Monday, April 26, 2010
Broken Note - Terminal static (Ad Noiseam) 2009
Note brisé mais surtout rythme brisé. Le duo Tommy et Eddy (aussi connu sous le nom de Kidnappa dans le duo dub step 16bit) se mettent aux machins et vous brisent le coup avec un mélange dub step / drum and bass que l'adjectif efficace parvient à peine à définir correctement tant les beats de ce disque rendent la bougeotte contagieuse.
'I'm gonna break your neck" rappait Busta Rhymes dans son clip avant d'affronter un buffle par la seule force de sa coiffure. Broken Note fait mieux et balance de grosse basse contre un troupeau d'éléphant et ressort vainqueur du combat. Inégale, il aurait fallu balancer quelque tonnes de rhinocerosse contre un "Mask of gas" pour espérer ébranler les deux énergumènes.
La rigidité des beats n'a rien de commun avec le reste de la scène dubstep. Si vous pensiez que cette scène se limitait à Burial et Benga, il faut revoir votre copie et faire avec la violence de ces producteurs qui apportent une puissance quasi metal au genre (Raymond Herrera de Fear Factory ne renierait pas le rythme de double de "Meltdown"). L'assaut ne fait en plus pas qu'avec de grosses perforations rythmiques mais avec des grondements pervers très loin de la fluidité des basses des artistes susmentionnés. Alors que le dub step ramenait les filles sur le dance floor, elle prendra surement leur distance quand le mosh pit se déchainera sur des titres aussi dingue que déjà mythique "The Fury". Ce dernier prouve que l'on peut encore faire du neuf avec de simple amen break bien sentis quand ils se déchainent et vous remontent par la colonne véritable pour ordonner à votre tête d'osciller et à votre corps de suivre le mouvement.
Le seul défaut de ce disque est qu'il ne peut représenter avec justesse l'aura de dévastation que doivent produire ces deux malades dans une soirée. Les basses pulvérisent déjà bien mes petites enceintes mais quand est-il quand on place les auteurs derrière du matériel digne de ce no? Mieux vaut ne pas y penser trop, quitte à se gâcher le plaisir de cet agréable succession de pulsation ténébreuse, violente mais non dénué de groove et de subtilité. Les deux remixes en fin de disque par Hecq et I am the sun en apporte aussi pas mal pour permettre à l'auditeur de respirer enfin après l'assaut sensoriel persistant qu'il a reçu pendant toute la durée de ce disque. Décidé à pétrir les tympans à coup de presse hydrolique sonore, l'usine Broken Note ne chome pas sur onze titre tous aussi physique les uns que les autres.
Young Jazz Rebels - Slave riot (Stones Throw) 2010
Treizième épisode du Yesterday's Universe, Young Jazz Rebels où l'on trouve les noms Melvin Hampson, Juggy Lewis, Lena Hamilton, Mary Jane, Tyrone Crumb, Lamont Parker, Monk Hughes et Brother Dave L. en lieu et place de ceux des véritables musiciens, Madlib, Karriem Riggins (batteur dans les groupes de jazz Ray Brown Trio et Mulgrew Miller Trio ainsi que producteur de rap au côté de J Dilla et rappeur) et le musicien de jazz bresilien Ivan "Mamao" Konti (habituellement membre du trio jazz / funk Azymuth). Madlib y tient le rôle de producteur et d'arrangeur pour une exploration du jazz des années 60 et 70. Celui ci n'en est donc pas à son coup d'essai puisque les premiers disque de la série composé sous le nom de Yesterday's New Quintet le mettait déjà dans les chaussures de tout les noms des musiciens qu'il avait inventé pour l'occasion. Par la suite il a continué à produire les disques solo de chacun d'entre eux sous différents noms de groupe où il continuait à la collaborer avec d'autres musiciens ou "simplement" à tout composé.
Focalisé sur un déluge rythmique libéré, mais empreint du feeling de l'époque (soutenu par des craquement de vinyle et l'empreinte de celui-ci sur la pochette), Young Jazz Rebels est à la fois une tentative de créer un disque de free jazz dans le moule d'une époque. Libre mais pas tant que ça. L'exercice de style mérite pourtant plus le détour qu'une curiosité passagère grâce aux talents de chacun pour reproduire avec brio le même type d'expérimentation que celle de John Coltrane en compagnie de sa femme, Alice Coltrane (piano), Jimmy Garrison (basse) et Rashied Ali (batterie) pour l'enregistrement d'une jam session sorti sous le nom de Stellar regions.
A l'image de cette expérimentation studio qui n'était à l'origine pas destiné à sortir, les multiples plages de Slave riot sont de courtes expérimentations ne dépassant pas trois minutes pour la plupart. Les musiciens se frôlent et expérimentent avec divers rythmes et mélodies pour des résultats plus ("Themes from illusion suite") ou moins intéressant et souvent très vite interrompu. Défaut et avantage à la fois, les titres s'enchainent très vite pour une musique qui aurait pu bénéficier de plus d'espace ou partir dans de plus fortes interactions mettant en valeur l'un des musiciens. Madlib et ses compagnons se refusent donc à tout solo et échangent lignes de basse (celle de "Happy headed history" est somptueuse) et frétillement de baguettes en se stabilisant très vite sur de légère mélodies de basse et de piano avant de changer de titres et de directions.
Le disque en lui-même ne manque cependant pas d'atmosphères et dégage une énergie créatrice dévorante fidèle à l'état d'esprit dans lequel les musiciens ont enregistrés les disques auxquels celui-ci rend hommage. La pochette même est un clin d'oeil à ceux-ci, de même que les deux citations au dos de la pochette contenant le disque, "I can pray all day, & God won't come. But If I call 99, the Devil be here in a minute" accompagné d'un dessin d'un policier menacé d'un revolver dans la bouche. L'intérieur du disque présente aussi le dessin d'une panthère noire dont la signification ne laisse rien à l'imagination.
Bruitiste (le "For brother Sun Ra" rappelle le solo de clavier de celui-ci sur Live in Cleveland) dans les trois dernières plages du disque, deux dépassant six minutes, l'atmosphère prend alors un tournant plus étrange proche des atmosphères décalés de l'extra terrestre jazz Sun Ra. Un revirement assez brutale qui conclut le disque pourtant avec justesse puisque ces expérimentations cadrent parfaitement dans le cadre de l'hommage. La vision du free jazz par Madlib et ses deux compagnons n'est pas aussi radicale que d'autre mais elle procure au voyage du Yesterday's Universe dans l'histoire du jazz un chapitre nécessaire et satisfaisant.
Madlib - Medicine show n°3 - Beat konducta in Africa
En lisant Early jazz de Gunther Schuller (compositeur et chef d'orchestre à l'origine du "troisième mouvement" de rencontre entre la musique classique et le jazz) , un ouvrage sur les origines du jazz et son développement musicale, je me suis rendu compte à quel point j'ignorais tout de la musique africaine. Tout un continent inexploré dont les racines musicales m'étaient inconnues sans avoir la moindre idée de comment corriger cela. Ce troisième volume du Medicine show de Madlib, de passage en Afrique, n'est en soi pas une réponse complète à cette question mais contribue à répondre à la question.
Nouveau volet dans la saga des Beat Konducta, ce voyage en Afrique dépoussière de nombreux enregistrement, à l'image du vinyle de la couverture, sous la forme de courts extraits augmentés par le talent de sampling de Madlib et des rythmes tout préparé à accueillir les flows de MC voulant retrouver les origines de leur musique (les Beat Konducta sont, en effet, des sortes de mix tapes destinés à être exploité par d'autres par la suite ce qui n'est pas assez souvent le cas, au grand dam de Madlib).
