Monday, April 20, 2009
Agoraphobic Nosebleed - Agorapocalypse
L'équivalent musical d'un dessin animé de Bip Bip et Coyote a des retours et cette fois ils ont amenés une copine et des chansons plus longues.
Auparavant connu pour avoir prétendu au trône du groupe avec le plus grand nombre de chansons avec Altered states of america, Agoraphobic Nosebleed réduit aujourd'hui la mesure et s'arrête a treize chansons. Chansons et pas plages. La différence est de taille puisque parfois les morceaux se superposaient les uns aux autres pour ne former qu'un ou se perdre dans une masse de hurlement, de riffs décousus et d'explosions de boite à rythme qui n'avait pas demandé à être autant torturé.
Les chansons du Agoraphobic Nosebleed atteignent maintenant trois minutes et s'arrêtent parfois encore à un traditionnel cinquante neuf secondes. On ne perd pas les bonnes habitudes.
A coté de Jay Randall nous trouvons aussi aujourd'hui une prénommé Kat dont les hurlement de hyène dopé au stéroïdes extrait d'un corps pourtant bien frêle se complète à merveille.
Ensuite, quand est il des riffs ? On parle de Scott Hull tout de même, la machine a riff de Pig Destroyer et le producteur émérite d'un bon tiers de ce que sort Relapse Record. L'homme est il capable de décevoir ? Peut être mais, pas ici. Très thrash, les guitares vrombissent et expurgent des riffs digne du vitriol répandus par les deux hurleurs. La basse se fait même entendre par moment pour donner plus de relief à tout cela.
Reste donc a asséner le coup final : la boite à rythme ne va plus aussi vite. Oui, je sais ce que vous pensez, c'est une honte ! C'est une infamie ! Que vais je devenir sans ma dose de grind dosé au speed core ? Et bien vous irez surement voir ailleurs car je suis très heureux avec la nouvelle version d'Agoraphobic Nosebleed. Moins sludge que que certains des titres entendus sur les divers splits sortis de ci, de là, depuis "Altered states ...", AnB semble cependant être revenu du rythme effréné et grotesque des disques précédents pour revenir a des variations presque humaines rappelant un peu les titres de "The poacher diaries" partagé avec Converge. Le groupe se décidera t'il a partir enfin sur les routes ?
Peu importe de toute manière, le Agoraphobic Nosebleed nouveau est tout aussi frais, dangereux et dédié à tout les sociopathes de la planète que l'ancien et bien plus encore. Leur meilleur album depuis "Frozen corps stuffed with dope".
Hunab Ku - The gaze inward
Les groupes atteint d'un déficit de l'attention sont amusant tant qu'ils ont quelque chose à dire. The Dillinger Escape Plan ou Genghis Tron à leur débuts sont de ceux-ci et continuent d'explorer de nombreuses avenues dans le cadre d'une seule chanson. La différence entre ceux ci et Hunab Ku est dans l'originalité de cette exploration. La confrontation des styles et des ambiances a tel déjà été faites auparavant. Huna Ku malheureusement peut être trop facilement catégorisé pour que leur myriades de variations ne sentent pas un peu le réchauffé. Un seul nom suffit donc a résumer ce groupe : Mike Patton. Je ferais cependant l'effort d'une phrase pour mieux situer le problème : Mike Patton si il faisait partie d'un groupe de death metal. Les éructations et le chant clair de Mike Gilmore (chanteur et attitré au sampler comme ... Patton) est une copie conforme de celui du grand Mike. Les interludes de carnaval semblent subtiliser à Mr Bungle tandis que les interstices mélodiques rappellent inévitablement Faith no More. Patton, Patton, Patton. Pas du mauvais Patton pourtant et d'assez bons riffs aussi. Le mot d'ordre diplomatique est donc "potentiel". Il faudra cependant des efforts pour que ce quatuor se distingue et passe au travers de cette comparaison envahissante.
The Chaser de Na Hong-Jin
The Chaser est le premier film d'un réalisateur que l'on peut qualifier de surdoué pour avoir aussi bien compris le thriller et avoir fait un film dépassant les codes du genre pour surprendre le spectateur. Durant le film je me suis fait la réflexion qu'aucun autre film américain, du type Seven, ne m'avait autant remué que cette course poursuite pour sauver une jeune femme de la maison d'un tueur.
