Sunday, March 21, 2010
Dangers - Messy, isn't it? (Vitriol Records) 2010
Résumé Dangers à un groupe de harcore chaotique est à la fois juste et complètement faux. D'une part, Dangers joue effectivement du Hardcore de façon chaotique en empruntant de quoi faire dans la boite à outil de Converge sans jamais copier sur leur voisin. La tension et la rage dévorante des paroles ont ceci de commun avec Converge que l'on ne pourrait reprocher au groupe de faire de la musique pour autre chose qu'expurger leur démons.
L'énergie des morceaux n'a toutefois rien de commun avec le Converge d'aujourd'hui (de même que l'interlude jazz "(Messy)" ou la chorale répétant en canon sur "(Isn't it)", "It's so nice to wake up in the morning all alone, and not to have to tell somebody you love when you don't anymore ), de même que les touches screamo au cours d'un ralentissement ("Bottom of the 9th ward"), rock and roll ("Opposable" introduit par le "Bass" du chanteur destiné à devenir culte en concert) ou metal ("I'll clap when I'm impressed").
Messy, isn't it est un album compact dans l'émotion qu'il déchaine tout au fil de ses dix-neuf plages mais pas dans le spectre de ses influences pour un résultat étonnement cohérent. Qu'une partie de Dangers provienne du grind metal chaotique de Graf Orlock explique une partie de l'équation sans qu'elle soit complètement résolut. L'identité du groupe ne s'arrête pas non plus à sa musique puisque ceux-ci refusent d'utiliser une page myspace (celle-ci renvoie sur le blog) pour faire la promotion de leur musique. Sur ce fameux blog on peut trouver des liens pour commander leur disque (superbe vinyle vendu avec son Cd pour une bouchée de pain), voir des photos de leurs concerts sur FlickR ou découvrir leurs paroles et leur identité visuel. Rien de ce que produit Dangers ne leur échappe grâce à une appropriation des possibilités du net pour faire vivre leur groupe et contrôler ce qu'ils veulent faire passer à travers leur musique.
Messy, isn't it est à la fois une réussite musicale et un modèle à suivre pour la publication de sa propre musique en restant indépendant (le label est aussi le leur). Des idées à revendre pour un album proprement génial dans sa synthèse d'un hardcore moderne et original proche des classiques (Deadguy, Rorschach) et de leurs descendants (Converge, Breather Resist) pour un résultat aussi menacant que le canon de revolver que la figure de la pochette appuie sous son menton.
Strong Arm Steady - In search of Stoney Jackson (Stones Throw) 2010
Aussi bon soient-ils, les MC de Strong Arm Steady ne sont pas l'attraction principale de ce disque, la production de Madlib l'est. Le trio de rappeur californien est un collectif (dont fit parti X-Zibit) assez varié avec aux centres deux voix et deux visages, un noir et un albino. Les guests du disque font donc partie du collectif ou de la famille du groupe, au sein hip hop du terme. Pour avoir signé le groupe à ses débuts, Talib Kweli intervient sur "Get started". Planet Asia intervient sur trois titres et les voix sont mixés par Dj Babu des Dilated People. In search of Stoney Jackson additionne les guests et les collboration sans que l'identité du groupe ou de la production disparaisse sous les différentes voix des treize morceaux (avec cinq instrumentaux pour entrecoupés le parcours).
Cette recherche pour Stoney Jackson ne tente pas de mettre la lumière sur l'histoire de cet acteur de seconde zone (dont la contribution principale au monde de la musique est de danser dans le clip de "Beat it" de Michael Jackson) mais de revenir sur des classiques du funk des années 70, périodes où Stonewall "Stoney" Jackson était populaire dans des magazines pour adolescent.
Fidèle à sa réputation d'encyclopédie des meilleurs break et des meilleurs samples, Madlib fait entendre de superbe samples de funk et de soul mélodieuse. Le travail est précis. Les boucles soulignent les petits moments de tension des morceaux tel une mélodie au violon magnifiquement employé sur "True champs" ou un riff de guitare funky à souhait sur "Bark like a dog" . Les contributions diverses soulignent les emprunts avec souplesse sur de superbes accroches (le refrain de "Best of times" par Phonte) au coeur de production révèlant progressivement leur intelligence au fil des écoutes. D'abord agréable, In search of Stoney Jackson devient somptueux pour ne finalement plus éclipser le travail des MCs et souligner leurs contributions.
