Sunday, May 30, 2010
The Last Electro Acoustic Space Jazz & Percussion Ensemble
Qu'est ce qu'un ensemble de jazz electro acoustique et de percussion? La réponse se trouve surement parmi les disques de Madlib qu'il a ingurgité et samplé sur ce nouveau disque extrait de la galaxie du Yesterday's Universe. Tout comme au sein de Young Jazz Rebels, Madlib s'adjoint la collaboration de quelque collaborateurs, le Monica Lingas Band (au sujet duquel je n'ai rien réussi a trouver), Harry Whitaker, pianiste, compositeur et arrangeur de jazz, et Roy Ayers, un joueur de vibraphone.
Il est d'ailleurs intéressant de s'atarder sur la carrière de cet homme dont la biographie proclame qu'il est l'un des artistes les plus sampler dans le rap. De Tony Yayo de G-Unit (le crew de 50 Cents) à A Tribe Called Quest sur le mythique "Bonita applebum", l'homme tire une fierté notable de ces hommages. Il est donc tout naturel qu'on le retrouve sur un disque de Madlib bien que celui-ci ne fasse pas dans le rap mais dans le jazz fusion pour ce qui est de ce disque. Le sampling est toutefois au coeur du travail de Madlib et bien qu'il déguise son travail derrière une collection de nom inventés, on le retrouve tout-de-même dans la liste des membres de cette ensemble de onze "musiciens".
Le nom d'Otis Jackson Jr., véritable nom de Madlib, figure en effet à la batterie et au percussion sur ce disque. Quoi de plus naturel pour un beatmaker d'être à ce poste? Pour autant, son style est ici libéré et c'est a se demander si ses parties ne sont pas plutôt programmé que joué tant le talent qu'il met derrière son kit était alors insoupçonné à mes oreilles. Il est le lient qui créer l'effervescence autour de ces plages composé en hommage à différent jazz men dans une collection de style que je ne saurais assimilé à un artiste ou un groupe particulier. Quelque part entre le Mahavishnu Orchestra et Weather Report flottent ces compositions où les noms les plus connus, mentionnés entre parenthèse, n'interviennent qu'à la fin (Pharoah Sanders & John Coltrane).
Le sentiment de ne pas en savoir assez pour comprendre toutes les finesses et les hommage cachés de ce disque aspire mon attention et le recrache aussi vite par les arrangements magiques de ce groupe que l'on croirait pourtant bien réel. Il aura fallu trois ans pour que ce disque sorte enfin et l'on peut être satisfait qu'il n'ai pas disparu dans les cartons. Des albums avaient précédemment été publiés au Japon, mais comme l'on peut s'en douter, ils m'étaient encore totalement inconnus. Miles away comble donc une partie de l'histoire du jazz que Madlib continue de reconstituer à force de disque où il aspire ses influences pour créer de nouveau morceaux tout aussi excitant et géniaux que ceux de ses prédécesseurs. Cet homme incarne tout ce que le sampling peut procurer de fantastique à la musique et un musicien comme Roy Ayers ne s'y sera pas trompé en venant le rejoindre.
108 - 18'61 (Deathwish) 2010
"Cry. It's time to die. Death" chante Robert Fish, comme une prière, sur le dernier titre acoustique de ce disque. Revenu des lymbes, le nouveau départ, définitif semble t'il, de Fish a failli précipiter 108 de nouveau dans la mort et faire de cette prière une réalité. 18'61 fait référence à inéluctabilité de notre destin devant Dieu et devant notre être. Un principe krishna que 108 n'a pas respecté en revenant pour cet album et que Robert Fish compte bien appliquer en revanche en laissant 108 derrière lui.
Or, si il y a des épitaphes glorieuse, celle-ci en sera une pour son séjour dans ce groupe. Sa présence au micro déborde d'énergie et d'une conviction contenu dans chaque parcelle qu'il transmet en hurlant "Get the fuck away from me, I just want to be in love" ou en prononçant avec retenu "Yet I am Satan and Jesus too, Yes I am nothing but not like you". Des éléments de sa religion qu'il transmet à travers un hardcore au delà des frontières supposé du genre.
Semblable à Coalesce dans leur approche non conventionnel, les contorsions musicales de 108 sont celles des sages qui savent maitriser leurs émotions autant que les projeter avec force. Tout au long du disque, les dix morceaux que composent 18'6 partent en avant, puis se rétracte, patiente et provoque une furie de note et de frappe jusqu'à ce que le calme revienne définitivement sur un magnifique titre acoustique, une chanson funéraire portant le disque à sa conclusion et vers sa renaissance. Car une fois terminé l'envie de l'écouter de nouveau vous prendra forcement.
En choisissant une formule riche et courte, 108 crée un album aussi complexe que direct. Une œuvre parfaite en tout point, de la production jusqu'au moindre mouvement de la basse. De quoi me faire regretter de ne pas m'être intéressé plus tôt à la carrière de ce groupe atypique que l'on a souvent résumé sous la bannière du krishna core. Un raccourcis pourtant très juste tant cette religion à une part dans l'identité musicale de 108 qui s'en voit maintenant dépossédé avec le départ du sage Robert Fish dans les mantra habitent chaque parcelle de musique. 108 n'est toutefois pas Robert Fish mais un quatuor ahurissant de précision et d'énergie conduit par le guitariste Vic Dicara, responsable de l'écriture de tout les morceaux. Enfin, si c'est la volonté de dieu de voir 108 s'achever, il en sera peut être ainsi pour ces musiciens, mais 18'61 est plutôt l'incarnation d'une vitalité unique, témoignage de l'individualisme de ce quatuor hors norme.
Thursday, May 27, 2010
Fleshgod Apocalypse - Oracles (Willowtip) 2009
Italien, auréolé de petites touches baroque, Fleshgod Apocalypse se distingue de la production brutal death technique du type Unique Leader par la mélodie et leur provenance un peu original.
D'abord orienté death thrash quand il s'appelait encore Tyrannic Ethical Reconstruction, le quintet (formé notamment par un guitariste du groupe de brutal death romain, Hour of Penance, et l'ex bassiste de Prometheus Unbound, un groupe de death black du même coin) a ensuite pris la même direction que Cannibal Corpse dans l'exécution d'un brutal death à la fois sec rythmiquement et remplis de petite subtilité mélodique, non limité aux intrusions de samples d'orchestres, de piano composé par le cinquième membre du groupe (chargé aussi des arrangements des parties orchestrale) ou d'une voix féminine ("In honour of reason").