L'originalité du scénario est de dévoiler dès le départ l'identité du tueur, de le livrer à la police et de le faire avouer durant la première demi heure. Occupé par l'enregistrement de la déposition du criminel, la police ne s'occupe donc plus de ce que le héros, un ancien enquêteur de police devenu proxénète, essaye tant bien que mal de faire : retrouver une de ses prostitués. Accompagné de la fille de cette dernière et de son assistant, un brin stupide, il parcourt alors la ville et et frappe contre des murs et des portes quitte a les défoncer.
Bien que sympathique, ce héros ne fait pourtant rien pour que les choses aillent mieux. Il frappe, ment et se comporte comme un parfait salopard envers cette petite fille qui voit clair dans son jeu et ne se laisse pas berner par les gros bras de celui-ci. Le duo "d'enquêteur" échappe donc a tous les clichés et se comporte finalement comme des personnes tout a fait normal a qui incombe la tâche de retrouver une disparue envers et contre tout. Ils sont désemparés, tente l'impossible et n'ont aucune véritable idée de la marche à suivre.
Comparable en terme d'atmosphère et de déroulement du scénario à Memories of Murder et The Host de Boon Joon-Ho, The Chaser de Na Hong-Jin est un thriller parfait auquel on ne retrouverait a redire que dans sa fin à tiroir qui en a dérangé certains. J'ai un avis différent sur la question bien que je comprenne très bien ce point de vue car ce film est tellement épuisant qu'au bout d'un moment on ne peut plus retenir la tension et l'on demande que tout cela s'arrête. La course poursuite mené par à bout de souffle par les personnages à travers une ville coréenne où tout le monde semble se contre foutre de la vie d'une prostituée est une meilleures expérience cinématographique que nous a récemment proposé la Corée dont le réservoir de talent ne semble jamais s'épuiser. Na Hong-Jin, voilà un nouveau nom à retenir.
Tokyo Gore Police de Yoshiro Nishimura
Le réalisateur Yoshiro Nishimura est avant-tout le responsable du maquillage sur de nombreux films. Cela explique pourquoi Tokyo Gore Police est un film qui brille d'abord pour les divers accessoires gore que portent les acteurs tout au long du film que par ses plans de caméra. Bien que compétent, Nishimura n'apporte pas grand chose en terme de point de vue et pèche beaucoup quand il s'agit de retranscrire la violence des scènes de combat. Si il y a donc des reproches a faire à Tokyo Gore Police c'est bien de ce point de vue.
En contre partie, peu de films sont aussi violent, gore, jouissif et inventif que celui-ci. Ruka, la fille d'un policier assassiné est une chasseuse d'engineer, des criminels génétiquement modifié capable de transformer leur membres amputés en une arme. Ce pretexte a des explosions d'hémoglobine qui se répandent jusque sur la caméra (un effet un peu trop utilisé durant le film) est aussi une occasion de développer un esthétisme cyber punk entre le manga Devil Man de Go Nagaï (Great Mazinger, connu chez nous sous le nom de Goldorak ou Cutey Honey) et Tetsuo de Shinya Tsukamoto (Tokyo fist, Bullet Ballet, Gemini ...). Entrecoupé de publicité pour des armes, des jeux de tortures ou des sabres, l'univers très riche de Nishimura parodie avec cynisme des travers de la société japonaise (tout produit peut se vendre, même aussi amorale soit il, comme les lames de rasoirs de couleurs différentes pour se trancher les veines) pour créer une société dystopique à souhait.
Le film n'en devient pas pour autant un réquisitoire moraliste tant le cynisme et le gore domine mais, les nombreux fils que tirent le réalisateur durant son film le rend beaucoup plus fascinant et génial que ne le serait un simple film gore avec de beaux effets spéciaux. Même les quelques problèmes techniques qui "décrédibilisent" la fin (la scène des doigts qui reviennent à leur envoyeur) n'arrivent pas a ternir les dernières images laissant présager d'une suite à partir d'une société modifié et encore plus perverse et folle.
Tokyo Gore Police est un film extrême emprunt d'une incroyable folie destructrice laissant présager une carrière très intéressante pour ce réalisateur qui n'en est qu'a quatrième film derrière la caméra. L'interprétation du rôle principale par Eihi Shina (Audition, Eureka ...) est aussi remarquable par son charisme et sa beauté meurtrière fascinante dont les coups de sabre mènent un bal jouissif et sanglant. A suivre.
