Sunday, February 28, 2010

Karysun / Year of no Light - Split 7" (Radar Swarm) 2009


Avant de tourner définitivement la page sur le post hardcore shoegaze de Nord, Year of no Light distribue sur trois split des morceaux enregistrés avec leur chanteur avant qu'il ne s'en aille. Des trois splits, celui-ci devrait satisfaire les fans de Nord. Adoration pourrait être une chute de studio si il n'était pas crédité comme aillant été enregistré, mixé et masterisé sur une studio portatif. Absolument pas original pour ce groupe mais cohérent avec l'identité du groupe. Karysun en revanche n'a pas été enregistré à la va vite et ça s'entend. On croirait entendre tout un groupe alors qu'ils ne sont en fait que deux pour asséner une salve de postcore rappelant Cult of Luna mais a un tempo hautement plus élevé puisque tout s'achève en quatre minutes. Rien non plus de novateur sans pour autant que l'on ait a s'en plaindre. Pas de prise de risque pour l'acheteur ni pour les groupes. Espérons qu'à l'avenir les deux groupes en prendront plus.

Imbroglio - The Oncoming Swarm (The Path Less Traveled Records) 2008


Un premier titre lent et lourd, un deuxième survolté et un troisième planant. Ai-je besoin de vous préciser que ce groupe a une idée derrière la tête et qu'elle n'ait pas réjouissante? Sorti du même tonneau de goudron que Black Sheep Wall, The Oncoming swarm accumule les superlatifs de violence primaire.

Cinq personnes (le groupe est aujourd'hui un trio) sont crédités dans le livret pour avoir tous eu un micro devant la bouche et cela ne passe pas inaperçu. De plus, l'un des noms étant celui de James Bailey de Architect (non, pas le groupe de metalcore anglais), le registre vocal ne manque pas de variété et d'émotion. Pour autant, les hurlements savent se taire comme le prouve les morceaux uniquement électronique de l'album.

Encore marqué par des ainés prestigieux comme Disembodied ou Gaza, The Oncoming swarm pose toutefois les bases d'un style cohérent dont le seul défaut est de rappeler parfois des clichés deathcore trop peu recherché par rapport aux sombres aspirations de "Imperial swarm", "Delusional out law" ou "Excavating the.... killing fields". Les deux facettes d'Imbroglio, atmosphères sombres et turbulence rageuse, se conjuguent parfaitement sur une petite demi-heure de musique parfaite pour rassurer les déçu de l'expérience Black Sheep Wall qui n'aura duré qu'un seul, mais monumental, disque. Pour une fois, un groupe moderne se rappelle les enseignements de Disembodied et réussit a employer des mosh part à bonne escient pour ne pas en faire des prétextes à moulinet mais d'épaisses couches de terreur sonique marécageuses au gout bien distinct.

Conclu avec la même folie écrasante qu'il est introduit, The Oncoming swarm pose toutes les bases d'une identité originale dont l'ambition dévastatrice est déjà bien accomplie en l'espace de huit morceaux prometteurs.

Tuesday, February 23, 2010

East of the Wall / Year of no Light / Rosetta (Translation Loss) 2009


Un teaser en trois actes, voilà ce qu'est ce split. Tout ces groupes vont sortir des disques très prochainement et sont tous attendus au tournant. East of the Wall est maintenant le nouveau nom de The Postman Syndrom qui, après s'être scindé en plusieurs formations (Biclops, Days Without Dawn), revient presque intégralement dans ce groupe continuer de produire une musique progressive mais maintenant instrumentale. Comme sur Terraforming, leur premier et unique disque, les trois morceaux ne forment qu'un seul mouvement aux mélodies réminiscente de ce même disque avec toutefois un gain en complexité surement engendré par l'absence de chanteur. Le son de The Postman Syndrom était déjà difficile à définir à l'époque (une rencontre entre Candiria et Tool?) et celui de East of the Wall n'est pas en reste. Un math metal coloré de tout ce que la scène metal américaine propose actuellement de plus progressif et original.

