Tuesday, December 30, 2008

The Faceless - Planetary duality (Summerian Records) 2008

A l'époque où j'ai chroniqué "Akeldama", le premier disque de The Faceless, j'avais pris ce groupe pour un Necrophagist light comprenant les traces de l'influence de Cynic ou de Dimmu Borgir pour ce qui était des touches de clavier. Piètre raccourcis que j'avais alors fait histoire de simplifier les choses. Elles viennent se compliquer avec bonheur sur "Planetary duality" et je peux donc ranger mes comparatifs car the Faceless est devenu beaucoup plus qu'une copie sans sucre ajouté.

La petite touche Cynic qui pointait du nez à mon écoute d'Akeldama est aujourd'hui beaucoup plus prononcé et assimilé au sein de composition qui n'en perte pas moins en agression et énergie. Cynic n'ayant jamais était qu'un groupe de death metal sur le papier pour faire plaisir à un label cherchant a ranger sous la même étiquette un ensemble de groupe qu'il pouvait vendre à la faveur d'une mode porté sur le death metal, The Faceless est donc beaucoup plus digne d'être associé à ce genre. L'échange growl / voix robotique est tout de même conservé avec en prime des vocaux mélodiques dénués d'effet et correct manquant encore un peu d'assurance.

Les Dimmu Borgirisme ne sont plus du tout au rendez puisque le clavier fait un pas en arrière sur cet album et évite tout épanchement gothique cliché. Son apparition sur "Legion of the serpent" pour un effet digne d'une fête foraine décrépi est par contre surprenante et un peu décalé mais pas vraiment désagréable non plus. L'effet "machine à écrire" employé sur la batterie n'est par contre pas vraiment du meilleur gout bien que l'ensemble de la production soit assez synthétique pour que ce cliquetis absolument pas naturel ne dénote pas tant que ça. "The Faceless" est de toute manière un groupe plus brutal que progressif malgré ses emprunt à un des monument du metal progressif. Mélodique et original tout en étant violent, voilà ce que the Faceless réussit a être tout à la fois sur "Planetary duality". Les mosh part deathcore ont même disparu afin d'asseoir définitivement le groupe dans la scène death metal et loin des mèches.

Les meilleurs moments de ce disque sont toutefois ceux où The Faceless varie le tempo et rentre en mode instrumental sur les deux plages instrumental de fin. Un sample de voix extrait de l'émission radio de Art Bell où un homme explique son enlévement par des extra terrestres et une implication du gouvernement américain par le biais de la fameuse Zone 51 (ce fameux appel téléphone a aussi été utilisé par Tool sur la chanson "Faaip de Oiad" de l'album Lateralus). Le rythme devient alors un peu plus Meshuggah et l'atmosphère se fait plus épique. Une conclusion ont ne peut plus approprié pour un groupe très prometteur dont le deuxième disque leur permet de rejoindre les rangs des immanquables du death technique (Odious Mortem, Necrophagist, Arsis ...).

Jeff Loomis - Zero order phase (Century Media) 2008

A l'écoute de ce disque, une chose est sur : Nevermore ne se résume pas à Jeff Loomis. Efficace et totalement instrumental, chaque chanson, bien que cohérente et bien écrite, est une occasion pour lui de montrer ses prouesses sur son instrument. Si il fallait donc encore discuter des qualités technique de ce musicien, la discussion s'arrêterait sans doute à la première chanson. Jeff Loomis est bon. Jeff Loomis sait très bien jouer de la guitare. Ses solis ont du feeling mais ne s'éloignent pas des jalons metallique posés par son groupe. Les dix titres de Zero order phase sont un condensé des qualités guitaristiques que l'auteur propose dans Nevermore. Toutefois, Jeff Loomis n'étant pas Nevermore, on se retrouve avec un grand trou à la place de l'excellence et de la puissance des disques du groupe principal.

Ce manque se fait surtout sentir quand à la place des lignes vocales sortant de la bouche de Warrel Dane ce sont des solis incessant que l'on trouve. Je n'ai pourtant rien contre la musique instrumental. Electro Quarterstaff ou Behold ... the Arctopus, deux groupes que j'adore, sont totalement dénués de voix et ne compensent pas avec des samples. L'absence de voix est d'ailleurs une force pour ces groupes puisqu'ils en tirent des compositions largement différentes de celles de leurs pairs. Zero order phase est par contre un disque mélangeant thrash et heavy à la manière de Nevermore sans pour autant l'émotion apporté par la voix de son chanteur attitré ou l'interaction génial entre les autres musiciens.

