Monday, May 19, 2008
Noise Festival à la Maroquinerie
On ne peut qu'imaginer la difficulté a donner un autre nom a un festival aussi étéroclite que celui ci. Rock, metal, electronique, influences de tout bord se mèlent dans la musique des neufs groupes qui défilèrent sur les planches de la Maroquinerie. Alors, quand toutes les étiquettes sont enlevés, que reste il d'autre que la distorsion , le bruit puissant et ravageur qui repousse le public lambda et attire les individus avide de distorsion et d'enceintes poussé au maximum. Cette envie, ce besoin même, de faire exploser les tympans et de manipuler le son pousser à son maximum est ce qui réunit chacun de ces groupes et tous apporteront leurs influences, leur son et leur propre manière de se produire. Pas de répétition, pas de scène, pas d'ennuis.
Yog, groupe de grindcore venu de suisse s'impose très vite et il suffit d'une chanson pour que le groupe emmène avec toute son énergie les quelques chansons qu'ils joueront ce soir. Influence inattendu sur un groupe de ce genre, une petite pointe de "Meshuggah" pointe à travers les riffs mais n'entrave pas la rué des blasts. Les titres restent assez court mais le jeu des musiciens est surprenant. Le batteur en particulier focalisa toute mon attention a de nombreux moment tant son jeu était riche. Le son est aussi au rendez vous et permet au quatuor d'imprimer son nom dans mon esprit comme un groupe à découvrir sur disque.
C'est ensuite à Tanen de jouer et d'interpréter ce que j'appelerais maladroitement du "posthardcore". Maladroitement car si il y a beaucoup d'éléments propre à cette scène dans leur son il y a aussi beaucoup plus d'énergie et de pêche dans leur prestation que dans la plupart des groupes du genre que j'ai pu voir. Le chanteur saute sur place tout en hurlant ses textes, aucun musicien ne veut rester en place et tous s'agitent, rendant ainsi leur performance mémorable. Musicalement par contre rien ne m'aura toucher dans ce groupe. Les éléments sont là mais ... rien, franchement rien. Désemparé, je m'assis vers la fin de leur set, la tête dans les mains, essayant de trouver quelque chose, en vain. La réaction du public me laisse à penser que je fais partie de la minorité. La prestation du groupe sera tout de même assez intéressante pour mériter d'être vu.
Viens le tour de Fiend dont les membres ont joué ou joue dans des groupes qui vont de Kickback à Senser. Pas de rap ni de coup de pied retourné cependant mais du rock lourd et mélodique bien interprété mais, encore une fois, impénétrable pour mes oreilles. Les musiciens semblent pourtant en place. Le batteur s'évertue de frapper de grandes cymbales et y met de l'enthousiasme, contrairement au second guitariste et au bassiste qui resteront stoïque, presque absent, durant tout le set. Le son n'est aussi pas de leur coté et bien que certaines mélodies vocales ou des leads ressortent et m'interpellent, ils restent trop rare. Après avoir discuté avec quelque amis je pu constater que bien que certains partageaient la même opinion que moi, d'autre étaient tombés sous le charme. Tous ne ce seront donc pas ennuyés, tant mieux pour eux.
Arrivé un peu en retard, je manque le début de Four Question Marks que je peine à reconnaitre tant leurs influences Meshuggah sont aujourd'hui bien digéré et enrichit par une hargne qui laisse la place a plus d'émotion mais toujours autant de polyrythmie. La démarche artistique est donc plus mature mais, malheureusement pour eux, le son n'est vraiment pas avec eux. Trop ou pas assez compressés, les sons qui ressortent des amplis s'éparpillent et me laissent perplexe, cherchant a tout prix une accroche quelconque, n'importe quoi qui puisse me faire rentrer dans ce chaos de riffs intriguant dans lequel deux chevelus du premier rang sont plongés éperduement. A l'instar de Tanen, tout dans ce set me forcera a rester en retrait mais, à l'inverse de Tanen, je ne doute pas une seconde que je pourrais aimer leur musique dans des conditions différentes. Les critiques peuvent donc ranger leur "MESHUGGAH !", comme le cria un type sur le coté, le groupe a désormais trouver son propre son. Le bassiste / chanteur lui répondra d'ailleurs très justement "Non, Four Question Marks". Sans l'ombre d'un doute, oui.
"This song is about sexual relations". Ah. Merci de l'avoir dit, je n'aurais pas deviné sinon. Chanteur arborant un tee shirt Soilent Green. Dénué de bassiste tout comme Pig Destroyer. Complete Failure est un groupe de grindcore qui s'inspire en quelque sorte de ces deux groupes en proposant un mélange de parties rapide et violente et de ralentissement distordus et tout aussi abrasif. Signé sur le label de Steve Austin (Today is the Day), SuperNova Records, les trois musiciens de Complete Failure, dont le batteur joue aussi dans Today is the Day, exécutent durant un set beaucoup trop court une succession de chansons qui pécheront par un manque de puissance dans la guitare mais qui auront le mérite de marquer par leur puissance, leur originalité et leur pugnacité. Encore un groupe à redécouvrir dans de meilleurs conditions mais qu'il ne faudra surtout pas tarder à expérimenter sur disque.
