussi étonnant, vivant et unique dans une scène dite post-hardcore qui s'auto-référence bien trop souvent.

Warsaw Was Raw - Chaajoth (Rejuvenation Records) 2009


Aussi bon cet EP puisse t'il être, la suite s'annonce déjà bien meilleur. Précédemment composé de cinq membres, deux chanteuses, un guitariste, un bassiste et un batteur, Warsaw Was Raw s'est élagué de lui même. Il ne subsiste donc que batteur et guitariste / chanteur pour causer autant de chaos et de bruit que possible. C'est dans cette incarnation que j'ai connu le groupe et je fus par conséquent un peu déçu de découvrir qu'aucun enregistrement n'existe encore de cette nouveau chapitre de la vie du groupe.

Chaajoth sera la marque laissé par le quintet au temps où leur musique ressemblait encore assez à The Locust ou Pg99. Une dizaine d'année plus tôt et Warsaw Was Raw aurait peut être pu faire parti du label Robotic Empire à coté de The Now et Employer, Employee. Le curseur tend plus vers le punk que vers le metal, même si il y en a aussi. Sur l'intégralité des neufs plages des hurlements hystérique de deux chanteuses sautent avec les mouvements épileptique du trio guitare/basse/batterie dont l'épilepsie est tellement avancée que l'on pourrait suggérer un scission des deux hémisphères du cerveaux pour soigner à la dure tous le groupe.

Aujourd'hui les deux seuls membres restant continue de tenir fièrement l'étendard de cette folie chaotique, entre punk, grind et plan metal barrés, et de faire plus de bruit que sur les chansons de Chaajoth. Voilà pourquoi il me tarde d'entendre le résultat studio de ce duo. Aujourd'hui, sous la forme de ce EP d'un quart d'heure, la forme défunte de ce groupe parisien satisfait autant qu'elle frustre par rapport au titres d'aujourd'hui. Cependant, il y en aura toujours qui auront vu ce groupe à cette époque sur les planches et qui apprécieront ce document. Voir même qui regretteront cette époque ! Solide mais remplis de point d'interrogation, Chaajoth a de quoi convaincre sans vraiment satisfaire totalement. L'aventure continue de toute façon et il y aura bientôt une suite à ce EP et une nouvelle occasion de se prendre une plus grosse tatane. Financez donc le groupe avec l'achat de ce disque pour continuer à en prendre plein la gueule!

Thursday, November 26, 2009

Municipal Waste - Massive aggressive (Earache Records) 2009


Depuis leur premier album pour Earache Records, le van municipale a parcourut le monde sans s'arrêter. Tournée, alcool, excès, album et on recommence. Massive agressive est le troisième disque de Municipal Waste pour Earache Records et le quatrième au total. Huit ans de cross-over thrash / punk avec toujours les même vestes a patch et les même bandanas. Le groupe n'a pas changé mais la mode si. L'influence de la petite minorité de thrashers a grandit et d'autres se revendiquent aujourd'hui de la flamme allumé par DRI et Cryptic Slaughter. Le Party Thrash est devenu un emblème. Le marché du beer bong et du surf board ferait bien de les remercier pour tout ces exemplaires vendus à des fans enthousiastes venu faire la fête avec le quatuor Waste.

Seulement le temps passe et la fête devient lassante quand elle est forcée par la demande d'un public dont le concert est la toile de fond de la soirée, pas l'attraction principale. La ligne directrice de ce disque est donc l'agression. Moins de punk, moins de fête, plus de thrash, plus de paroles sur des films d'horreurs. Les "Hadbanger face ripp", "Beer pressure" et "Born to party" de The art of partying sont remplacés par "Wolves of Chernobyl", "Media skeptic" et "Acide sentence". Conscient d'être devenu une attraction, Municipal Waste se ressource dans le thrash et ralentit les riffs, les rends plus menaçant, moins dansant.

L'impression d'une machine fatigué est aussi un présente quand les refrains n'agrippent plus avec autant de folie que ceux des disques précédents. "Wrong answer" fera surement partie du répertoire du groupe pendant longtemps mais je n'entends plus la même envie de tout foutre en l'air et de tout exploser que les trois disques précédents dispensait. Lassitude toute personnelle ou signe de fatigue du groupe, je ne sais encore me décider à ce sujet. Je n'ai juste pas autant envie de faire tourner aussi souvent "Massive agressive" que "The art of partying" et leur album éponyme.

Désormais abonné aux annulations ou décalage de tournée, la France et Muncipal Waste dans un tango agaçant pour un fan désireux de se frotter a l'expérience live. Pas pour se lancer sur un surf board et encore moins pour partager un beer bong avec mes amis mais simplement par passion pour leur musique. J'ai envie de voir comment ces titres sont joués sur scène et si il gagne en puissance. Car malgré le manque d'explosions de caisse clair dont Dave Witte a le secret, et de sing along il reste assez de riffs pour tenir pendant l'hiver et attendre le printemps jusqu'à l'arrivée tant attendu du van municipal venu réchauffer les cœurs et les oreilles.

The Fallen Within - Intoxicated (Coroner Records) 2009


A ce stade du phénomène, il faudrait vraiment un nouveau né pour ne jamais avoir entendu au moins une fois tout les clichés du genre que contient ce disque. D'origine italienne, ce jeune groupe de metalcore ne retient que peu de chose de son origine géographique, en dehors de la voix du chanteur, et suis surtout les marques laissés par Killswitch Engage et Dark Tranquility. Clavier et guitare synthétique, rythmique mécanique et paroles copiés sur Linkin Park. Ce groupe pourrait aller loin si il avait sorti ce même album il y a trois ans. En plein coeur de la mode il aurait surement intéressé quelques fans gourmands des disques du genre. Aujourd'hui repu, Intoxicated porte très bien son nom puisque c'est ce que risque de causer le trop plein de refrains et de riffs mélodiques entourés de mosh part aux fans des artistes précédemment cités. Encore un groupe qui ferait mieux de s'acheter une nouvelle religion avant que le vent ne tourne totalement en sa défaveur, si ce n'est pas déjà trop tard.