Les associés de Jeff Loomis ne sont pourtant pas en reste. Le jeu du batteur est on ne peut plus varié et permet à toutes les plages du disque d'être dynamique et bien distincte. De même, le solo de basse de Michael Manring sur "Cashmere said" est fort à propos et complète parfaitement la composition de Loomis. Pour un premier album solo, on ne pourra pas non plus critiquer Loomis sur son manque de variété. Son style reste toutefois le metal tel qu'il le pratique au sein de son groupe. En ne s'éloignant donc pas de ce qu'il fait dans Nevermore, l'absence de ses camarades se fait donc cruellement sentir. Je ne suis pas un habitué des albums solos de guitariste donc je ne pourrais comparer avec d'autres efforts relevant de la même catégorie. Ce qu'il apparait donc pour moi est principalement le manque d'autres musiciens dans un disque de metal qui se veut être une version instrumental d'un groupe qui a gagné sa popularité grâce aux talent de chacun de ses membres.

Zero order phase s'adresse donc uniquement aux fans de technique et à tout ceux dont la bave se répand devant les mouvement si habile et précis de Loomis sur son instrument. Ceux là y trouveront leurs compte de même que la partie de moi même qui adore la technique prend du plaisir en entendant Loomis jouer. Je ne peux par contre encenser ce disque auprès de tout les fans de Nevermore car ceux ci n'y trouveront pas leur compte. Dommage mais il y a fort a parier qu'un deuxième disque pourrait corriger les erreurs de celui ci en proposant des collaborations avec plus de musiciens et / ou en explorant d'autre styles.

Friday, December 26, 2008

Spylacopa - Spylacopa (Rising Pulse) 2008

Trop longtemps bercé par Bioman et les Power Rangers, j'ai continué a penser qu'en musique l'addition de couleurs différentes (ici de musiciens de groupes différents) pouvait donner un résultat qui soit plus que la somme de ses part.

Quel déception de me rendre compte que toutes ces années passés à croire dans la logique des super robots ne m'aura rien apporté. Pire, on m'a trompé ! Spylacopa n'est pas un hybride de Candiria, The Dillinger Escape Plan, Isis et Made Out of Babies dont l'addition a engendré un première EP fantastique et merveilleusement originale !
Déception.
Spylacopa n'est cependant pas un projet a oublier ou une note de bas de pages dans la biographie des musiciens qui y sont associés. Ce n'est juste pas la rencontre que l'on aurait été en droit d'attendre.

Tout d'abord, Spylacopa n'est plus un projet ambiant comme à ses débuts quand John LaMacchia manipulait des sons seul derrière son ordinateur. D'un projet solo, l'addition des trois musiciens a fait de ce nom un groupe où le talent de chacun se fait entendre. Julie Christmas hurle et chante avec sa voix de petite fille qui aurait grandit trop vite, Greg Pucciato vitupère aussi et chante des mélodies qui plairont aux fans des albums "Miss machine" et "Ire works" de The Dillinger Escape Plan. Jeff Caxide pose quand à lui des lignes de basses reconnaissable facilement dès qu'elles remontent bien dans le mixe. Des quatre c'est celui dont la présence se fait le moins sentir. L'influence d'Isis se fait toutefois sentir dans certains riffs et dans les moment plus ambiant.

L'homme qui surprend le plus dans ce quatuor est donc John LaMacchia dont la musique solo n'a rien à voir avec les riffs qu'il produisait au sein de Candiria. Accrocheur et fidèle a un schéma couplet/refrain/couplet quand il appuie sur la pédale de distorsion, il se veut ensuite l'auteur de plages ambiantes, douces et aériennes dès qu'il se retrouve seul sur "Together we become forever". Ses riffs de guitare sont toutefois aussi saccadés et variés que dans Candiria. C'est le produit plus mélodique et très "rock" qui en ressort qui surprend surtout en fait. Comment s'attendre a ce qu'une brochette de musicien étiquetté "underground" et "arti" fasse une musique aussi "consensuel". Oui, ça fait beaucoup de guillemet mais Spylacopa est un projet qui flotte entre tellement d'eaux et de siège que l'on ne sait bien comment le décrire et comment il évoluera.