Cela ne les envoie pas dans la direction de la Norvège et de Dimmu Borgir mais apporte des respirations à des riffs à la Cannibal Corpse sous la forme de mélodies bien intégrés. Le metal a toujours eu des aspirations classique et Oracles n'a donc rien de surprenant si ce n'est de réussir à intégrer cette influence dans un musique bien plus sèche et violente que la plupart des expérimentations dans le genre.
Bien moins original que d'autres groupes du label Willowtip (Rune, Ulcerate, Odious Mortem) par des structures et des riffs très classique dans le genre, Fleshgod Apocalypse le renouvelle pourtant par des mélodies bien intégrés dans un genre asphyxié par des aspirations brutal louable mais redondante. Oracles se distingue donc tout en rentrant dans le moule. Ce n'est pas encore aujourd'hui que les amoureux de Mozart se mettront à faire des moulinet avec leurs cheveux.
Nirvana 2002 - Recordings 89-91 (Relapse Records) 2010
Si votre oncle tape traddait il y a vingt ans avec Jesse Pintado, il vous a surement parlé de Nirvana 2002 et de leur superbe death metal suédois. Sinon, il y a peu de chance que vous ayez entendu parler de ce trio avant cette réédition. Secret de famille et de réseau, les copies des morceaux de ce groupe s'échangeait comme des trésors cachés d'une époque où l'on enregistrait chez Morrisound et dans les studios Sunlight comme l'on va à la Mèque. L'époque de Nihilist (pré Entombed) et Grotesque (pré At the Gates). Celle du vrai death metal suédois. Le crasseux, l'adolescent, le puissant, celui des origines.
Vendre près de vingt ans plus tard cette compilation, c'est espéré que le bouche à oreille a finalement marché et que l'on peut enfin permettre au trois gamins devenu grand d'accéder à une plus large reconnaissance. Produit d'un dur labeur, cette compilation se veut exhaustive et reprend donc tout les morceaux composés de 1989 à 1991 par Nirvana 2002 (ou NKN2 pour les intimes) avec même un live enregistré en 2007 lors de leur courte reformation en concert dans un petit bar suédois (pour la sortie d'un livre sur l'histoire du death metal suédois écrit par Daniel Ekeroth), et des versions mixés différemment. On arrive alors a quinze titres histoires d'en avoir pour son argent, avec juste dix morceaux de composer.
Ca pourrait être un coup à la Earache ou à la Roadrunner de blinder le disques avec des versions démos pourris n'apportant absolument rien de neuf. Cependant, la production de l'époque est toujours aussi jouissive et rien que d'entendre ces vieilleries déterres a de quoi animer les membres atrophiés des fans du genre désespéré par les productions modernes. Le live de Slumber est par ailleurs très bon et sans être foncièrement, il n'est pas pour autant désagréable d'entendre des versions différents de ces titres qui ont traversés les ages et arrivent aujourd'hui tout aussi frais et excitant qu'ils l'ont été pour les passionnés qui ont maintenu en vie la légende pendant toute ces années.
Alors aujourd'hui, que reste t'il de Nirvana 2002 en dehors de la légende? Les trois adolescent ont grandit et se sont retrouvés, des souvenirs plein la tête et un livret pour les partager. Les notes sur chaque enregistrement, les paroles reproduites intégralement et cette photo prise au même endroit que leur photo promo de leurs années de passion finisse de souligner le caractère nostalgique de ce disque. Nostalgique, mais toutefois authentique. Nirvana 2002 s'est en effet rajouté à l'affiche du Maryland Deathfest de cette année à la dernière minute. Pour le fric? Non, pour voir Autopsy... Death metal un jour, death metal toujours !
The Blood of Heroes - The blood of heroes (Ohm Resistance) 2010
Les héros, ils sont quatre : Justin Broadrick, Submerged, Enduser, Bill Laswell. Quatre raisons de se poser sur ce disque et de l'explorer. Ils ne sont toutefois pas seul, quatre les têtes d'affiches sont toujours accompagnés de second rôle essentiel, tel que le toaster ragga Dr Israël qui s'impose tout autant comme l'un des membres essentiels de la formation, augmenté de deux batteurs (Balazs Pandi et KJ Sawka), et d'un autre préposé à l'électronique et à la guitare (M. Gregor Filip). On le plaint forcement car au milieu de ces célébrités du metal et du breakcore, son nom sera occulté d'office pour faire place aux riffs de Justin Broadrick que l'on trouve en grande forme sur ce projet.
Ses riffs entre Godflesh et Jesu sont en symbiose avec les rythmiques drum and bass/breakcore d'Enduser et de Submerged (aussi bassiste sur deux morceaux). Les deux se divisent la part du travail pour les beats mais se rejoignent pour la troisième plage, "Salute to the jugger". Broadrick joue par contre sur l'intégralité du disque et Laswell la quasi majorité (il n'est seulement absent que de "Wounds again wounds").
The Blood of Heroes, titre emprunté à un obscur film post apocalyptique, est pourtant approprié pour cette entité personnifié en couverture crée à partir du sang de chacun. Le ragga, les beats, le groove, les riffs, tout est à sa place pour cette rencontre qui n'est pas sans rappeler la perfection du Brotherhood of the bomb de Techno Animal (l'album rap indé / dub indus de Justin Broadrick et Kevin Martin aka The Bug) ou la fusion metal, indus et rap du Songs of love and hate de Godflesh ou Us and them. Ce premier album se situe dans le rayon des expérimentations de Justin Broadrick mais magnifié par des acolytes accomplis dans leur domaine.
Le rejeton batard de l'électronique de toutes les nations, le breakcore, rejoint des riffs et des mélodies à la Godflesh ("Breakaway") et des mélodies à la Jesu. Le chant ragga se module tout au long du disque (il sonne même à mes oreilles comme El-P sur "Blinded") sur les cinq morceaux où on le retrouve. Un échange constant se crée entre les musiciens au point de ne plus distinguer de qui peut provenir chaque contribution. Fait pour se rencontrer, ou se retrouver (Laswell a déjà joué avec Broadrick dans Painkiller), le collectif ne fait pas que promettre et délivre même d'office un album surprenant enregistré aux Etats-Unis, en Angleterre et en Hongrie.
Une œuvre internationale livré sans plus d'explication. Au reste du monde de se débrouiller avec. Techno Animal est l'un des responsables du son de Dälek et nous savons tous très bien jusqu'où ça nous a mener. The Blood of Heroes a de quoi recommencer le même processus et nous offrir, si ce n'est de la part de ce "groupe", une troisième voix pour la rencontre du breakcore tendance ragga et du metal après le "Grist" de Drumcorps et le "Full metal racket" de Bong-Ra. Enthousiasmant !