Disarmonia Mundi - The isolation game (Coroner Records) 2009


Des groupes peu originaux il en existe des milliers. Des groupes qui invitent le chanteur du groupe dont ils font beaucoup plus que s'inspirer il n'y en a par contre pas des masses. Disarmonia Mundi est donc un clone de Soilwork, purement et simplement, avec a charge d'inviter Speed sur plusieurs chansons afin que l'illusion soit complète et que leur disque ressemble d'autant plus à une compilation de face B de Stabbing the drama. Correct sans jamais dépasser la barre du "supportable, mais pas trop", le chanteur attitré choisit de piller à la fois Soilwork et In Flames en alternant cri rauque et aigus ainsi qu'une voix mélodique emo. Tout les attributs se lisent ensuite comme une liste de course classique pour un groupe du genre : batterie triggée, son compressé et refrains mélodiques à tout les étages. Impossible même de les taxer de débutant puisque The isolation game est leur quatrième disque ! La seule issue pour eux semble donc être la porte de sortie ou un cinquième disque probablement identique. L'industrie du cinéma connait le direct to vidéo, voici le direct to bac à soldes.

Wednesday, November 25, 2009

Puppetmastaz - The Break up (Discograph) 2009


The Break up est l'album post mortem du collectif allemand. Sa sortie marque la fin de leur aventure en tant que la groupe mais pas la fin de leurs carrières respectives. Le concept du disque est donc d'annoncé, non seulement leur séparation, fait accompli sur le skit de la deuxième plage, mais aussi d'annoncer leurs carrières solo! Dénué de fil conducteur, The break up est une mix tape de l'après Puppetmastaz où chaque membre peut démontrer son incapacité à s'éléver au dessus du niveau imposé par les précédents disques du collectif.

La pente est alors très raide dès le début de "Masquerade" dont l'influence principale est Daft Punk (beat funk remixé + auto tune). Une erreur de parcours ? Malheureusement non puisque la chute continue de se prolonger sur chacun des morceaux suivants. L'album souffre alors d'une pluralité de direction mal exploité qui faisait partie du mélange accomplit sur les disques précédents (ragga, crunk, rap west coast) mais qui pris indépendamment perdent toute intérêt.

Sans histoire à raconter, les paroles tournent en rond d'un ego trip minable où tout le monde veut tirer la couverture vers sois sans se rendre compte qu'ils se disputent en réalité un torchon. Dispersé et atrophié, l'avenir sera surement fait de plusieurs disques solos tentant de raviver la flamme en encombrant les bacs et les ipods. L'orientation génèrale semble être vers le crunk et le rap / pop / electro de TTC, la violence et la stupidité outrancière en moins.

Le perpétuel jeux sur les clichés du rap disparait au profit d'un sérieux maladroit pour une bande de musiciens cachés derrière des marionnettes. Un jeu très vite fatiguant et agaçant quand il n'est pas soutenu par un concept et des chansons efficaces. Aucun n'a la classe d'un Dizzee Raskal et tous s'éparpillent dans des chansons de seconde zone, à peine digne de figurer sur des compiles comme on en voit dans les vitrines des épiceries.

La vie des Puppetmastaz s'achève sur une sortie de piste précédé d'une chute vertigineuse depuis le sommet de The Taker over où vous serez bien avisé de vous arrêtez sans regarder jusqu'où nos peluches se sont finalement éclatés.


Tuesday, November 24, 2009

Dj Shadow - Endtroducing... (Mox'Wax) 1996


Aujourd'hui, afin de faire découvrir cette pierre angulaire du trip-hop à une collègue, j'ai téléchargé ce disque depuis un blog pour qu'elle puisse l'écouter sur son lecteur. Celle-ci préfère le format digital au prêt de disque que je lui aurais apporté avec plaisir.

Endtroducing ... est un de mes disques de chevet depuis qu'un ami me l'a gravé sur une compile depuis une version qu'il avait lui-même téléchargé sur les réseaux de peer-to-peer. Un disque échangé sous différents formats dont le contenu est un hommage à l'art du sampling, du digging et donc au vinyle. Composé à partir de la collection d'un mythique magasin de disque de Davis en Californie, ces samples ont été puisés dans la mer de vinyle qui sert de toile de fond à l'interview de l'intéressé dans Scratch. Depuis ce nid où repose tant de vinyle éparse a éclot Endtroducing ...

Reconnu applaudit par la presse généraliste et spécialisé, son nom apparait dans les listes des 100 meilleurs albums jamais produit dans un numéro de Spin Magazine (à la 69 place, entre Maxiquaye de Tricky et The Blueprint de Jay-Z) et Time magazine (entre Time out of mind de Bob Dylan et (What's the story) Morning glory d'Oasis). Un témoignage à la fois de l'éclectisme des classements où on peut le retrouver mais aussi de l'unanimité des journalistes de tout bords à son écoute.

Classé au guiness book comme l'un des seul album réalisé uniquement à partir de sample d'autres albums, Endtroducing ... a aussi popularisé le trip hop (le label Ninja Tune lui doit beaucoup) tout en participant activement à l'histoire de la scène rap et de la scène electro d'une manière générale. Cette attitude musicale est parfaitement illustrée par la liste des artistes, samplés pour la création de ces chansons, dont les frontières musicales sont réduites à la distance entre les différents rayons d'un magasin de disque, comme celui de la couverture. Autant plongé dans le funk et la soul que dans Kraftwerk, Bjork ou Metallica, la liste des artistes se lit comme un voyage à travers les cultures. Paradoxale pour un disque à la sensation aussi organique où les emprunts se superposent avec grâce "comme si le destin avait voulu que ces disques se rencontrent" (comme le décrit Shadow dans ce même reportage).

