Tuesday, January 29, 2008

The Tony Danza Tap Dance Extravanganza - Danza II : The Electric Boogaloo


Des squelettes laissés à l'abandon dans un bar dévasté. Le sol jonché de bouteilles de bière éclatés. Un pieu traverse encore le crâne d'un défunt étalé face (ou ce qu'il en reste) contre terre. Qui ? Pourquoi ? Des questions auxuquels le dernier album de The Tony Danza Tap Dance Extravangaza s'emploie à répondre. L'histoire commence avec "T.R.O.U.B.L.E." et s'achète avec la dernière plage du disque, "The Louisiana Bar Massacre". Entre ces deux plages, deux autres interludes viendront interrompre la tornade de riffs techniques et de blast déversés par ces quatre musiciens tandis que le cinquième crache et hurle ses textes. Pas besoin de chercher de quoi il peut bien parler en s'arrêtant aux titres, aucun n'a été choisit pour son lien profond et philosophique avec les textes. "You gonna buy the beers or the whole damn bar", "Nobody eats BBQ two days in a row", "Go greyhound". A quoi d'autre pouvait on s'attendre de la part d'un groupe dont le nom rend hommage à Tony Danza, le mythique acteur de la série Madame et servis qui aura fait fantasmer des millions de ménagères de moinds de 50 ans et continue encore aujourd'hui d'animer des show télévisés pour ces même bonnes femmes nostalgique (le groupe aura même eu le privilège d'être entendu lors d'une des émissions de leur "idole").

Un privilège dont peu peuvent se vanter. Surtout quand on joue une musique qui pourrait se placer entre les premiers albums de Ion Dissonance. Technique, brutale et excessif dans les enchainements débridés de riffs anguleux et agressifs, seul les interludes apportent un peu de repos entre les neufs salves tout aussi violentes qui constituent ce deuxième album. Je n'avais pas gardé un souvenir mémorable du premier disque de the TDTE, juste un autre groupe capable de faire remuer ses petites mimines de haut en bas sur le manche tout en blastant. Merci beaucoup mais si je veux regarder du sport je peux allumer ma télé. Et je n'allume jamais ma télé pour regarder le sport. Cependant, quand il s'agit de regarder des maniaques s'excrimer a faire plus que des pompes sur leurs instruments mais a jongler avec leurs riffs et que ces même riffs rassassisent ma soif de musique violente et débridés, alors je prend commande et je me laisse porter par le flot ininterrompu des plages. L'album est court et ne lasse pas. Mieux encore, quelque idées ressortent du lot et donnent a chaque chansons une particularité qui va au delà du sample rigolo (sur "I don't mean to impose, but I'm the ocean" où l'on retrouve une référence à un reportage devenu célèbre sur internet).

Efficace, amusant mais interchangeable sont toutefois les trois adjectifs que je retiendrais pour définir ce disque. Les chansons passent, vous démontent toute et repasseront surement dans votre tête à l'envie. Mais, en dehors des samples comique et d'un concept visuel, et etayé par les samples, tournant autour des rednecks, des bars et des massacres a coup de tronçonneuse, il y a bien peu de choses qui font ressortir the TDTE du lot des clones de Ion Dissonance. Certes, ils ne sont pas encore nombreux, et si l'on considère le virage qu'a pris Ion Dissonance sur "Minus the herd", l'apparition d'un nouveau monstre de violence et de technique se justifie en partis, mais seulement en partis. Avec un deuxième album aussi compétent l'avenir semble bien tracé pour ces cinq musiciens mais ils leur restent encore à écrire leur propre "Solace" qui les assiera dans la cours des groupes véritablement époustouflant par leur maitrise technique et leur puissance de feu et plus uniquement pour leur capacité a synthétiser les exploits de leurs predecesseurs tout en mélangeant le tout avec des interludes semblant extrait d'un film d'horreur de série B réalisé avec l'intégralité du cast de "Sheriff fait moi peur" et dans lequel on aurait ajouté un type avec une tronçonneuse. Anecdotique mais plaisant.

Monday, January 28, 2008

Overmars + Monarch ! au Point Ephémère


Double affiche au point Ephémère. Pour ceux qui ne connaitrait pas la salle de concert, une reproduction noir et blanc de la couverture de Jane Doe orne l'entrée de cette salle qui fait aussi office de bar à coté. Pourtant loin d'être spécialisé dans le metal et le hardcore, l'illustration de cet album marquant pour les vives émotions qu'il contient convint parfaitement pour cette soirée qui fut marquante autant par sa musique que par l'émotion dégagé par les musiciens.