Madlib - Medicine show n°4 Chalice All-Stars aka Son of Super Ape (Stones Throw) 2010
Pour un metalleux, le reggae est l'ennemi a abattre. La musique des pacifistes chiants, des gamins a dread locks que l'on a envie de taper tellement ils avancent lentement dans les couloirs. Les lignes de guitares se ressemblent toutes, le chant nonchalant ne dégage aucune puissance et les chansons de l'icône Bob Marley d'en rajouter par leur interprétation des plus mièvres par les gamins qui s'exercent inlassablement à la guitare acoustique en reprenant "No woman, no cry".
J'étais un de ceux-là il y a peu, a ne pas comprendre tout ce que l'on pouvait trouver dans le reggae. Le vide complet. Et puis, l'illumination au son de cette compilation. Une simple écoute au casque alors suffit à me remettre dans le droit chemin et a comprendre ce que l'extérieur m'avait caché. Je ne m'étais pas rendu compte pendant toutes ces années que ce n'était pas la guitare, ni la voix qui était la star du show, mais la basse!
Les dread lockeux pourront se foutre de moi à loisir de découvrir sur le tard ce qu'ils savaient depuis longtemps mais cette compilation m'a au moins permis de mettre un terme à ce préjugé, et sans avoir recours à un seul joint! Le livret du disque donne pourtant quelque conseils pratiques pour se procurer légalement de la marijuana aux Etats-Unis ainsi que des adresses de dispensaires. L'association du reggae et du dub à la consommation de marie jeanne est bien évidemment indissociable et l'album de le proclamer dans son titre en faisant référence au 20 Avril, une date communément reconnu dans le milieu des consommateurs comme une fête du cannabis dont certain se servent pour défendre la cause de la dépénalisation.
D'une durée de près de quatre-vingt minutes et sorti le 4 avril de cette année, cette quatrième édition du Medicine show est aussi un symbole de cette célébration en proposant une mix tape de neuf plages composés de courts extraits d'une sélection de morceaux de dub et de reggae. La durée des extraits rend le mix facile d'accès pour un novice comme moi et appuie comme il se doit la présence de la basse. Coulant de riddim en riddim, l'atmosphère détendu tiens l'ensemble de la sélection rendant l'écoute de ce volume bien plus agréable que le second consacré au Brésil.
Le découpage des plages est pourtant similaire puisque ce quatrième épisode tombe dans le cadre des Mind fusion et non des Beat konducta. Cependant, pour une découverte du genre ou une simple mix tape d'extrait favoris, l'intégralité de ce disque se tient tant qu'on ne le considère que comme un tour d'horizon. De plus, bien qu'aucune indication ne soit donné sur la provenance des extraits, des couvertures d'albums dans le livret font de ce disque un petit guide utile pour s'orienter dans un approfondissement ou une découverte du genre. Contrairement à Blunted in the bomb shelter où le sergent mixeur Madlib composait des instrumentaux rap à partir de samples de reggae, 420 Chalice All-Stars aka Son of Super Ape (en référence à un album de The Upsetters, le groupe de studio de Lee Scratch Perry) est une nouvelle étape dans le voyage musicale de Madlib pour l'année 2010. Une escale anodine pour certain et une révélation pour d'autre.
Magrudergrind - Magrudergrind (Willowtip) 2009
"Martyrs of the Shoah"
"Lyrical ammunition for scene warfare"
"Rejecting the militant promise"
Trio power violence américain, Magrudergrind pratique la philosophie du Seul contre tous où être Seul signifie être derrière un collectif foutraque dont l'appartenance politique n'a pas de drapeau hormis celui qui leur permet de se tenir chaud contre les emmerdes qui peuvent leur pleuvoir sur la gueule.
Les riffs sont punk mais la batterie est grind, les textes sont politisés mais la voix est chargé d'une rage que ne renierait pas Nasum. Les suédois ont les riffs, les textes et la prod léché. Les américains ont les riffs, les textes et la prod de Kurt Ballou. Moins propre, pas metal pour un sou, juste de l'énergie et des blasts comme si il en pleuvait.
Les samples entre les morceaux ne traitent pas de viol de pucelles ou de zombie endiablés mais d'économie, de politiciens véreux. Anecdote de soirée d'adolescents et break rap s'ajoutent aussi, en rappelant qu'il n'y a pas que la rage contre la machine dans la vie, mais aussi la fête et l'énergie des concerts. Cette détermination et cette folie, Magrudergrind la conjuge sur seize titres. Court, possédé et engagé. De quoi lever le point tout en tenant sa bière dans l'autre main.
Various Artists - Falling down II (Falling Down) 2010
Pour une initiative parti de deux passionnés, Falling Down aura fait du chemin et acquit une place auprès des artistes que ces deux fans révèrent. La première édition focalisé sur la France et sa scène post hardcore (dans le sens large et mal dégrossis que peut contenir ce genre) introduit aujourd'hui ce second volume consacré, pour voir large, aux musiques lentes et atmosphériques du monde entier.
Des exceptions notables viennent trahir cette règle, comme Gnaw their Tongues et son mélange d'ambiant et d'atmosphère black metal bien plus menaçant que le reste des morceaux de la compilation, ou The Ocean et leur metal progressif plus appréciable entouré de morceaux plus variés que sur leur indigeste dernier album, ainsi que les suisses de Mumakil dont le grindcore à la Brutal Truth procure, à défaut d'originalité, une envolée finale à la conclusion de ce double disque.
Le post hardcore reste toujours le genre dominant et malgré l'ouverture des frontières, les influences restent globalement les même. Du Gabon à l'Espagne, chaque pays a son lot de groupe influencés par Neurosis et Isis. Deux influences envahissantes à l'heure actuel auquel le premier disque échappe grâce à un tracklisting plus varié mais dont souffre lourdement le second avec l'enchameint des morceaux de Kongh, Tesa, Omega Massif, Kodiak et When Icarus Falls. Ca growl, ça riff lentement et ça use de mélodies post-rock comme on en a trop entendu. A côté de cela, ce nouveau titre de The Ocean est une bouffée d'air frais.