Ces chansons n'auraient pas aussi bien sonnés si les différents artistes s'étaient rencontrés physiquement dans un studio. Là est tout le talent du Dj pour faire de ce melting pot un joyaux unique. Bien plus que la somme de ses composants.

Endtroducing.... pourrait-il être réalisé aujourd'hui ? Peut-être bien plus facilement qu'en 1996 puisqu'à l'instar de ma méthode de collecte de ce disque, la médiathèque internet donne accès à une réserve inespéré de disques éparses. Le sous sol de ce fameux magasin de disque reproduit à l'échelle mondiale. Le charme de la fouille physique est alors remplacé par le moteur de recherche. La pochette d'Endtroducing... ne sera bientôt plus qu'un vague souvenir nostalgique pour des générations de fans. En revanche, Organ donor continue d'enthousiasmer des générations et des cultures, comme j'ai pu le constater lors d'un récent concert de Dj Krush (le Shadow japonais à la discographie plus conséquente et consistante), et Midnight in a perfect world est toujours une des plus belles chansons au monde.

Dj Shadow @Myspace

Dj Shadow dans Scratch


Dj Shadow - Midnight in a perfect world

Sunday, November 15, 2009

Bloody Panda - Summon (Profound Lore) 2009


Avant même d'écouter Bloody Panda, il suffit de poser les yeux sur une photo pour se rendre compte que sextet n'a rien à voir avec un groupe de doom normal. Autour de la voix de Yoshiko Ohara, aux cordes vocales à la fois angélique et déchiré, six musiciens frappent cordes, touches et percussions pour un résultat bien évidemment des plus sombres.

La place de Yoshiko Ohara n'est pas restreinte à celle de l'enfant perdue ou de l'homme / femme aux vocalises violentes et masculines. Cette jeune japonaise est tout simplement femme et c'est cette sensibilité particulière qu'elle apporte dans Bloody Panda. Une violence et une émotion exprimé avec un registre vocale étendue autant dans les mélodies que dans des cris terrifiant emprunt d'une humanité bien souvent occulté par des chanteurs à la voix gutturale.

Il n'en reste pas moins que de ne parler que sa chanteuse serait se limiter à un joli petit cliché promo pour attirer le chalant. Déguisé sous des robes noirs, ses compagnons apportent chacun une part importante de l'originalité du groupe. La batterie ne se limite pas à une frappe espacé et use de roulement pour briser la monotonie des rythmes funéraires du genre. Ce genre est d'ailleurs le drone doom si l'on veut être précis même si Bloody Panda est aussi à l'aise dans ce genre qu'avec des groupes comme Kayo Dot, Ocean ou Wolves in the Throne Room avec qui ils ont partagés des affiches.

L'autre musicien à l'apport considérable est le claviériste, Blake McDowell chargé du clavier et de l'orgue ainsi que de la voix. Bien que celle-ci ne se fasse pas très bien entendre, le contre pied léger qu'il apporte aux riffs de guitares gras est bienvenue et contribue aussi à l'atmosphère quasi religieuse de Summon. Procession, messe noir, rituel, un vocabulaire qui s'adapte assez bien à ce disque mais qui m'ennuie car trop entendu alors que le produit des influences de ce groupe est bien plus original que la juxtaposition de quelque termes piqués ça et là dans des chroniques de drone doom.

Bien plus variés que Moss ou Monarch!, le sextet américain retient l'attention de différentes manières mais réussit à produire un disque constant alors que l'un des morceaux atteint 21 minutes. Celui-ci est d'ailleurs illustré par le contenu d'un DVD mélangeant images de concert et mise en scène symbolique autour de la chanteuse. L'initiative est à salué et affirme les volontés artistiques du groupe, dénué de prétention puisque la musique s'y prête parfaitement. Un album à la hauteur de la réputation de label hors normes que s'est forgé Profound Lore.


Drumcorps - Grist (Cock Rock Disco) 2006


A l'instar de Bong Ra sur Full metal racket, Drumcorps (aka Aaron Spectre) remixe un genre bien éloigné de son territoire électronique : le hardcore chaotique. Les noms de Curl Up and Die, Converge, Botch, Cave In ainsi que Pig Destroyer apparaissent successivement à l'esprit ou sont référencés dans les titres des chansons, rendant l'emprunt encore plus évident. L'utilisation du riff principal de The Saddest day de Converge est particulièrement réussi et intégré dans une rencontre frontale entre des riffs de guitare déstructures et des beats breakbeat fracturés.

La collusion entre les deux styles est tellement réussi que l'on est en droit de se demander pourquoi personne n'y avait pensé auparavant. Le beat ragga qui introduit "Down" superposé au chant de Steve Brodsky sur "Terminal deity" fait figure de single alors que les deux genres n'ont théoriquement rien à faire ensemble. Il en est ainsi de tout le reste du disque puisque sur dix plages la fusion des genres est accomplis avec beaucoup de maitrise en respectant l'intensité des chansons samplés (Spectre proclame même à l'intérieur du disque son "respect pour les sources" où il a puisé ses samples) en évitant les éccueils des centaines de remixes electro d'artistes metal que j'ai pu entendre auparavant.

Le véritable succès de Drumcorps sur ce disque est d'avoir vraiment compris les genres musicaux dont il tire ses riffs pour les incorporer dans une structure breakcore tout aussi puissante. Rien d'étonnant puisque celui-ci a grandit au son de Converge et de Cave In en allant aux concert de ces groupes dans son adolescence. Tout comme Bong Ra dont le passé est ancré dans la scène metal, Drumcorps rend donc hommage à ses influences en allant plus loin que le simple remixe pour créer de nouvelles chansons. Le seul défaut pour les fans des groupes originaux est que les samples sont tellement faciles a reconnaître qu'il est difficile de s'éloigner de l'idée de remixe (comme "the Saddest day" de Converge sur "Saddist mix")

Cependant, Drumcorps ne s'intéresse qu'à des parties de chansons et crée de véritables chansons autour de ceux-ci. L'emprunt est donc digéré et mis au service d'une musique différente, tout en gardant l'énergie originale et l'inventivité des chansons dont il puise une partie de sa musique.