Aujourd'hui aussi séparé de leurs chanteurs, Year of no Light signe ici ses derniers morceaux en sa compagnie. D'ors et déjà beaucoup plus lourd que Nord, les bordelais reprennent la route à partir du dernier morceau de celui-ci, La bouche de Vitus Bering. Le chant de baleine shoegaze écrase les derniers souffles du clavier sur le départ tandis que le chanteur ne se fait entendre que de temps à autre. Pas de doute, ce membre est sur le départ mais son remplacement est déjà bien assuré et ne fait pas perdre de sa majesté au mélange postcore / sludge / shoegaze de Year of no Light. Il ne faudra juste plus s'attendre a apercevoir quelque reflais screamo dans leur musique car l'avenir se veut résolument écrasant.

Il faudra aussi se faire à cet autre changement dans la palette sonore de Rosetta, du chant clair. Annoncé au menu une reprise de the Cure ne laissait de toute façon pas trop de surprise quand à la teneur du chant mais ce sera l'un des guitaristes qui viendra maintenant joué de ses propres cordes en compagnie de leur habituel chanteur aux hurlement rauque. Celui-ci ne se tait pas durant le morceau mais contribue au second plan à transformer ce morceau en l'un des leur. Le rock de The Cure est donc efficacement transformé en post metal juste un peu plus "direct" que celui des étendus shoegaze lumineuse et de Wake/Lift où l'influence d'Isis n'est plus si importante et convien donc d'être décrit comme une version métalisé de My Bloody Valentine. Rosetta passe l'épreuve de la reprise avec succès et ce split en trois mouvement est partagé avec des groupes pour qui l'aube d'une nouvelle ère se lève vers de nouveaux territoires a explorer. La pochette bien été choisit.

Antipop Consortium - Fluorescent black (Big dada) 2009


Six ans passé loin du Consortium, ses quatre membres se rejoignent après avoir tâté des carrières solos dont je ne me suis pas préoccupé, trop déçu qu'un aussi bon groupe de MC et de producteur jettent l'éponge après avoir produit un disque massivement reconnu comme un classique, Arrhythmia. Fluorescent black marque le retour du Anti Pop Consortium près pour la nouvelle décennie avec un son moins oblique mais jamais pop.

Minimaliste et subtile, l'approche d'Arrhythmia est laissé de côté pour une production presque plus immédiate dans la construction de ses accroches. A l'opposé d'Arrhythmia dont le rythme reposait autant sur les beats que sur le flow, Fluorescent black ouvre de nouvelles avenues vocales avec l'ajout d'un chant clair tenu par M Saïd ("Shine", "Volano"). En précédent le grime dans leur approche vocale, Antipop Consortium se laisse maintenant rattraper par la scène anglaise et laisse son influence infiltrer ses compositions.

Fluorescent black est la réponse des intellectuels du rap à Dizzee Raskal ou Wiley dont le melting pop a trusté la scène rap et electro. Il ne faut pas oublier qu'avant d'être signé sur le même label que Roots Manuva (en guest sur l'excellent "New York to Tokyo"), les quatre étaient signés sur le même label qu'Autechre. L'orchestration électronique a toutefois laissé ses marques sur eux et il n'est pas inutile de préciser que sur scène les trois ne sont pas tournés dos à leur Dj mais se retournent fréquemment sur leurs propres claviers et samplers. Les voix et les effets s'organisent de la même façon et intensifie donc le spectre sonore. Le minimalisme n'est plus, place à tout ce que la musique électronique a pu créer et non plus simplement l'IDM.

Il n'y a donc plus que le flow des MC pour rattacher Antipop Consortium à la scène rap. A l'instar du grime, descendante du two step et du UK Garage, Fluorescent black rattrape son retard sur une succession de 17 morceaux affinés mais bien différent du son avec lequel nous avions laissé APC il y a six ans. Tous ont bien évolués pendant ce temps là et n'ont pas non plus perdu en assurance derrière les micros où leurs flows sont toujours autant denses et poli-rythmiques. Fluorescent black surprend mais ne déçoit pas. Il faut juste se faire à l'idée qu'en reformant, APC n'a jamais eu l'intention de faire plaisir aux vieux fans mais de se faire plaisir et de continuer à faire entendre leur voix comme celle d'un groupe avant gardiste, précurseur et maître d'un son que l'on ne peut pas qualifier de métissé mais tout simplement de propre à leur identité.