Monarch ! en premier lieu, quatuor mené par les cris d'une demoiselle que l'on croit tout d'abord être une petite fille quand elle s'adresse au public au début du concert :
"Bonsoir on s'appelle Monarch, on vient de Bayonne et on va bientot commencer"
Lentement, la musique s'installe, les cordes de la guitare et de la basse sont lourdes et retentissent avec lourdeur sur les murs. Puis, alors que la voix se faisait douce et discrète, c'est l'explosion. Une explosion qui prendra plus de cinq minute a s'installer mais qui remue tout de suite les esprits de ceux qui seraient resté inattenifs. Controlé et décalé, rien dans ce que fait le groupe ne permet de se reposer . La prestation du batteur est remarquable par la force de sa frappe et par la dynamique tellement atypique qu'il exprime. Véritable chef d'orchestre pour les instruments a corde, il dirige les frappes du bassiste sur son instrument et explore avec ses baguettes de nouvelle manière de jouer en ne créant pas une fondation mais en exprimant la même tension que les hurlements d'une jeune fille qui deviendra femme au bout d'un quart d'heure de concert quand elle se retournera vers le pubic, les yeux fixé vers le fond de la salle. Menacante et déterminé, elle incarnera a ce moment précis la puissance du groupe. Inattendu et dominant, ne formulant aucune excuse pour jouer differemment de tout le monde. Monarch ! n'est toutefois pas qu'un outil catartique mais surtout une source de plaisir pour ces musiciens. Preuve en est, cette reprise de Discharge interprété en fin de concert, avec le sourire. Autant les disques ne manquent pas de force et transporte une ambiance sombre, la prestation de ce soir assoie Monarch ! comme un groupe possédant une force et un talent peu commun pour créer une musique lourde et minimaliste qui sait rester passionante.

Après cela, Overmars ne pouvait pas faire plus et fera donc autre chose. Programmé pour jouer en priorité sa dernière composition, Born again, que j'ai découvert ce soir sur scène, l'énergie et la dévotion seront les maitres mots de leur performance. Guidé par un chanteur dont tout les mouvements de son corps semblent diriger les musiciens qui jouent derrière lui, le morçeau se déroule et se découvre dans un ocean de son lourd et de texture mélangés et confrontés les uns contre les autres. De mon avis pendant la prestation, il y avait trop de basse. De l'avis des autres après le concert on entendait pas assez bien tout les détails du morçeau pour que le rendu live découple la force de la version album. Mais pour un individu aux oreilles vierge comme les mienne il suffisait de se laisser aller pour que le son massif vous emporte et que la magie de la présence des musiciens fasse de ce concert un très bon moment. Et si "Born again" n'avait pas encore convaincu qu'un Overmars nouveau vivait devant eux, les deux nouveaux titres joués ensuite ont du achever de convaincre tout le monde. Beaucoup plus lourd, plus riche, plus puissant. Rien ne me préparait a entendre Overmars interprétait des titres aussi excellents que ceux là, bien que j'ai adoré leur premier album, et je m'impatiente maintenant d'entendre tout cela chez moi et de les revoir une nouvelle fois en connaissant les morçeaux pour pouvoir voguer encore plus loin avec l'équipage de ce navire. L'improvisation joué en rappel, pas aussi prenante que les morçeaux joués ce soir mais, agréable tout de même, finit de contenter le public insatiable et l'on peut tirer le rideau sur une soirée placé sous le signe de la lourdeur et de l'émotion brute.

Sunday, January 27, 2008

Shattered Realm + Providence + Down by Prejudice au Klub


Le beatdown n'est pas un genre très souvent traité sur Eklektik. Peut être parce qu'il est dur de parler d'un genre ou les groupes se ressemblent beaucoup et qui sont donc difficile a définir individuellement par des mots. Peut être aussi parce que les gouts musicaux de la plupart ne sont pas portés vers une musique qui valorise les muscles des bras et des jambes au lieu de ceux du cortex. Il n'en reste pas moins qu'un concert de hardcore est une expérience unique pour les gens qu'ont y croise et pour l'étrange dichotomie entre la violence de la musique et les sourires qui s'affichent sur le visage des fans se projettant les uns contre les autres ou balancant leurs membres dans les airs et contre le sol. On ne va pas en faire de la poésie mais il y a bien plus que du Slayer et du mosh part dans un concert de beat down à Paris.

