Thursday, January 21, 2010

Presence of Souls - Blinds (Musea Records) 2010


Les groupes japonais sont tout autant capable de transcender leurs influences que de leurs rendre hommage. Le premier morceau de rock and roll japonais fut une reprise de Bill Halley, "Mambo rock", par Peggy Hayama (cf. Japrocksampler de Julian Cope) en 1955 tandis qu'en 1968, la première représentante de la scène expérimentale japonaise à infiltré le monde du rock and roll occidentale, Yoko Ono, créait un album avec rien de moins qu'un des musiciens rock les plus révérés de toute l'histoire de la musique, John Lennon.

Entre ces deux extrêmes se trouve des groupes pour qui l'originalité n'est pas une priorité sans pour autant se complaire dans l'imitation. Des groupes normaux qui n'ont rien de vraiment "japonais"hormis leur capacité à synthétiser les qualités d'un genre. Mené par la chanteuse/guitariste (électrique et acoustique)/claviériste et joueuse de mellotron, Yuki , Presence of Souls trouve sa voix entre le postrock de Mono en y ajoutant des touches shoegaze.

Du mixage au livret, tout dans ce disque est aboutis pour qu'il ne déparaille pas avec les disques du genre. Tout comme Mono, les guitares savent cracher de la distorsion après de lentes montées dans l'atmosphère douce et légère des mélodies postrock agrémentés de la voix suave et délicieuse de Yuki. Un schéma très aboutit mais lassant puisque répété, avec tout de même suffisamment de variations (grâce aux multiples instrument maitrisés par la chanteuse) pour que seul les deux derniers titres ne commencent à montrer des signes de fatigue.

Six titres sur huit au dessus de la moyenne n'en font pas une déception mais un disque de genre correct. La richesse de la palette sonore proposée est toutefois suffisamment bien tenue tout au long du disque pour permettre au quatuor de composer des morceaux montrant, si ce n'est une forte personnalité, le bourgeonnement d'une identité qui n'en feront pas des chancres de la musique japonaise comme Les Boredoms ou les Ralizes Dénudés, mais un groupe maître de son répertoire à l'instar de Mono.



sink low(PV)

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Six Magics - Behind the sorrow (Coroner Records) 2010


Alors que "Run" débute comme un titre de heavy mélodique lambda, un sample extrait d'un reportage sur le 11 septembre interrompt le cours du morceau. "Explosion avant l'arrivée de l'avion, machination de la CIA ...". Le refrain conspirationniste s'interrompt et les paroles prennent alors un sens beaucoup moins vide mais que l'on aurait pas aimé remplir avec un tel ramassis de connerie. Ce thème n'est semble pas exploré par le reste du disque puisque passé cette "prise de risque idéologique", le heavy surproduit de Six Magics lance la voix d'Elizabeth Vasquez de toute la force de l'ex. producteur de Dream Theater. Les riffs ne respirent plus, canalisés par la voix et un clavier synthétique censé rajouter un élément symphonique aux ritournelles mielleuse du groupe. Il y a pourtant de quoi faire dès que le clavier et que la chanteuse se taise. Ces brefs moment de répit sont ceux qui m'ont permis de tenir le choc durant le disque et ils plairont surement beaucoup aux fans de metal et de chansons pompeuses tendant parfois même vers la variété ("It's not the way" rappelle tout de même Barbara Streisand avec des guitares). Rien de moins que de la pop baveuse agrémenté de heavy trop bien senti pour être gâché dans un tel concept.

Living Corpse - Metaphysical corpse (Coroner Records) 2010


Décrit comme un groupe de thrash core, Living Corpse n'a de core qu'un tempo rapide et de thrash pas grand chose. Plus At the Gates que The Haunted, le metal de ces italien file de titres en titres sans laissé de trace. Il y aurait bien deux passages sympathiques, la conclusion de "Zero is the zenith of the sun" et de "Supplying my lust", mais ils disparaissent bien trop rapidement pour faire grande impression. Le registre vocal du hurleur est bien maigre de même que ses lignes de textes, aussi interchangeables que les riffs qui les surmontent. Les cymbales atténuent aussi beaucoup l'impact des riffs (le producteur était cependant aussi celui de Disharmonia Mundi; comme on se retrouve!). Seul point positif, Metaphysical collapse ne dure que trente deux minutes. Peu de temps perdu donc pour se rendre compte de l'inutilité de l'objet. Et dire qu'il aura fallu dix ans pour en arriver là ...