Monday, February 15, 2010

Trapped Under Ice - Secrets of the world (Reaper Records) 2009


Il suffit de voir une vidéo d'un concert de Trapped Under Ice pour constater a quel point leur premier EP, Stay cold, est devenu une référence. Les paroles sont repris en coeur par une bonne partie du public alors que Trapped Under Ice n'en est encore qu'à son premier disque. Baltimore a la côte grâce à The Wire et à une scène en plutôt bonne santé (Pulling Teeth, Stout, Ruiner) marqué par un ancêtre glorieux, Crown of Thornz, dont le groupe s'inspire largement. L'influence n'a cependant jamais été dissimulé par le groupe, très fier de ses origines.

Trapped Under Ice se caractérise effectivement par un chat quasi rappé et des breaks fréquent et très efficace (une seule écoute de "See God" suffit à s'en convaincre). Ceux de Stay cold ont marqués son public et ceux de Secrets of the world on tout autant les capacités de faire de même. En revanche, ce qui a changé chez le groupe se trouve dans sa production. Bien évidemment moins brut que sur leur demo et leur premier 7'inch, Secrets of the world possède un son plus compact et compressé. La voix de Justice est moins présente mais continue de procurer à Trapped Under Ice cette agression catharsique aux paroles toujours aussi bien écrite.

"I would sleep forever, if there's peace in death. And if you see God tell him I'm still alive"
See God

"Take my wrong and make them rght. Everything would be alright. But I lost my way. From the womb to the tomb, guess I went astray".
From birth

Tout dans ce disque respire les rues de Baltimore tels qu'elles sont représentés dans la série The Wire. La violence, la drogue, la dépression, la corruption. Trapped Under Ice, de ses paroles à ses riffs sont des pures produits de leur ville natale. Origine toutefois contesté récemment par le chanteur de Ruiner qui expliquait que bien que TUI se vantait de ses origines, ils n'étaient pour autant qu'originaires de villes alentours. Preuve en est, et elle est indiscutable, que si ils venaient vraiment des rues des ghettos de Baltimore, ils n'auraient pas l'argent pour se payer le matériel pour faire un groupe. Pour autant, Trapped Under Ice n'a pas besoin d'être réellement originaire de ses rues pour les décrire. L'émotion et la passion que dégage leur musique, depuis leurs débuts jusqu'à ce disque, suffit à convaincre. Ne reste donc que des chansons d'une efficacité hors du commun qui n'a rien a se reprocher d'emprunter aux ainés quand le rendu est aussi naturel, sincère et efficace. All in the game!

Trapped Under Ice from KO Films on Vimeo.

Sunday, February 14, 2010

Ulver + World ov Voices à la Cigale (11/02)

Après avoir couru derrière Ulver à travers le monde (de République Tchèque à Londres), les voici venu à domicile (ou presque) pour un bout de tournée européenne. Plus déterminé qu'avant a se produire en salle. Moins stressé aussi, visiblement (plus besoin de paquet de clope pour Garm), et surtout beaucoup plus rodé.

Mais avant de décrire plus leur prestation, parlons un peu de la première partie. Deuxième apparition scénique sur une scène parisienne pour Attila Csihar (Mayhem) après sa participation au concert de SunnO))), le voici accompagné de lui-même et de plusieurs effets déposés sur une simple table. World ov Voices consiste en une exploration de ses fantastiques capacités vocales, superposés par couche pour créer des morceaux à situer entre Gnaw their Tongues et Fragments pour Artaud / Entité / Prisme de Pierre Henry. Sa technique est elle a croiser entre le "I am sitting in a room" de Alvin Lucier et le travail de Alexander Tucker. Du grondement drone, texte récité avec une voix rauque au chant clair, les multiples talents de Csihar se superposent sur deux titres de plus d'une dizaine de minutes dont je n'ai pas spécialement senti la duré s'écouler. Un coup d'éclat pour un projet aussi difficile a réaliser qu'à apprécier quand il est présenté sur le papier.