Les fans respectifs de tout les groupes se retrouveront donc difficilement dans ce premier EP. Chacun y verra bien la touche de son musicien favoris mais, pas le groupe. Logique en même temps. Bref, après avoir tergiversé sur la question et tourné autour du pot, il me reste à dire qu'après avoir été un peu déçu par ces cinq titres, j'y ai finalement trouvé assez de bonnes choses pour le faire tourner régulièrement. Tout simplement parce que de " Bloodletting" à "I should have known you would" la variété des ambiances, des mélodies et des émotions font de ce premier effort une entrée en matière engageante dont le produit reste bien en tête. A la place d'un robot géant IsisMadeoutofCandiriaEscape Plan ou a juste Spylacopa et ce n'est pas si mal que ça.

Best of 2008

Les 10 albums

Meshuggah - Obzen
Une année où sort un album de Meshuggah est une année où un album de Meshuggah doit se trouver dans mon top des albums de l'année. C'est aussi simple que ça.

Genghis Tron - Board up the house
Le jeune groupe que personne n'attendait rafle la mise et dépasse les attentes que le prometteur et génial "Dead mountain mouth" avait délivrés.

Kayo Dot - Blue lambancy downward
Toby Driver sait faire beaucoup de choses sauf une, me décevoir. Le Kayo Dot 2008 est plus coloré et changeant mais ce n'est pas pour me déplaire.

Verse - Aggression
Hardcore ou pas hardcore, ce disque m'a touché instantanément et continue de m'affecter comme peu de disques savent le faire.

The Cool Kids - The Bake Sale EP
Tout simplement l'album le plus accrocheur, désinvolte et enthousiasmant que j'ai entendu cette année.

Gnaw their Tongues - An epiphanic vomiting of blood
Sombre, effrayant mais vivant et original. Chaque plages trouve sa propre voix et permet à ce disque de franchir le pas qui le sépare des expériences intéressantes à celui des albums cohérent et complexes.

Venetian Snares - Detrimentalist
Cette année le breakcore du canadien le plus attendu de la scène electro se colore de jungle et de ragga et reste donc toujours aussi imprévisible et génial.

Krallice - Krallice
Un nouvel album de black metal par des musiciens qui n'ont rien à voir avec la Norvège mais use des armes des nordiques pour forger leur propre joyaux.

Burst - Lazarus bird
La progression prodigieuse effectué par Burst entre "Prey on life" et "Origo" continue au même rythme pour un résultat riche et enthousiasmant.

Trap Them - Seizures in barren praise
Coup de foudre instantané avec le death grind matiné de hardcore de ces américains que l'on pourrait croire revenu de Suède. Tout simplement jouissif.


Les groupes français

Trois concerts de Celeste auront suffit à me convaincre de la force de ce groupe. A n'en pas douter, 2009 devra compter avec leur troisième album. Mais, mon coup de coeur de l'année part vers le Sud pour frapper Monarch! pour un concert jubilatoire en ouverture d'Overmars.

Les DVDs de 2008

The Host de Bong Joon-Ho
Deux ans après sa sortie, je découvre enfin le film de monstre qui a tant plu aux cinéphiles et aux moins passionnés et je les rejoins pour célébrer ce très bon moment passé en compagnie d'un monstre aquatique et d'une famille de perdant héroïque.

I'm a cyborg de Park Chan-Wook
Devenu un de mes réalisateur favoris avec sa trilogie sur la vengeance, Park Chan-Wook change de registre et m'enthousiasme dans le dernier genre de film que je me serais attendu à regarder et à aimer : la comédie romantique.

Sukiyaki Western Django de Takeshi Miike
Miike, Tarantino, Django. Un trio qui pouvait donner du bon comme du passable et finit par transcender les trois avec un western asiatique déjanté, violent et drôle à la fois.

Save the Green Planet de Jeong Jun-Hwan
Un thriller de science fiction rencontre une comédie dramatique en corée et réussit à mener en bateau le spectateur pendant un peu moins de deux heures. Spectaculaire !

Cure de Kiyoshi Kurosawa
Ce film est sorti il y a déjà 11 ans mais l'ayant découvert cet année je le fait figurer à ma liste rien que pour sa scène finale qui continue de me terrifier.