Rise to Fall - Restore the balance (Coroner Records) 2010


Dès l'intro au clavier du premier titre le genre est déjà défini : Death mélodique à la Soilwork, entre Natural born chaos et Figure number five. D'origine espagnol, ce jeune groupe ne déroge pas au canon défini par les suédois. Leur musique est seulement moins mélodique, et aussi largement moins efficace, pour de nombreuses raisons. Le chanteur n'est tout d'abord pas aussi apte au chant clair mais use plutôt de growl sans se risque à des élancement mélodique qu'il ne pourrait tenir. Les mélodies s'évaporent à peine jouer et les parties plus puissantes sont étouffées par une batterie trop synthétique. Malgré tout, en comparaison de tout ce que j'ai pu entendre dans le genre, leur musique n'est pas assez putassassière pour valoir d'être descendu en flèche. J'en resterais donc à un constat décevant mais pas dénué d'espoir pour la suite.

Tuesday, January 19, 2010

Cityscover & Last Exit to Brooklyn - Remains of the past, anchored in our day (Vision Record) 2009


Jouant deux styles de hardcore différent, Cityscover et Last Exit to Broolynn ont malheureusement un point commun : d'être handicapé par leur chanteur. Le symptôme se manifeste de manière différente chez l'un et l'autre.

Cityscover joue un hardcore moderne matiné de punk rappelant par moment Verse. Les riffs et les mélodies sont efficaces mais la batterie n'appuie pas assez le rythme avec des toms et préfère jouer sur des cymbales qui envahissent le mix. Le chanteur est quand à lui beaucoup trop monotone pour impliquer l'auditeur dans les chansons.

Beaucoup plus "bagarre", Last Exit to Brooklyn rappelle Blood for Blood mais est doté d'un chanteur à la voix déchiré. Du quasi screamo un peu inapproprié pour ce type de hardcore dont les paroles peuvent porter sur les nerfs quand on pointilleux comme moi sur les clichés (je pense très fort au "An eye for an eye make the whole world blind" répété à la fin de la dernière chanson). En revanche, quand une deuxième voix intervient les morceaux prennent de la puissance et font beaucoup mieux ressortir l'énergie.

Si il n'y avait qu'a jugé les riffs, ce split s'en ressortirait plutôt bien puisque l'alternance des deux styles rend l'écoute plus intéressante. Cependant, aucun morceau ne ressort vraiment à cause de ces différents problèmes ne permettant pas aux groupes de bien s'affirmer pour le moment.

A Very Old Ghost Behind the Farm - Bareste (Autoproduction) 2009


Joué par des musiciens sans barbe venu des Midi-Pyrénées, A Very Old Ghost Behind the Farm joue une musique de barbu, ou à défaut de poil, de chevelu. Entre sludge et doom, leur musique est donc un produit d'importation pourtant bien efficace et savamment influencé pour que la provenance géographique soit minime. Seules quelques lignes de chant trahissent l'origine franchoullarde du power trio.

Plus proche de Cathedral que de EyeHateGod, les riffs sont toutefois clairement sludge, tout comme la voix criarde. Efficace et mélodique, AVOGBF se range donc un peu loin du sons crasseux du bayou et rappelle surtout la bande à Lee Dorian. La faute aussi à un tempo beaucoup plus rapide qu'un groupe de sludge classique. "Bareste" n'est pas un album écrasant mais rock and roll et c'est là que le bas blesse.

Déservi par le jeu d'un batteur, pourtant fort bon dans sa frappe qui maintient un excellent groove tout du long, les riffs n'ont pas d'occasion d'instaurer une atmosphère propre au genre qu'il revendique. AVOBF se retrouve donc perdu entre deux eaux, ni trop l'un, ni trop l'autre. Compromis efficace mais pas assez pour vraiment faire ressortir toutes ses particularités.

Le morceau "Dead horse" est d'ailleurs le meilleur du disque puisque le rythme se ralentit alors et la ligne de chant devient plus lancinante et appropriée. L'émotion se fait un peu plus présente. Ca sent le sapin. Le groupe se trouve puis repart dans un domaine où il n'excelle ni exècre, ce qui est bien dommage. Bareste montre du potentiel du bout du genou sans dévoiler la jambe ou le reste. On aura peut-être droit au strip tease complet sur le prochain album, d'autant que le batteur va maintenant chanter et être remplacer. Espoir?

Sunday, January 17, 2010

Souls of Mischief - Montezuma's revenge (Clear Label Records) 2009


Seize ans après la sortie de leur premier album, 93 till infinity, Souls of Mischief n'a rien changé et continue de faire du rap à la sauce 90's. Positif, naturel et entrainant. Ce n'est pas du gout de tout le monde ("Mr Freeman") mais les Souls of Mischief continue de montrer l'exemple à coup de disques bien sentis.