Puis, vers 21H, le groupe se présente sur scène, discrètement, mais applaudit par un public qui ne reconnait pourtant visiblement que Garm. L'arrivée de de Daniel O'Sullivan, nouveau membre du trio devenu quatuor, sera aussi manifestement ignoré alors que sa présence y est surement pour beaucoup dans la qualité de la prestation qui eu lieu sur la scène de la Cigale.

Introduit par "Eos", le concert débute avec juste quelques imperfections quand les grincement de la guitare crissent contre les nappes du morceau. Le concert sera ensuite absolument parfait et malgré que la set list n'aura en rien différé des deux concerts que j'ai pu voir, l'interprétation et la présentation visuelle des morceaux, sera largement plus aboutis. La seconde prestation d'Ulver en République Tchèque était une tentative, transformé avec succès, de reproduire leurs compositions sur scène. Puis, sur la scène du Queen Elisabeth Hall, les morceaux s'étaient allongés par la présence d'un deuxième batteur et d'une joueuse de thérémin. En revanche, sur la scène de la Cigale, se furent des morceaux transcendés par l'action de ces trois autres musiciens, manifestement rodé à la présentation du set, qui transforma l'interprétation et la fit atteindre se sommet stratosphérique. Le groupe se bonifie tout simplement avec l'âge et le chemin parcourut en l'espace de huit mois laisse présager du meilleur pour la suite.

Toujours aussi effacé derrière ses instruments, Daniel O'Sullivan, préposé à la basse, au clavier et à la guitare (dont l'une des deux qu'il utilisera sera un peut trop absente du mix pour se faire entendre convenablement, reste tout aussi effacé que les cinq autres membres. Krystofer Rygg remercie toujours aussi timidement et discrètement le public, ne l'interrogeant qu'à deux moments : après la présentation d'image du IIIème Reich et des camps d'extermination nazis où il conclura la projection par un "Are you uncomfortable", suffisant à résumer la position du groupe vis à vis de ce qui venait d'être montré. Puis, après "Operator" (l'un des seuls nouveaux morceaux ajoutés à leur prestation) où la projection montrait un homme en train de se suicider dans sa baignoire, il demanda si cela n'avait choqué personne.

L'heure de concert, contrairement à la demi heure supplémentaire annoncé par l'organisateur, se déroulera donc sans aucune interruption. Un sans faute gorgé de maitrise et de puissance dans la retranscription visuel et émotionnelle de ces morceaux que tout le public connaissait surement sur le bout des doigts. Après des années passé dans l'ombre, Ulver se dévoile et expose sa capacité à transcender des compositions que beaucoup considéraient déjà comme parfaite. Un signe de la maturation d'un groupe que personne n'avait encore pourtant traité d'immature au regard des faits accomplis. La transformation en groupe de scène semble donc convenir parfaitement aux musiciens, revenu à l'issu de la prestation, conclut comme d'habitude par un "Not saved" accompagné du regard perdu d'un jeune garçon qui accompagne le silence du public, attentif et respectueux, transpercé des quelque notes de clavier. Les sourires et les applaudissement sont un rappel suffisant pour un groupe qui rappelle à son public gourmand qu""ils ne sont pas ce genre de groupe et qu'il n'y aura donc pas de rappel". Il est d'ailleurs étonnant de faire remarquer que c'est ce même Garm dont la timidité a toujours empêcher Arcturus de se produire sur scène quand il était au chant, qui s'adresse au public et obtient le silence par un simple signe de la main. Les temps changent et personne ne pourrait être plus heureux de cela que les fans présent ce soir là.

Set list (merci à Opethmaniac sur le forum de Violent Solution)
1) Eos
2) Let The Children Go
3) Little Blue Bird
4) Rock Massif
5) For the Love of God
6) In The Red
7) Operator
8) Funebre
9) Plates 16-17
10) Hallways Of Always
11) Porn Piece Or The Scars Of Cold Kisses
12) Like Music
13) Not Saved

The Dillinger Escape Plan à la Maroquinerie (10/02)

Pour son passage éclair sur le vieux continent, The Dillinger Escape Plan voyage léger et n'avait donc pas amené de premières parties avec eux. De peur de voir arrivé une première partie quelconque, récupéré dans un coin de rue, le public rentre et discute de la probabilité que le concert ne soit retardé ou que l'on ne leur ait réservé une surprise agréable.