Les prestigieux collaborateurs précèdent de Madlib (MF DOOM, Guilty Simpson) font de l'ombre au duo de MC jusqu'à ce que la réalité des choses devienne évidentes. Le duo Strong Arm Steady n'est pas aussi bon que les deux rappeurs mentionnés plus haut mais ils ne sont pas mauvais pour autant. Bien au contraire, la comparaison entre les deux est même injustifié et il suffit de prêter attention aux paroles pour que le talent apparaisse. Similaire dans l'esprit à Dilated People, Strong Arm Steady ramène le rap à l'époque où les paroles des MC était la radio des ghettos. Entre soleil et problème, tout à droit à son temps de parole. Pas de bling, pas ou peu d'ego trip mais de solides performance autour d'une production dantesque où chaque titre est en compétition pour être le meilleur de l'album.
Tuesday, March 16, 2010
Candiria - Toying with the insanities vol. 1 et 2 (Rising Pulse) 2009
La galère Kiss the lie, le départ du batteur bénit des dieux, Kenneth Schalk, les déménagements et les soucis de frics auraient eu raison de n'importe quel groupe, mais pas de Candiria. La torche continue d'être porté par Carley Coma (voix), John LaMacchia (guitare) et Manuel MacIvor (basse) en attendant de jours meilleurs pour sortir un nouvel album studio ou faire quelques concerts. Aucune possibilité n'est écarté mais en attendant, Candiria continue de prouver son existence et son écléctisme en sortant ces deux disques de remixes et de réinterprétation.
Le terme de réinterprétation est d'ailleurs très bien choisit pour certains morceau ne portant aucun air de ressemblance avec les originaux. Les deux premiers titres du premier volume (disponible uniquement en CD, contrairement au second volume qui est uniquement en vinyle) amorcent la marche avec des rythmes électronique du meilleurs effets en proveance de l'esprit de Dub Trio et d'Edgey. La première déception, et de taille pour le fan, arrive avec la "réinterprétation" par Kayo Dot d'un titre non identifié pour une version .... vide et sans intérêt d'un morceau qui s'étire bien trop longtemps. Tout est rattrapé par la suite avec une version dub étalé et écrasante de Tribes sur laquelle le riff de fin continue encore et encore. Très attendu, la collaboration avec Kayo Dot est la seule déception majeur, contrairement aux remixes de Dälek, Benjamin Weinman (The Dillinger Escape Plan) reflétant bien leurs styles particuliers mais avec un respect certains pour les morceaux d'origines.
Les Ghost of the canal, le groupe de free jazz de Candiria constitué de Manuel McIvor, John LaMacchia, T. Young et ... Kenneth Schalk (a qui est attribué aussi la composition de deux titres complet, dont il joue tout les instruments, sur le premier et le deuxième disque), interviennent ensuite et reviendront ensuite sur le deuxième disque. Ces morceaux ne compte pas comme des remixes ou des réinterprétations mais font plus que combler le vide puisque chacune sont des interventions du meilleurs gouts rappelant les improvisations jazz du groupe (le titre concluant 300% density ou Work in progress sur Process of self development).
Sur le deux volumes, le deuxième est donc le plus constant en terme de qualité. En revanche, rien de commun ne pourra être trouvé dessus pour plaire aux inconditionnels des albums studios. Sur ces deux albums, Candiria a fait preuve de l'ouverture qu'on leur connait pour offrir à des musiciens de s'exprimer, tout en s'octroyant des plages de libertés pour écarter eux aussi leurs ailes. Non content d'une discographie originale, Toying with the insanities vol. 1 et 2 ne montre aucune fermeture (à regret parfois pour deux titres dub très dispensables sur le vol. 1) et une détermination à faire vivre leur musique.
CANDIRIA TOYING WITH THE INSANITIES SNEAK III
Candiria | MySpace Music Videos
Cave In - Planets of old (HydraHead) 2010
Planets of old marque le second retour de Cave In après le "faux" départ que fut Perfect pitch black. Cinq années où les projets de chacun occupèrent l'espace (Octave Museum, Stephen Brodsky, Zozobra), le temps que les liens se tissent de nouveau, que tout le monde déménage et se rendent compte qu'il suffisait de quelque coups de fil pour se retrouver dans la même salle de répète et dépoussiérer de vieux titres avant d'en écrire de nouveaux.