Il y a donc overdose de NeurIsis sur ce double album. Pour autant, le genre recèle encore des groupes talentueux comme Kehlvin dont la reprise du "Who by fire" de Leonard Cohen confirme tout le bien que je pensais de leur album. De même, la présence d'une foultitude d'inédit a de quoi attirer l'attention des fans. Or, difficile de ne pas apprécier au moins trois ou quatre ds artistes présent puisque ceux-ci se sont déjà croisés sur des affiches de concerts et de festival. Plus qu'une compilation, Falling Down est le témoignage d'une scène internationale aux obsessions communes et aux interprétations variés de celles-ci.
Les morceaux les plus notables de ces deux disques sont cependant ceux de groupes déjà confirmés, comme "Elena Djinn" de Time to Burn, plus rock mais toujours nerveux et Gnaw their Tongues, dont la production est toujours de qualité. Ainsi, pendant que certains tournent en rond dans leurs influences (Monachsu, Kodiak, When Icarus Falls), d'autres émergent de celles-ci et se distinguent d'autant plus (Across Tundras, White Hills, Kehlvin). Les aficionados du genre s'y retrouveront en tout cas forcement.
Sunday, May 23, 2010
Deftones - De la tragédie viendra la lumière
Time will see us realign, diamonds rain across the sky and shower me into the same realm. Calculate our embrace, hold on. Come with me now, run with me outer space, once and for all.
- Diamond eyes
Remplacé par Sergio Vega (ex. Quicksand) pour le moment en attendant son retour que tout le monde attend impatiemment, Diamond eyes a été composé avec une optique totalement différente. Promis comme un album d'expérimentation et de maturation artistique, Eros se voit remplacé par un Diamond eyes direct aux chansons consices et tout aussi mature dans l'écriture et la cohérence des désirs de chacun.
Dès le premier riff de l'album, l'influence des suédois de Meshuggah saute aux oreilles grâce à cette production massive où couche après couche s'ajoute pour un résultat qui laisse paraitre la superposition des aspirations metal de Stephen Carpenter aux samples apaisés de Frank Delgado. Chino Moreno prononce ses paroles clairement et laisse de côté les syllabes trainantes qui ont longtemps caractérisé son style si sensuel. En revanche, la batterie d'Abe Cunningham continue de faire se mouvoir la tectonique des plaques de son pour former ce tout que nous continuons d'aimer et d'appeler les Deftones.
La contribution de Sergio Vega n'est toutefois pas enfui dans le mix (à la And justice for all) mais n'est pas pour autant si notable que cela. L'absence de Chi Cheng se ressent finalement dans l'évolution du groupe qui nous avait habitué à une constante progression et à un naturel aventureux où le conflit entre les aspirations des musiciens créait la nouveauté. Diamond eyes est en comparaison un disque beaucoup plus sûr constitué de onze chansons où se concentre tout le savoir faire d'un groupe qui a su traverser les modes et définir un style tout aussi influent que les groupes qui ont marqués sa croissance (Quicksand, Massive Attack, Meshuggah...).
Avec Diamond eyes, Deftones ne se disperse pas avec des titres trop énergiques (comme Elite qui dénotait beaucoup sur l'ascensionnel White pony) ou trip hop (pas de successeur au Lucky you de l'éponyme) et se regroupe dans des titres énergiques et suaves imprégnés du cool et de l'originalité qui les a vu marié avec originalité trip hop, post hardcore, noise rock, new wave et metal. Tant de groupes différents pour un seul disque qui permet au Deftones de triompher du cauchemar en attendant que leur compagnon les rejoigne pour un Eros que l'on espère encore plus aboutis.
Celeste - Et la lumière disparue
CELESTE [TEASER] from iamthelens on Vimeo.
Nihiliste(s) fut le début de l'épopée, suivit de Misanthrope(s) où le black metal fit son apparition dans leurs influences jusqu'à aujourd'hui et un Morte(s) née(s) qui répond à la question : A quoi aurez ressemblé Breach si ils étaient venus de Norvège plutôt que de Suède? L'heure de la tempête a sonner, de nouveau.
Faites places au règne animal , aux mœurs de bâtard. Faites places au rêve animal, aux mœurs de pouffiasses. A une procession de chimères qui s'installent et s'attellent pour une opération à ciel ouvert où crève nos rêves, où asphyxie l'envie, où l'amertume tue toute vertu jusqu'au creux de notre nid.
- Ces belles de rêve aux verres embués
Les paroles, toujours en français, parlent cette fois de la vision de la femme, dans tout ce que le chanteur peut trouver d'abject et de superbes chez elles. Le sentiment de rejet et de dégout ressort parfaitement mais en revanche la beauté s'habille de nuance d'obscurité. La bile rejeté par les paroles habitent ces riffs conçu pour ensevelir l'auditeur et le désorienter, à l'image de leurs concerts.
D'albums en albums, la progression est lente mais méthodique. L'œuvre complète conçu par l'actuel triptyque montre une évolution logique et intelligente mué par une absence de compromis. Leur discographie est intégralement téléchargeable sur leur site pour permettre de tester les disques avant de les acheter ou simplement les écouter avant de découvrir leur retranscription scénique. Un modèle économique tout aussi bien pensé que l'œuvre en elle-même qui atteint avec le bien nommé Morte(s) née(s) un degré de violence et de colère au profondeur insondable que l'accueillera avec dégout ou avec la fascination que l'on peut avoir pour ce qui nous dérange mais nous fascine tout à la fois.
Sunday, May 16, 2010
The Mongoloids - Du hardcore ... différent
Des rabbins condamnés pour avoir participer à un trafic d'organe et de faux sac à main de grandes marques? Ca ne pouvait arriver que dans le New Jersey.
L'Europe a toujours tôt fait de fustiger le Texas pour être la patrie de tout les dégénérés mais les habitants de New York ont une autre cible : Le New Jersey. Cette région est pour eux l'équivalent de la Belgique pour nous.
L'émission de télé réalité Jersey Chore mettant en scène un petit groupe de crétin filmé 24 sur 24 ont de quoi entrer en compétition avec Moundir. Un gage de qualité que n'apprécie pas vraiment les locaux mais qui explique peut-être le nom de ce groupe atypique qui n'aurait pas pu venir d'une autre région tant son hardcore semble être imbibé de substance que l'on a pas pour habitude de croiser.
La voix du chanteur divise les foules entre les partisans de cette voix rauque, entre Dwid Helion d'Integrity et Neil Fallon de Clutch, et ceux qui ne peuvent tout simplement pas la supporter. Pourtant, aucune autre voix n'aurait pu aussi bien porter une ligne de chant qui est devenu un hymne pour les fans du groupe :
I want to be free from the pain that takes my time skilled to see straight.