Saturday, November 14, 2009

Converge - Axe to fall (Epitaph) 2009


Déçu par un You fail me trop décharné alors que j'avais été introduit à l'univers de Converge par Jane Doe et ses riffs monumentals, je redécouvre aujourd'hui Converge sur un Axe to fall très metal où se côtoient des membres de 108, Himsa, Disfear, Cave In, Genghis Tron, Blacklisted, Neurosis, Hatebreed. Ne figure pourtant sur la couverture que le nom de Converge car celui-ci suffit à juger de la qualité du disque. Invité ou non, l'identité du Converge reste constante.

Les interventions des différents musiciens invités n'ont pas tous un intérêt prononcé. Sean Martin (Hatebreed), George Hirsch (Blacklisted), Trivikrama Dasa (108) et John Pettibone (Himsa) passent presque inaperçus si l'on ne tends pas l'oreille. "Effigy" accompagné des trois quart de Cave In prouve surtout à quel point ceux-ci ont été influencés par Converge si ils ont pris part dans l'écriture dans ce titre. De même, les leads crust de Ulfe Cederlund (Disfear) ne dénote pas par rapport aux envolés frénétique riches en double grosse caisse des quatre premiers titres.

Le tempo se ralentit sur "Worms will feed" pour permettre à Nate Newton de soutenir avec un chant plus déchiré que dans Doomriders une mélodie maladive comme en est capable Kurt Ballou. Un apaisement déchiré dont le relâchement permet de souligner la folie vengeresse qui s'empare de nouveau du groupe sur Wishing well. Du pur Converge, possédé et superbement composé, autant dans l'écriture des titres que dans leur enchainement féroce sur des durées allant d'une minute quarante à moins de cinq minutes. Converge n'est plus un groupe de hardcore, au sens strict du terme, mais il en possède toujours l'énergie.

Que dire des riffs de Kurt Ballou autrement qu'ils semblent meilleurs à chaque écoute plus on prête attention à chacun d'eux. La basse de Nate Newton est proprement monumentale. Un son metallique et lourd qui ne s'écoule pas sur la guitare mais marque sa présence. Qu'en à Ben Koller, il ne s'arrête tout simplement jamais d'asperger sa batterie d'une frappe énergique pour un résultat aussi riche que constant en terme de puissance. Un disque placé sous le signe de la violence dont les seuls véritables ralentissement se trouve à la toute fin du disque.

"Cruel bloom", titre folk interprété avec Steve Von Till (Neurosis) au son d'une guitare folk qu'il ne tient cependant pas entre ses mains et d'un piano. Accompagné de trois autres voix, son intervention présente une rupture radicale dans le flot du disque dont le souffle aurait pu manquer,. Épuiser mais toujours habité par la même mélancolie, les décibels reviennent toutefois en force pour conclure la chanson et relever la tête avant le grand plongeon. Fan de Converge et aujourd'hui invité sur ce dernier titre, les trois membres de Genghis Tron ne doivent pas en revenir de leur ascension. Ils relèvent parfaitement la tâche qui leur est proposé en s'appropriant l'atmosphère du disque sur sept minutes lentes et sombre. Les tonalités électroniques des synthétiseurs s'adaptent parfaitement aux paroles d'un romantisme déchiré. Dernière explosion de guitare. "We may get better" peut-on lire à l'intérieur de l'album. Peut-être. Mais on se remettra difficilement d'une rencontre avec un album pareille.

De Magia Veterum - Migdal bavel (Transcendental Creations) 2009


Non content d'être déjà auteur d'un album dantesque pour Gnaw their Tongues, Migdal bavel marque un tournant dans l'existence de De Magia Veterum, autre projet solo du même compositeur.

La tornade annoncé par le EP The Apocalyptic seven beast arisen s'est partiellement apaisé pour un résultat moins intense mais tout aussi puissant. Contrairement à Gnaw their Tongues a l'atmosphère a couper au couteau, De Magia Veterum est une occasion pour son auteur de se tourner vers une musique plus basé sur les riffs de guitare. Alors que Gnaw their Tongues rejoint le black metal dans l'atmosphère, De Magia Veterum est un projet autrement plus violent d'un point de vue sonique.

Proche de Blut Aus Nord à l'époque de The work which transforms God , Migdal bavel présente un visage plus traditionnel malgré sa production, sa boite à rythme tout aussi synthétique et son aura fantomatique gonflé d'effets. Jamais le contenu de ce disque n'aura a être reproduit en concert alors pourquoi ne pas faire partir des sons de tout côté. Tout aussi labyrinthique qu'All the dread and magnificience, l'atmosphère n'est absolument pas la même et exulte une puissance épique et maléfique largement inspiré d'Emperor (période In the nightside eclipse). Des lignes mélodiques triomphe de la carapace bourdonnante d'effets et reigne sur chaque chansons. La basse n'est d'ailleurs présente qu'au troisième plan derrière la boite à rythme, les touches de synthé et les hurlements indistincts caractéristique des projets du fameux Mories.

Contenu dans un boitier cartonné horizontale, l'illustration apocalyptique de couverture évoque lees gravures d'Albrecht Dürer et cloisonne le disque entre deux panneaux. L'appropriation des codes religieux pour créer un artefact unique est très réussis. Une cohérence que l'on retrouve bien entendu sur les dix plages du disques dont deux sont des interludes ambiant habité par un drone de courte durée servant de respiration entre les chansons aux lignes de guitares dissonantes. Le terme de chanson est d'ailleurs très approprié avec des titres comme "Curse of Canaan" ou "Below the altar of R-Hoor-Khuit" aux superbes mélodies bien que le disque trouve toute sa force dans son ensemble. Un seul homme pour deux projets unique et deux disques, tout aussi excellent, produit au cours de la même année.