Down by Prejudice, dont la démo était disponible gratuitement à l'entrée, et Providence sont chargés d'ouvrir pour Shattered Realm et il réussissent bien leur tache en permettant a tout le monde de s'échauffer avec des riffs efficaces et l'énergie necessaire a ce type de musique. Je ne vois pas grand chose à dire sur leur performances, non pas car elles étaient identiques, mais car les deux groupes se vallaient et enchainaient leurs morçeaux avec efficacité sans pour autant déchainer les foules. Bien sur il y eu plus de mouvement pour Providence, fier représentant du Paris Hardcore, que pour Down by Prejudice, puisque les premiers jouaient en terrain conquis. Mais sur un plan uniquement musical aucun des deux ne ressortirent ce soir là à mes oreilles comme des groupes exceptionnels. La faute aussi a une basse un peu trop forte qui etouffaient les guitares. Les riffs ne ressortaient au final pas vraiment de là où je me tenais et j'ai surtout ressentit l'énergie du public enthousiaste et des musiciens content d'être là. A noter tout de même, histoire de planter un peu plus le tableau, que l'ambiance n'était pas au regard de tough guy et à la provocation mais aux blagues débiles (une chanson dédicé à Carlos, comme il se doit, et un dernier morçeau de Providence où l'on parlera de "pamplemousse") et à l'enthousiasme de recevoir Shattered Realm, un des pillier du beatdown.

Or, c'est ce pillier que j'étais venu voir et malgrès la réputation que le groupe s'est taillé grâce a un son lourd, une attitude de tough guy et des riffs plus que juste Slayeresque mais,apartenant pratiquement à Slayer placés entre des mosh parts plus dancante qu'une chanson des Bee Gees, je n'aurais pas put être plus enthousiaste a l'issu de ce concert. Shattered Realm, malgrès les pochettes, malgrès les paroles, c'est du bonheur en bar, de l'énergie a revendre et l'occasion de passer un bon moment entre amis même si on, comme moi, se morfle le coté du bar dans le dos, que l'on se cogne la tête deux fois contre le rebord du mur et que l'on se reçoit des types qui se balance sur vous sans crier gare. Malgrès les coups et les moments d'inquiétude vis à vis des pieds qui volent dans tout les sens, on s'amuse bien et on en redemande. Car nulle part ailleurs vous ne verrez une telle intimité entre les musiciens et leur musque. Nulle part ailleurs vous ne verrez un public se bousculer autant tout en se souriant et ne cherchant des noises a personnnes, et nulle part ailleurs vous ne verrez des gens s'inquietez pour vous quand vous vous prenez un mauvais coup. J'ai beau venir du metal, je n'ai connu la solidarité et la bonne humeur communicative presque que dans les concerts de hardcore. Musicalement ? Pas grand chose a relever en dehors d'un son bien lourd convenant parfaitement à l'évenement et d'un chanteur charismatique, très en forme et passant le micro au public. De toute manière le Klub est une salle sans scène qui se prète parfaitement aux concert de ce genre, alors autant en profiter pour effacer toute distance entre le groupe et le public et rajouter encore plus d'énergie a des chansons qui n'en manque de toute manière pas quand elles sont joués avec autant de force et de convictions. Avant même d'entendre une note j'avais acheté l'album avant le concert et son écoute après l'évenement ne m'a pas déçu mais m'a par contre convaincu de l'interêt de voir Shattered Realm en concert. L'energie, la force du son, l'émotion, tout est décuplé une fois dans la salle et c'est pour cela qu'un concert de Shattered Realm est bien plus mémorable qu'un de leur, déjà excellent, album.

Sunday, January 20, 2008

Sleepers + Doppler + My Own Private Alaska


Soirée rock à la Maroquinerie. Trois groupes et trois styles bien différents. J'étais venu principalement pour My Own Private Alaska, charmé par leur première demo prometteuse et l'envie de voir sur scène ce que pouvait rendre un trio aussi atypique. 12 Euros pour un seul groupe c'est un peu cher mais au final l'argent donné à l'entrée ne fut pas regretté. My Own Private Alaska en première ligne. Début de concert un peu hésitant. Le pianiste prend le micro et annonce dès le départ la set list, les remerciements à tous ceux qui leur ont permis de venir jouer ici et la localisation de leur merchandising. Visiblement sujet au trac, la tension ne disparaitra pas avec la première note mais c'est pour le mieux tellement leur musique déborde d'émotion sur disque. Difficile a mettre en place du fait du jeu entre la batterie et le piano, deux instruments qui ne devrait pas cohabiter aussi bien mais se mèle aussi bien que dans un groupe de rock traditionnel. Les lignes de piano sont joué parfaitement. La rythmique est clair, la frappe est forte et permet de transformer le passage du CD au live en une expérience différente et tout aussi interessante. Le chanteur se débrouille tout aussi bien malgrès quelques growl un peu mal placé surement due a la fatigue de rester sur une voix aigu et arraché, comme sur le disque. Les trois restent assis sur toute la longueur mais le jeu de lumière et les compositions sont assez consistants pour qu'aucun temps mort ne se fasse sentir. Ouvert avec "Page of a dictionnary" et clot avec "I'm an island", le set de sept titres est assez varié et les chansons assez accrocheuses pour que la formule piano/batterie/voix ne soit pas un gimmick mais une véritable formation capable encore d'évoluer. Les deux derniers titres laissent d'ailleurs présager du meilleur. "Ego zero" tout d'abord a la ligne de piano si mémorable et aux paroles si tourmentées. Et enfin, "I'm an island" au final Khanatesque où l'on aura pu voir le pianiste passer du calme a la violence en martelant son clavier tout en respirant de grandes bouffées d'air comme un asmatique. Certains y verront un cliché mais, je n'ai pas ressenti les choses de cette manière et cette performance m'a laissé avec l'impression d'un groupe qui a encore beaucoup a accomplir mais peut déjà beaucoup.