Un concert est organisé, enregistré, graver sur DVD et vendu en bonus du EP. Beau produit que celui-ci par ailleurs, son excellent, set list conséquente piochant dans pratiquement tout les coins de la discographie de Cave In (à l'exception d'Antenna; de mauvais souvenir peut-être ou une question de droit, et de Beyond hypothermia) pour montrer que le quatuor de l'époque Until your heart stops est de retour. Un CD bonus de ce concert était aussi disponible pour les premiers a avoir commandé le disque (c'est mon cas) dans une petite pochette en carton, inédite elle aussi.
Les quatre nouveaux prouve aussi que le groupe n'a pas oublié sa discographie et continue d'incorporer tout les éléments de celle-ci dans sa musique. "Cayman tongue" débute lentement et montre de très beaux signes de vie avec comme défaut majeur de ralentir un peu trop le tempo. D'autres trouveront ce titre fantastique, je ne l'ai pas encore apprivoisé et reste encore à moitié dessus par la logique de sa progression. Le bonheur commence pour moi avec "Retina sees rewind" dont la mélodie en fait un hit en puissance. La touche rock de Steven Brodsky est bien mis en évidence devant un riff musclé et mélodique, le meilleur compromis des deux mondes.
Le second titre notable fait beaucoup moins la part des choses et retourne brièvement à l'époque où Cave In faisait encore partie de la même scène que Converge. Furie, hurlement de Brodsky (Scolfield s'en charge en live), tempo énergique. Le hardcore chaotique n'est pas de retour mais l'énergie et la folie si. L'énergie et la mélodie se retrouve finalement sur le dernier titre aux couplets d'abord punk jusqu'à ce que le metal s'ajoute, puis qu'un tempo Until your heart stops intervienne derrière un chant clair quasi Jupiter. En quatre titres seulement, Cave In fait le tour et n'oublie personne. Rien n'est plus à la même place mais tout est tout-de-même présent. En soi, Planets of old est une série de coup de coude musicaux dirigé autant aux musiciens qu'à leurs publics. Des coups de coudes sans rien d'anecdotiques ne faisant pas qu'augurer d'un retour aux sources mais d'un nouveau départ. Comme si Ben Koller de Converge n'avait jamais joué de la batterie sur Perfect pitch black et que le cycle ne s'étaient pas interrompus entre ce dernier album et ce EP. Le vrai retour du grand Cave In, pour longtemps on espère.
Sunday, March 14, 2010
Jesu - Opiate sun (Caldo Verde) 2009
Avec Jesu, la volonté de Justin Broadrick est de devenir un bien meilleur song writer à chaque nouveau disque. L'expérimentation radicale n'est plus de mise contrairement aux mélodies automnales que contiennent ses EP. La différence entre chacun est subtile mais le format se prête à ses petits sauts de disques en disques. De sept à cinq minutes, les morceaux d'Opiate sun s'allongent par rapport à ceux de Lifelife et de Silver. Le format est toujours très pop, la batterie est un peu plus relâché et la voix plus sûr, dédoublé et surtout aussi moins trainante. Alors que Godflesh faisait battre les têtes en rythme, Jesu tente de faire battre les coeurs à l'unisson avec ses douces mélodies poignantes. Certes moins influent que l'est Godflesh, Jesu continue d'être aussi beaucoup plus intime que ne l'étaient ses différents projets et collaborations (autant Techno Animal qu'Ice ou Greymachine). Il ne faut lire dans cette série d'EP qu'une occasion de mettre en musique son malaise et sa tristesse et de montrer sa passion pour les mélodies pop mélancoliques.
Saturday, March 06, 2010
Flying Lotus + Nosaj Thing @ La Bellevilloise le 04/03
Une remarque pour commencer dirigé aux organisateurs : quand on programme une soirée, on ne la met pas le cul entre deux chaises avec un début à 19H30 et une conclusion après le départ des RER et des métros. Soit on commence tôt et on finit vers minuit pour que tout le monde puisses rentrer et se reposer avant de partir au boulot le vendredi (oui, bizarrement, il y a des gens qui vont aux concerts et travaillent le lendemain) ou on fait une soirée complète et on commence tard pour finir avec les premiers métros et bus. Logique mais pas tant que ça pour une organisation dont le concert s'est terminé avec les derniers moyens de transport. Pratique quand on bosse le lendemain et que l'on habite pas sur Paris! Merci à l'ami qui m'a hébergé sinon je n'aurais pas pu rester jusqu'au bout à cause de cette élitisme débile. Les concerts sont pour tout le monde, pas juste les parisiens.