Between the Buried and Me - The great misdirect (Victory Records) 2009


Fan depuis le premier album éponyme sorti sur Lifeforce, Between the Buried and Me est passé du patchwork metal soutenu par une forte dose de pro tools à un metal progressif toujours aussi varié et plus technique. Sélectionné par Dream Theater après la sortie de Colors, leur album précèdent, pour un festival prog réunissant Opeth et 3. Cette proximité avec les héros du metal progressif les a d'ailleurs marqué dans le mauvais sens si j'en juge par le titre "Desert of song" qui frôle un peu trop le domaine de la ballade sirupeuse et mélodramatique.

Cependant, on est passé a côté du pire : bien que Colors comprenait beaucoup plus de passages en chant clair (tant mieux), l'album aurait put n'en être que constitué (ce qui aurait été dommage). L'alternance est donc toujours présente. Les solos sont aussi toujours là, prog oblige, et l'album s'écoute d'une seule traite comme une plage unique décomposé en mouvements. Rien n'a vraiment changé. The great misdirect est l'album que tout les fans de Between the Buried and Me étaient en droit d'attendre après Colors à l'exception de ceux qui s'imaginaient, comme moi, que le groupe allait évoluer. Se transformer ? Progresser ?!

Between the Buried and Me n'a rien perdu de ses qualités de compositions. Celles-ci s'était fortement accentué sur ce fameux disque précèdent que je ne cesse de citer comme référence, mais stagne aujourd'hui. Autant stagner au sommet de la gloire mais pour l'effet de surprise il faudra repasser. Si le style ne change pas et si la forme n'évolue pas non plus, autant rester chez soi et continuer à écouter les disques précédents. La comparaison avec ses prédécesseurs étant ce qu'elle est, ce nouveau disque en souffre un peu, pris dans son contexte, mais n'en reste pas moins un album très écoutable mais seulement moins enthousiasmant.

Correctement composé mais dénués de surprise pour le fan de longue date que je suis. The great misdirect est un pas de plus dans l'univers du progressif même si l'étiquette en devient malheureusement ironique pour un groupe qui avait toujours franchis, jusqu'à présent, des paliers conséquent dans son évolution entre chaque disque.

Friday, November 13, 2009

Zu au Glaz'art (12/11/09)


Après avoir essayé pendant des années d'encourager des dizaines de personnes à venir assister a de bien meilleurs affiches, je dois rendre hommage au talent d'organisateur de l'homme autour de qui la soirée était centrée. A défaut d'avoir choisit des artistes valables, il a pris des artistes qui ramènent du monde pour garantir à Zu et au Glaz'art un public conséquent. Pour la qualité musicale, on repassera.

Une fois rentrée dans la salle, une dame me tend un DVD qui se révèlera être une collection de court métrage réalisé, avec la collaboration d'une autre personne non identifié, par l'organisateur se trouvant au même moment sur scène derrière le micro. Rien que ça ! Dans la salle du fond , un organiste s'escrime sur son instrument pour sortir une musique qui pourrait aisément partager un split EP avec Yvette Turner. La soirée commence bien.

Bien avisé d'avoir écouté un peu les pages myspace des groupes annoncées, j'ai pu obtenir l'heure de passage de Zu pour ne me radiner qu'après 22H. Point besoin de connexion mafieuse, il lui aura suffit d'appeler la salle, une leçon que bien d'autres devraient retenir en cas d'occasions similaires.

Vers 22H30 Zu passe sur la grande scène. L'organisation a, en effet, aussi pris le parti de faire jouer d'autres groupes à côté de la scène pour accélérer les changements de plateaux. L'heure de concert commence alors dans une salle attentive et excité. Au bout de quelque morceaux une petite fosse se déclenche même où une tripotée de bobos sautillent et se bousculent. La retraite est donc prise sur le côté pour apprécier correctement le concert. Car des choses à apprécier, il y en avait ! Le spectre de Godflesh et de Mr Bungle vole par moment dans mon esprit mais Zu n'en reste pas moins une bête unique. La combinaison basse / batterie / saxophone est plombé pour un résultat aussi lourd qu'à un concert de metal.

La basse est grasse et métallique. Le jeu du batteur aussi précis qu'il est riche. Les dix années d'expériencent se sentent donc à chaque break et dans les partis plus free et démontre sa maitrise à la fois par son l'expérimentation et sa capacité à déchainer un groove monstrueux.
Les sons se mélangent malgré les univers différents qu'ils occupent et donnent au set une couleur particulière renforcé par l'enchainement sans temps mort des titres. Pas même entre la "fin" du concert et le rappel où le sample de grognement de chien sur lequel le dernier titre était joué continuent de tourner pendant la courte absence de scène des musiciens.

Autour de moi un public éclectique hoche la tête et rentre dans le jeu des musiciens. La musique de Zu est tellement riche qu'elle invite tout les publics et toutes les réactions. Des plus attentives aux plus énergiques. Certaines viennent pour la puissance du son, d'autres pour l'énergie,, le groove, l"originalité. Une diversité que l'affiche voulait peut-être émulés ? Seulement, ce soir, rien n'arrive à la cheville du trio italien. Seul des titres de Carbonipherous seront interprétés pour un tour d'horizon pratiquement complet de cet album qui en aura surement marqué plus d'un cet année, tout comme ce concert que l'on ne pourrait qualifier de rien moins qu'irréprochable.

Wednesday, November 11, 2009

Antipop Consortium + APSCI à la Maroquinerie (09/11/09)

Fait amusant, quand on tape APCSI sur youtube on tombe principalement sur des vidéos traitant de l'Apocalypse selon Saint-Jean. Le duo de rappeur / chanteuse n'a pourtant absolument rien à voir avec ces prédictions en dehors du fait que leur nom est APSCI et que toutes les annonces de concert ont reproduit la même erreur. Leur but a eux est de faire la fête et de proposer un mélange dansant et attractif visuellement, grâce a des projections d'extraits de films (Coraline, Le labyrinthe de Pan, Sin City ...) ou de clips vidéos les mettant en scène (d'où ma recherche sur youtube). Malheureusement, c'est avec une main blessé par un chat agressif, pour la chanteuse, et une entorse, pour le rappeur, que le groupe devra jouer.