The Machine Girl de Noboru Iguchi
Ami est une jeune fille au caractère fort qui s'occupe de son jeune frère, Yu, depuis que ses parents se sont suicidés suite à des accusations de meurtre portés envers eux. Le jeune homme est cependant la proie d'un groupe d'adolescents menés par le fils d'un yakuza. Harcelé et brutalisé pour de l'argent mais, surtout par plaisir, Yu va être tué, projetant sa sœur dans une folie vengeresse qui l'amène a se faire remplacer son bras par une grosse mitraillette.
Si le scénario vous parait ridicule vous n'avez pas tort du tout. The Machine Girl, sous couvert d'un scénario partant de faits divers courant au Japon (suicide pour éviter la honte, harcèlement d'élèves jusqu'à la mort), The Machine Girl est un film excessivement gore où tout est prétexte a montrer plus de tripes et de têtes explosé.
Moins drôle mais, tout aussi outrancier que le fameux Brain dead de Peter Jackson, The Machine Girl réserve cependant suffisamment de surprises pendant une heure et demi pour être un bon divertissement jouissif et excessif au possible (un personnage trébuche et coupe un bras). La bande annonce prévient de toute manière très bien de ce a quoi on est en droit de s'attendre : des yakuzas ! des ninjas ! une guillotine volante ! des membres arrachés et de gros trous ainsi que des explosions d'hémoglobine versé au litre au moindre doigt arraché.
La réalisation est efficace et multiplie les effets dynamique lors des scènes de combats. Le budget est par contre intégralement parti dans ces effets de caméra et dans les trucages les plus gore. Les acteurs ne sont donc pas des plus talentueux sans pour autant surjouer à l'excès. Le scénario est malgré tout suffisamment cohérent pour que tout tiennent debout à partir du moment que l'on accepte de regarder un film dont l'héroïne est une jeune fille armé d'une armée accroché au moignon qui lui sert de bras.
Futur film culte ou non, The Machine Girl est un bon divertissement horrifique et comique très japonais et mérite d'être vu par un public déjà séduit par Ichii the killer ou Brain dead.
Book of Black Earth - Horoskopus
Le seul problème que je trouve a ce disque est qu'il est très bien. Parti d'un split avec Fall of the Bastard marqué par l'héritage d'Emperor jusqu'à un premier album entre black symphonique et death metal ces ex Teen Cthulhu (hardcore a clavier) sont aujourd'hui capable de produire un disque tout ce qu'il y a de plus efficace et satisfaisant. Durant les onze titres (dont une introduction) d'"Horoskopus", les américains jouent tout ce qui fait un bon disque de metal extrême. Les riffs sont suffisamment mémorable, l'atmosphère est épique et violente. Champ de bataille, charge de cavalier le sabre au clair, barbare assoiffé de violence, toutes les métaphores me viennent à l'esprit mais, ne m'encouragent pas a en dire plus. "Horoskopus" est juste un bon disque de metal qui ne commet aucun erreur hormis celle de ne pas être très original. Un disque de plus sur l'étagère quand on a déjà tout les classiques dont ce groupe s'inspire. Un pas de plus par contre dans la carrière d'un groupe qui pourrait bien finir par faire mieux que les ainés. Avec un tel disque et une chanson aussi épique que "Death of the sun" ils ont assurément un avenir dans le milieu.
Esoteric - The maniacal vale (Season of Mist) 2008
Je ne me suis jamais intéressé à Esoteric jusqu'à la sortie de The Maniacal vale que tout le monde m'a recommandé avec véhémence. J'avais pourtant déjà écouté "Subconscious dissolution into the continuum" sans y trouver un grand intérêt. Je lui ai même donné depuis une nouvelle chance mais, sans succès. Rien ne me préparait à être emporté par "The maniacal vale" et être aussi fasciné que je le suis, comme toutes les personnes qui l'ont entendu, par ce disque d'une obscurité plus profonde que les trous noirs.
Monstrueusement épique, ce monolithe musicale mérite toute votre attention si vous aimez les musiques sombres. Au delà de la mélancolie et de la dépression, Esoteric peint la disparition d'un univers à la vitesse de la disparition d'une étoile. Les massacres sont chaotiques, désordonnés et violent. La disparition d'une planète est par contre un procédé beaucoup plus lent et ne nécessitant pas une volonté suprême mais, obéissant a un rythme naturel qui se retrouve ici reproduit à la perfection sous la forme d'un doom funéraire dénué de toute émotion humaine.