Nous fûmes, moi et mon compagnon de route, bien mieux avisé (mais pas totalement) d'arriver vers 20H30 pour louper un peu le début de la soirée quand on a constaté ce que l'on nous avait réservé. De la musique de club, fade et niaise. La salle remplie de bras croisés et de timide hochement de tête nous fait sortir et attendre du mieux. Même topo pour les deux autres Dj d'ouverture malgré des allés et retour dans la salle de temps à autre avec un minimum d'espoir (mention spéciale au passage d'une chanson pop année 80 que j'avais oublié, à juste titre, et que l'on m'a remis dans la tête)
Nosaj Thing commence enfin vers 22H40 devant une animation de fond d'écran Windows complètement incohérente avec l'IDM qu'il nous présente, dix fois plus riche et dynamique que les trois Dj précèdent. Meilleure réception aussi de la part du public qui ne le lui cachera pas avec moultes applaudissement en fin de set. Entre Flying Lotus et Four Tet, ce jeune asiatique californien flotte près de la tête d'affiche de ce soir sans en atteindre la fraicheur Les sonorités lumineuses qu'il projette sont dominées par une rythmique IDM assez house pour convenir à une atmosphère de club. Parfait pour le public de ce soir mais en revanche, passé une demi-heure son set m'a très vite ennuyé.
Enfin, après un déplacement de projecteur et le retard accumulé, Flying Lotus peut commencer vers minuit son set d'une heure et me rassurer de ne pas avoir perdu mon temps ce soir. Souriant et énergique, Steven Ellison aka Flying Lotus n'aura de cesse de réinventer ses morceaux dans des versions encore plus intelligentes, riches et denses. En nageant entre le cérébral et le dansant, il obtient un IDM ne reniant pas ses racines Drum and bass gonflé d'éléments empruntés au rap et à la soul. La déconstruction commence dès le premier morceau avec une rythmique brisée et étouffante évoquant Dälek remixé par Venetian Snares. Le reste du set sera largement plus mélodique mais l'entrée en matière suffit à faire oublier l'heure, le public, l'agacement et de prendre son plaisir en sa compagnie.
Dansant avec son mix de manière à ce que chaque pulsation de son corps semble être transmise dans les machines qu'il manipule constamment, la projection d'images de Tetsuo, le chef d'oeuvre cyber punk de Shinya Tsukamoto derrière lui ne fait pas de doute quand à l'image qu'il se fait de son rapport à la machine. Il est lui-même homme machine, en symbiose avec son instrument. Décrit par certains sur les sites Rate Your Music et Last.fm comme du hip hop instrumental, les capacités de Wilson à remixer son propre travail et à le projeter dans un ailleurs rafraichissant ne lui échappe pas et échappe donc à une catégorie aussi vague.
Son remix de Madvillain, transformé encore une fois ce soir là, ne permet pas d'en douter. Pourquoi alors le neveu de Alice Coltrane aurait-il choisit un titre empruntant un texte de Sun Ra, l'extra terrestre du free jazz déterminé à emmener le peuple noir dans les étoiles, où Madlib énonce "The wisdom of the past is the light of the past, the light which is to be the wisdom of the future, the light of the future casts the shadow of tomorrow" ? Difficile de ne pas y voir la transcription de la règle que suivent Madlib et Flying Lotus, emprunter au passé pour créer le présent. Un présent des plus enthousiasmant à l'aube d'un nouveau disque pour ce prodige à l'avenir rayonnant puisque le dernier titre, joué en rappel, sera l'un de son prochain album, Cosmogramma, à paraître le 3 Mai.
Thursday, March 04, 2010
DOOM + Ugly Mac Beer & Mister Modo feat. Mike Ladd @ Elysée Montmartre le 03/03
Je coupe court de suite à la première question de toutes les personnes lisant ce live report : c'était bien le vrai DOOM. Il rappait comme DOOM et avait la bedaine de DOOM. Pas de vol à ce sujet; pour le reste, on va y venir.