D'abord assit à la table ou repose son ordinateur portable, celui-ci finira par se lever et bouger un peu malgré tout. C'est d'ailleurs un témoignage de la tenacité et de la conviction de ses musiciens de venir jouer dans de tel conditions devant un public aussi peu réceptif leur mélange electro / soul / rap pourtant très bien joué et efficace. Le mélange des genres était pourtant partis pour me déplaire sur le papier mais j'ai eu l'impression d'être un des seuls a véritablement apprécier leur musique pendant le concert. Les beats sont gros, la voix de la chanteuse (agrémenté d'effet) est superbe et le rappeur a suffisamment de technique pour enrichir le mélange. Un véritable couple (à la ville et sur scène) qui mérite beaucoup plus que l'accueil froid et absent qu'il a re_u. Pas de rappel pour eux donc mais un set d'un peu plus de quarante cinq minutes qui aura fait plus que passer le temps. A revoir dans de meilleurs conditions, sans faute de frappe et avec un public moins statique.



Déjà acquis à leur cause, Antipop Consortium n'aura pas a faire beaucoup d'effort pour obtenir une réaction du public. Le quatuor New Yorkais est un vétéran de la scène rap indépendante et s'est trouvé une oreille attentive chez les fans d'electro, de rap et les bobos. Le public ne brillera par conséquent par son dynamisme, contrairement aux rappeurs dont les flows croisés rendent l'expérience scénique bien plus saisissante que l'écoute de leur disque malgré leurs multiples qualités. Antipop Consortium est un des groupes que j'écoute depuis qu'un ami bien intentionné m'a introduit à l'autre visage, plus intello, moins ghetto et bien souvent plus blanc, de la scène rap. Je n'aurais cependant pas le loisir d'entendre beaucoup des titres de leurs anciens albums, hormis trois titres de Arrythmia dont "Dead in motion" et "Ping pong" lors du rappel.

Les titres du dernier album suffisent cependant largement a me contenter bien que je les découvrais ce soir. Je dois avouer que la re-formation de ce groupe me faisait craindre un disque en demi teinte mais que la promesse d'entendre enfin les morceaux de Arrythmia m'ont poussé à me déplacer. Pourtant, le groupe ne semble s'être jamais séparé et s'amuse visiblement sur scène. Beans, derrière de grosses lunettes, reste en retrait sur scène tout en rappant avec une capacité ahurissante. M Saïd n'est d'ailleurs pas en reste et ses interventions au chant sont les bienvenus. Le style de High Priest se situant entre les deux, sa présence se fait moins remarquer mais il ne démarque pas non plus par rapport aux prouesses de ses compagnons.

Le concert est composé d'enchainement de titres de leurs disques et de séquences d'improvisations où chacun se retrouve autour d'une table et s'affaire sur un sampler ou un clavier. Ces interruptions sont à la fois intéressant et frustrant puisque, le dos tourné ou les yeux rivés sur l'instrument, l'interaction avec le public est alors nulle. Toutefois, au bout d'un peu moins d'une heure de concert suivis de deux rappels qui pousseront la durée de la performance à une heure vingt, il serait malvenu de tirer un bilan négatif de la soirée juste pour ces petits reproches. Aussi à-part et originaux puissent-t-ils être, les rappeurs d'Antipop Consortium reste les pieds plantés dans l'attitude festive et dynamique des concerts de rap. Ma seule frustration est de ne pas avoir entendu plus de titres que je connaissais mais quand les nouveaux sont aussi réussis, il n'y a pas non plus de bonnes raisons de se plaindre.

Oxbow + Pneu à la Maroquinerie (08/11/09)


Oxbow est de retour à la Maroquinerie et ce n'est pas sans me surprendre. Je n'aurais jamais imaginé qu'un aussi large public puisse remplir la capacité de cette salle pour un concert aussi alambiqué et différent qu'un concert de Oxbow. Différent de tout et par conséquent unique en son genre. La musique de Pneu est donc, en comparaison, moins incroyable mais réussira toutefois a ne pas se faire oublier après la performance du quartet noise art rock.

La musique chaotique et explosive du duo guitare / batterie aurait pu être totalement hermétique au public de la Maroquinerie si elle avait été joué sur la scène. Or, comme le duo choisit l'option Lightenning Bolt en se placant au milieu du public avec ses amplis, leur materlement chaotique et explosifs de leurs instruments se transforme en événement où le public participe presque à la musique en étant collé aux matériels. Les yeux rivés sur le centre de la salle, l'énergie dégagé par les deux musiciens donne envie de se rapprocher et de prendre part à l'orgie sonore.

La batterie est réduit à son plus simple appareil mais le jeu tout en roulement et en cymbale alterné à des tempos incalculable se colle magistralement bien au jeu complexe du musicien. La complicité entre les deux hommes est évidente et rend leur mélange de math et de noise rock encore plus jouisif tant ils prennent visiblement leur pied tout les deux. Le public ne s'y trompera pas en demandant un rappel où le batteur donnera les cordes et les baguettes à différents membres du public avant de reprendre le contrôle du concert et de finir le concert comme il avait débuté : dans la joie et le bruit.