Quarante plages d'une minute en moyenne avec seulement quelque morceaux de quatre minute vers la fin. L'écoute se fait rapidement comme un feuilletage d'encyclopédie dont on a le temps d'absorber quelques informations à chaque page. La composition du disque est beaucoup plus satisfaisante que sur le Medicine show n°2 - Flight to Brazil tout comme les précédents volume consacré à l'Inde ou au Reggae (Blunted in the bomb shelter). On y découvre un croisement entre des instrus rap, des sonorités reggae, de soul et toute cette richesse d'instruments et rythmiques particulières qui échappent aux règles de la musique occidentale. Condensé sur une collection de court extrait enchainé par des samples de commentateur (dont une voix déjà entendu sur "America's Most Blunted" de Madvillain) choisit pour l'éclairage qu'ils apportent à la musique ou pour simplement donner une cohérence à cette luxueuse mix tape du niveau du fameux Donuts de J Dilla.
Les photos du livret, récupéré d'une collection de souvenirs de jeunesse d'un adolescents africain des années 70/0 montre des jeunes habillés dans un mélange de fringues entre tradition africaine et mode européenne. Ce mélange illustré par les gouts vestimentaires de l'époque est identique à la musique proposé sur ce troisième volume des Medicine show et se découvre avec le même plaisir qu'une collection de souvenir d'un proche que l'on apprend à connaitre par de petites bribes de souvenirs. De même, la multiplicité de culture et de pays au sein du continent Africain contribue en grande partie à donner à cette collection de clichés toute sa variété. Une superbe collection à la hauteur des capacités extraordinaires d'archiviste et de sampling de Madlib au service de l'histoire de la musique de tout un continent à qui la musique européenne doit tant sans jamais lui avoir rendu suffisamment hommage.
Sunday, April 25, 2010
Huata - Open the gates of Shambhala
A la première écoute je n'ai pas été séduit par Huata. J'ai même accepté de faire la chronique car je prenais aussi deux autre sorties du label que j'appréciais beaucoup plus : Quartier Rouge et Plebeian Grandstand. Ce n'est qu'une fois le disque dans les oreilles que je me suis rendu compte de sa valeur. Avec sa basse plombé, les raclements de cordes, gorge et la frappe de peau de bête (assuré par la même personne) des hommes préhistoriques d'Huata ramène le sludge aux ages farouche. Les âges où tout allé lentement. Très lentement. Alors on se met au rythme. On ralentit le pas. On prend le temps de respirer et d'inspirer toute la saleté que dégage le disque. Et une chose est sûr, ça sent l'homme !
Un peu de stoner vient colorer le tout mais même si le noir devient du beige cela n'en reste pas moins très sombre. Sombre mais pas malsain. De quoi accompagner le voyage avant d'arriver dans le fossé. La messe noire est alors à la fête. Il y a des filles nues sur la couverture, les bras écartés ou visiblement effrayée. Et on est en droit de l'être devant ce quatuor originaire de Rennes qui proclame, sans gène, son amour de Satan sur sa page Myspace ! Quoi de plus normal pourtant quand on aime autant EyeHateGod. Quatuor d'ailleurs mais seulement duo si j'en crois plutôt l'intérieur de ce EP.
En tout cas, sans venir de Louisiane, Huata montre bien qu'il y a partout des coins crasseux et obscures dans lesquels se dissimulent des secrets pas très avenant que l'on aimerait bien ignorer mais qui finissent toujours pas sortir et piquer là où ça dérange. Agent provocateur avant d'être émissaire de Satan, le sludge de Huata ne réinvente pas le feu et la poudre mais vous montre que l'on peut toujours faire du bruit en frottant deux bon dieux de pierre l'une contre l'autre au-dessous d'un peu de poudre. Un très bon crue dans le genre.
Meth, Ghost & Rae - Wu-Massacre (Def Jam) 2010
Précédé par une mixtape de leur collaborations précédentes, Mr Method Man, Ghostface Killah et Raekwon ne parvienne pas à effacer ce sentiment d'écouter une simple compilation sorti pour la promo et pour les potes sur Wu-Massacre.
L'époque béni du Wu-Tang est bien terminé même si certain continuent de produire des disques à la hauteur de la réputation du mythique crew de New York. Pas de baisse de niveau pour Raekwon qui a mis tout le monde d'accord l'année dernière avec la suite d'Only built for cuban linx (le part 1 figurant parmi les albums de rap les plus côtés) ou pour Ghostface Killah. Ces deux là ne sont pas des partenaires fréquent d'MF DOOM pour rien. Method Man par contre avait passé beaucoup plus de temps devant les caméras que devant les micros pour seulement y revenir avec une collaboration décevante en compagnie de Redman.
Deux très bon MC sur trois cela peut produire un bon disque et Method Man ne s'en sort pas mal non plus. Son flow et sa voix possède toujours son charme (il produit d'ailleurs une bonne accroche sur "Gunshowers") et sa présence sur cette aventure en forme de comics ne dénote pas puisque toute subtilité est rangé pour faire la place à l'ego trip et une bonne dose de misogynie (le skit How to pay rent est particulièrement chargé dans le genre, "Your vagina is an ATM"). On ne joue pas dans la cours des intellectuels mais dans celui des rappeurs de rue fier de leur héritage venu rappeler à tout le monde de quoi ils sont encore capable.
De grosses prod faites en famille (RZA sur "Our dreams", Allah Mathematics sur "Dangerous" ou "Mef vs Chef 2") pour faire péter les enceintes avec de bonnes basses et des boucles efficaces. Rien de novateur ou de très intelligent. Juste du très bon pour faire rouler et remuer la bagnole. Le tout est aussi clinquant, sans faire dans le putassier, que la pochette le laisse penser. En une demi heure on a vite fait le tour d'un rap classique et sympa gonflé par des samples de soul et de funk sans grande subtilité à la Madlib. De quoi faire bomber le torse et rouler des mécaniques dans la rue. En revanche, si le subtil n'est pas à l'honneur, le très mémorable ou le mythique ne l'est pas non plus.
L'aventure se conclut beaucoup trop vite au bout d'une demi heure sans qu'un titre ou deux n'apparaisse comme grand vainqueur. En douze titres dont deux skits il y a donc bien peu à se mettre sous la dent. Alors mieux vaut court et efficace que long et chiant mais on reste sur sa faim sur le manque de massacre promis. Le trio en a encore dans le ventre et forme même l'élite du Wu-Tang encore à l'heure actuel alors pourquoi ne pas en demander plus (quelque chose à la hauteur de "Ice cream" par exemple) qu'un bon divertissement? Bref, Wu-Massacre n'est pas un numéro de Spawn ou un Catwoman (le film, pas le comics) mais un bon numéro de Spiderman. Coloré, dynamique mais loin des ténors du genre.
Various Artists - Dark 80s (Atropine Record) 2010
Organisateur de concert sur Lyon, le label Atropine Records n'a derrière lui que quelque sortis. Seven Bowls of Wrath, Caldera et l'édition en vinyle du fameux Nord de Year of no Light que l'on retrouve sur cette compilation. Celle-ci propose à quatre groupe français de reprendre des morceaux qui ont marqués l'imaginaire pop des années 80 avec des mélodies à la fois sombres et délicieuses. Deux titres de The Cure, une de Killing Joke et une de Joy Division.
Le duo basse/batterie d'One Second Riot prend en main One hundred years de The Cure et se tient aux titres original avec les moyen du bord. Pas de guitare donc une mélodie à la basse. Le rythme est moins mécanique que dans l'original. Plus rock, plus brut mais pas moins efficace. La voix suit le mouvement et se cale sur le ton donné par Robert Smith. Si ce n'est lui ce serait donc son frère. La musique de One Second Riot est mis au service de celle de The Cure avec une pointe d'originalité tout de même.