Ouverture des portes, un Dj mixe discrètement dans le coin de la scène et est vite remplacé par Ugly Mac Beer & Mister Modo, deux français mixant de l'horrorcore accompagné de Mike Ladd. Une fausse bande annonce de film d'horreur introduit chaque membre et on est parti pour un set avec Mike Ladd au micro accompagné de André the Monster, un type déguisé en monstre (entre Jason de Vendredi 13 et Yuri de Red is dead, le faux film d'horreur de La cité de la peur). Ladd l'évite et fait semblant de se battre avec lui tout en assurant parfaitement son flow et ses paroles.
La soirée commence bien quand elle est interrompue au bout du deuxième morceau par la projection de deux collages d'extraits de films d'horreurs, Cannibal Holocaust en premier et ensuite Maniac Cop, sous fond d'instrumentaux rap lâchés par la duo aux platines. Le son est bon et leur compos tiennent la route mais font perdre de vitesse la mise en bouche servis par Mike Ladd. Ce dernier revient ensuite au bout de dix minutes de projection pour enchainer quelques titres mais il repart vite et conclut le set au bout d'une demi-heure, vu le peu de réaction du public. Pratiquement pas de réponses quand il demande au public (en anglais) s'il il est content de voir MF DOOM. La blasitude parisienne (ou le manque d'effort pour comprendre son anglais) auront raison de leur set et nous revoilà dans l'attente de la suite alors qu'il n'est encore que 20H.
Alors on attend. On attend sous fond de 2Pac passé en sourdine dans les enceintes. On attend et il se fait 20H30 alors ça gueule un peu. La mise en place des micros et des bouteilles d'eau semble prendre des plombes. Allez retour du délégué micro et bouteille. Il vérifie le micro. Il part. Il descend le pied de micro. Il part. Il revient. Il test le micro. Ca s'impatiente à juste titre et ça se demande même si DOOM va venir. Alors bien sûr, il est venu, mais à 20H40 ! Bref, le Dj se met en place et DOOM accompagné de deux mecs au backing vocal commence son show sur "Accordion" de Madvillainy. Le public est là, lève les bras, gueule. Ca reprend en coeur les paroles à tout va et DOOM semble très content d'être là. Il n'aura de cesse de venir tcheker les premiers rangs ou serrer des mains tout en rappant. Il y a quelque petits oublis de sa part mais ce sont manifestement des prétextes pour mieux repartir et continuer d'assurer. Quelque tee-shirt seront balancés dans le public sans que ça provoque trop de remous pour les attraper (pas de merchandising par contre, bizarrement). Il essaye même à un moment de sauter dans le public mais ses deux acolytes l'en empêche.
Bref, le show complet fait avec humour. Manifestement le MC est content d'être venu jusqu'ici et le fait savoir au public. Une bonne partie de sa discographie personnelle est passé en revue mais il évite, en dehors du projet Madvillain, ses collaborations. Pas de titres de Viktor Vaughn ou de DangerDOOM mais du Mmm... food ("Hoe cakes"), du King Geedorah ("Take me to your leader") et du Born like this ("Ball skin", "Gazzilionear") . Au total, en comptant les rappels, 18 titres seront interprétés avec aucune fausse note. Les instrus sont par contre étouffés par les basses ce qui rend difficile la reconnaissance des morceaux. Je ne semble d'ailleurs pas être le seul tant les réactions du public sont aléatoires alors que leur par-terre n'est vraisemblablement composé que de fans. Fort heureusement le show assuré des deux côtés de la scène n'accuse pas trop son absence loin des projecteurs (les prestations du rappeur sont tout aussi rare aux Etats-Unis et aussi ... controversés). En revanche, il semble être un bougre un peu têtu et part donc au bout d'un peu moins d'une heure de show.
Ok, le mec est joueur alors on attend et on gueule pour qu'il revienne. DOOM demande alors au public comment on dit "family" en français. Quelques personnes traduisent et il répond que l'ont est sa famille et qu'il nous aime, blablabla. Le topo habituel. Retour donc pour deux morceaux et puis s'en va un peu brutalement en ne disant pas en revoir. Le public gueule alors de nouveau et DOOM demande alors de mettre de la weed sur scène si l'on veut qu'il revienne. Ah, il est joueur! Il est chiant mais il est joueur. Pas de weed (un type lui avait quand même passé un joint pendant le concert quand il en a demandé un) mais deux morceaux de plus ("Figaro" de Madvillain, rien que ça) et le DOOM s'en va ... définitivement ... après une heure dix de concert ... pour des places à 40 euros ...