On aurait pu alors penser à une émulation de la performance de Pneu en voyant le concert d'Oxbow commencé dans la fosse mais d'après ce que j'ai pu lire sur d'autres concerts de leur tournée, cet introduction fait en faite partie de leur performance habituelle. Aux premières notes de guitare acoustique on ne capte pas forcemment tout de suite ce qui se passe mais quand un Eugene Robinson vétu d'un trench coat, arborant fièrement moustache et bonnet, traverse le public pour rejoindre le fond de la salle, il n'y a plus de doute à avoir : Oxbow se met a faire du blues. Pas d'électricité pour cette introduction. Eugene Robinson fait porté sa voix à travers la salle sans l'aide d'un micro tandis que le public fait silence (à l'exception de quelques zigotos sur le devant de la scène) pour écouter la guitare, la batterie et le violon des trois autres musiciens.

Au bout de trois morceaux ce moment d'intimité rare entre un groupe réduit à son plus simple appareil sonore se conclut et chacun prend son matériel pour se diriger vers la grande scène. Les cordes de The narcotic story envahisse l'espace tandis que les musiciens s'accordent et préparent la déflagration sonique qui va suivre. Car une fois le morceau commencé il n'y aura pas de question à se poser sur la qualité du son ou l'intensité de la performance. La bave coule des lèvres de Eugene Robinson pendant et entre les morceaux. Le corps partiellement dénudé il semble dégager autant de force de ses bras quand il danse au son des instruments que quand il chante de sa voix si particulière. A mi chemin entre le chant blues qu'il vient d'interpréter en acoustique et le cri, la narration de Robinson agite les titres de Oxbow mais ne constitue en rien l'attraction principale du concert.

Il a peut être suffit d'annoncer le strip tease d'un noir musclé et possédé pour faire venir une partie du public mais la musique d'Oxbow ne se résume en rien à une performance visuelle. L'emploi du terme de symbiose entre les musiciens a rarement été aussi justifié pour définir un groupe aussi spectaculaire. Le noise jazz art rock que le quatuor joue est aussi cohérent et complexe que la juxtaposition de tant de terme est absurde et ridicule. La collection de chansons que le groupe a accumulé au cours de ses vingt années d'existence est tout aussi conséquente tant la cohésion et la qualité ne feront pas défaut au court de cette heure de concert consacré à une rétrospective complète de la carrière du groupe. De ce lot je ne reconnaitrais bien sur que quelques titres de the Narcotic story dont le fameux "Time Gentlemen, time" mais rien dans cette performance ne pourra me convaincre de ne pas écouter le reste de leur discographie.

Je pourrais parler plus en détails des quelques agités qui tenteront de "provoquer" (plus par jeu que par réelle envie d'en découdre) Robinson sur le devant de la scène mais ce serait oublier que malgré cela, ce concert fut tout simplement parfait et unique. Au bout de vingt ans, la musique d'Oxbow est toujours aussi unique et intense et a en juger par la qualité du concert et l'accueil enthousiaste du public (ainsi qu'au titre de leur dernière sortie vynil, Songs for the french) ce concert ne sera surement pas le dernier que le groupe donnera sur les planches parisiennes.

Saturday, November 07, 2009

Oddateee - Halfway homeless (Jarring Effects) 2008


Par trois occasions déjà j'ai eu le plaisir de voir Oddateee ouvrir pour Dälek. La première fois en ouverture du concert de Jesu et Isis où Dälek était censé ouvrir. Un rappeur noir dynamique et allumé est alors monté sur scène pour interpréter ses chansons et s'accaparer le public en l'espace de vingt minutes. Une vraie performance énergique en guise d'introduction au rap lourd et gorgé de distorsion de Dälek qui tournait alors autour de l'album Absence. Le retour de l'allumé de Brooklynn se fit ensuite au Nouveau Casino pour un set en deux parties avec un peu dee jaying en ouverture avant de passer au micro pour une performance tout aussi puissante mais plus assuré.

"Hip Hop saved my life". L'homme ne se fatigue pas de le répéter à son public en l'observant d'un sourire fatigué au bord de l'orgasme. Allumé, ce rappeur l'est dans tout ce qu'il fait, sauf sur son propre disque. Calme et posé, le flow de l'hyper actif ne se retranscrit pas avec la même intensité. Bien sûr, il est difficile pour quiconque d'être essoufflé sur un enregistrement studio ou de communiquer avec son public quand il est absent. Ce serait donc faire un mauvais procès à ce disque de ne pas être à la hauteur du live quand les intentions ne sont pas les même.

Côté instru, la touche urbaine de Dälek est évidente mais pas envahissante au point de faire perdre de sa propre identité à "Halfway homeless". De part son éclectisme, il pourrait même figurer sur le label Def Jux de El-P et Aesop Rock dont l'instru de "Pagan baby" évoque celle de l'album "Bazooka tooth". Toutefois, contrairement aux textes poétique et métaphoriques de la musique d'Ian Bavitz, les paroles de Oddateee sont ancrés dans le ghetto et l'histoire d'un homme qui a traversé la dépendance et la violence des rues pour arriver à sortir maintenant un disque honnête et rempli de piste de travail.

A ce sujet, sa dernière performance aux Mains d'Oeuvre en compagnie d'un guitariste du groupe de trip hop français Picore a de quoi enthousiasmer pour la suite de l'aventure Oddateee. Des titres comme "The Hood" ou "The odd" feront encore longtemps partis de son répertoire scénique mais celui-ci se verra enrichi de nombreuses expérimentations. Bien que moins expérimentals et accomplis que les disques du duo Dälek et Oktopus, les chansons d'"Halfway homeless" ont un charme et une galerie d'accroche efficace pour une traversée en treize titres variés des rues de Brooklynn. Un voyage de "Illmatic" à "From filthy tongue of gods and griots" où Oddateee se fait le prophète d'un rap moderne encore ancré dans la tradition des grands classiques.

Thursday, November 05, 2009

A Storm of Light - Forgive us our trespasses (Neurot Recording) 2009


Le nom pue le postcore. La proue du trio, Josh Graham joue dans Neurosis, l'un des groupes à l'origine de la vague post-avant-quart de cercle-droit metal. Est ce que A Storm of Light pourrait se payer le luxe de faire taire tout les cyniques en ne jouant pas une musique que l'on puisse caler dans l'ombre de son ainé ? Malheureusement non. La critique sera donc sévère, sans appel. Après un premier disque trop prévisible, Forgive us our trespasses sera le tournant qui fera faire un demi tour à tout ceux qui avaient quittés la pièce avant même le début du spectacle.