De surprise, il y en aura une, mais pas celle que l'on attendait. Un jeune homme rentre sur scène, s'adresse au public et annonce qu'à la place d'une première partie il y aura un magicien : lui. La réaction générale du public semble alors être "Huh?" mais elle va assez vite se transformer en éclat de rire quand les pics du magicien à l'encontre du public et de ses assistants dévoués ou sélectionnés au hasard vont faire mouche. Magie et blague. Un cocktail qui marchait très bien aux Etats-Unis il y a deux dizaines d'années (dixit le comique Patton Oswalt qui a ouvert pour plus d'un à ses débuts) et suffira a combler une petit vingtaine de minute la scène le temps que les roadies finissent d'installer le matos. Une dernière pique et le type s'en va avec des applaudissements dans le dos et un public près à accueillir ses héros pour lesquels ils ont tout de même payés la modique somme de 28 euros.

Avant leur entrée en scène on entendait de part et d'autres des gens pronostiqué sur l'attitude du groupe. Allait il marcher sur les têtes des gens, comme sur ce fameux concert au Virgin Megastor que tout le monde s'est passé sur youtube? Est ce que le guitariste a tête d'emo allait encore sauter dans le public (seconde fashion : il a d'ailleurs coupé cette fameuse mèche) comme à l'Elysée Montmartre?

En conclusion, de saut dans le public il y aura mais de grandes explosion de folie, niet. Le Dillinger impetueux et instable des débuts semble avoir passé le cap pour présenter un spectacle bien plus rodé, plus prévisible mais toujours extrêmement bien jouer et énergique. Il ne faut pas leur jeter la pierre non plus. Ces mecs tournent constamment. Il est donc bien normal que l'envie de sauter dans le public et d'en découdre avec la tête entière leur soit passé. L'âge, forcemment. Et peut être aussi la lassitude d'être devenu le groupe que tout le monde attend au tournant pour faire toutes les conneries. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle Pucciato avait même arrêté de cracher du feu. Trop attendu. Trop facile.

Reste donc des morceaux gorgé de chaos et d'énergie avec tout les plans techniques que l'on connait si bien pour les avoir entendu chez eux, puis reproduit par des centaines d'autres groupes à travers le monde. The Dillinger Escape Plan n'en reste pas moins un groupe à part dont les titres, aussi chaotiques soient ils, restent les leur et peuvent être reconnu entre mille du même genre. Le nouvel album s'annonce d'ailleurs un peu moins chaotique et plus metal. Les riffs sentent le thrash passé à la moulinette et le tempo se ralentit bien plus. On a donc moins l'impression d'entendre les instruments dévaler un escalier.

Par conséquent, la touche rock and roll qu'apportait précédemment Gil Sharone (repartit dans Stolen Babies) n'est plus au gout du jour et manque assez au jeu de ce nouveau batteur, plus rigide, plus metal, avec moins de groove. L'effet se ressent surtout sur les titres de Ire works mais il n'en est pas moins des plus compétents pour le reste des morceaux, et bien sur pour les nouveaux auxquels il a participé. Autre défaut majeur pour la qualité du spectacle: la voix. Si Greg Pucciato ne reste pas en retrait et s'attaque au public du devant, le micro ne fait pas autant porter sa voix qu'il le devrait et dessert "When good dogs do bad things" et "Mouth of ghost" sur lesquels la voix est un élément central. En revanche, "Milk lizard" ou "Fix your face" sont repris en chœur par le public. Preuve que le public de "Calculating infinity" a pris la porte et que les fans sont maintenant ceux qui adorent toutes la discographie et non seulement leurs glorieux débuts.

Ils auraient pourtant pu être contenté par la set list puisque "Sugar coated sour", "The mullet burden" et en rappel (précédé d'une reprise rock non identifié) "The running board" et le fameux "43% burnt". Petit coup de "folie" sur ce dernier titre puisque Jeff Tuttle fait le tour à travers le public, en passant par le côté droit de la scène puis en revenant par la fosse, tout en continuant à jouer, tandis que Ben Weinman s'accroche au plafond par les pieds. Classique donc et assez prévisible, contrairement à ce nouvel album qui prévoit de très bonnes surprises si j'en juge par les trois nouveaux joués ce soir. Beaucoup moins incroyable qu'il y a quelques années, The Dillinger Escape Plan est toujours un groupe dont la musique défie les standards et les attentes, ce que son nouveau public semble apprécier. Gloire à eux et dommage pour les autres.