- Troubled waters (extrait de Time trial)
Strait Edge (mode de vie refusant la drogue, l'alcool, la cigarette et le casual sex), les Mongoloids ne revendiquent pas leur appartenance tout les quart d'heure et non rien de commun avec Minor Threat. Leur hardcore métalisé se coiffé de solis rock and roll et même d'un peu de tapping de guitar hero. Le second hymne du groupe, The Mongo stomp, en asperge un riff rappelant le générique de Denver le dernier Dinosaure pour une union contre nature qui convient parfaitement à un groupe qui se vante d'être justement un peu "différent".
Des pochettes de disque au tee shirt où l'on croise Mickey Mouse et une photo extraite de la collection de clichés black metal prise par le photographe Peter Beste, les Mongoloids ont fait une croix non seulement sur l'alcool mais aussi sur les clichés hardcore. Un grand détournement qu'aurait surement apprécier George Abidbol grâce au je m'en foutisme permanent du groupe qu'ils agrémentent d'un enthousiasme et de concerts tous plus mémorables les uns que les autres.
Festival Asymmetry - Comment s'y rendre
Aéroport
Wroclaw est une ville étudiante polonaise situé à approximativement cinq heure de train de Varsovie et deux heures d'avion de Paris. On y accède plus facilement par un aéroport en cours de restructuration qui pourra accueillir beaucoup plus de personnes à l'horizon 2012 mais qui est pour l'instant réservé à des avions de taille moyenne. Pour avoir acheté mon billet trois semaines avant le début du festival, donc tardivement, j'ai payé 180 Euros l'allée/retour avec une escale à Francfort. Il est donc tout à fait possible de payer beaucoup moins cher mais un voyage sans escale me semble assez peu probable. Afin d'acheter et de comparer les prix des compagnies aériennes je recommande l'utilisation de VoyageForum qui m'avait été d'un grand service pour le voyage en République Tchèque au Brutal Assault.
Une fois sur place, il faut appeler un taxi. Certains attendent aussi à la sortie de la gare. Dans les deux cas, n'hésiter pas à demander le prix de la course avant de monter. En guise d'exemple, la course à l'allée a couté, car je partageais le taxi avec un compagnon de voyage polonais rencontré dans l'avion, 24 zlotis (4 zlotis = 1 euros) alors que mon voyage de retour en taxi (pour une distance un peu plus importante tout-de-même) m'a couté 61 zlotis. Je n'ai personnellement pas eu à appeler de taxi moi-même donc je ne peux pas fournir de recommandation supplémentaire concernant les compagnies.
Hôtel
Pour ce qui est de l'hôtel, j'ai logé à l'Hôtel Piast, situé à un quart d'heure de marche de la salle de concert. Une station de tramway est située à la sortie de l'hôtel et permet un accès très rapide à la salle. Pour la réservation de l'hôtel, vous pouvez les contacter directement (voir la liste ci-dessous, tous sont situés à proximité de la salle) ou passer par le site booking.com. J'ai utilisé ce dernier car il vous permet de réserver mais pas de payer à distance. Ainsi, le paiement se fait une fois à l'hôtel. Pour avoir réservé tardivement, j'ai choisit une chambre double pour quatre nuit dont le cou total m'est revenu à 416 zlotis.
ABC Hostele S.C.
50-077 Wrocław
ul. Kazimierza Wielkiego 15
tel./fax: +48 071 343 80 14
tel. + 48 607 410 456
tel. +48 662 128 252
tel. +48 601 637 806 (deutsch, english)
e-mail : tuiterazhostel@gmail.com
Avanti
ul. K. Wielkiego 45
(Centrum)
tel. 0 791-002-535, 0 665-167-500
Boogie Hostel
ul. Ruska 35
(Centrum)
50-079 Wroclaw
tel/fax: 691350265
e-mail: hostel@boogiehostel.pl
Centrum Hostel
ul. Św. Mikołaja 16/17
(Centrum)
50-128 Wrocław
tel. (071) 793-08-70
e-mail: hostelcentrum@o2.pl
Cinnamon Hostel
ul. Kazimierza Wielkiego 67
(Centrum)
50-077 Wrocław
tel. (071) 344-58-58
fax (071) 344-58-58
email: wroclaw@cinnamonhostel.com
Hostel Cinema
Wrocław 50-077
ul. K. Wielkiego 15
tel. 0 71-795-77-55
e-mail hostelcinema@o2.pl
Hostel i Pokoje gościnne Mleczarnia
ul. Włodkowica 5
(Centrum)
50 – 072 Wrocław
tel./fax (071) 787-75-70
e-mail: rezerwacja@mleczarniahostel.pl
KOLOR HOSTEL
ul. Kuźnicza 56/5
(Centrum)
50-128 Wrocław
tel. 071-342-32-15
kom.509-28-28-29
e-mail: kolor@kolorhostel.pl
HOSTEL MOON
(Centrum)
Ul. Krupnicza 6-8 (Wejście od ul. Kazimierza Wielkiego 27)
50-075 Wrocław
tel: 071-343-00-22, 508-777-200
e-mail: wroclaw@moonhostel.pl
Good Bye Lenin Hostel Exclusive Wroclaw
Kazimierza Wielkiego 27, Wrocław,
Poland
694 427 730
http://www.hostelworld.com/hosteldetails.php/Good-Bye-Lenin-Hostel-Exclusive-Wroclaw/Wroclaw/20522
Royal Hostel
ul. Kazimierza Wielkiego 27
50-077 Wrocław
(Centrum)
tel. 071 788 73 73 lub +48 504 743 332
e-mail: recepcja@royalhostel.pl
(liste fournit par l'un des organisateurs)
Bus et tramway
Pour se déplacer dans la ville les bus et les tramways sont à votre disposition. La ville étant assez grande, effectuer des visites en se déplaçant à pied n'est absolument pas recommandé et le réseau est dense et pratique. Il faut au préalable acheter une carte de transport. Elles sont disponibles aux arrêts ou dans des échoppes de presse. La carte de transport pour six jours ne coute que 26 zlotis et doit être signé! Dans le cas contraire, lors d'un contrôle, vous pourriez avoir à payer une amende. Pour savoir quelle ligne emprunter vous pouvez vous référer au plan vendu en ville ou au site jakdojade (le lien donne sur la version anglaise mais le site est en polonais par défaut). La station de bus et de tram pour Firlej, la salle de concert, est la première station de la rue Grabizynska qui porte le même nom. Les tramways qui la desservent sont les numéros 4, 5, 11 et 24.