Les concerts de 2008

Monarch! au Point Ephémère
Dj Krush à la Maroquinerie
The Dillinger Escape Plan à l'Elysée Montmartre
Kayo Dot au Main d'Oeuvres
Ken Mode au Glaz'art
And also the trees au Théatre de l'Alhambra
Corrupted au Point Ephémère
Squarepusher au Trabendo
Unexpect au Nouveau Casino

Les révélations de 2008

En matière de hardcore j'aurais découvert un grand nombre de groupes tel que Trapped Under Ice, Killing the Dream, Ceremony et j'en passe. Au rayon electro je mentionnerais surtout Xanopticon. Je continue aussi de construire ma culture musicale rap avec MF DOOM, le projet Madvillain, Del tha funkee homosapien et les Puppetmastaz. 2008 aura été aussi une année très metal avec les excellents albums de Textures, All Shall Perish, The Faceless, Withered, Misery Signals et Esoteric. Le prix du nouveau groupe culte de l'année revient par contre à Sigh.

Les déceptions de 2008

Isis en Décembre à la Maroquinerie. Un concert gâché par un problème de son qui continue de me faire grincer des dents.

Les groupes / artistes attendus en 2009
Peut être un nouvel album de Fantomas ? Un nouvel album de Maudlin of the Well ?! Un nouveau disque de Xanopticon ? Le troisième album de MF DOOM ? Et puis l'album annuel de Venetian Snares.

Saturday, December 20, 2008

Agoraphobic Nosebleed & Insect Warfare (Relapse Records) 2008

La compétition de vitesse entre ces deux groupes étant rude le premier groupe a rentrer en piste, Agoraphobic Nosebleed, laisse le champ libre à Insect Warfare pour blaster jusqu'à l'éternité. Les quatres titres (ou plutôt trois vu que le deuxième ne dure que 8 secondes) ralentissent le tempo pour un résultat plus proche du sludge que du grind avec toujours du dynamisme dans la rythmique. Cet orientation n'est pas une nouveauté puisqu'elle avait déjà été prise sur le split avec Apt 213 pour un résultat moins mémorable. "Part III - Disorder of the species" et "Part IV - Unnatural selection" justifie donc l'achat pour le fan de AnB tant qu'il s'ouvre à un tempo moins rapide. Les sept chansons d'Insect Warfare rattrapent de toute façon bien le split en matière de vitesse et de blast. Juste deux minutes de musiques pour sept plages enragés et explosives où la batterie explose et le chanteur éructe. Un message posthume destiné à la scène grind : "Faites mieux que ça". Difficile effectivement de faire plus mémorable malgré la durée ridicule de ce split. Il vous en coutera surement plus d'euros que vous n'aurez de minutes à écouter mais le packaging rattrapant le tout avec une double illustration noir et blanc pour chaque groupes, il y a tout de même de bonnes raisons pour les fans de deux groupes se réjouir de ce split EP.

Monday, December 15, 2008

PuppetMastaz - The Takeover (Discograph) 2008

Pour être franc, le concept de ce disque m'échappe un peu. Je sais qu'il s'agit d'une prise de pouvoir. Que les marionnettes tentent définitivement de dominer le monde. On y parle de se lancer dans l'espace ("Puppet on the moon") et de passer à l'offensive ("Boots on the ground") et même de faire des cours d'aérobic pour se préparer ('Exercize"). "The takeover" n'est pas un récit structuré mais un tout centré autour du même thème de la domination du monde par le rap des marionnettes du crew.

Celui ci est composé d'une vingtaine de rappeurs dont les apparitions sont plus ou moins fréquentes. Les deux voix principales sont encore et toujours Mr Maloke, fondateur du crew et tête pensante au flow ragga et Snuggles the bunny. La taupe et le lapin sont a la tête de l'équipe dans laquelle on retrouve toujours Panic the pig, Wizard the Mighty Lizard et une ribambelle d'A.C. (des Animals of Ceremony ?) comme Ducci le rhinocéros ou Squidrick qui a tout l'air d'un extra terrestre malgré la pipe qu'il tient dans la main à la manière de Sherlock Holmes. La ménagerie des PuppetMastaz a beau être armée et encore plus déterminée dans les photos du livret, leur obsession est toujours de vous faire remuer la tête grâce a leur musique et leurs paroles fleurant bon le rap old school et l'ego trip gangsta (voir le skit 1 "The Hypeconcept" où Snuggles et Maloke expliquent leur plan à coup de "Motherfucker").