Monday, February 08, 2010

Baroness - Blue record (Relapse Record) 2009


Impressionné par le premier disque de Baroness sur Relapse, le fameux Red album, qui occupa tant de rêve mouillé de la cuvée 2007 de tant de journaliste, mais très vite désintéressé par l'objet, j'ai jeté une oreille distraite à son successeur ici présent sans en attendre grand chose. Débarrassé de trop de technique prog, maitrisé mais encombrant pour atteindre l'objectif simple mais essentiel de créer un album de morceaux mémorables, le Blue album agace les fans du Red et réconcilie les curieux vite lassé comme ma pomme ici présente.

Les voir en concert fut aussi une révélation. Enthousiaste, le sourire au lèvre, les deux guitaristes se montrant leurs riffs et prenant un pied monstrueux à chaque coup de médiator. Les couplet entonnés à trois voix pour mieux porter la ferveur mélodique enivrante qui traverse ce disque. Le batteur perché sur son siège exultant de participer à la ferveur communicative qui sortait des amplis pour traverser les oreilles et ressortir par les visages et les mains venus confirmer avec joie tout le bien que les musiciens pensaient de leur création. Enthousiaste, John Baizley remerciait le public pour avoir fait de concert parisien le meilleur de leur tournée européenne!

Le premier morceau de leur tout premier EP offert en rappel, montrait alors tout ce que Baroness avait perdu. Le sludge d'antan n'est effectivement plus là. La rage non plus, remplacé par l'entrain et l'enthousiasme. Baroness est aujourd'hui un groupe de metalleux jouant une musique de hippie. King Crimson réincarné dans un petit groupe de barbue tout content de faire briller de leurs milles couleurs tout leurs influences dans un album aussi riche qu'un tableau d'Yves Klein. Même si les dix titres s'accordent sur une même ferveur galopante, les titres rayonnent individuellement avec autant de grâce que les contraste d'un monochrome ou la couverture, gorgé d'Art Nouveau, du guitariste/chanteur susnommé.

Ce second disque est donc beaucoup plus immédiat. Si vous ne l'avez pas aimé au premier tour, il y a peu de chance qu'il vous plaise au second. Par contre, dès le premier riff ça peut être le coup de foudre et vous ne vous en remettrez pas. Un album pour briser la grisaille quotidienne. Un album pour réconcilier avec le prog les fachés de la technique. Un album pour les unir tous ? Peut être pas non pus. Le Blue album n'est pas déjà le meilleur album de la décennie ou du millénaire. Pour la cuvée 2009, qui fut pourtant riche en excellente surprise, c'est cependant un album digne de tout les éloges qu'il a pu recevoir, hormis les plus extravagante (laissons l'histoire en jugé) et d'être écouté, chanté, fredonné et célébré.

Cold World - Dedicated to babies who came feet first (Deathwish) 2008


"Dedicated to babies who came feet first !" lance Raekwon durant le refrain du remix de "Can it be all so simple" de Only built for Cuban linx part 1. Le hardcore n'a jamais été étrangé aux références au hip hop ainsi qu'aux groupes mélangeant les deux cultures, tels que Downset ou E-Town Concrete, mais jamais le mélange des deux n'aura été aussi bien mené que sur ce disque où l'on ne peut pas parler de fusion mais de confrontation réussi des deux cultures.

L'intro et l'outro ainsi que Leave a message 1 et 2 sont colorés de sample (dont un de l'intro que Dj Shadow utilisait aussi sur Endtroducing) mais l'invasion des platines ne s'arrêtent pas là. Des samples interviennent donc de temps à autre avec beaucoup d'efficacité ("How deep" et son "My life, my life") ainsi que des featuring inattendu (Warrior queen de l'excellent single "Poison pen" de The Bug sur "Whagman"), tout autant emprunt d'une culture extérieur au hardcore qui n'en dénature pas pour autant l'énergie ou les riffs originaire de Pennsylvanie de ce quatuor.