La langue
De mon expérience, peu de polonais parle vraiment anglais. La plupart comprennent quelque mots mais sans plus. N'hésitez cependant pas à demander à des gens dans la rue des renseignements car ils sont, pour la plupart, très enclins à donner un coup de main en cas de problème tant que vous êtes polis. Demandez leur par-contre d'abord si ils parlent anglais. En revanche, si vous parlez allemand, vous aurez beaucoup moins de mal à vous faire comprendre ! Pour ce qui est de la signalisation, aucun panneau ou indication n'est traduit en anglais ou en allemand sur place !
Plan de la ville
Un plan de la ville est disponible en plusieurs langue à l'office du tourisme (situé dans le centre ville dans la Rynek). Le dit magasin offre peu de chose d'utile en dehors de ce précieux document (qui ne vous coutera que six zlotis) mais c'est l'outil le plus indispensable pour se déplacer. Vous y trouverez une petite sélection de destination touristique (musée, cathédral, zoo) ainsi que les numéros des lignes de bus et de tram.
Je ne recommande pas du tout l'utilisation de google map pour se repérer au préalable. Mieux vaut utiliser le site jakdojade pour se repérer avant d'arriver.
Saturday, May 15, 2010
Festival Asymmetry (Wroclaw, Pologne) du 29/04 au 03/05 (part 4)
La dernière soirée placée sous le signe de la lenteur cataclysmique est introduit par un groupe dont l'énergie est l'intérêt principal. Moja Adrelina emprunte ses riffs et son attitude au Dillinger Escape Plan des débuts et lance guitariste et chanteur dans le public pour un set tout en énergie. Le bassiste et le batteur continuent à se battre avec leurs instruments sur la scène avec tout-de-même pas mal de maitrise mais l'attention du public est transportée vers la fosse où tout le monde se rentre dedans gaiement. La rage des premiers concerts de Dillinger est là transformé en provocation digne des cours de recrée mais on s'amuse bien aux autos tamponneuse et c'est le principal. Dommage que l'intérêt des morceaux ne résident vraiment que dans l'interprétation provocante de ces membres plus que dans leur musique qui sonne comme des dizaines de groupes du genre. Pour une mise en bouche c'est toutefois une belle performance.
L'invité surprise du soir s'appelle Necro Deathmort. Rajouté une semaine à l'affiche avec Secret Chief 3 je ne savais pas à quoi m'attendre en dehors d'un duo placé devant leurs ordinateurs. Pourtant guitare et basse sont aussi au rendez-vous et utilisé par moment pour doubler les rythmiques drum and bass qui souffle au-dessus de ce dub drone prenant qui ne dépareille pas avec le trou noir musicale d'Esoteric en fin de soirée. Le set se renouvelle en revanche beaucoup plus tout au long avec des rythmiques plus ou moins violentes et le jeu des instruments complémentés par les voix gonflés d'effets des deux musiciens. Le dernier morceau à la rythmique martiale interprété par les deux voix alternés de ces deux britanniques est particulièrement efficace et conclut avec brio un set qui convint le public au point que leurs applaudissements semblaient rendre timides les musiciens.
The ties that bind faisait partie de mes albums de l'année 2006 mais n'a depuis pas tourné chez moi depuis la vague de disque du même genre qui ont effacés le souvenir de ce disque parfait pour le genre. Ces titres célébrés à l'époque me paraissent maintenant bien faible malgré la qualité de leur interprétation. Les fans s'y sont retrouvés et le public de se presser devant la scène pour applaudir cette parfaite symbiose de Neurosis et d'Isis. Le manque de conviction des musiciens, très concentrés sur leur jeu respectif, rend l'interprétation vide d'émotion et là où je trouve encore de la puissance et de l'intensité dans les concerts d'Isis je n'ai entendu que des berceuses sortir des enceintes.
Le final du festival avec Esoteric ne pouvait donc qu'être marquant et il le fut à plusieurs titres. D'une part car le son dont le groupe bénéficia fut à la hauteur de leur majesté, contrairement à leur prestation au Glaz'art, un poil ennuyeuse. D'autre part car le groupe n'était pas payé pour ce concert mais avait eu l'autorisation de l'organisation de jouer autant qu'il le désirait. Or, on n'écrit pas autant de disque de funeral doom sans être passionné par le genre et Esoteric le prouva ce soir en jouant pendant plus de deux heures, avec un rappel ! Tout The Maniacal vale y passa et d'autres morceaux encore jusqu'à venir à bout de mon attention qui arriva à bout de deux heures tout-de-même. Pas communicatif pour un sou en dehors d'un timide "Cheers" du guitariste/chanteur pour répondre aux applaudissements de la trentaine de personne encore présentes devant la scène quand je décidais de partir à mon tour. Il restait cependant encore une dizaine de personnes assit sur des sièges au fond de la salle et trois types qui avaient manifestement tout compris en s'allongeant sur le parquet pour consommer le maximum de vibration. Peut-être est ce d'ailleurs la meilleure manière d'apprécier Esoteric en concert?
Peu de festival conviennent autant à l'objectif de diversité que s'est fixé ce webzine. La dominante metal ne rend pour autant pas épuisante les multiples soirées et ne fatigue en aucun cas l'oreille grâce à la variété des influences et des ambiances. Organisation sans accro, prestations exceptionnelles et qualité sonores constantes. Il ne reste que la barrière, si mince, de la langue à franchir pour venir à votre tour visiter Wroclaw et son Firlej à l'occasion de la troisième édition du festival qui s'annonce déjà très prometteuse.
Note : Je n'ai pas assisté au dernier jour du festival qui présentait Ee3kiel lors d'un concert gratuit pour des raisons de timing. J'en ai eu toutefois de très bons échos.
Friday, May 14, 2010
Festival Asymmetry (Wroclaw, Pologne) du 29/04 au 03/05 (part 3)
Gagnant du concours organisé par le festival pour permettre à de jeunes groupes de se produire, Kasan est la définition du NeurIsis. Mélodie post rock, crescendo jusqu'à l'arrivé d'un peu de distorsion et projection d'extrait de documentaire montrant des phénomènes naturels. Difficile de faire plus convenu. Les musiciens sont statiques et timides au possible, à moins que ça ne fasse partie du plan de "laisser parler la musique à leur place". Que je sache cela n'empêche pas de remuer un peu et de ne pas rester dressé comme un I, la tête baissé vers son instrument? Une ou deux parties de leurs morceaux les permettent de se distinguer quand les riffs deviennent plus metal. Le reste n'est la répétition de tous les clichés d'un genre trop entendu ces dernières années.