Un peu plus crunk et plus digital qu'auparavant, le son des intrus est toujours chargé en basse et en mélodie électronique terriblement efficace. L'influence de Dr Dre, Lil' Jon et des Cool Kids (la forte ressemblance entre le rythme de "So Scandalous" et "Black mags" ne m'aura pas échappé puisque j'écoute tout autant les deux albums) est bien intégré pour un mélange qui porte bien le sceau de Maloke and Co. Sur 23 titres, dont 5 interludes, aucune n'est en dessous de la moyenne que se fixe "Take me on a ride". La première chanson digne de devenir un futur classique des concerts est cependant "Mephistoles". Préférence personnel cependant car les mélodies de chaque refrain et couplet s'accrochent très bien à mes tympans une fois la chanson finit.

La machinerie Puppetmastaz est une usine à hit prête a conquérir les ondes. La grande différence qui fait le caractère exceptionnel de ce disque et en fait un album bien plus intéressant qu'un disque conçu et façonné pour la radio et le grand public est le concept qui se développe tout au long. Sans avoir parfaitement compris ce qui se déroulait entre mes oreilles, je sens bien que l'on cherche a me raconter une histoire et qu'il faudra juste un peu plus de temps pour que toutes les paroles m'apparaissent clairement. Les concerts des Puppetmastaz sont de toute façon devenu des événements prisés bien grâce a cet aspect théâtrale mariant rap et spectacle de marionnette dans un même concept.

Je ne sais donc encore pas si la guerre des Puppetmastaz les verra triompher de l'oppresseur humanoïde mais ils ont déjà acquis tout mon soutient à leur cause grâce a ce disque. Une petite perle de rap intelligent, drôle et capable de faire rebondir les têtes aussi bien que les amortisseurs des voitures de Dr Dre.

The Cool Kids - The Bake Sale EP (C.A.K.E. Recording) 2008

Derrière les pseudonymes de la scène rap indépendante se trouve bien souvent des visages bien blanc pour qui les problèmes du ghetto ne sont pas les premières préoccupations. Petit scission mentale entre les deux milieu. Les blancs philosophent pendant que les noirs se préoccupent de leurs rues. Les jeunes noirs des Cool Kids n'en ont que faire de ces clichés. Ils se cachent pas derrière des pseudonymes. Ils n'essayent pas de se faire remarquer en gesticulant ou en hurlant comme Lil' Jon. Ils sont juste cool.

Pas de vol sur la marchandise. The Bake Sale vous propose bien ce qui est marqué sur la pochette avec onze titres de rap minimaliste, efficace et détendu. Les Cool Kids parlent de rue mais seulement quand ils la traverse pour draguer des filles ("What is it"), rouler en vélo ("Black mags") ou acheter quelque chose dans un magasin ("What up man"). Les chansons des Cool Kids parlent de leur vie. Pas d'une existence brisé par la violence des rues ou des fantasmes littéraires d'étudiant rêveur, juste du quotidien de deux gamins noirs revendiquant leur style de vie, leur ego ("Mikey rocks") et leur culture hip hop / geek ("Does that belt say Star Wars ?" dans "A little bit cooler").

"The Bake sale EP" est un disque d'aujourd'hui. Ancré dans le style et la production minimaliste actuel, il n'use pas de samples de vynil ou d'influences jazz ou blues mais d'un rythme de basse lent et entrainant accompagné d'accroches vocales répétés et entêtantes. Le secret et l'originalité de ce duo tiens dans leur attitude tout ce qu'il y a plus de cool. Comment l'expliquer ? Une fois enclenché dans vos oreilles, les Cool Kids vous feront ralentir le pas et apprecier le rayon de soleil qui viendra toucher votre visage, le regard des filles qui croisent votre chemin, les poignées de main que vous donnerez à vos potes. Un quotidien simple mais agréable au son d'un rythme urbain et de deux voix au flow lent et assuré.

Qu'importe le beat, les voix de Mikey et de Chuck s'accroche à la rythmique et transporte chaque plages en un single imparable. Les titres "88", "Black mags" et "A little bit cooler" figure parmis mes plages favorites mais chacun peut trouver de quoi argumenter dans ce trio pour composer son tiercé gagnant. Rien n'est a jetter, tout est a écouter en attendant l'été, saison qui conviendra beaucoup mieux à ce disque. Urbain mais pas pessimiste. Indépendant mais pas excessivement intello. "The Bake sale EP" est juste un disque efficace et agréable de rap qui mettra autant d'accord les fans des aficionados du old school au Def Jukies.