Bien sûr, les photos promos figurant à l'intérieur du livret sont aussi des clins d'oeil mais ils sont beaucoup moins surprenant que l'usage de références musicales parfaitement intégrés. De même, les voix claires ("Boom bye bye" ou "Time to break down") n'essouflent pas l'énergie des morceaux ou même de l'album qui gagne aussi en cohérence grâce aux nombreux samples de transitions et quelque skit surprenant (le chanteur s'essayant à des paroles R'n'b à la fin de "Roaches and rats"). Ce sont ces éléments qui font de "Dedicated ..." un album aussi consistant que complet. On sent ainsi un enregistrement suffisamment détendu pour se permettre des expérimentations diverses capable de porter le son de Cold World vers autre chose que des influences hardcore ou metal. Un album véritablement intéressant, à défaut d'être révolutionnaire, qui pourrait cependant en influencer plus d'un de par son expérimentation décomplexé et un mélange des genres vierge de blanc bec s'essayant au rap ou de scratch redondant.

Détail intéressant, le groupe ne s'est pas pour autant enrichi d'un nouveau membre pour assurer tout ces petits détails en concert. Ni roadie, ni Dj pour appuyer leurs concerts des samples de l'album (de ce que l'on a pu me dire d'une date européenne et de vidéos live). Rien qui ne puisse donc entraver la spontanéité des concerts, ni l'énergie qui font la qualité des concerts de hardcore. L'expérimentation n'a donc pas dépassé les portes du studio. Mais ce qui se passe dans le studio reste sur l'album et celui ci est tout aussi efficace, mémorable et génial qu'un futur classique.


Cold World (Full Set) from hate5six productions on Vimeo.

Sunday, February 07, 2010

SunnO))) + Eagle Twin @ Point Ephémère le 06/02

Pour la quatrième prestation de SunnO))) que j'ai eu le plaisir de voir, de sentir et d'entendre, ce fut de nouveau sur la scène du Point Ephémère que le spectacle pris place. Là même où j'avais assisté pour la première fois à une performance du duo accompagné de Malefic de Xasthur, d'un inconnu au machine et d'un autre au trombone.

Eagle Twin eu la tache d'ouvrir le bal avec sur leurs larges épaules de barbus la réputation d'un premier album au dimension cosmique si l'on en croit la parole des magazines Terrorizer et Rock a rolla. Guitare en alluminium et amplis SunnO))) reliés à deux têtes d'amplis Orange, le combo gagnant est réunit de ce côté là. Du point de vue de la performance, c'est une forme de doom complexe et écrasante qui assaille les tympans et se passe très bien de l'absence de basse grâce a l'imposante présence d'un batteur dont le jeu tout en finesse et en puissance aspire l'attention. Quarante minutes de musique sans interruption suffise à convaincre que le potentiel est non seulement là mais que le groupe déploie déjà assez de talent pour mériter tout le bien que l'on a pu en dire. Ce qui, au regard des articles dithyrambiques auxquels ils ont eu droit, n'est pas rien. Loin s'en faut. Quatre, cinq ou six morceaux furent joués, je n'en ai aucune idée. En revanche, acquérir leur album est devenu une idée fixe.

Puis, le culte du soleil (et des amplis du même nom) s'affairent sur la scène, en compagnie de roadie dont l'un porte fièrement un tatouage Retour vers le futur sur le bras, se prépare. Une fois la lumière éteinte, la musique annoncant le début du rituel retentit et il faudra atteindre une bonne dizaine de minutes avant que des figures encapuchonnés dans des robes de burre apparaissent à travers le mur de fumée.

Le spectacle commence d'abord dans un drone tout à fait primitif et etouffant. Les deux guitares massent le public tandis que le délégué aux effets sonores et au clavier se fait entendre. Un mouvement d'une dizaine de minute suivit d'un second percés de mélodies joués par Greg Anderson (O'Malley étant à la basse) jusqu'à ce qu'Atilla Csihar, des légendaires Mayhem (et maintenant aussi de Void Ov Voices) se place de dos devant son micro. Tout de noir vétu, il a révéti une robe de grand prêtre ne laissant apercevoir que son visage quand le projecteur l'éclairent d'une lumière verte fantomatique. Les phrases qu'il récite sont tout en anglais et glissent doucement de ses lèvres pour accompagner les lent mouvement des guitares. A la fois un élément narratif et purement sonore, Csihar n'est pas seulement un invité mais un membre part entière du groupe et de l'expérience.