Contrairement aux groupes de black metal qui se veulent les catalyseur d'une haine suprême, Esoteric dégage une négativité puisé dans la même contrée qu'explore Darkspace. Plus de violence, plus de rage, juste une destruction complète et méthodique de toute trace d'humanité. En vingt minutes, "Circle", la première chanson, résume dans une composition riche la noirceur intégrale que dégage ce double album sur une heure et demi.
On dit des esquimaux qu'ils possèdent plusieurs mots pour parler de la neige. Esoteric eux trouvent de nouvelles manières de créer l'obscurité et de l'étendre sans jamais la rendre redondante ou grotesque. L'esprit dévoré par la nébuleuse, ce double album ne s'écoute pas comme un simple disque mais, comme un rituel auquel on assiste. A l'instar de grands groupes comme Khanate ou Neurosis, Esoteric trône maintenant comme une entité capable d'inspirer bien plus que des émotions mais un véritable environnement dans lequel on aime a se perdre malgré toute la noirceur qui s'en dégage. Difficile, lent et immersif mais, exceptionnel et digne de tous les commentaires élogieux que le groupe récolte aujourd'hui et bien plus encore.
Scale the Summit - Carving desert canyons (Prosthetic Records) 2009
Je me souviens avoir écouté des bouts du premier disque de Scale the Summit et de m'être emmerdé. Un peu trop branlette technique pour moi. Bien que j'aime la musique technique et instrumentale il manquait de la cohérence a leur musique, un sens du groove qui était obsurscit par le besoin des musiciens de démontrer leurs prouesses. Le compromis entre l'aventure promise par un paysage désertique et lumineux et les riffs techniques n'étaient pas encore en symbiose.
Presque par hasard je me suis donc mis a écouter leur dernier disque par pure curiosité. La pochette était joli, le nom me disait quelque chose et j'avais envie d'écouter quelque chose de nouveau. Bien m'en a pris. Où sont les reproches que j'ai pu faire a leur premier disque ? Malgré leur jeune age Scale the Summit vient de produire un album parfait de bout en bout, mémorable et épique, dont la pochette est un parfait accompagnement visuel pour représenter le voyage fait de montagnes et de vallés qu'est cette collection de chansons.
Certes, la métaphore du paysage est un grand classique du chroniqueur pour représenté une musique varié alliant la lenteur et la lourdeur a des envolés mélodieuse. Mais, le groupe tend la perche avec un titre et une pochette aussi approprié donc que peut on faire d'autre que la saisir au vol et appuyer en son sens ? Scale the Summit explore ici tant d'avenues différentes avec tant de brio que les fans de rock allergiques aux voix rauques pourront se ruer sur ce disque et gouter aux lignes mélodiques de "The great plains" et y trouver le parfum d'un futur classique. Vivifiant et lumineux, "Carving desert canyons" est un voyage dans un univers que l'on voit se dessiner en face de soi a rythme des notes frappés sur les cordes, les cymbales et les toms des cinq musiciens.
Tant de grâce et de précisions dans les mains de ces jeunes gens est proprement fantastique et bien que je ne puisse rien trouver de révolutionnaire dans leur musique, elle dégage tant de maitrise et m'inspire tellement de joie que je ne peux qu'applaudir et me passer encore et encore cet album sans éprouver la moindre lassitude. "Carving desert canyons" ne marquera peut être pas l'histoire de la musique mais devrait être célébrer suffisamment pour qu'à l'issu de l'année 2009 on ne puisse pas ignorer le nom de Scale the Summit.
Antigama - Warning (Relapse) 2009
Changement de chanteur mais même cap pour le navire Antigama qui continue de voguer sur les mer agités de l'océan grindcore. Les polonais ne succombe pas à la facilité en simplifiant leur son et continuent même de le complexifier.
Lors de leur passage à Paris il était même encore permis de se demander si l'on voyait vraiment un groupe de grindcore devant soi. Mécanique et froides, les explosions de violences totalement contrôlées et maitrisées au poil près par un trio (pas de bassiste ce soir là) de musicien vivant dans leur bulle. Le chanteur restant a proximité de la batterie tandis que le guitariste se concentrait sur son instrument. L'inverse d'un groupe de grind habituel qui privilégie la folie, l'impulsivité et l'énergie. Antigama vit sur une autre planète et il est donc normale que leur musique n'ait rien de commun avec ce qui se traditionnellement dans le genre.