Wednesday, December 10, 2008

Enhancer - Désobeïr

En 2000, quand je lisais encore Rock Sound et que je faisais encore parti de la street team Nowhere, j'étais fan de Enhancer. J'ai beau dire aujourd'hui que mon premier "vrai" concert était celui de Meshuggah au Trabendo en 2003 mais la vérité est tout autre. J'ai vu par deux fois Enhancer en show case à la Fnac pour la sortie de leur premier album, "Et le monde sera meilleur", ainsi que lors de la fête de la musique après avoir vu Aqme le même soir. J'adorais le style, les fringues et l'attitude du groupe. J'étais fan. J'étais adolescent.

Cela fait huit ans de cela et je n'ai plus retouché à leur disque après l'avoir usé pendant tout un été et même encore un peu plus. Huit ans d'exile pour un retour aujourd'hui par curiosité morbide histoire de voir si le groupe de mon adolescence compose encore la même musique.

Surprise et air décontenancé sur mon visage au début de "Debout" quand un des trois chanteurs tente de me faire croire qu'il sait chanter. Enhancer a laissé tomber le core et le neo metal pour le rock et les voix clair façon chanson française actuel. Le résultat les fera peut être passer sur les ondes mais j'aurais du mal à revenir sur ce passage, même pour faire rire les amis. Pourtant, des occasions de se moquer, ce disque n'en manque pas.

Depuis mon départ de leur univers, les musiciens d'Enhancer ont eux aussi grandit. Passé l'époque de la bière, des filles et des délires entre pote. Maintenant proche de l'âge d'être père (peut être le sont ils d'ailleurs), les trois chanteurs /rappeurs d'Enhancer ont découvert le journal de 20H de France 2 et les troubles politiques, économiques et sociaux d'aujourd'hui. Ils ne parlent donc plus de faire la fête et de se soutenir mais de créer un mouvement des "petites mains" contre les politiques. Si ils parlent de rues ce n'est plus pour y glander et trainer leurs baggys mais pour saisir les pavets et les jetter contre ce qui leur déplait dans la société de consommation.

"Désobeïr" est le mot d'ordre de ce disque qui se veut engager. Une rebellion mélangeant Gandy, Martin Luther King, les faucheurs d'OGM. Les symboles de l'opposition dont se réclame tout ce qui manifeste leur frustration vis à vis des inégalités de blablablablabla. Moi même je m'endors en récitant le résumé de tout ces clichés que l'on ressasse. Je n'ai rien contre les intentions, elles sont louables, mais le discours quand à lui est imbuvable et remplis de clichés.

Les paroles débiles du groupe que l'on pouvait faire passer sur le coup de leur jeunesse sont maintenant des paroles d'adultes débitant en rap (dont le flow est aujourd'hui très typé crunk) ce que les piliers de bars expriment quand ils se sentent investit d'un instinct de gauche.

Assorti à ces clichés on trouve du coté des compositions des samples de violons et de piano, histoire de faire plus mature et plus grave. La distorsion n'est plus autant de rigueur. Les chansons ne sont plus autant écrite pour faire sauter le public et sont bien souvent lente. Et longue. Très longue. Pourquoi continuer à écrire des titres de six et cinq minutes quand on a si peu à dire ? Les morceaux s'allongent au delà d'une durée tolérable et s'aventure même dans des second départ inexplicable comme ce poème récité en fin d'album. Symbole d'une nostalgie ? Symbole d'une maturité ? Symbole d'un besoin de se revêtir d'une parure d'adulte alors que l'on sait a peine de quoi l'on parle.

Le titre le plus malin et le plus efficace sur les quatorze qui composent ce disque est donc "SUPERficiel" où une voix de garçon et une voix de fille racontent leurs journées d'adolescent. "Sexe, frime, maille et gadget, c'est ce que j'ai dans la tête, tout ce que j'ai dans la tête". Une chanson pour souligner la superficialité des adolescents d'aujourd'hui vivant au rythme de la mode. Une mentalité que les membres d'Enhancer connaissent bien pour l'avoir pratiqué sur tout un disque. Mais aujourd'hui le temps est passé et c'est l'heure des regrets (sur la chanson du même nom). L'album se conclut toutefois sur une note optimiste, "Banlieue pavillonnaire", où l'on sort les guitares acoustiques pour chanter les souvenirs d'une enfance doré à l'abri de tout soucis. La chanson est mièvre, fade mais finit de confirmer tout le mal que je pense d'Enhancer en 2008.