...
Alors comment mesurer la durée d'un concert à 40 euros par rapport à un concert à 20? Au nombre de minute passés sur scène? Au nombre de morceaux joués? C'est finalement très psychologique tout cela mais c'est aussi notre fric! 1H10 de concerts en comptant les deux rappels tirés à la force des pieds tapés par terre et des cris, cela peut donner un cinéma amusant mais finalement un peu amer pour un type qui semblait pourtant véritablement content de faire son show, et de découvrir son public européen (ça parlait espagnol derrière moi). A la sortie et sur le net beaucoup sont extrêmement déçu de ce final et de cette mise en place hésitante et jure leur grand dieu de ne plus revenir.
Le concert fut pourtant très satisfaisant et à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre de son côté (pas de remerciement pour l'ingénieur du son en revanche). Ou, en tout cas, de ce que je pouvais attendre. On a eu notre supervillain mais ont ne s'attendaient pas à ce qu'il soit aussi avare sur le temps. Concept poussé à bout ou fainéantise? Ce sera à voir quand il repassera (pensez bien, un petit voyage en Europe avec sa femme où il peut gagner autant de fric avec des salles remplis, ça ne se refuserais surement pas une deuxième fois) car pour moins cher, avec le même temps, ou le même prix et la garantie d'un set plus long (avec un son correct) j'y retournerais sans hésiter. Reste à voir si le public présent hier soir est aussi fan et conciliant que moi.
Monday, March 01, 2010
The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble - Here be dragons (Ad Noiseam) 2009
Here be dragons conclu le triptique de l'année 2009 commencé avec le EP de remixe, Mutations, et suivit par un disque du collectif sous leur nom de The Mount Fuji Doomjazz Ensemble. La conclusion apporté par Here be dragons, mené par Gideon Kiers, aka Bong-Ra, mixeur breakcore (dub, indus, metal, drum and bass etc ...), est à l'image de sa pochette une figure aux nuances subtiles demandant attention et patience. Ceci explique donc la sortie tardive de cette chronique de mes mains, l'esprit trop perturbé par ce disque qui n'en finissait pas de se dévoiler.
L'approche du dragon se fait en silence avec toutes les précautions possible pour ne pas brusquer l'animal. Le grondement sourd du trombone introduit "Lead squid" vers ce territoire où synthétique et naturel font corps. A peu feutré, le morceau démarre en complète opposition aux atmosphères largement plus immédiates du EP. Des mélodies précédemment entendues sur celui-ci refont leur aspiration. Associé toutefois à des instruments totalement différentes, les deux disques ne se confondent en aucun point. Les mélodies vocales de Charlotte Cegarra n'intervenant qu'en écho à Mutations.
Ne s'y trompons pas non plus, bien que Mutations était un album de remixe, la place de l'électronique y est ici peut-être encore plus important. Si Dj Shadow avait eu un orchestre à l'époque d'Endtroducing, il aurait peut-être composé un disque comme celui-ci. Les liens avec le trip hop sont toutefois bien mince (des reflets de Portishead sur Embers) et il ne faut pas lire dans cette comparaison plus que de raison. L'atmosphère y est juste tout aussi prenante et la place des grand manipulateur des effets, Bong-Ra & Jason Kömnen (double basse, fretless et piano) , est tout aussi essentiel que celle de Shadow ou de James Plotkin dans son travail de post production sur les albums de Khanate.
Les musiciens jouent mais là où le groupe improvise au fil de l'eau en suivant la projection d'un film au sein du Mount Fuji Doomjazz Ensemble, ils sont ici manipulés par la suite par les mains expertes d'un duo de chef d'orchestre soignant tout de l'ajout de battements au moindre détail du mixage. "Senega" est cependant crédité de l'esprit de Charlotte Cegarda (chanteuse, pianiste, xylophone et Rhodes), preuve que le septet évoluera surement encore sur un prochain disque. Aucun instrument n'est laisé ni souligné, chacun a sa première voix et l'a fait entendre de bien belles manières au cours de ce voyage nocturne revélant un véritable travail de funambule entre l'obscurité et la tension, laissant la beauté se révéler dans un croisement de sonorité où l'on ne peut pas parler de métissage tant les influences seraient trop nombreuses à compter. Un disque unique aux facettes infinis.
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