A l'image du labyrinthe cubique de la pochette, il est permis de prendre l'entrée que l'on désire pour se perdre dans leur musique mais, le résultat sera toujours le même, le chaos le plus ordonné qu'il vous sera donné d'entendre. Le jeu de chaque musicien mérite l'attention de l'auditeur pour pouvoir espérer saisir par quel bout de tel explosion de folie sont composées. En comparaison, "Resonnance" était un album presque plus traditionnel dans le genre. Sur "Warning" les variations rythmiques ont un registre encore plus vaste tout en étant plus violent que sur leurs disques précédents. La part belle n'est pas pour autant laissé au batteur puisque quand les cordes parlent c'est pour s'exprimer dans une tonalité bien particulière où les doigts des musiciens s'échappent dans un mélange de folie et de précision. Le chaos d'Antigama a une méthode et désarçonne tout autant que les albums de John Zorn ou de Meshuggah le font pour les fans des genres respectifs.
Antigama découpe ainsi toutes les syllabes du mot grindcore pour s'en extraire et recomposer sa musique. Antigama est a la fois un groupe qui vient du grindcore tout en ayant plus rien à voir avec ce genre. Le paradoxe est digéré et a pris la forme de seize titres tous plus incroyable les uns que les autres. Le mécanique devient organique. L'imprévu devient normale. "Warning" ne surprendra pas les fans mais continue de prouver qu'Antigama est un groupe unique, inclassable et incroyable.
Sunday, April 19, 2009
MF DOOM - Boen like this (Lex Records) 2009
Qu'importe son véritable nom, si ce que l'on sait sur sa vie de famille est vrai ou la disparition du MF troqué pour un simple DOOM, MF DOOM, le rappeur, est un super héros, une figure mythique et emblématique d'un rap décomplexé et toujours juste. Si la mode est au bling bling clinquant, MF DOOM reste toujours le roi de la rime efficace et intelligemment placé et de l'instru ronde qui pourrait tourner pendant des heures sans que l'on s'en lasse un seul instant.
Depuis "Mmm food", son dernier album solo sous le même pseudonyme, deux disques de collaborations ont secoués la vie de l'artiste. Madvillain et ses compositions courtes dont le rythme d'enchainement rapide se retrouve sur "Born like this" et Dangerdoom, un album plus radio, plus direct et moins riches en sample, dont l'impact est aussi visible sur une partie des compositions. Celles ci sont parait il largement puisés dans les "Special herb", une dizaines de disques d'instrumentaux que le masque de fer n'a cessé de sortir entre ces albums. Je ne peux rien affirmer n'ayant porté aucune oreille sur ces disques. Je me fais juste un devoir de mentionner cette possibilité pour prévenir les plus avertis mais, peut être ceci sont ils déjà au courant et crache t'il déjà sur ce disque ?
"Born like this" n'est pourtant pas une collection de redite mais de hits fidèle a la réputation de l'homme à la voix rauque capable de retourner une phrase dans tout les sens pour y puiser des rimes insoupçonnés. Le titre "That's that", deuxième morceau que j'ai eu le plaisir d'entendre avant la sortie officiel du disque, fascine par ses sursauts constant d'une rime à une autre. De mots en mots et non de phrases en phrases, MF DOOM rappe et écrase la concurrence. Ce n'est pas une exception mais, une règle d'or pour l'homme.
Les samples par contre sont moins datés que sur les albums précédents. Aucun extrait du dessin animé des Fantastic Four a signaler pour une fois. Peut être que l'expérience DangerDoom aura convaincu le docteur qu'il se fait maintenant de très bons dessins animés (l'album en collaboration avec Danger Mouse étant centré autour des séries de la chaine adult swim)? Petit détail amusant pour le fan eklektik, un monologue de Charles Bukowsky samplé sur la chanson "Cellz" l'est aussi sur "Orthodoxyn" d'Arkhon Infaustus. Anecdotique mais, amusant.
Assisté de Madlib (un titre), Jake One (quatre) et du défunt J Dilla (deux), DOOM assure le reste du disque en compagnie de quelque featuring comme l'excellent Raekwon (Wu-Tang Clan) ou Tony Starks qui excelle sur "Angelz". L'intervention a coup d'auto tune de Slug (Atmosphere) sur "Supervillainz" est par contre beaucoup plus anecdotique mais se veut surement être une petite attaque contre Kanye West et Lil Wayne qui usent et abusent tout les deux de cet effet studio sur leurs albums.
