Friday, June 22, 2007
El-P - I'll sleep when you're dead (Def Jux) 2007
La réputation de El-P en tant que rappeur fut batis sur un album d'anthologie que tout les fans de rap reconnaissent comme un des meilleurs efforts d'une époque, "Funcrusher plus" de Company Flow. Avec cet album, le trio El producto, Bigg Juss et Mr Len amorçaient la scène rap indépendante. Plus tard, après la fin de Company Flow, la fondation de Def Jux par El-P allait enfoncer le clou avec des albums comme le tout aussi mythique "the Cold vein" de Cannibal Ox. El-P produisit aussi un album qui rentra dans les mémoires, "Fantastic damage" en 2002. De mon point de vue, ce disque reçut beaucoup d'applaudissement du fait de l'inventivité de ses instrumentale et du flow recherché d'El-P mais était trop souvent bardé d'effet. Les chansons bardés de samples et d'effets electronique justifiait le coté futuriste de la machine mais en voulant trop en faire elle manquait d'accroches vraiment passionante qui aurait justifié un statut aussi culte que les deux albums précédemment cités. Cinq ans plus tard, après des productions a droite et a gauche et la consolidation de Def Jux, El-P remet le couvert pour un album qui reprend le travail de "Fantastic damage" en debroussaillant le tout et enchaine les titres efficaces tout en étant original et novateur dans son approche du rap.
Après mes premières écoutes, j'aurais même été tenté de voir ce disque comme un compromis beaucoup trop riche entre electronique, pop et rap pour le ranger dans un coin de rue précis. Mais force est de constater que le style de l'album, bien qu'il n'ait plus grand chose à voir avec Public Enemy ou Eric B and Rakim, est une évolution et pas une déviation par rapport au genre qui a fait grandir le beatmaker et le rapper de talent qu'est toujours El-P. Plus dansant que tout ce qu''il a pu produire jusqu'a maintenant, "Up all night" et "EMG" vous entraine dans le club et font danser les rayons des projecteurs autour de vous. Mais bien loin de recracher du rythme basique fait pour remuer les foules des boites de nuit, "EMG" se tranforme vers la moitié de la chanson pour échanger sa rythmique batterie efficace mais simple pour un gros rythme mécanique pratiquement indus sans perdre un moment pour reprendre son souffle. Les ambiances changent donc tout au fil du disque et même si certains titres vous feront sourire par leur coté irrévenrieux, d'autres débordent de l'honneté d'un type qui se montre ici sous toute ces facette ("the Overly dramatic truth", "Dear sirs" ou "the League of extraordinary nobodies") et ne laisse rien au hasard.
Dans cette tache il est assisté nottament par Trent Reznor (Nine Inch Nails) sur le refrain de "Flyentology" ou Aesop Rock sur "Run the numbers", deux artistes réputés, nottament, pour la franchise de leur textes, dont les voix complétement a merveille les chansons pour des échanges qui ne sont pas juste des gimmicks a placarder sur le boitier de l'album. Le flow de El-P n'a pas franchement changé depuis le dernier album et continue de faire taire les critiques qui lui reprocheraient de ne plus être aussi efficace qu'auparavant. En effet, si les répliques cinglantes et mémorable d'antan ne sont plus autant présent qu'a la grande époque de Company Flow, c'est dans la qualité globale des textes et dans leur inventivité que la marque du rappeur se fait sentir. "Habeas corpses" et son histoire d'amour entre une prisonnière et le gardien qui doit l'éxécuter est un exemple poignant qui éloigne ce disque des rayons du rap qui ne cesse de se revendiquer comme provenant du ghetto mais construit son univers personnel. El-P ne se revendique pas comme étant ce qu'il n'est pas mais se montre tel qu'il est (tout comme il le disait déjà sur "Population control" de Company Flow, "I don't try to be different, I am"). "I'll sleep when you're dead" place encore une fois El-P a une place de choix dans la scène rap, en dehors de tout le reste mais toujours bel et bien présent, et marrie les atmosphères différentes pour un album multi colore qui ne cessera de surprendre.
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