Tuesday, June 19, 2007

Dalek - Abandoned language (Ipecac) 2007


Durant l'année 2006 j'ai eu l'occasion de voir Dalek trois fois sur scène. La première fut une révélation inattendus en première partie de Isis et de Jesu. Son dense et agressif, ambiance opressante et MC charismatique rappant devant deux accolytes, un Dj et un autre au sampler aux attitudes opposés mais complémentaires. Ensuite en première partie de Fantomas avec toujours la même puissance mélé a des mélanges de samples subtils et dissonants. Et enfin, au Batofar, en tête d'affiche pour le meilleur concert que j'ai vu d'eux. Le Dj n'était plus présent mais la densité sonore était toujours là, ecrasante et enivrante. Arrivé en 2007, je découvre le nouvel album en concert en esperant retrouver la même energie et la violence que "Absence" dégageait en concert. Les nouveaux titres glissent sur moi et m'amènent a une atmosphère beaucoup plus apaisante mais aussi a un rythme beaucoup plus typiquement rap que sur l'album précédent. Il y a eu du changement et cela ne va pas forcement me plaire autant qu'auparavant. Avec "Absence", Dalek s'était taillé une place aux cotés de ces groupes que l'on associe plus à la scène rock qu'avec la scène rap. "Abandoned language" change en partie cette image pour la redessiner a une nouvelle place.

Plus rap mais toujours aussi dense, le son du nouveau Dalek ne plait pas automatiquement aux oreilles quand on est habitué a des guitares discordances. Mais même en prenant une angle de vue plus proche de la scène rap indépendante (comme celle des labels Dej Jux et Anticon) on ne retrouve pas des chemins habituels. Tout en étant aisement reconnaissable comme un groupe de rap grâce a un flow et a des rythmiques saccadés, racines du son rap, les instrumentaux a la fois rond et ambiant crééent des vagues de sons doux et sombres qui pénètrent, avec moins de force mais autant de persistance, l'environnement autour des enceintes. A la place du Dj un invité de marque s'ajoute aux talents de Dalek et de Oktopus, Rob Swift du groupe de Dj les X-Cutionners. Ce dernier mixe en évitant les scratchs facile qui compose le vocabulaire de base de tout bon turntablist pour utiliser les sons et les recréer en les torturant en tout sens. A l'instar du japonais Dj Krush, le talent de Rob Swift est de jouer des platines tout en ne faisant pas ressentir leur présence. Ainsi, bien que le ton de "Abandoned language" est résolument plus paisible, les chansons ne forment pas un tout uniforme qui lasserait l'oreille. Au contraire, celle ci doit se frayer un chemin dans ce labyrinthe et n'a pas le temps de se reposer un instant.

Bien sur, si j'étais un chroniqueur responsable je vous parlerais des paroles et je m'étalerais dans ce paragraphe sur les textes et leur signification. Le problême est que je ne les trouve pas sur Internet et que je n'ose pas m'user les yeux en cherchant a les déchiffrer dans le superbe livret décoré par Paul Romano (illustrateur de A Life Once Lost, Starkweather ou Mastodon). Je ne pourrais vous parler que du flow des paroles et de ce sentiment de maitrise encore plus prononcé que j'ai ressentis en découvrant les titres sur scène. Bien que je ne comprenais pas ce sur quoi Dalek rappait, j'étais surpris par le niveau supérieur qu'avait franchis son talent de rappeur. Les rimes s'enchainent et le discours garde en cohérence tout en suivant le rythme et l'atmosphère de la musique. L'un ne sert pas l'autre, les deux se complétent. Les paroles ne sont cependant pas des excuses pour jouer sur les mots me se servent du vocabulaire et du rythme crée par les rimes pour revendiquer encore et toujours les préoccupations sociales de Dalek en évitant tout les clichés du genre. Tout dans cet album respire l'originalité et ill est bien loin aujourd'hui le spectre de Techno Animal qui avait tant d'influences sur "Absence". Avec"Abandoned language", Dalek écrit un nouveau chapître passionant et profond que l'on se plaira a lire et a relire.

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