Tuesday, October 20, 2009

Gnaw - This face (Conspiracy Records) 2009


Suite à l'annonce de la fin de Khanate, la première question qui m'a préoccupé fut de savoir où la voix d'Alan Dubin allait-elle désormais poser ? Corrosive, elle donnait sens a des paroles sporadiques. Unique et terrifiante, la simple intonation de mots, même associé à des images chaleureuses, suffisait à créer un tout autre sens. L'accompagnement musical devait donc permettre à sa pleine puissance de continuer à s'exprimer.

Au sein de Khanate, l'espace entre les notes était le lieu où la tension s'exprimait le mieux, plus qu'au moment où les cordes et les fûts étaient frappés.

Gnaw prend la tendance inverse et envahit l'espace sonore. Harsh noise et groove doom, l'écriture même de Dubin prend la forme de monologue en lieu et place des phrases tranchés, pour tisser une toile tout aussi dérangeante ("You can hear them laughing. Everybody's fucking but you" à la fin de"Vacant").

Gnaw ne mérite par contre pas que l'on s'arrête à la voix de Dubin pour en vanter les mérites. Orchestrer par James Plotkin en studio, Kanate résultat de la collaboration de musicien à travers le filtre d'un seul esprit. Gnaw est par-contre beaucoup plus un travail collectif où chacun mêle constamment son instrument aux autres. La collaboration entre Jun Mizumachi et Carter Thornton permet aux murs de sample de s'exprimer de différentes manières au cours du disque pour ne pas devenir qu'une source de distorsion blanche et impénétrable. Enfin, les percussions de Jamie Sykes sont essentiels dans la structure des titres et non dans leur progression puisque la batterie n'a pas de rôle dynamique ici.

Beaucoup plus conventionnel que Khanate pour ce qui est de la méthode de travail, "This face" n'en est pas moins un objet étrange et difficile d'accès. Les neufs chansons sont clairement distinctes les unes des autres et s'étire dans des longueurs suffisamment étouffantes pour que l'album ait du corps mais ne s'effondre pas sous son propre poids.

Cependant, si c'est le malaise de Khanate que vous recherchiez, vous serait a la place accueilli par une orgie de troubles hystériques. Gnaw tient ici du réalisateur canadien David Cronenberg (Videodrome, Existenz ...) que l'expérience amène toujours vers les portes de la folie sans jamais complètement la refermer une fois le voyage terminé. Un avantage autant qu'un inconvénient pour peu que l'on ne se laisse pas le temps d'apprivoiser ce magma sonore d'où s'extrait une identité originale et forte mais clairement en cours de développement.

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