Hormis ce morceau, il n'y a aucun moment de faiblesse sur "Born like this". Différent tout en restant dans la continuité des deux précédents albums d'MF DOOM, chaque titre s'ajoute et se combine pour créer un nouveau tout, cohérent et bien à la hauteur de l'énorme réputation du rappeur révéré par tous des quatre coins de l'underground rap jusqu'aux fans de rock indé. DOOM est bien plus qu'un homme. Son nom évoque l'excellence, l'efficacité et l'invulnérabilité d'un super héros du rap. "Born like this", efficace et infaillible depuis la naissance, la légende ne faiblit pas un instant et se perpétue jusqu'à un nouveau disque sous un nouveau pseudonyme . Sous le masque de fer qu'il a endossé après la mort de son frère, pour changer sa propre existence et éluder toutes les attentes que l'on pouvait avoir sur Daniel Dumile ou Zen Love X de KMD, se dessine peut être la fatigue du temps mais, la langue ne faiblit pas et continuer de frapper la mesure avec toujours autant de force et de justesse.
Little Girl Terrorist - Verses+ (Swarm of Nails) 2009
Combien de groupe en provenance de Singapour connaissez-vous ? Aucun ? Et bien maintenant vous en connaissez un. Maintenant, combien de groupes que vous pourriez décrire comme étant "entre Genghis Tron et Venetian Snares" pouvez vous me nommer ? Aucun. Grossière erreur, je viens justement de vous apprendre le nom d'un nouveau groupe. Écoutez un peu ce que l'on vous dit bon dieu !
Little Girl Terrorist est votre nouveau groupe favoris. Je peux vous le certifier si vous voulez. Après tout, si vous venez sur un webzine appelé Eklektik c'est que vous aimez des groupes aux influences variés capable de transcender un peu les genres. Donc quatre gamins originaires de Singapour avec des influences allant de l'electro au screamo en passant par des groupes de rock expérimentaux. Jetez donc un œil a la liste de leurs influences sur leur page myspace et jouez ensuite à les retrouver. Je vous garanti que vous en serez capable alors que des noms aussi diverses qu'Ulver, The Mars Volta et Orchid y figure. Bon, See You Next Tuesday se trouve aussi dans cette liste. Chacun a ses petits défauts. Fort heureusement, celui de Little Girl Terrorist est pour l'instant de vouloir partir dans un peu trop de direction. Un défaut qui n'en est pas un quand on plonge la tête la première dans leur univers.
En guise de comparaison extra musicale je vous demanderez de vous imaginer pris dans l'univers de FLCL, un anime très barré que l'on qualifie de weird anime car tout peut s'y passer. Une adolescente sur une vespa rouge frappe un jeune garçon avec une guitare electrique. De son front sort alors deux robots, une main mécanique et un autre complet avec une tête de télévision. Bienvenue dans les dix premières minutes d'un des anime les plus fous et les plus géniaux jamais réalisés. Bienvenue aussi, en quelque sorte, dans le monde de Little Girl Terrorist.
Les samples, le rythmique, les cris screamo, tous se rencontrent au coin d'une rue et se livre une bataille sans merci. Le miracle est que malgré cette impression de chaos émergent un univers tout particulier, séduisant par sa folie et son inventivité. La production est un peu fine au premier abord mais recèle énormément de couches différentes. L'autre grand détail marquant de ce disque est qu'il est composé d'enregistrement datant de plusieurs périodes. Les deux premiers titres qui atteignent la dizaine de minutes chacun sont riches, explosifs et fou. Ce sont les dernières chansons que le groupe ait composé.
Les cinq suivantes sont extraites de leur premier EP. Plus courtes et moins riches mais déjà rempli d'idée géniale. Le dernier morceau est une version demo enregistré avec d'anciens membres. Une bonne chanson qui ne bénéficie cependant pas de la même production et donc de la même folie que les deux premières. Le futur de ce groupe est donc ce qui est pour moi le plus intéressant. Leur présent vaut déjà largement le détour. La suite par contre fera se retourner de nombreuses têtes. Pensez donc, a peine Genghis Tron vous a t'il remuez la cervelle, voilà qu'un quatuor originaire d'on ne sait où se décident a aller encore plus loin dans l'expérimentation, la folie et l'originalité. Deux seules solutions s'offre a vous : Fuir ou acceptez et écoutez.
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