Progressivement, la musique prend alors une tournure beaucoup plus religieuse. Plus les paroles s'effacent pour être remplacés par un long drone vocal, similaire au son d'un didgeridoo, et plus l'appellation de culte ne devient plus une hyperbole mais une réalité. Les vocalises font évidement pensé à la culture aborigène dont le duo Anderson et O'Malley s'inspire déjà en prenant le rôle de chaman venus filtrer le son des amplis à l'aide de leur propre corps. A l'instar du processus de purification du peyotl appliqué par les chamans où la drogue rituel est consommé avant que les initiés ne boivent l'urine de ceux-ci afin de ne pas subir tout les effets de ce puissant hallucinogène. L'intonation de Csihar permet à la frontière d'être alors totalement franchie pour créer un amalgame entre une atmosphère pieuse perverti par le black metal et l'avant garde. Le seul sacrifice demandé est celui des tympans et de l'énergie des participants volontaire car la messe durera plus d'une heure et quarante cinq minutes au total.

Il est donc bien évident que chaque instant de la performance ne sera pas absolument parfait. Le dernier volet de la soirée sera même d'abord introduit par un long passage noise, comparable au travail de Wolf Eyes, laissant penser à une conclusion avant qu'Attila ne revienne revêtu d'un costume couvert de plaque de verre. Auparavant il s'était recouvert le visage d'un masque laissant à penser à un masque de cire fondu. Une figure cauchemardesque que Stephen O'Malley lui avait tendu tandis que le grand prêtre de cérémonie poussait un cri terrifiant tout en recevant cet artefact.

Toutefois, revêtu de sa dernière tunique, il endossera le rôle d'un christ noir venu bénir les foules grâce à des rayons lasers accrochés au bout de chacun de ses doigts. Mais, avant de communiquer au public tout son pouvoir par la puissance de la lumière, il devra d'abord recevoir, cette fois des mains de Greg Anderson, une couronne d'épine faites de larges morceaux de verre enchassés sur un cercle. Le visage recouvert par le même masque de cire qu'il a revêtu lors de sa première transformation, ses traits ne se distinguent pratiquement plus, de même que ceux d'Anderson et d'O'Malley dont seuls des poils de barbe s'extraient de sous leurs robes.

Venu soutenir leur dernière album, célébrer par la critique, le quatuor ne s'est soumis à aucune règle en agissant comme à l'accoutumé. Ce ne fut donc pas une reproduction, même partiel, de cet album mais une performance à mi chemin entre l'improvisation et la représentation millimétré (j'en veux pour preuve les quelque moments où les musiciens s'interrompent en même temps ou les signes que faisait O'Malley à Csihar en le tapant sur l'épaule) passé sous le filtre des enseignement apportés par les collaborations de ce dernier album. Les concerts de SunnO)) se suivent mais ne se ressemblent pas. Alors que leur concert à Villette Sonique en ouverture de The Jesus Lizard était une célébration de la naissance de l'univers, le quatuor fait maintenant évoluer sa musique de plusieurs milliard d'année pour revenir à l'essence même des cultes et du religieux. Sans avoir de dieu à prier, les fidèles se réunissent pour partager un moment de communion intérieur dans une atmosphère recueilli et propre à l'entrée dans une transe purificatrice.

Il y aura bien toujours quelques marioles pour crier, faire entendre leur capacité à ne pas vouloir prendre au sérieux ce que l'on leur propose. Le cirque habituel des concerts de SunnO))) toujours suivis d'une procession vers la sortie quand ils se rendent compte qu'ils n'ont rien a gagner mais tout à donner pour pouvoir accéder à l'essence d'une performance de SunnO))). L'église du grand soleil vient de poser une nouvelle pierre son évolution avec une performance fantastique et unique. Mon impatience me dicte déjà de m'interroger sur la suite des évènement mais si le spectacle devait en rester là, il n'en serait pas moins imposant.