Passage ensuite à Doppler.
Petit échange entre le bassiste et le batteur avant un nouveau morçeau :
"On joue la reprise de U2 ?"
"Sunday bloody sunday ?"
"Ouais enfin, la reprise de U2"
Et ensuite, ils jouèrent ... autre chose. U2 ? Vous foutez pas de ma gueule. Si U2 avait quelque chose à voir avec ça il seraient en train de se faire tabasser dans une ruelle par trois français qui obéîraient a une rythmique décidé par un dè de 12. Au procès ils pourraient toujours plaider la possession par leurs instruments de musique. Le visage au sourire large et la sueur sont les symptomes du mal mais les victimes sont consentantes. Maltraitant leurs maitres en tordant un groove implacable à l'unisson. Puis, évitant de se rencontrer pendant quelques instants tout en s'emmélant avec talent. Guitare, basse et batterie finissent par se rejoindre dans un même mouvement. Si il fallait lacher une référence serait Keelhaul mais si Doppler est aussi sujet aux changements sans prévenir ils restent les seuls maîtres a bord d'un navire rock nerveux et complexe mais décomplexé. Preuve en est la malice dont ils font preuve en manipulant des rythmiques décalés avec facilité. Le jeu avec les voix est un point fort de leur performance puisque même sans micro les trois échangent des hurlements durant des morçeaux. De petits passages qui semblent improviser mais demande beaucoup trop de précision. L'illusion de la spontanéité est tout de même là mais ce n'est pas un véritable mensonge mais plutôt une marque de joie de vivre. Le sentiment est fort et c'est grace a celui ci et à leurs chansons que les Doppler repartent avec les applaudissement du public et reviennent même pour un rappel. Un groupe d'ouverture qui aura fait office de tête d'affiche.

Passage finalement a Sleepers pour refermer les portes et devant une telle compétition je ne peux pas dire qu'ils aient relevé le défi. Dès la première chanson les dès étaient jettés et bien que je sois resté jusqu'au bout de leur set rien ne m'aura envie de remuer avec les fans conquis qui s'animaient dans la fosse. De plus en plus nombreux a montrer leur enthousiasme le long du concert ils étaient tout de même minoritaire ce qui est un peu surprenant pour un groupe qui a dépasser les dix années d'existence. Le noise rock du quatuor est très bien executé et les musiciens, le bassiste / vocaliste en tête, montrent de l'enthousiasme a jouer la musique qui leur fait parcourir les routes depuis tout ce temps. Cependant, même si la conviction et l'énergie sont là, les chansons et l'émotion ne m'auront pas touché. Trop rock pour ma tête de metal ? Surement. Mais même en y mettant de la bonne volonté je n'ai pas compris comment Sleepers avait acquis leur statut de groupe culte. Le set n'aura tout de même pas était ennuyeux et une apparition de Reuno de Lofofora pour un des morçeau du dernier album où il pose un peu de voix aura rendu ce concert mémorable dans mon esprit. Lofofora est un des groupes qui a fait parti de mon histoire musical et même si aujourd'hui je n'ai aucune envie de les réécouter cela m'a fait plaisir de voir enfin ce chanteur dont j'ai écouté les paroles religieusement quand j'étais encore en quatrième. En résumé, si c'est la passion des deux groupes qui ont river mes yeux sur la scène, c'est le "respect des anciens" qui ma fait rester jusqu'au bout du set de Sleepers. Dommage donc mais deux groupes excellents sur trois ne rabaisse pas la qualité d'une soirée. Surtout quand les deux groupes sont aussi uniques et formidables que My Own Private Alaska et Doppler.