Abronzius prend par contre plus de risque et abandonne un peu les machines des quelques titres qui ont été composés par ce très jeune duo venus d'Overmars (respectivement Marion à la basse, et Typhaine au clavier). Leur musique est beaucoup plus oppressante que dans la maison mère mais elle apporte pour cette reprise un peu de menace en ralentissant le tempo. La mélodie mélancolique persiste en se transformant en douleur lancinante souligné par une seconde voix perçu au lointain comme une prière perdue.
L'électronique intervient avec Kill the Thrill dont la reprise en mode industrielle de "The pandys are coming" de Killing Joke sait faire la part entre l'identité du groupe et la leur. Récité avec une sorte de distance, le texte de Jaz Coleman interprété par Marylin Tognoli n'atteint pas la folie de son auteur. En revanche, le son de Kill the Thrill est beaucoup plus lourd. Chargé d'une technologie plus performante que les outils dont disposés Killing Joke en 1982 lors de l'enregistrement de Revelations. Ce n'est pas du jeu mais ça convient très bien à cette reprise administré avec une précision et une efficacité mécanique.
Enfin, Year of no Light se colle à la reprise qui leur pendait au nez, celle d'un titre de Joy Division. Les nappes shoegaze des guitares comblent la mélodie d'origine tandis que la voix maintenant disparu de Julien Perez chante ses derniers mots sur ce titre qui sera le dernier morceau en leur compagnie. Celui-ci réussit a imiter, sans trop pomper, la voix de Ian Curtis. En sachant qu'il s'agit d'une reprise on accepte bien l'incartade aux hurlements ou à l'absence de voix à laquelle Year of no Light nous ont habitués. En reprenant la mélodie d'origine et en y ajoutant leur propre son, Year of no Light a su faire sien ce dernier titre d'une compilation qui ne connaitra d'une, certes sur seulement quatre titres, aucune baisse de qualité. Quatre reprises, quatre groupes et huit personnalités exprimés.
Plebeian Grandstand - How hate is hard to define (Basement Apes/ Throatruiner Records) 2010
En France on sait bien faire le hardcore chaotique. Ananda, Shora, Comity, Shoemaker Levy 9 et maintenant Plebeian Grandstand. Marqué par Converge, mais pas seulement, un, deux, trois, quatre toulousain font comme dans le mythe originel de Freud et mange un peu de papa pour ensuite partir fonder leur famille. Le repas ne s'est toutefois pas arrêté là et à l'image des groupes précédemment cités, ils n'ont pas fait qu'écouter en boucle Jane Doe et When forever comes crashing. Ils ont même affichés la couleur lors d'un concert à la Fête de la Musique (voir les photos sur leur myspace) en jouant avec du corpse paint pour faire comme en Norvège mais au grand jour. Pas besoin de toute façon d'en faire trop de côté. Sans même afficher une allégeance à Lucifer, on pouvait déjà entendre le souffre dans les riffs.
Le soleil de Toulouse est bien caché derrière l'éclipse d'un peu plus d'une demi heure qu'est How hate is hard to define. Beaucoup de violence, des ralentissements et surtout, beaucoup, beaucoup d'amertume. A l'instar de Celeste qui va piocher dans le black metal pour noircir encore plus ses convulsions, Plebegian Grandstand se tort et se convulse à la frontière entre des mélodies screamo et un nihilisme black metal.
Tout ce qui peut faire du bruit en produit alors et se mélange jusqu'à ce que les cymbales rejoignent les éclats de guitare, que la basse croise les frappes contre les toms et que les hurlement fassent corps avec les riffs. La production froisse donc un peu tout quitte à rendre le texte un peu plus difficile à lire mais les émotions et les mélodies qui en ressortent suffise à fasciner.
Côté son, pas grand à redire. A leur place j'aurais moins fait ressortir la double dans le mix mais à part ça, tout passe. Du très beau boulot, autant dans le rendu sonore que visuel. Dommage que Dangers ait sorti un disque à la pochette similaire il n'y a pas très longtemps. Dommage mais pas tant que ça parce que l'image sert tout autant le propos que pour cet autre groupe de l'autre côté de l'Atlantique. Il suffirait d'une pulsation de trop pour tout faire sauter et dire en revoir à sa cervelle. Le coup ne part pourtant jamais et même si l'on frôle souvent l'implosion on ne l'atteint jamais. Tendu à l'extrême et maitrisé, How hate is hard to define montre autant sa maitrise des classiques que de personnalité, surtout pour un premier disque. Une belle définition de la haine mais aussi de leur propre identité.
Quartier Rouge - Les années lumières (Swarm of Nails / Throatruiner Records) 2010
La bête est saoul alors faites très attention où vous allez car elle risquerait de vous rentrer dedans sans prévenir. Que l'on appuie sur Play ou que l'on assiste à une de leur prestation on risque toujours d'en prendre pour son grade et de se faire dégrader par le noise rock brinqueballant et acrobatique de ce quatuor dans lequel la poésie d'Arno, poète imbibé d'encre et d'alcool chante, parle, crie mais surtout récite ses textes admirables car originaux et vide de tout les clichés du genre. Sa chante en français et ça ne plaisante pas avec les mots. On ne les comprend d'ailleurs qu'à moitié derrière les déflagration du trio guitare, basse, batterie occupé à vous refaire les esgourdes comme si il s'agissait d'un pan de macadam à défoncer.
Daughters est le nom qui arrive le plus rapidement à l'esprit. Déjà car il est marqué sur la fiche promo que l'on m'a filé mais aussi pour en avoir parlé avec le chanteur un de ces jours (s'en souviendra t'il s'il lit ces lignes?). Oui, Daughters mais l'on est loin du tribute band. Par contre, quand on me parle de Celeste, je me demande où l'on entend cette référence... Non, Quartier Rouge traine dans le même quartier que The Jesus Lizard et ne s'approche pas de ce que l'on balance tout les jours dans le tiroir post quelque chose.
Quartier Rouge aime faire du bruit avec son rock and roll enlevé, plein d'explosion et de tension. Ni violence, ni rage dans le coin. La saturation des guitares ne sert pas la colère ou la prise de position mais l'expression de tout les sentiments subtiles que l'on vit en traversant leur ville natale. Quartier Rouge c'est le retour de soirée en métro avec les connards que l'on a envie de bousculer, les filles que l'on a envie de serrer, les bribes de souvenir qui nous revienne à l'esprit et que l'on cache d'un revers de la main. Les discussions entre pote qui tourne cours. Des éclats de voix aux éclats de rire, il n'y a qu'un pas et Quartier Rouge pompe dans toute cette énergie pour raconte sa vie, écrire sa musique et vous faire dandiner.
Plus propre qu'un concert dans un squat mais avec toujours autant de puissance, le disque rend fort bien hommage aux événements sans que l'on soit trop frustré de ne pas avoir le groupe à côté de soi pour en prendre bien plus dans la gueule. Belle réussite que ces Années lumières qui les place loin devant dans la compétition si il y en avait une avec quiconque. Personne dans leur entourage ne fait ce qu'ils font mais eux de le faire encore mieux quand-même. Il dézinguent, il explosent et si après vous venez leur parler ils vous feront même un câlin. La folie des fin de soirée à trouver sa bande son.
Sunday, April 18, 2010
Hatred Surge - Deconstruct (Skrupel) 2009
La rage est unisexe et Hatred Surge le prouve avec Deconstruct, un brulot power violence servit par les voix d'un homme, ancien bassiste d'Insect Warfare occupant la même position ici, une femme et de la guitare de Chris Ulsh et de la guitare de Mike Sharp. L'unité de choc Hatred Surge applique ce qu'elle annonce et s'empresse d'entrée dans le lard du rêve américain et de la société tout entière.