Time to Burn représente par contre l'opposé de ce style. Nerveux, électrique et pissant, les morceaux d'Is.land n'auront jamais sonnés aussi neuf que ce soir après une année passée loin de la scène. La machinerie grince un peu mais le groupe prend manifestement du plaisir à jouer. J'étais, pour ma part, tellement enthousiaste d'entendre de nouveau "Nayeli" que je me suis cogné sur le dos de la personne devant moi en headbanguant. Pourtant, le morceau clé de leur set ne fut pas celui-ci mais "Land", joué en conclusion. Le guitariste/chanteur prend alors de la distance et laisse le devant de la scène au bassiste qui interprète avec beaucoup de maitrise et d'émotion le chant clair de ce superbe morceau. Le meilleur concert que j'aurais vu d'eux jusqu'à présent.
J'avais beaucoup d'espoir pour Tesseract. Depuis les débuts du guitariste, salué par Frederik Thordental pour la qualité de sa première démo, le projet solo est devenu un groupe qui a eu bien du mal à donner vie à ce projet. Aujourd'hui transformé en machine à contre temps et accompagné d'un chant mélodique aux paroles mielleuse, leur metal devient une sorte de pop pseudo complexe indigeste La dynamique des morceaux est absorbé par la voix. Seul un peu d'échange avec les growls du bassiste vers la fin du set pointe du doigt une solution pour palier à ce manque mais bien trop tard pour raviver mon attention ou celle du public qui n'applaudira que poliment en conclusion. Surement le set qui aura été le moins bien accueilli de tout le festival.
Le contraste entre Tesseract et Black Shape of Nexus est donc d'autant plus marqué que l'émotion, la rage, la passion et la violence font la force de l'expérience qu'est ce groupe en concert. Le chanteur n'aura de cesse d'avoir les yeux révulsés en grognant au dessus des riffs sludge / doom de ses camarades qui n'hésitent pour autant pas à plaisanter entre eux et avec le public entre les morceaux. L'hôpital psychiatrique est manifestement de sorti ce soir avec un guitariste hurlant dans l'air et un bassiste sautant et hurlant à plein poumons pour soutenir son confrère de micro a quatre patte quand il s'agit d'utiliser son micro portatif adapté à sa gorge. Les applaudissements qui concluront leur set seront tellement enthousiastes et massif que le même guitariste distribuera alors leurs bières au public en signe de remerciement.
Dernier virage pour la fin de soirée avec Jesu et son shoegaze metal. La mise en place minutieuse du matériel par Justin Broadrick rend le public impatient alors que les deux musiciens (lui et Diarmuid Dalton à la basse) ne jouent qu'avec une boite à rythme. Une fois lancé les titres de Conqueror ont de quoi envoutés ainsi que cette succession de morceau instrumental soutenu par une boite à rythme aux pulsations mécanique faisant plus que rappeler la belle époque de Godflesh. Moins aventureux qu'à ses débuts, la suite des aventures de Justin Broadrick est faite de belles chansons aux mélodies aériennes pour qui la projection d'image de ville et de forêt est on ne peut plus approprié. Conclut par un "Friends are evil" qui me rappelle à quel point je dois donner une nouvelle chance à ce premier album, Broadrick se prépare ensuite à un set sous le nom de Final auquel je n'aurais pas assisté par manque de motivation pour une dose d'ambiant, aussi bon soit-il quand Justin est aux machines.
Thursday, May 13, 2010
Festival Asymmetry (Wroclaw, Pologne) du 29/04 au 03/05 (part 2)
La soirée commence avec Dark Castle qui accompagne Kylesa sur leur tournée sans Shrinebuilder qui avait été annoncé aussi à l'affiche (et remplacé par Secret Chief 3). La forme d'un duo guitare/voix et batterie surprend mais n'apporte finalement rien de véritablement original à leur doom. Le growl monocorde de la guitariste prête à soupirer, de même que ses riffs. Le jeu du batteur est en revanche beaucoup plus intéressant et maintient l'attention pendant toute la durée du concert qui sera toutefois conclut par moultes applaudissement. Le public est beau joueur mais en comparaison d'Eagle Twin, Dark Castle est un groupe de seconde, voir troisième division.
Le niveau de la soirée remonte toutefois très rapidement une fois qu'Altar of Plagues arrive sur scène pour un concert intense juxtaposant l'intégralité de l'album White tomb à un morceau de leur nouveau EP, Tides. Chaque partie est interrompue par une pause des musiciens tandis que l'un d'entre eux effectue la transition entre chaque partie jusqu'à ce que la dernière note de l'album laisse place à la première du nouveau morceau. Un enchainement des plus réussi maintenant l'intensité de la performance des britanniques que des fans sont venus accueillir et déclenchent même une fosse pendant les passages plus rapides. En comparaison avec leur concert au Klub, le groupe a joué tout aussi bien mais face au public avec un peu plus d'éclairage, ce qui ne gâche en rien l'instauration d'une atmosphère prenante pour leur black metal couplé à des riffs postcore.
Secret Chief 3 prend alors la suite avec un style très différent pour un mélange de mélodies et rythmes arabisant pervertis par une énergie et une puissance entre rock et metal (ainsi qu'une reprise du thème de l'Exorciste). La dextérité des musiciens est affolante, que ce soit de la part du guitariste Trey Spruance (Mr Bungle) sur ses quatre guitares et sa cithare électrique, du batteur possédé par un incroyable sourire tout au long du set ou du jeu de Toby Driver (Kayo Dot) venu à la rescousse du groupe pour cette tournée. Pour un groupe qui a accepté de jouer à ce festival pour la moitié de la somme qu'il demande normalement, les Secret Chief 3 n'ont pas économisé leur énergie et leur talent pour ravir mes oreilles qui découvrait cette formation pour la première fois sur scène.
Les compagnons de route d'Altar of Plagues montent ensuite leur matériel sur scène et il est conséquent pour cette nouvelle mouture de Year of no Light. Trois guitaristes (dont un des doomeux de Monarch!), un bassiste, un clavier et deux batteurs! Venu présenter leur nouveau disque, Ausserwelte, la formation 2.0 s'applique à reproduire ces quatre titres de dix minutes en moyenne. Le temps passera pourtant très vite et les musiciens de jouer tête baissé, à l'exception des batteurs (et du bassiste) qui se relaient pour jouer du clavier. La batterie n'est donc pas tout le temps doublée et leur jeu se complètent même parfaitement en misant sur la richesse plutôt que l'impact. Leur prestation sans faute, couplé à un son puissant et clair ne m'a fait regretter en aucun point leur ancienne formation. Vivement une prestation parisienne dans une salle digne de ce nom et des applaudissements encore une fois très enthousiastes, du public.
