Monday, August 10, 2009

Ulver au Brutal Assault festival (République Tchèque) le 07/08/09


Forgive us
Le message clignote sur l'écran géant derrière les instruments et sur celui placé entre les deux scènes du Brutal Assault festival. Le concert devait commencer vers 23H40 et le groupe a un peu de retard. Un clavier qui ne semble pas répondre à ce que j'ai compris depuis ma place a proximité de la scène. Le public est de toute façon trop excité de voir enfin ce groupe mythique pour leur en vouloir. Déjà lorsque Garm était apparu sur scène, beaucoup avait alors applaudis. Dix minutes plus tard, le groupe est enfin prêt et le concert commence avec "Little blue bird" de A quick fix of melancholy.

Garm commence alors a chanter, une cigarette à la main, fumant pendant et entre les morceaux. Au total, le bonhomme a du se faire prêt d'un paquet entier en 45 minutes de concerts. Le deuxième membre du trio derrière son portable Apple fume aussi mais semble bien trop concentré pour prêter attention au public et stresser plus que de raison tandis que le troisième au clavier et aux machines est le plus discret. A leurs cotés, Daniel O'Sullivan de Guapo assure à la fois guitare, basse et clavier , Ole Aleksander des Paperboys (un groupe de rap norvégien) est aux platines et Lars Pedersen (aka When) à la batterie. Garm quand à lui assure à la fois le chant, les percussions, des effets noises depuis son ordinateur ainsi que le rôle de chef d'orchestre donnant le départ des titres et soufflant le nom des chansons et de timides remerciement.

Derrière eux, des projections travaillés illustrent la musique pour mieux cacher les musiciens concentrés sur leurs instruments. Durant "Little blue bird" ce seront des images des athlètes allemands filmés par Leni Riefenstahl durant les jeux olympiques de Berlin en 1936 juxtaposés à des images de l'holocauste. La set list enchaine ensuite de la même manière qu'en Norvège à Lillehammer avec "Rock massif" puis "Funebre" de l'album Shadows of the sun. Premier moment de doute vis à vis du son. La reproduction live en plein air de ce titre atmosphérique manque de relief et me laisse dans l'expectative pour la suite. L'interprétation parfaite de "For the love of God" (de Blood inside) qui lui fait suite me rassure donc et restera un des plus grands moments de ce concerts. Les projections font alors parfaitement corps avec la musique et les grandes lignes de la chansons sont parfaitement reproduits grâce au Dj et au bassiste dont le jeu gonfle le rythme à merveille, de même que sur "In the red" interprété vers la fin du set.

"Porn pieces or the scars of cold kisses" (de Perdition city) sera par contre interprété dans une version quasi dub couverte de basse un peu trop envahissante pour ce titre complexe. Deuxième regret donc. La voix de Garm perce alors difficilement ce qui n'était pas le cas durant les autres titres. L'homme a beau fumer et être entourer d'un nuage de nicotine, il assure pourtant parfaitement ses lignes de chant et interprète chaque inflexion avec force et maitrise avec l'aide d'un peu de delay discret.

D'une manière générale, l'interprétation live de leur morceau donnera à Ulver des airs de Massive Attack. Une comparaison d'autant plus apparente sur "Plates 16-17" de Themes from William Blake où Garm récite plus rapidement sur disque les mots de Blake, leur donnant une sorte de rythmique rap accentué par le travail du Dj qui vient y scratcher quelques instants.

Le concert se concluera ensuite sur "Like music" de Shadows of the sun et "Not saved"de l'EP Teaching in silence. A cet instant, la mélancholie de la musique sera a son paroxysme tant l'intensité de ces deux titres sera retranscrit. S'affiche alors sur l'écran un œil bientôt remplacé par un visage statique d'une jeune femme vétu de blanc. Le regard perdu, elle observe le public. Les minutes s'écoulent et la musique continue sans s'interrompre grâce a l'action conjugué de chacun des membres du sextets. L'écran projette enfin le visage d'un enfant, lui aussi habillé en blanc et positionné de la même façon que la jeune femme d'il y a quelque minutes. Ses yeux s'ouvrent, il regarde autour de lui, le songe s'évapore et le concert prend fin sous les applaudissements du public et avec les remerciement en retour des musiciens.

Au delà de la qualité de l'interprétation et de la mise en scène , il y a beaucoup à dire sur la place qu'a Ulver dans un festival à la programmation éclectique mais tout de même très death metal. Bien historiquement ancré dans le black metal, leur musique conserve uniquement la couleur noire et la mélancolie de leurs débuts. Musicalement, ce trio devenu sextets sur scène est beaucoup plus comparable à des artistes issus de la musique électronique. Pourtant, encore une fois, le terme ne saurait convenir à un groupe dont l'interprétation minutieuse et la richesse musicale reproduit par la magie de la technologie aura été des plus organiques. Sur scène ou sur disque, Ulver reste insaisissable et mystérieux. Un point d'interrogation dirigé vers le public.

Imparfait mais superbe, l'interprétation d'Ulver aura été a la hauteur de leur réputation et ne cessera surement pas d'être répété dans les mémoires de ceux qui y auront assisté avec dévotion pendant 45 maigres minutes. Le groupe n'a pas pour autant finit de se produire sur scène et cette série d'expériences (le groupe jouera prochainement dans trois festivals Norvégiens, à Londres et à Athinai en Grèce) leurs donneront peut être envie de continuer?

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