Ce disque ravira surement les garçons et les filles de 14/16 ans qui découvriront Enhancer avec ce disque. Le discours rebelle leur plaira surement ainsi que les chansons rythmés et sautillantes. Enhancer était un des groupes phare de mon adolescence et a toujours tout ce qu'il faut pour plaire à des jeunes de cette tranche d'âge. Mais au bout de quatre album leur musique accuse le coup d'une mode défraichit et d'idée mal réchauffé. A se demander si il y a eu un jour une bonne époque et pas juste beaucoup de style pour peu de substance.

Sunday, December 07, 2008

Unexpect + Sebkha Chot au Nouveau Casino

Moins d'une centaine de personnes se seront rendu à cette rencontre franco / quebécoise alors que la combinaison aurait de quoi plaire à un très large public. Croisant Magma et Mr Bungle, les français de Sebkha Chot monte sur scène déguisés en une gallerie de personnages où l'on retrouve un corsaire à la guitare, un savant fou aux effets et aussi à la guitare, un(e) betty boop à la batterie dont la tête est orné de deux godemichet massifs. Les trois autres membres sont encore plus difficile a décrire puisque le bassiste croise son costume de général à un masque SM, le joueur de trombone se situe entre l'explorateur alcoolique et le conducteur d'autobus et le saxophoniste avance comme le monstre de Frankestein dans un costume bleu ciel le recouvrant entièrement à la manière d'une tenue SM tandis que des éponges collés sur toute la taille finit de lui donner le look de la créature du lagon dans les films de la Hammer. La musique et le visuel se complète. La fanfare transporte la petite assistance dans le monde du groupe où le bassiste, le dictateur Wladimir Ohrelianov II, commence le concert en menaçant le public de représailles si l'on agit pas contre toutes ces personnes qui nagent ... dans ... quelque chose. Lui semble très convaincu de même que le reste du groupe servant la cause de leur dictateur. Je ne peux donc que me ranger a ce qu'il entre deux morceaux au sujet de tout ces membres du public qui rentreront chez eux écrire leur live report en disant que c'était génial mais sans avoir rien compris. Oui, grand dictateur, je n'ai rien compris à vos revendications mais j'ai eu plaisir a vous voir vous entretuez à la fin du concert ou jouer du trombone avec vos deux administrés pour faire danser votre batteur(se) au son d'une mélodie arabisante. Encore une fois le concert donné par ces français sera des plus mémorables et c'est un bien grand malheur que plus de personnes ne soit pas au courant de leur existence. Pourquoi le talent doit il toujours rester confidentiel ?

Et pourquoi ? Pourquoi n'y avait il pas plus de monde pour applaudir les québécois qui suivirent sur scène et réussirent a reproduire avec précision chaque seconde leur musique. "In a flesh aquarium" est pourtant un disque réussissant a mêler la folie vénitienne de Arcturus à la technicité de Cynic, Psycroptic et consort. Habillé de fringues gothique, le groupe va pourtant beaucoup plus loin qu'un lot de clichés et affiche de toute manière un sourire contagieux bien loin d'une ambiance pseudo glauque. La folie et la fête sont de rigueur et le groupe, heureux de jouer pour ce maigre public, ne relâchera pas la pression durant tout ce concert d'une heure. Plus de la moitié des titres du dernier album seront joués ainsi que des chansons de de leurs deux anciens albums que je ne connais par contre pas et que je ne pourrais donc pas identifier. Tout est parfaitement en place, de la chanteuse qui passe des hurlements au chant lyrique sans fausse note, même durant ses deux passages solos où ses camarades disparaissent quelque instant pour lui laisser la place d'éblouir le public de sa voix clair et cristalline. Que ce soit sur une basse a douze cordes, une batterie, ou un clavier, chacun des membres est de toute façon un virtuose exerçant son talent en chœur avec les autres membres. L'ingénieur du son aura très bien réussi son travail ce soir en permettant à chacun des deux groupes de laisser exploser tout son talent et ses qualités dans des performances uniques et fantastiques chacun à leur manière. Reste a espérer qu'ils repasseront bien vite, le temps que le bouche à oreille fasse comprendre à tout les fans de curiosité et de musique originale et vivante que les concerts d'Unexpect et de Sebka Chot ne sont a manquer sous aucun prétexte.