Déjà vu, déjà entendu. "I know it's all be done before, I want to do it again, I want to do again" hurlaient à pleins poumons le duo masculin féminin de Circle Takes the Square et Hatred Surge de faire de même en s'appropriant la violence et l'énergie de Napalm Death au nom de la power violence la plus engagé et la plus sincère qui soit.
Le guitariste des Manic Street Preachers s'était gravé sur le bras "4 real" lorsqu'un journaliste avait questionné son engagement et sa sincérité, on sent à travers ces morceaux que ces hommes et cette femme en serait tout autant capable. Un quart d'heure d'explosion de violence, de ralentissement propice à l'accroissement de la tension et puis finalement les hurlements et des riffs entre le punk et le grind. Un seul sentiment et une seule direction : là où ça fait mal.
I detest all that is you
I despise all that is you
I detest
I despise
I fucking hate
(extrait de "I hate")
L'héritage d'Insect Warfare est entre de bonne main.
Thursday, April 08, 2010
Iwrestledabearonce - It's all happening (Century Media) 2009
Connaissez-vous 4chan? Ce petit monde de geek aura fait parler le net grâce à l'élaboration collégiale de meme, c'est à dire de petites idées adaptables par tous à sa propre sauce, et d'un vocabulaire très particulier. Tout ce que le net compte de connerie ne leur ai pas due mais il est normal de passer que si c'est con et de mauvais gout, c'est forcement passer par 4chan à un moment donné.
Le fonctionnement du site est simple : des sujets de discussions où chacun poste des messages de façon anonyme (il est toutefois possible de s'identifier mais ce n'est pas recommandé) accompagné ou non d'images. Le résultat ressemble à la couverture de ce disque. Des images éparses photoshoppé avec plus ou moins de talent pour créer de nouvelles situations plus ou moins drôles.
Or, la musique ressemble à un jeu de fléchette musicale. On vise, on lance et on espère atteindre le centre, c'est à dire créer quelque chose de suffisamment cohérent pour que les imperfections s'effacent. Parfois ça marche et à d'autre ça échoue. Le metalcore chaotique et comique d'Iwrestledabearonce fait sourire jusqu'à ce qu'il en fasse trop et que l'on en vienne à demander au groupe de se concentrer un peu plus.
Ces musiciens ont le profil typique de l'élève douer que l'on surprend toujours en train de jouer avec son portable au fond de la salle mais qui est tout-de-même capable de répondre correctement à la question. Il fait un peu tout en même temps et obtient de bon résultat mais n'est pas capable de se concentrer un peu pour donner le meilleur de lui-même. Il y a pourtant du mieux. Le premier EP était blindé de clichés deathcore insupportables (et rendu encore pire en concert) alors que ne subsiste ici que quelque beat down et les pig vocals de la chanteuse (qui en revanche sait bien chanter). Il y a donc du mieux mais ce n'est pas encore ça ...
Klaxon de la "Coucaracha", hennissement de cheval, mosh part, beat down, chant clair assuré, pig vocals, paroles originales pour le genre, plans technique subtilisés à the Dillinger Escape Plan (avec qui ils tourneront prochainement aux Etats-Unis=... tout se mélange et passe correctement grâce à l'humour du groupe. Mais, tout comme les adolescents de 4chan dont le collectif est parfois capable d'actions de groupes importantes (le mouvement contre l'église de scientologie, une attaque massive pour embouteiller les serveurs du gouvernement australien en signe de protestation contre une loi visant à interdire les films pornographiques avec des femmes "ressemblant à des mineurs"...), les bons riffs sont dispersés et moins marquant que si les éléments comiques avait été atténué.
Il est même très regrettable que le groupe soit connu pour "Taste like Kevin Bacon" (une chanson que le dit acteur a avoué beaucoup aimer), la chanson la moins intéressante du disque car trop explosé aux quatre coins de la pièce. Leur popularité actuel aidant, les portes des studios leur seront ouvert pour un prochain disque et il faudra alors penser à composer et moins à tout jeter par la fenêtre en récupérant aux hasard les petits bouts dispersés.
Year of no Light + Fear Falls Burning + Nadja with Machu Picchu Mother Future (MusiFearSatan) 2009
Trois titres pour un total de six groupes, ce split aurait pu être sous titré : compte rendu audio d'une orgie dans un studio. Formation éphémère, le Machu Picchu Mother Future (jeu de mot avec Motherfucker?) est le produit d'une soirée où Souvenir's Young America (americana), Conifer et Lesbian (deux groupe auto estampillé metal psyché) se retrouvèrent dans le même lieu pour enregistrer une longue jam session dont fut extrait un titre de dix sept minutes. "Dopesmoker" de Sleep sans la weed (ou peut-être pas) avec pratiquement quatre fois plus de membres pour un résultat quatre fois moins long.
Year of no Light ne voit pas la partouze de la même manière et prends un par un ses collaborateurs. En guise de comparaison pornographique, si le Machu Picchu Mother Future est un gang bang alors ces deux titres sont de simples scènes érotiques où l'on se frôle sans trop se toucher. Les trois groupes se sont mélangés et croisés, tant est si bien que l'on distingue difficilement ses membres distincts alors que les deux collaborations de Year of no Light sonne plus simplement comme des morceaux de la nouvelle mouture du groupe. Quelques ajouts sont notables, certes, mais rien de vraiment pertinent quand on considère le talent des personnes impliqués dans le projet.
La timide ligne mélodique qui se maintient tout au long du morceau avec Fear Falls Burning ne diffère que très peu de la nouvelle orientation de Year of no Light. Plus drone et moins dynamique, le résultat est donc franchement moins enthousiasmant que le morceau déposé sur une compile téléchargeable qui annonce une couleur beaucoup plus réjouissante pour ce prochain album enregistré par la nouvelle formation du groupe de post shoegaze bordelaise. Ces mêmes effets shoe gaze sont par contre beaucoup plus appuyés sur le titre en duo avec Nadja, une "simple" réinterpration plus drone et plus lourde (on frôle l'implosion de la nébuleuse vers la fin du morceau) du titre qui concluait l'album Nord. De ce fait, l'identité de Year of no Light domine largement et les sept minutes se déroulent lentement dans une ascension qui finit par retomber trop vite avant que quoi que ce soit de très marquant ne soit advenu.
Enfin, la face B du split est occupé par ce super groupe d'un soir dont on attend forcement beaucoup trop. Or, en musique, l'addition des forces ne donne que rarement lieu à une conjonction des éléments ou le produit des différents groupes additionnés donne lieu à un résultat supérieur à l'anticipation crée par l'évènement. Une fois les espoirs réduits à néant, on peut donc apprécier avec simplicité ce court résumé d'une soirée de studio où les doigts filèrent sur les cordes pour répondre aux solos de chacun et aux tempos lourd de tout les batteurs présents. Les minutes passent et on ne s'ennuie pas mais sans s'ébaïr pour autant. Une conclusion qui s'applique tout autant aux deux morceaux de la face A qu'à celui de la B. Les fans des groupes respectifs s'y retrouveront sans que la curiosité ait besoin de dépasser le cercles des initiés.
Tuesday, April 06, 2010
Sigh - Scenes from Hell (The End Records) 2010
A Tokyo aussi la Masquerade infernale a lieu mais aucun norvégien n'a été convié. Une trompette, trois trombones, des flutes et des instruments de tout vent, des violons... Mirai Kawashima a réalisé le rêve qu'il caressait depuis les débuts de Sigh en invitant partie d'un orchestre a interpréter la musique qu'il composait auparavant sur un synthétiseur. L'ampleur de la folie qu'il a toujours désiré prend enfin vie et son public de s'en enthousiasmer.