L'intensité pourrait ensuite redescendre d'un cran, en théorie, puisque Jucifer est, en théorie (du moins dans mon esprit) un groupe plutôt rock, et que seulement une guitariste chanteuse et un batteur occupent la scène. Grossière erreur de ma part. Bien qu'accompagné que d'un nombre raisonnable d'ampli (un gros de là où j'étais) contrairement au mur qui est censé prendre place derrière le couple de musicien, le son tellement grave qu'il en devient caverneux de la guitare racle pendant cinq minutes mes tympans et efface d'un coup toutes mes appréhensions et mes attentes. Jucifer est un groupe de sludge/doom/gros son avec une chanteuse / hurleuse accompagné par un batteur déjanté qui tressaute sur son siège, fait voler ses baguettes et démembrent a coup de blast et d'une frappe massive tout ce qui pourrait ressembler a une chanson ou a une prestation conventionnel. Je comprendrais aisément que certains aient eu du mal a rentrer dans ce cirque sonore ahurissant, j'excuse même sans problème ceux qui partirent faire autre chose mais, ils avaient tort. Un très bon groupe de scène et une performance mémorable.
A coté de cela, les bostonien de Nachtmystium, fiers chevaliers du black metal, pourraient passer pour des guignols en comparaison. Il n'en est pourtant rien car bien qu'associé à une scène constitué de nihilistes peinturlurés, Nachmystium est avant tout un groupe de metal aussi atypique que ses chansons sont efficace et originales. Solos mélodique pratiquement psychédéliques. Blast beats entrecoupés de passage plus punk. Voix gorgé de delay. Il suffit de s'attarder un peu sur ce groupe pour voir à quel point leur musique est original et intéressante. Ceci dit, bien que j'étais dans les premiers rang a me remuer la tête jusqu'à ce qu'elle roule par terre, je ne dirais pas de leur prestation qu'elle était immense et dantesque. Non, Nachtmystium a juste montré ce soir que leurs chansons passent très bien le cap du live et qu'ils ont beaucoup à offrir.
Co équipier de tourné avec Nachmystium, Genghis Tron prend ensuite le relais et commence a installer son matériel. Sampler, clavier, guitare, micro et six néons colorés. Un large fossé sépare ces deux groupes et pourtant ils semblent bien s'éntendre à voir leur manège sur scène pendant que l'un range son matériel et que l'autre débarque le sien. Contrairement à Nachtmystium dont la musique était metal jusqu'à l'os, la prestation de Genghis Tron est placé sous le signe du mélange et de l'inattendu. Rythmique electronique, jeu de lumière, hurlement criard gorgé d'effet, les influences du trio sont dispersés au quatre coin d'un univers musical très vaste mais ils réussissent à tout mettre en ordre au fil d'une succession de chansons magique débordant d'énergie et d'intelligence. Un groupe qui demande que l'on ouvre son esprit a des influences très variés mais qui compose des titres tellement efficace et puissant, déjà fantastique sur disque, encore meilleurs sur scène, que l'ont ne peut s'étonner de voir une partie du public partir dans tout les sens dans une fosse énergique mais bonne enfant (la seule de tout le festival). Un des meilleurs groupe de la soirée par leur originalité et la qualité de leur prestation qui fut, par contre, beaucoup trop courte (27 minutes d'après un ami).
Horse The Band n'aura par contre pas la même chance que Genghis Tron puisque leur set sera remplis de problème technique. Alors que le trio avait eu droit a un son parfait, très compressé mais parfait pour leur performance aux détours multiples et milimétrés, la musique de Horse the Band aura bien du mal a ressortir clairement des amplis. Pas de guitare à l'horizon, un clavier que l'on distingue a peine et un chanteur que l'on entends qu'a moitié. Et pourtant, Horse the Band reste quand même un des meilleur moment de ce festival. Energique et bourré d'humour, il est impossible de raconter tout ce que le groupe (le chanteur surtout) raconte entre les morceaux mais jamais je n'ai vu autant de personnes rire aux éclats pendant un concert. L'humour n'est de toute manière pas le seul atout du groupe et "Lord Gold's throne room", premier titre a bénéficé d'un son correct, se chargera de prouver cela. Les mélodies du claviérite, aussi entétante que comique, et la bonne humeur du groupe a interpréter sa musique, aussi étrange qu'elle puisse être quand on ouvre pour Today is the Day, donnera a ce concert un esprit de fête et de joie qui poussera beaucoup de monde vers le stand du merchandising.
Le contraste ne sera donc que plus grand au moment de la montée sur scène de Steve Austin et de ses deux acolytes. Machine a fumé et musique d'intro oppressante, la messe noir que l'on nous avait promise peu commencée. Contrairement aux disques, la voix de Austin est plus grave la plupart du temps. Difficile de tenir tout un set avec une voix aussi aigu et possédé que celle des disques de toute manière. L'émotion est de toute manière là ainsi que la violence des chansons. Les blasts presque mécanique exécuté par le batteur de Complete Failure sont à l'image de la mitraillette de la pochette de "Axis of Eden" que l'on retrouve derrière le groupe, froid et rapide sans être des pures produits issus d'un artifice technologique. Les premières chansons imposent un niveau de violence bien supérieur a la plupart des groupes de ce soir mais l'atmosphère monte d'un cran quand Austin décroche son micro et commence a chanter seul, batteur et bassiste étant caché par la fumée, un des titres atmosphérique de "Axis of eden". Visiblement possédé par sa musique et ses paroles, le chanteur remercie le public d'être venu et commence ensuite a vister ces anciens disques. La part belle sera faite ce soir à l'album "Temple of the morning star" puisque seront interprétés "The man who loves to hurt himself", "Pinnacle" et la version électrique de la chanson titre, lente, torturé mais pas moins intense que le reste du set. "Supernova" sera interprété vers la fin, preuve que Austin n'oublie pas ses débuts. Autre époque plus mélodique que je ne connais pas mais qui ne dépareille pas en terme de sincérité par rapport aux autres titres.
La sincérité, c'est peut être bien le deuxième point commun de ce festival mémorable qui aura vu neuf groupes défilés sans aucun faux pas véritable. Un festival qui aura aussi permis un éclectisme musical rafraichissant qui fait plaisir a voir et a entendre.
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