J'en faisais parti. Découvert sur une page last.fm comme groupe d'ouverture de Neurosis sur plusieurs dates, j'avais apprécié le titre entendu sans pour autant passer par la caisse. C'est donc l'enthousiasme d'un de mes camarades chroniqueurs qui m'a fait me pencher sur ce deuxième opus et fait revoir mon jugement sur la viabilité d'A Storm of Light.

L'influence de Neurosis est évidente. Toute personne qui tenterait de la nier passera pour un crétin. Forgive us our trespasses prouve pourtant que l'on peut pomper Neurosis et faire un disque cohérent, puissant et prenant. Relié par des interventions narratives où plusieurs voix, dont celles de Lydia Lunch, se mélangent, l'histoire conté suffirait pour parler d'albums concept mais la force des percussions et les envolés vocales de Graham contribuent beaucoup plus à faire de ces dix titres un voyage. La frappe constante des percussions (trois des quatre membres du groupes sont préposés aux percussions) marque le pas de la procession que l'auditeur suit à travers les décors représentés dans le livret.

Ces images de synthèse, bien qu'un peu trop artificiel, contribuent elles aussi à créer cette impression de procession mélancolique vers un ailleurs dans lequel personne ne crois. Les lignes de chant de Graham ressemblent pourtant au sermon d'un prêtre par sa conviction et sa présence constante tout au long des chansons. Les synthétiseurs vont aussi de concert pour augmenter la densité des guitares et accentuer le grandiose. Les riffs ne sont donc pas au premier plan et servent surtout à créer une toile de fond pesante que les percussions appuie pour que la voix et les claviers viennent poser leurs mélodies. Ainsi, sans s'éloigner de son premier groupe, Forgive us our trespasses permet à Graham d'explorer des territoires sonores que l'on pourra toujours classifier dans le postcore pour faire simple sans que cette étiquette ne viennent porter préjudice à la musique.

Contrairement au dernier album de Isis dont la musique se tourne de plus en plus vers le metal et le rock progressif, c'est vers le post punk que lorgne A Storm of Light avec une lourdeur et une rythmique quasi industrielle si elle ne sonnait pas aussi naturelle. Forgive us our trespasses est un album qui déborde d'une humanité et d'une émotion mis au service d'un projet maintenant beaucoup plus personnel et unique. Bien plus que la somme des groupes mentionnés sur son CV, ce qui n'est pas peu dire quand celui-ci comporte les noms de Neurosis, Unsane, Swans, Red Sparowes et Tombs.

Gnaw their Tongues - All the dread magnificence of perversity (Crucial Blast) 2009


En tant que fan des différents projets musicaux de Mories, l'homme derrière Gnaw their Tongues, Aderlating et De Magia Veterum, je devrais être desensibiliser à son travail. Ne plus ressentir ce frissonnement d'inquiétude, ne plus me perdre dans ces nuages de hurlements couvert de rythmes metalliques, ne plus me sentir prisonnier de cet étau musical. Pourtant, c'est toujours le cas. Le nom de Gnaw their Tongues se répand de plus en plus et on le trouve maintenant dans les magasins de la capitale. Presque plus besoin d'envoyer un mail jusqu'au Pays-Bas pour obtenir un nouvel album. Le charme et l'effroi persiste. Gnaw their Tongues reste fidèle a sa réputation et se renouvelle sans perdre en atmosphère.

Beaucoup moins noise que Die mutter et aussi moins riche en sample de voix que An epiphanic vomiting of blood, All the dread perversity est un disque plus dénudé. Les instruments à cordes se font beaucoup plus présentes. Beaucoup moins samplés qu'auparavant car interprétés par des amis musiciens. Elles respirent derrière les lignes de guitare exsangues et renforcent la structure mélodique de chaque titre qui n'est donc plus autant guidé par l'emploi d'extraits de films ou de conversations étranges (contrairement à "Sawn asunder and left for the beast" sur An epiphanic vomiting of blood). La narration est alors au second plan, quand elle intervient, et ne prend plus une place centrale.

Les titres des plages parlent très clairement de tortures, tout comme la pochette où des visages ont la bouche écartés par des mains ou des ustensiles. La bestialité croisé au bondage d'An epiphanic vomiting of blood est donc remplacé par une violence plus crue qui ne laisse que peu de place à une sexualité, même déviante. Il ne s'agit pas de SM mais d'une tout autre forme de violence. Tout comme celle que le compositeur inflige sur nos sens par l'entremise de ce disque, le plaisir auditif est pourtant toujours au rendez-vous.

Contrairement à des projets black metal déguisés derrière une idéologie douteuse et stupide pour attirer l'attention de quelques desespérés, Gnaw their Tongues nourrit un univers beaucoup plus riche. Marquis de Sade musicale, il franchit le pas entre le dark ambiant, la musique de film (je manque malheureusement de référence dans le domaine pour pointer du doigt une référence précise) et une agression sonore hérité du harsh noise et du black metal.

Pourtant, l'agression ne provient pas non plus uniquement de la superposition et la tension est constante tout au long du disque grâce a des passages plus aérés ("L'ange qui annonce la fin du temps"). C'est là une des nouveautés de ce disque par rapport à ces prédécesseurs. Un usage beaucoup plus affirmé de la séparation entre les instruments qui ne fait qu'améliorer le résultat dans sa poursuite du dérangeant et de la cruauté fait disque. Distribué aujourd'hui par Crucial Blast, Morie franchit les paliers du milieu indépendant et rend sa musique accessible à un plus grand nombre. Une bonne nouvelle pour tout ceux qui doutent parfois que seule la médiocrité peut triompher.