Hangman's hymn se propulsait toutes notes dehors à l'attaque du black metal symphonique d'Emperor avec réussite mais l'heure de la revanche a sonner pour Mirai et ses compagnons. Car avant de composer ce qu'il est permit de qualifier de nouvelle opus, Sigh edita à petit tirage un vinyle de reprise du Black Metal de Venom. Or, si l'influence d'un groupe de metal ait bien présent, c'est celle de Venom et ses riffs entre punk et NWBHM bien qu'ici doublé par le talent d'un orchestre qui ne fait pas que calquer le S & M de Metallica en suivant les guitares. Mirai disait trouver plus de plaisir à composer pour des orchestres et il n'y a plus à matière a douter, le bonhomme prend son pied.
Sous ce déluge d'instruments à cordes et à vent il annonce l'apocalypse en dansant au rythme de cette composition baroque. Le black metal des débuts est toujours là mais l'imagination a trouvé une direction plus précise. Il ne faut donc pas s'attendre à retomber dans le psychédélisme d'Imaginary soniscapes ou le bazar du bizarre d'Hail Horror Hail. Scenes from Hell croise les mélodies de Gallows gallery à l'approche épique et frontale d'Hangman's hymn enrichit de l'arsenal détaillé plus haut (et même de la participation de Kam Lee, de Mantas, Massacre et The Grotesquery, et de David Tibet de Current 93).
Pour son huitième album, Sigh a vu grand et a eu raison. Scenes from Hell, a n'en pas douter sous cette couverture superbe montrant le chef d'orchestre en plein tango avec son égérie, le Dr Mikannibal (chant et tout type de saxophone), est son volume le plus ambitieux et aussi l'un des plus aboutis. Si le monde doit partir en fumée, alors il pourra le faire satisfait d'avoir abrité le génie de ce japonais qui rend ici un superbe image à sa propre plongée dans la folie. Majesté et grandiloquence. Sigh a déjà habitué son public a autant d'excès et se prépare a conquérir tout ceux qui doutait encore ou ne soupçonnait même pas son existence. De tout les disques de black metal qui ont menacés de mêler la musique classique aux guitares, Scenes from Hell est l'un des plus fantastique et des plus aboutis. Sigh pourrait partir en paix, fier de son héritage, avec un tel monument mais c'est peut être aussi le début d'un nouveau départ et, à n'en pas douter, Mirai Kawashima a encore plus d'un tour dans son sac.
Defrag - Lament element (Hymen Records) 2009
Entre deux citations de Lovecraft, le visage du mannequin de la couverture finit de se craqueler et de révéler les étranges mandibules de cet être insectoïde dont on ne devine encore que trop peu. L'obscurité et la peur ne font qu'un car on ne craint que ce que l'on ne peut pas voir. Lovecraft l'avait bien compris et ses phobies dévorantes lui faisait voir le monde sous l'angle d'un perpétuel inquiet, incapable de se rassurer de quoi que ce soit.
La peur était aussi le centre d'intérêt du Black Mass Radio Show, une émission radio anglaise indépendante qui débuta en 1963. Le but de ses acteurs était de retranscrire sous la forme radiophonique des histoires fantastiques écrites par des auteurs qui n'ont pas pour habitude de traiter de ce genre.
Les divers emprunts de voix proviennent exclusivement de ce programme mais projette le fantastique dans la science fiction du mélange de breakcore et de dubstep de Defrag, aka Jeff Dodson. Courir à travers les canalisations du sous sol d'une métropole en quête de lumière. Les explosions de beat rebondissent sur le sol et le plafond avec des frappes métallique. Des cordes s'entendent au lointain, dernière trace d'une civilisation humaine quand tout est dévoré par les battements découpés, tournés en boucle et interrompu pour former de complexes rythmes digitale entre breakbeat et indus.
Employé pour les performances d'acteurs des auteurs, les voix du Black Mass Radio Show alimentent à leur tour le souffle dub step qui fait de tout son une rythmique. La phrase est découpé de tel manière que ne reste que les syllabes, tout comme les break s'articulent et s'interrogent dans cette course poursuite à bout de souffle dans les dédales dont on ne distingue plus les battements de son cœur de ceux des menaces environnantes. Lament element est toutefois un disque très dansant où l'on imagine parfaitement des cyborgs s'animer sur ce même rythme dans ce chaos où ils se reconnaissent. L'effrayant monstre détenu dans sa carapace humaine n'est alors qu'un invité de plus à apprivoiser dans cet échange de beat aussi organique que mécanique.
Madlib - Medicine show n°2 (Stones Throw) 2010
Imaginez que vous vous rendez chez un pote pour découvrir la musique brésilienne et que ce pote s'appelle Madlib. Il connait tout sur le bout des doigts. Chacun de ses vinyles n'a plus aucun secret pour lui. Il place le diamant à l'endroit précis où se trouve un passage qu'il veut vous faire écouter absolument. Il a aussi beaucoup de disques à vous faire écouter et peu de temps. A peine trois quart d'heure. Les disques volent sur la platine et s'alterne inlassablement avec comme cohérence d'avoir été enregistré à peu près à la même période, vraisemblablement les années 70, décennie bénis pour les mélomanes, et dans le même pays.
Une fois la séance terminé, vous repartez avec un disque d'un peu plus de trois quart d'heures de musique brésilienne mixé par Madlib. Seul problème, vous n'avez pas le tracklisting. Aucune des références des morceaux qu'il vous a passé ne figure dans le livret. Les extraits s'alternent avec bonheur sans qu'un nom ou un titre puisse être placé. Seul que morceaux sont familiers à vos oreilles. Deux sont des classiques que chacun aura entendu samplé dans une émission ou dans un film. L'autre est plus particulier puisqu'il s'agit d'un sample déjà employé au cours de la campagne du General Patton contre les X-Cutionners.
A part celà, le reste est un territoire inconnus dans lequel vous ne vous repérez qu'avec les annonces du commandant de bord annonçant chacune des régions visités. Le trajet à travers l'héritage brésilien se veut de toute manière déroutant et malgré la diversité des styles, il reste toujours des traits marquant que ne possède pas la musique européenne. Le scintillement des rythmes, la lumière répandu par le jeu des cordes. La musique brésilienne séduit par ses couleurs vives aux couleurs de cette couverture aux multiples détails anachroniques (la canette de coca par-terre, le calibre dans la main de l'homme derrière le prêtre, la montre à sa main et les canettes de bière à ses pieds).
Madlib ne piétine pour autant l'héritage brésilien avec sa sélection. Il souligne, surligne et pointe du doigt une mine de disques inexplorés accompagné de classique à redécouvrir avec plaisir. Le parcours est agréable et frustrant tout à la fois car comment retracer maintenant ce parcours dans le sens inverse sans les clés de lecture du disque, le fameux tracklisting que l'on considère toujours comme acquis. Dans ce deuxième numéro du Medicine show, Madlib use du procédé de la mix tape tels qu'il l'utilise dans ses disques de Mind fusion pour offrir presqu'un polaroid de ce paysage musicale. Pas même un portrait et encore moins une carte. Juste une collection d'image succincte comme une projection de photos au retour des vacances. Sympathique mais frustrant.
Monday, April 05, 2010
Portal - Swarth (Profound Lore) 2009
Après Scepia, Outre et aujourd'hui Swarth. En assez peu de temps, le nom de Portal aura fait parler de lui. Les masques, le pays, la musique, la mystique. Tant d'angles qui auront plus, attisé la curiosité et porter des oreilles vers les disques de ces musiciens que l'on imagine maintenant un peu moins refermé sur eux-même et en contact avec un extérieur qui les désire et veut en savoir plus sur eux, en entendre plus.