Sunday, January 13, 2008

Dirge - Wings of lead over dorment seas Blight Records / Equilibre Music 2007

Neurosis. La référence est évidente alors autant la planter dès le départ. Le groupe, dans le dernier interview qu'ils ont donnés au magazine Noise, semblait fatigué de cette comparaison de journaliste pressé de classifier Dirge dans un panorama. Le but de cette chronique sera donc de dépasser cette comparaison afin de rendre hommage a la grande qualité de l'album ici présent. "Wings of lead over dorment seas", un double album massif et complexe que l'on peut traiter d'oeuvre d'art sans peur de prétention. En concert, devant une toile projettant un film constitué d'images de phénomènes naturels, les musiciens inspirent un sentiment de dévotion. C'est en cela que l'on peut comparer Dirge à Neurosis (ou inversement) car chacun des deux groupes engendrent chez l'auditeur ce besoin de se receuillir et de se plonger au plus profond de soi. Le grain des voix aussi peut être mis en parallèle. Mais, une fois remplacé par un autre vocaliste, comme sur le deuxième disque, la comparaison n'a plus de sens et la force de Dirge prend tout son envol dans une longue plage d'une heure. Pas vraiment une chanson mais plutôt une pièce de musique où un saxophone, un violon, de la distorsion crée par ordinateur et les instruments restant accompagnent le film qui se déroule devant nos yeux. L'album ne pourrait toutefois pas être taxé de "conceptuel" à mon sens car la musique ne traite pas d'un sujet particulier. Ce serait plutôt à l'auditeur de créer soi même les images qui vont de pair avec ces deux disques.

Les longues plages du premier disque, sans former un tout aussi dense que le second, sont propices à une immersion sonore et spirituel complète. On ne pourrait écouter ce disque tout les jours distraitement. Pour cela il faut choisir un moment de silence complet pour que rien ne puisse venir troubler la surface de la substance sonore qui suinte des enceintes une fois la première chanson démarré. "Meridians", une invitation a la prière au nom de notre mère la Terre. 19 minutes entrecoupés par des textures noise. Peu de changement dans la mélodie ou le rythme mais une richesse bien particulière, celle que peuvent engendrer les groupes capable de créer un morçeau aussi hypnotique, cathartique et sombre. Ces deux derniers mots sont a mettre en gras quand on parle de ce disque. A se laisser pieger par le disque, on ne peut échapper au vagabondage de son propre esprit. Et que dire d'autre d'une musique aussi sombre et mélancolique qu'elle évoque les plus douloureux moments de notre vie. Cependant, car la longue traversée qu'impose le disque connait une conclusion, la lumière qui perce au bout du disque apporte plus que le douloureux receuillement qu'elle provoque. On aimera ou on ne supportera donc pas ce pelerinage sonore de plus d'une heure (les deux disques formant des pièces séparés, contrairement à un album comme "The fragile" de Nine Inch Nails) ou on ne sera pas touché par les mélodies et la douce lourdeur des guitares. "Wings of lead over dorment seas" est une expérience très particulière et elle ne plaira, bien evidemment, pas à tout le monde.

Plonger dans un disque de ce genre est un plaisir que l'on apprend a aimer bien plus difficilement que des albums comme ceux de Isis, Cult of Luna ou Mouth of the Architect. Des groupes que certains compareront peut être à Dirge mais qui n'ont strictement rien a faire cote a cote. Les guitares, tout en formant une masse cohérente et portant un rythme et une mélodie, sont accompagnés d'explosions sonores tout en gresillement et en effet psychédélique formant le vortex qui aspirera l'attention de l'auditeur. Malgrès la durée hors norme des chansons, elles ne se perdent pas dans une répétition facile d'un seul mouvement. Tout en étant monolithique, les arrangements n'ont rien de minimalistes et il faudra juste que l'auditeur se laisse guider par les mouvements des musiciens pour qu'il s'en rende compte. Dirge guide mais ne donne pas les clés du secret. Autant durant le premier que le second disque, personne ne viendra vous prendre par la main pour vous faciliter la tâche. Pas vraiment élitiste mais plutot destiné a une certaine catégorie de personne. "Wings of lead over dorment seas" n'est certainement pas un disque qui créera le consensus parmis les fans de ce "genre" de musique. Bien qu'entouré de références auquel le groupe ne peut échapper du fait de l'époque et de la popularité de Neurosis, Isis ou Cult of Luna, Dirge crée, grâce aux mêmes instruments et a des influences communes, une oeuvre forte et complexe. Une longue phrase que je résumerais en trois mots : Dirge crée. Ecoutez.