Montezuma's revenge, principalement produit par Prince Paul (producteur du premier album des Gravediggaz et du "3 feet high and rising" de De La Soul) accompagné de Domino du crew Hyeroglyphics (Del joue aussi le rôle de maître de cérémonie sur l'intro et l'outro) ainsi que les deux rappeurs A-Plus et Opio, chacun assure aux compositions un son naturel. De l'authentique sans aucune ride. Les cordes et les guitares funky de "Postal", des textes sur un problème de nana. Les Souls of Mischief on vu le monde entier depuis toutes les scènes qu'ils ont visités sans que cela n'altère leur vision du monde. Toujours aussi naturel et sans prétention, la qualité des plages n'en est que renforcée par leur bonhommie et leur apparente désinvolture.

"Tour stories" et ses basses riches et douces, "One", "Poets" sont celles des plus marquantes de ce disque où rien ne dénote particulièrement par rapport à la très belle moyenne globale. Certes les flows des rappeurs n'ont rien de spectaculaire et ne se distinguent que par leurs timbres. Pour autant, Souls of Mischief ne révolutionne rien car il ne se revendique que d'être un groupe de rap à l'ancienne, existant pour perpétuer la véritable culture hip hop. Ils ont par contre la culture du refrain efficace garantit pour ne jamais s'oublier.

La qualité des chansons leur permet d'éviter l'auto parodie et la variété des compositions garantissent au disque de ne jamais s'user sur les platines. Celles-si sont même proposés sur un deuxième disque bonus sans que ce double album ne soit vendu plus cher. Mieux encore, je l'ai même acheté à dix euros, un prix inférieur que la plupart des disques vendus en magasin actuellement.

A croire que même l'inflation et les déboires de l'industrie du disque n'ont aucun effet sur les Souls of Mischief. On peut même imaginer que si Montezuma's revenge était sorti durant les années 90, il serait aujourd'hui célébrer comme un classique. Reste donc plus qu'à attendre une dizaine d'année pour voir ce que le public en pensera alors. Une chose est toutefois sûr, rien n'arrêtera jamais les Souls of Mischief, depuis les débuts de leur carrière en 1993 jusqu'à l'infini.

Felt 3 - A tribute to Josie Perez (Rhymesayers) 2009


Réunit encore une fois autour du projet Felt, Slug (Atmosphere) et Murs (Living Legends) viennent chercher Aesop Rock pour leurs composer une bande son sur laquelle rappé en l'honneur de l'actrice Rosie Perez (Do the right thing ...). Choisit tout simplement car elle plait tout autant à Murs et Slug, elle ne trouve donc sa place que sur la couverture et dans le cœur des deux MC pour motiver la création de ce nouveau disque.

Le fleuron de ce que l'on appelait la scène back pack au début des années 2000 se réunit après des années sur les routes et dans les studios pour partager leur expérience. Chacun ayant sa touche personnelle mais un style et une attitude commune, ce nouveau volet de Felt est une rencontre musicale de vieux amis venus créer un album comme d'autres partagent une partie de foot pour consacrer les années de complicité. Jeremy Fish, artiste et compère de Aesop Rock (auteur du visuel de None shall pass) pose même sur "Cake", skit inutile mais amusant.

Dénuées de références nostalgiques, les 21 plages (dont 4 sont des skits) forme un état des lieux où deux MC efficace dans l'art de raconter des histoires posent sur les compositions d'un beat maker plutôt habitué à créer pour sa consommation personnelle. Il ne faut donc pas s'étonner de retrouver sur ce troisième volet des couleurs de "None shall pass". Celle-ci sont pourtant beaucoup plus taillés pour les concerts ("Protagonists","Revisiting the styleetron") que les tranches de vie des albums d'Ian Bavitz. Celui-ci s'approprie donc le style d'Atmosphere avec assez de succès et fait de cette virée en bagnole un voyage aux paysages familiés.

De retour dans une ville inconnue, Felt troisième du nom ne surprend ni ne déçoit. Ainsi, sur dix sept plages, les beats, les histoires et les instrus évitent la répétition avec des touches parfois romantiques ("G.I. Josephine", "Ghost dance delux"), amer ("Deathmurdermayhem") ou dansantes ("Bass for your truck", "Paul Reubens"). Des sources d'inspiration déjà explorés par chacun des MC mais inépuisables grâce à l'expérience acquise au fil des disques, autant dans les paroles que dans les compositions.

Le back-pack n'est peut-être plus l'avenir du rap mais ses représentants continuent de produire des disques agréables et d'éviter l'anachronisme. Un disque pour les fans. Un disque pour se faire plaisir. Une nouvelle occasion pour chacun de prouver que leur talent ne se limite pas à leurs univers respectifs.