La réponse porte le nom de Swarth et derrière un visuel toujours aussi crypté se trouve un disque qui l'est beaucoup moins. Étouffant, la production d'Outre recouvrait la musique d'une masse nuageuse aussi approprié que les masques. Le regain de puissance des riffs que propose aujourd'hui Swarth est purement le bienvenue tant il y a à dire sur ces riffs en forment de scie tranchant l'écorce de cette couverture sombre, près à déchirer ce symbole d'invocation d'où sortent ces mélopées dangereuse.
Portal ne fait pas qu'invoquer les puissances les plus maléfiques, ils sont ces puissances. L'époque des adolescents fans de Lovecraft et de Donjons et Dragons est bien fini. Les gamins ont bien compris qu'il n'y avait rien sous le lit. Il faut plonger bien plus loin dans l'obscurité pour trouver la véritable terreur. Ils l'ont maintenant domestiqué, gravé sur un disque et vendu sous un nom pourtant évocateur (swarth désignant quelque chose de sombre).
Plus proche de Morbid Angel que de Darkthrone sur ce nouveau disque. La lisibilité dont bénéficie les riffs et les rythmes incandescents n'éclairent en rien l'atmosphère mais décuple l'impression d'être enfermé dans un trou noir. Les voix se gonflent d'échos et le souffle de la bête n'en finit pas de glacer le sang (la conclusion de "The Swarth"). Les notes se brouillent comme des caractères indéchiffrables sculptés à même la roche tant chacune évoque les raclements d'une bête contre sa cage. La basse se fait aussi beaucoup plus entendre et claque comme les chaines que l'on a placés aux poignet de la bête mais dont elle se sert maintenant comme d'une arme.
La mesure continue d'être battu tel les battements d'un tambour donnant le rythmes aux esclaves sans se préoccuper de leurs fatigues ou de décès de l'un ou de l'autre. Beaucoup plus lent et sec, il n'offre aucun contraste et aucun répit. Scepia et Outre menacait mais Swarth concrétise tout ce que ces disques ont laissé comme incertitude sur les intentions de Portal. Leur art se précise encore plus (les paroles sont inscrites dans le livret), leur monde prend forme de plus en plus précisément. Il n'est plus possible de se dissimuler derrière quelques incertitudes. Swarth est le chant par lequel leurs fidèles chanteront leur gloire.
Rise and Fall - Our circle is vicious (Deathwish) 2009
D'abord considéré comme un rejeton belge d'Integrity, Rise & Fall s'est ensuite trempé dans le sludge pour en ressortir plus gras et plus lourd qu'avant. Plus personnel aussi. L'énergie propre au hardcore était toujours là mais les riffs étaient autrement plus gras. En quatre ans ils auront eu le temps d'user ces chansons aux quatre coins du monde.
Convertir, toujours convertir. Faire tourner le nom de Rise and Fall. Devenir une des références du hardcore belge. Plus subtile, pas de casquettes new era ou d'écarteurs. Le Rise and Fall de 2009 fait toujours table à part et rajoutent un peu de post à leur hardcore sans pourtant approcher de trop près ce maudit genre qui a récemment vu penser tant de copieur.
"In Circles" fut l'un des premiers titres que purent entendre en live les fans lors de la tournée d'adieu d'Have Heart. Attentif, la fosse ne bougeait pas et écoutait. Toujours à l'arraché, les cordes se tendent et se remplissent de rancœur pour déverser le même malaise envers cet extérieur qui déchire toujours autant l'intérieur de notre être. Le morceau s'achève et les mains applaudissent. Pas par courtoisie mais pour remercier d'un nouveau titre et d'une nouvelle orientation. "In circles" (où le nom d'AmenRa vient à l'esprit) et "To the bottom" sont deux des titres les plus lent mais pas des moins intenses. Rise and Fall ne laisse pas tomber l'agression, ils l'expriment simplement différemment.
Plus aboutis qu'Into oblivion, pris dans la course jusqu'à s'essouffler en moins de trente minutes. Our circle is vicious accomplit tout ce que promettait Into oblivion pour une expérience complète où chaque titre propulse le suivant. Le sludge est bien plus digéré, l'agression mieux déversé avec plus de dynamisme qu'auparavant. On ne fonce plus tête baissé et on laisse donc une part de sa culture hardcore de côté pour former un son au croisement de tout que l'on ne peut plus appeler que Rise and Fall. Chaque respiration permet de repartir encore plus loin. Des respirations en forme de coup de poing. Des éclats de caisse claire comme des coups de poignards. Prise de risque et vitalité sans faire de compromis sur son identité. Our circle is vicious est plus poignant, plus humain et plus touchant. Un disque vrai.
SubArachnoid Space - Eight bells (Crucial Blast) 2010
Aux origines, le metal était le club des garçons. Les filles n'avaient pas le droit de s'en approcher. De toute façon, à quoi ça servait les filles? On était pas bien entre potes? Et puis, certaines apprenèrent a jouer de la guitare, de la basse et de la batterie et on les retrouva au sein de certaines formations. Plus généralement à la basse. Parfois même au chant. La transformation s'était faite lentement mais naturellement. Puis, on décida qu'il fallait se servir de cette présence féminine comme d'un angle d'attaque promotionnel. Faire couler un peu d'encre. Rajouter un peu de glamour. Les femmes devinrent alors des êtres à part que l'on opposait à l'agression masculine. Les voix suaves et sensuels de certaines contrastaient avec les growls d'autres qui n'avaient rien à envier à leurs équivalents masculin.
La féminité dans le metal est devenu un gimmick. Une manière de vendre ou d'attirer l'attention. D'atteindre un public féminin ou plus réceptifs aux mélodies qu'à l'agression. La femme du groupe c'est le visage que l'on pose devant la scène avec un micro dans la bouche. Mais la femme derrière une guitare qui ne s'exprime qu'avec des cordes c'est une toute autre histoire. Sa féminité, car il faut bien parler de cela quand on ne trouve aucune trace de riffs musclés derrière la distorsion, n'est pas une collection de cliché. Elle s'appelle Melynda Jackson et conduit ce mélange de rock et de metal psychédélique chargé en distorsion vers de nouvelles dimensions.
Instrumental et composé de trois guitaristes (dont un est aussi aux percussions), un bassiste et un batteur (derrière lequel se trouve une deuxième dame), SubArachnoid Space porte bien son nom car sa musique est cérébrale. Les instruments s'expriment tel des organes d'une même entité élevé dans un univers où le Mahavishnu Orchestra croise Mogwaï dans une combinaison organique d'échanges constant autour d'une même trame mélodique consistante.
Différente et à la fois pleine de repère, les chemins suivit par ce quintet sont ceux d'autres artistes rock mais la sensibilité qu'il apporte est bien la leur. Huit cloches mais seulement cinq morceaux aux structures variés. Les crescendos commence, s'arrête, puis la musique redémarre ensuite sans prévenir. Imprévisible car autant constitué de gènes masculins que de gènes féminins, l'enfant que l'on nomme Eight bells, née de l'union des cinq membres de SubArachnoid Space ne connait pas de sexe ou de territoire. Elle/Il connait déjà tout et vous demande maintenant de l'apprivoiser.
La femme, celle de la couverture, est à l'image de la musique qu'elle abrite. Fantasme dans un monde onirique, elle n'invite ni ne tente. Elle ne représente pas, elle exprime par elle-même et pour elle. SubArachnoid Space n'est pas qu'un groupe mené par une figure féminine. C'est une énigme pour le rock, cette culture si masculine qui a toujours demandé aux filles de faire un peu comme eux pour ne pas trop brouiller les cartes. En cela, SubArachnoid Space déjoue totalement les règles et prouve qu'il y a encore beaucoup à dire dans ce domaine que l'on appelle maintenant, peut-être enfin à juste titre, le post-metal.