A cause de problème de transport le groupe censé ouvrir le festival, Khuda, n'a donc pas pu se produire et fut remplacé par Fat32 qui interpréta quelque titre pendant la mise en place de la scène pour Kylesa. J'étais alors parti parler avec Toby Driver donc je n'ai pu qu'entendre quelque bout de morceaux depuis l'extérieur de la petite salle où était projeté en temps normal la scène devant des tables ainsi que le merchandising et quelque distros.
Le concert de Kylesa sera sans surprise pour quiconque les aura déjà vu sur la même tournée. J'avais déjà assisté au même concert au Furya Sound Festival pour un ressenti similaire, c'est à dire satisfait sans être possédé par l'envie d'acheter les albums immédiatement. Kylesa a construit sa réputation avec des concerts carrés et puissant comme celui-ci et à ainsi de quoi plaire à un large public de metalleux ou de crust. Le jeu des deux batteurs aura en tout cas beaucoup plu aux membres de Year of no Light et d'Altar of Plagues venus boire leurs bières au fond de la scène et approuver de la tête la frappe de ces deux batteries chargés à bloc.
Festival Asymmetry (Worclaw, Pologne) du 29/04 au 03/05
Introduction
Situé en Pologne dans la ville de Wroclaw, le festival Asymmetry prend ses quartiers à Firlej, une salle de concert réaménagé il y a cinq ans par la mairie et un nouveau directeur venu apporter une nouvelle porte d'ouverture musicale à une ville dont l'activité culturelle n'est cependant pas des moindres (bien plus qu'à Varsovie si j'en crois les organisateurs à qui j'ai parlé). Cependant bien moins touristique (pour ce qui est de son accessibilité à des non-polonais), j'aborderais en conclusion de ce report la question de l'accès à la ville avec des conseils pratiques que j'ai acquis par chance ou en recherchant par moi-même sur place.
Le charme des festivals que j'ai pu faire dans les pays de l'Est est leur capacité à mélanger des styles différents sous un même chapiteau. Conclure une soirée avec le breakcore de Bong-ra alors que Zu l'a précédé sur la même scène une heure auparavant ou faire jouer Black Shape of Nexus et son doom sludge possédé avant le metal shoegaze apaisé de Jesu est en soit une preuve d'ouverture, tout en restant dans des domaines qui ne sont pas étranger aux fans de metal.
Étalé sur cinq jours, du jeudi 29 avril au lundi 3 mai, la programmation du festival débutait tous les soirs vers 19 H 15 laissant la journée de libre pour explorer la ville, profiter du pays et ne pas avoir subir un quelconque chevauchement de groupe.
Jeudi 29 Avril
Débuté par une soirée d'échauffement avec Nachtmystium et Jarboe le 9 avril, je ne franchis les portes que pour la première nuit vingt jours plus tard pour découvrir sur scène le quatuor du Mount Fuji Doomjazz Corporation (un violon, une contrebasse et deux ordinateurs ainsi qu'une guitare tenue par Bong-Ra derrière son Mac). Programmé grâce à la présence de Bong-Ra dans les lieux, tête pensante du groupe (et de son alter ego, The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble), le groupe fête ici son troisième concert avec un set inédit accompagné d'images d'Elephant Man de David Lynch. Tout aussi puissant et lourd que sur leur dernier disque, l'hypnotique Succubus, leur prestation est accueilli par un public attentif qui s'assoit très vite (semble t'il, à la demande d'une partie du public qui rallait en polonais dans le fond de la salle pendant le début du set) pour absorber tranquillement ce mélange de tonalité jazz accompagnés de samples.
La qualité sonore de la salle est alors parfaite et le reste des concerts ne dérogera pas à la règle. L'ingénieur du son s'affaire à chaque fois pour vérifier que tout se passe parfaitement pour les groupes et chacun bénéficiera donc d'un son puissant et suffisamment clair pour donner de l'espace à tous les instruments. Le set de Zu qui s'en suit en gagne donc en puissance par rapport à leur concert du Glaz'art alors que la set list, pioché uniquement dans Carbonipherus, est identique mais tout aussi bien retranscrit avec la même rigueur sans oublier des touches d'improvisation free jazz aussi puissante qu'une charge de rhinocéros. Le public est par contre très calme et apprécie la charge avec passivité. Un respect qui sera confirmé par les applaudissements longs et chaleureux du public (une belle coutume dont bénéficieront la plupart des groupes du festival, pour l'avoir pleinement mérité).
La seconde partie de la soirée sera donnée au breakcore et à deux représentants du genre, Drumcorps et Bong-Ra. Drumcorps sera pourtant l'artiste le plus metal de la soirée grâce aux nouveaux morceaux qu'il interprète à la guitare sur un barrage massif de beat moins chaotique mais toujours aussi fort en basse que les explosifs morceaux de Grist (où il sample Converge, Pig Destroyer, Cave In ...) interprété pratiquement dans son intégralité. Quelque passages chantés par le bonhomme sont bancales mais se rattrapent facilement par l'enthousiasme et la passion communicative du bonhomme à faire péter les enceintes. A n'en pas douter, sa prochaine tournée en compagnie de Leo Miller, chanteur des ex. Animosity, devrait être mémorable. La barrière de sécurité empêche les fans de venir danser avec lui mais il promet un retour en Pologne dans un plus petit lieu pour permettre plus d'interaction. Avec un peu de chance la France aussi aura le droit de profiter de sa venue.
La première soirée se conclut avec Bong-Ra de retour sur scène sa prestation au sein du Mount Fuji Doomjazz Corporation pour un set en solo pour un mélange dub / indus / breakcore des plus fameux. J'ai déjà eu l'occasion de le voir jouer ce mélange détonnant devant le public du Bangfest à Londres qui n'était pas très réceptif. Ici par contre le public s'anime plus et les basses, bien que moins violentes que chez Dreamcorps, secoue l'assistance. Du même niveau de complexité que Venetian Snares, les concerts de Bong-Ra sont par contre beaucoup moins violent et ne déçoive pas pour autant pas à l'exception de ne pas entendre de morceaux de son superbe mix de Bolt Thrower et de Slayer à la sauce breakcore. Cependant, après Drumcorps ça aurait été redondant et ce qu'il propose finit donc de conclure la soirée agréablement.