Saturday, March 10, 2007

Leng Tch'e - Marasmus (Relapse) 2007


Le dernier album de Leng Tch'e débutait par un sample surement extrait d'un nanard de kung fu pour ensuite enchainer un enorme blast efficace placant l'album dans un registre comico gore grind. Excellent du début à la fin mais très unidimensionnel car placé sous le signe du blast. Le fan de grind de base devait être satisfait par cette orgie de vitesse mais les riffs souffraient assez de ce manque de respiration. C'est donc une decision salvatrice que d'avoir ralentis un peu le tempo sur ce nouvel album et de ne pas avoir continué dans une voie trop simple et direct. Le choc est tout de même important une fois le premier titre écoulé et ma bouche a surement tenté de toucher le sol quand j'ai entendu ce riff groovy me debarquer dans la tronche au début de "1 -800- apathy". Le revirement n'est pourtant pas aussi catégorique que l'on pourrait le penser. En effet, ce n'est pas comme si Leng Tch'e avait tellement appuyé sur le levier de vitesse qu'ils étaient descendu jusqu'en première pour ne plus jamais savoir remonté à la vitesse de Ferrari qui caractérisaient The process of elimination. Mais le fait est que les blast ne sont plus de rigueur dans les seize chansons de l'album et que même avec un nombre de plages typique d'un album de grind, seules quelques chansons passent en dessous des deux minutes.

Marasmus n'est toutefois pas une transformation complète dans un nouveau monstre. La production est identique et tout aussi puissante que sur The process of elimination. Lourde gonflé de basse pour permettre aux riffs de resonner encore plus dans vos tympans, elle lie chaque instrument efficacement, laissant de coté la subtilité, mais gonflant l'enregistrement en férocité. Vocalement, nous avons encore a faire a une alternance entre des hurlements gras, voir porcin, et aussi hardcore. Ce qui a vraiment changé ici c'est ce coté rock and roll qui était present sur certains riffs du dernier album qui ont pris encore plus de place sur Marasmus. Sans jamais tomber dans un tempo doom, la batterie fleurte souvent avec des passages plus punk et n'hesite plus a alterner entre différentes vitesses pour procurer le relief necessaire aux riffs puissants et efficaces qui auraient été bien perdus dans une foret d'explosions de double grosse caisse. Contrairement aussi a ce que l'on pourrait penser, Leng Tch'e en devient plus menacant et l'etiquette comique qui leur été associé dans mon esprit en a pris un coup d'une seule traite. Pas de samples non plus dans les parages. Ls titres des chansons laissent aussi presager une bestiole un poil plus virulente que la dernière fois et à la place d'un "Scene scenery" ou d'un "Icone resizer" ce sont des "Social disgust" ou "Submissive manifesto" que l'on trouve dans le tracklisting.

Marasmus, sans être un monstre de violence imparable, comme les publicitaires des labels aiment le clamer, est un disque véritablement agréable sur la longueur, qui s'ouvre a un plus large panel d'oreilles tout en ne sacrifiant absolument rien. Bien au contraire, les chansons sont deux fois plus efficace qu'auparavant grace a de très bons riffs mais aussi a des petits détails un peu plus mélodique et accrocheur. Ce disque respire et vient vous souffler dans le cou avec l'air de ne pas plaisanter. Mieux encore, chaque écoute se révèle être encore plus agréable et interessante que la précédente et bien que je trouve cet album très bon, je pense que je le ferais tourner avec encore plus de plaisir au fur et à mesure des mois à venir. En ouvrant leur musique a des rythmes plus variés et plus uniquement la vitesse survitaminé de rigueur dans les albums de grindcore, Leng Tch'e a trouvé un nouveau souffle bien plus interessant. Reste encore ce son de batterie très synthetique, seul détail qui aurait put être corrigé, et qui était déjà présent sur l'album précédent. Mais avec un disque aussi efficace que celui ci, ce serait du chipotage de ma part que de m'attarder la dessus. Marasmus est, contrairement a sa signification dans le vocabulaire medicale, un disque lourd, très lourd, temoignant de la vitalité d'un bambin prêt a en découdre avec le monde entier.

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