Fallen Joy - Order to die (Autoprod) 2010
Death mélodique. Le mot est lâché alors autant s'y faire de suite. Fallen Joy n'ont, de toute façon, pas honte de ce qu'ils font. Le clavier et le chant clair répondent par contre aux abonnés absent. Une exception dans le genre tant ces éléments sont devenu de rigueur chez les jeunes groupes du genre. La scène c'était jusqu'à présent positionné sur deux extrêmes : les fans de Soilwork et d'In Flames au son pop ultra compressé (l'école Nuclear Blast) et les défenseur de l'héritage suédois bien déchiré et bien old school (l'école Razorback). Dans le son, Fallen Joy se rapprocherait plus de l'écurie Nuclear Blast dans l'esprit mais leur influence est à chercher chez Century Media en la personne de Dark Tranquility. Les leads mélodiques fusent à grande vitesse sur une rythmique rigide sans être sur produite et le chanteur montre qu'il a appris a bonne école avec un growl efficace. Ce premier EP est marqué par la détermination du groupe a donner le meilleur composition et elle le mérite bien face aux masses de clones infâmes qui ne pense qu'à remplir de l'espace sur leurs disques. Fallen Joy ne fait qu'une musique de genre qui n'apporte rien de neuf (hormis une couleur plus black metal à la Dissection sur le dernier titre, Voyage au bout de la nuit) mais le niveau de leurs chansons est tout à fait honorable pour un genre qui a vu passé le meilleur et les hauts le coeur. Un EP Metal as fuck qui écrase sans effort une bonne partie de la concurrence.
Madlib - Medecine show vol. 1 (Stones Throw) 2010
Au cours de l'année 2010, Madlib sortira dix volumes de ce Medicine Show. Un exploit pour d'autre mais une routine pour le productif Madlib dont les bacs seront encombrés cette année de nombreuses collaborations (Strong Arm Steady, Guilty Simpson) ou de disques sortis sous des pseudonymes (The Last Electro-Acoustic Space Jazz & Percussion Ensemble). Encombrés mais pour la bonne cause car la production de Madlib ne souffre pas de redondance pour le moment. Le constat sera peut-être différent vers la fin de l'année mais alors que le quatrième mois de l'année commence, l'overdose n'est pas encore atteinte et on redemande.
Ce premier volume pourrait même paraitre anecdotique en comparaison de ses autres sorties majeurs puisqu'il ne sert que d'avant gout au second disque de Guilty Simpson. Le rappeur avait déjà collaboré avec Madlib sur Ode to the ghetto, un premier disque bien nommé déjà mythique où l'attitude à la cool du producteur rencontrait le réalisme d'un narrateur aux rimes bien sentis.
Le Medicine show vol. 1 propose des remixes plus chargés en samples de titres du premier album (au nombre de neuf, plus de la moitié de Ode to the ghetto) ainsi que quelques inédits (Further, Lucky guy, The paper) dont un avec le regretté J Dilla (Young guns). Autre point notable, et preuve de la qualité de rappeur de Guilty Simpson, "Life goes by" emploie l'instru de "All caps" de Madvillain sans que celui-ci ne souffre de la comparaison avec le grand MF DOOM.
Le seul doute que sème donc ce premier volume par rapport au prochain disque de Guilty Simpson porte finalement sur le concept. Si ce premier volume est censé jeter des pistes pour l'album, alors à quel histoire dont on s'attendre avec les photos du livret montrant une femme attaché avec une main dans la bouche, un jeune homme aux yeux agar serrant contre sa poitrine une photo et un homme assis sur une chaise, le pied posé sur la première marche d'un escalier, le visage recouvert d'un masque de diable. Enfin, trois phrases au dessus du tracklisting inscrit dans le livret : There are only three witnesses. Two are dead. The other isn't talking. Une référence par contre évidente à l'objet de son pseudonyme.
Guilty Simpson aborderait il sur son prochain disque l'affaire OJ Simpson? Ce pseudonyme qu'il n'avait choisit que pour se différencier de tout les autres rappeurs appelé Guilty serait maintenant au centre de son prochain disque? Sans égaler son prédecesseur, cette mix tape prépare efficacement le terrain pour un second en rafraichissant les rimes de Guilty Simpson dans les mémoires avant que de nouvelles ne viennent surement confirmer le statut du rappeur comme l'un des plus efficace à l'heure actuel.
Sunday, April 04, 2010
Trash Talk + Rolo Tomassi + Throats @ La Boule Noire (
Il fallait s'y attendre, faire jouer un groupe qui n'a précédemment demandé que huit euros pour être vu dans des squats dans une salle aussi chère que la Boule Noire était très risqué. Le groupe a ses fans et ils seront présent ce soir... mais n'auront pas payés leurs places! Tout comme, d'ailleurs, la dizaine de personnes que je connaissais à l'intérieur. De mon groupe d'ami et connaissance, j'étais le seul a avoir déboursé les 22 euros demandé pour voir Throats, Rolo Tomassi et Trash Talk. J'appris aussi, à ma grande surprise, que ces derniers était en tête d'affiche après Rolo Tomassi que je pensais plus populaire.
Throats commence et assomme d'entrée de jeu du haut de sa moyenne d'âge, à vue de nez, de dix huit ans pour ses cinq membres, une rencontre bien menée entre Converge et une puissance digne d'un groupe de grindcore. L'énergie se disperse un peu sur cette scène un peu trop grande pour leurs jeunes années mais atteint son objectif dans la salle pour convaincre le peu de public présent à cet heure. L'écoute de leur EP édité sur un vinyle 12 pouces finira de me convaincre une fois rentré chez moi et le souvenir de ce jeune groupe déjà très pro dans son chaos sonore continuera de me faire penser que nous avons tout à envié à l'Angleterre en terme d'expérience scénique, même pour de jeunes pousses (qui en sont tout de même à un EP et trois split en compagnie de Maths, the_Network et Rolo Tomassi).
Le nombre de spectateur grandit et Rolo Tomassi se prépare. Je m'approche alors pour me faire une idée de ce que ces anglais, accompagné d'un hype typiquement british, propose en concert. Les morceaux écoutés sur leur myspace m'avait laissé froid mais il y a toujours une chance pour que l'on ait une autre perspective sur un groupe une fois le cap du live passé. J'en ai effectivement une autre : CE GROUPE EST ATROCE !
A décrire de façon la plus succincte possible, leur combinaison de riffs à la Dillinger Escape Plan et de touches de claviers à la Horse the Band les fait ressembler à une version dénoué de second degré d'un autre groupe à chanteuse, Iwrestledabearonce. En revanche, il est bien trop dur d'infliger à ces derniers une telle comparaison avec un groupe aussi exécrable que Rolo Tomassi. Ceux-ci on du trouver un exemplaire rare d'un manuel expliquant comment réaliser son propre Calculating infinity (album culte de The Dillinger Escape Plan) tant certains plans ne font pas que ressembler mais sont carrément emprunté! En dehors de cela, la chanteuse hurle à plein poumon et chante avec une voix tout à fait quelconque (n'est pas Karen Crisis qui veut) tout en dansant la valse toute seule, les yeux perdus dans son propre spectacle. On ne peut pas enlever à Rolo Tomassi son professionnalisme mais c'est bien la seule chose qui leur reste. Le public présent applaudis et s'enthousiasme. Le groupe les remercie et moi j'ai envie de hurler tellement le groupe m'exaspère. Je ne l'ai pas fait ce soir et je vous l'inflige maintenant par écris. Veuillez m'en excuser. Rolo Tomassi joue donc du sous Dillinger, cinq ans après la mode, avec comme seule originalité d'avoir une chanteuse mignonne. La presse anglaise commencera surement à les lyncher durant l'année.
Enfin, l'heure des vingt minutes de Trash Talk réglementaire est arrivé et les fans enthousiastes ont pris la place de ceux qui étaient exclusivement venus voir Rolo Tomassi. Ceux-ci sont campés, les bras croisés, à la moitié de la salle, alors que la fosse s'ouvre aux quelques danseurs venus applaudir et sauter sur le micro de ce groupe à l'énergie hors normes. Deux nouveaux morceaux, deux fois plus longs que ceux des albums, seront joués (ce qui les amène vers plus de deux minutes, un exploit pour ces habitués aux explosions d'une minute dix) et une bonne poignée de titre de Plagues... Walking disease et d'autres encore. On commence par "Walking disease" et on finit par un doublé "Sacramento is dead" où le chanteur descend dans la fosse pour filer le micro à un membre du public (chanteur à ses heures perdus de Black Spirals), et "Lepers".
Entre temps, le chanteur aura eu le temps de sauter trois fois sur le public et de retomber le dos sur la barrière de sécurité et de péter son micro ce qui l'"obligera" ensuite à faire pivoter lui-même un retour vers le public pour que sa voix se fasse mieux entendre et péter le pied de micro et se le prendre dans la tête ce qui le fera saigner sur le coin du visage. En vingt minute Trash Talk terrifie, Trash Talk traumatise mais Trash Talk repart en laissant derrière eux les sourires et les applaudissement de fans qui reviendront les applaudir la prochaine fois. La sincérité et l'énergie du punk et du hardcore dans un seul groupe. Rien de véritablement neuf à l'horizon si ce n'est une intégrité et une énergie dont peu peuvent se vanter. Et le plus dingue dans tout cela? Ce n'était que la première date de leur tournée ... ils continueront tout les soirs de donner autant et de ne pas se ménager pour la musique qu'ils aiment. Si ça ne mérite pas d'être applaudis, alors je ne sais pas ce qui le mérite.
Le public de Rolo Tomassi repart dans son coin et je repart dans le mien. Nous pouvons nous mettre d'accord sur le fait d'être en désaccord et de ne pas attendre la même chose d'un concert. Je veux qu'on me terrifie, que l'on me remplisse d'énergie et que l'on envoi baladé toutes mes attentes. Eux préfèrent surement être caresses dans le sens du poil. A moi Throats et Trash Talk, a eux Rolo Tomassi. Intéressante tournée que celle-ci pour des groupes et des publics aussi fondamentalement différents. Une qui restera dans les annales.
Throats commence et assomme d'entrée de jeu du haut de sa moyenne d'âge, à vue de nez, de dix huit ans pour ses cinq membres, une rencontre bien menée entre Converge et une puissance digne d'un groupe de grindcore. L'énergie se disperse un peu sur cette scène un peu trop grande pour leurs jeunes années mais atteint son objectif dans la salle pour convaincre le peu de public présent à cet heure. L'écoute de leur EP édité sur un vinyle 12 pouces finira de me convaincre une fois rentré chez moi et le souvenir de ce jeune groupe déjà très pro dans son chaos sonore continuera de me faire penser que nous avons tout à envié à l'Angleterre en terme d'expérience scénique, même pour de jeunes pousses (qui en sont tout de même à un EP et trois split en compagnie de Maths, the_Network et Rolo Tomassi).
Le nombre de spectateur grandit et Rolo Tomassi se prépare. Je m'approche alors pour me faire une idée de ce que ces anglais, accompagné d'un hype typiquement british, propose en concert. Les morceaux écoutés sur leur myspace m'avait laissé froid mais il y a toujours une chance pour que l'on ait une autre perspective sur un groupe une fois le cap du live passé. J'en ai effectivement une autre : CE GROUPE EST ATROCE !
A décrire de façon la plus succincte possible, leur combinaison de riffs à la Dillinger Escape Plan et de touches de claviers à la Horse the Band les fait ressembler à une version dénoué de second degré d'un autre groupe à chanteuse, Iwrestledabearonce. En revanche, il est bien trop dur d'infliger à ces derniers une telle comparaison avec un groupe aussi exécrable que Rolo Tomassi. Ceux-ci on du trouver un exemplaire rare d'un manuel expliquant comment réaliser son propre Calculating infinity (album culte de The Dillinger Escape Plan) tant certains plans ne font pas que ressembler mais sont carrément emprunté! En dehors de cela, la chanteuse hurle à plein poumon et chante avec une voix tout à fait quelconque (n'est pas Karen Crisis qui veut) tout en dansant la valse toute seule, les yeux perdus dans son propre spectacle. On ne peut pas enlever à Rolo Tomassi son professionnalisme mais c'est bien la seule chose qui leur reste. Le public présent applaudis et s'enthousiasme. Le groupe les remercie et moi j'ai envie de hurler tellement le groupe m'exaspère. Je ne l'ai pas fait ce soir et je vous l'inflige maintenant par écris. Veuillez m'en excuser. Rolo Tomassi joue donc du sous Dillinger, cinq ans après la mode, avec comme seule originalité d'avoir une chanteuse mignonne. La presse anglaise commencera surement à les lyncher durant l'année.
Enfin, l'heure des vingt minutes de Trash Talk réglementaire est arrivé et les fans enthousiastes ont pris la place de ceux qui étaient exclusivement venus voir Rolo Tomassi. Ceux-ci sont campés, les bras croisés, à la moitié de la salle, alors que la fosse s'ouvre aux quelques danseurs venus applaudir et sauter sur le micro de ce groupe à l'énergie hors normes. Deux nouveaux morceaux, deux fois plus longs que ceux des albums, seront joués (ce qui les amène vers plus de deux minutes, un exploit pour ces habitués aux explosions d'une minute dix) et une bonne poignée de titre de Plagues... Walking disease et d'autres encore. On commence par "Walking disease" et on finit par un doublé "Sacramento is dead" où le chanteur descend dans la fosse pour filer le micro à un membre du public (chanteur à ses heures perdus de Black Spirals), et "Lepers".
Entre temps, le chanteur aura eu le temps de sauter trois fois sur le public et de retomber le dos sur la barrière de sécurité et de péter son micro ce qui l'"obligera" ensuite à faire pivoter lui-même un retour vers le public pour que sa voix se fasse mieux entendre et péter le pied de micro et se le prendre dans la tête ce qui le fera saigner sur le coin du visage. En vingt minute Trash Talk terrifie, Trash Talk traumatise mais Trash Talk repart en laissant derrière eux les sourires et les applaudissement de fans qui reviendront les applaudir la prochaine fois. La sincérité et l'énergie du punk et du hardcore dans un seul groupe. Rien de véritablement neuf à l'horizon si ce n'est une intégrité et une énergie dont peu peuvent se vanter. Et le plus dingue dans tout cela? Ce n'était que la première date de leur tournée ... ils continueront tout les soirs de donner autant et de ne pas se ménager pour la musique qu'ils aiment. Si ça ne mérite pas d'être applaudis, alors je ne sais pas ce qui le mérite.
Le public de Rolo Tomassi repart dans son coin et je repart dans le mien. Nous pouvons nous mettre d'accord sur le fait d'être en désaccord et de ne pas attendre la même chose d'un concert. Je veux qu'on me terrifie, que l'on me remplisse d'énergie et que l'on envoi baladé toutes mes attentes. Eux préfèrent surement être caresses dans le sens du poil. A moi Throats et Trash Talk, a eux Rolo Tomassi. Intéressante tournée que celle-ci pour des groupes et des publics aussi fondamentalement différents. Une qui restera dans les annales.
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