Wednesday, October 31, 2007

Professor Fate - The Inferno (FETO Records) 2007


Professor Fate. Un pseudonyme derrière lequel se cache, sous un masque de bouffon diabolique, Mick Kenney, aka Irrumator de Anaal Nathrakh. Déjà responsable du rôle de batteur dans Mistress, groupe de sludge grind, et de guitariste dans Exploder, groupe de hard rock couillu, le voilà parti pour nous montrer une nouvelle facette de son travail. Cette fois en solo, il illustre musicalement l'enfer de Dante. Le thême a été exploré par une liste interminable d'auteurs et d'artistes et ce n'est donc pas là que l'on trouvera l'originalité de la démarche. Professor Fate se dégage à la première note de toutes les attentes que l'on pourrait avoir de la part d'un homme comme Mick Kinney. Aucune référence musicale au black metal, au metal ou à la débauche de violence grandiloquante a laquelle il nous avait habitué jusqu'à présent. Professor Fate est un projet solo réalisé à l'aide d'un clavier reproduisant, entre autre, des notes d'orgue, de violon ou de trompette, d'une boite à rythme et de sa propre voix. Et oui, non content de maitriser tout les instruments necessaire a former un groupe de rock, l'homme orchestre qu'était déjà Mick Kenney pose ici ses premières lignes vocales mélodique. C'est sur ce point de détail que repose l'appreciation de ce premier effort.

On apprend en regardant dans le livret que son père, sa compagne, mais, aussi Kristofer Rigg (qui viens poser sa splendide voix sur "Limbo") l'ont tous encouragé pour mener a bien ce projet et il y a fort a parier que c'est dans le domaine du chant qu'il avait besoin d'encouragement. Les sonorités des instruments ont ce petit arrière gout digital qui empêche le disque d'être aussi grandiloquent qu'il pourrait l'être avec de véritables instruments. Sur ce point, on ne pourra pas faire de reproches à l'auteur, il a fait avec les moyens du bord et s'en tire très bien. Resolument gothique et théatrale, la musique explore efficacement tout ce que j'associe mentalement à l'oeuvre de Dante, n'ayant pas lu l'oeuvre et ne connaissant que sommairement le sujet. Les chansons s'écoutent comme des chapitres, décrivant chacune une émotion ou un passage particulié de l'oeuvre. Le disque peut donc s'écouter comme une succession d'évenement ou comme un voyage à travers l'oeuvre. De ce point de vue là, l'objectif fixé est atteint. Mais autant on peut apprecier le sens de la composition de Mick Kenney, autant sa voix peut déranger. La ligne mélodique de Krisoffer Rigg se mèle parfaitement à la musique sur "Limbo" et en fait la meilleur plage de l'album. Kenney à l'inverse n'a pas autant de coffre et de variété dans son registre vocale pour se permettre de changer sans problême d'une émotion a une autre.

Par exemple, quand sur "the Gates of Hell" il emploi une voix semblable a celle d'un bouffon qui guiderait l'auditeur dans un labyrinthe, il interprète son rôle a merveille. Mais quand il se veut plus sombre et mélancolique, sur "The Glutonous", sa voix convient moins et certains esprit moqueur pourrait même la trouver ridicule. En toute franchise, j'imaginais en achetant le disque Rigg se trouverait sur toutes les chansons. Se fut donc avec un peu de deception que j'ai découvert la voix de Kenney. Mais, malgrès tout, je m'y suis habitué et une fois l'effet de surprise passé il est indéniable que, pour un premier essai, The Inferno est un disque encourageant avec plus de qualité que de défaut. La réalisation manque de moyen mais malgrès cela l'atmosphère crée est crédible et n'a pas les défauts d'un film de série B qui voudrait trop faire sans en avoir les moyens. Bien qu'utilisant des sonorités propre au classique, la musique est dynamique et certains titres sont très accrocheurs, comme "Limbo", "the Violent" (où apparait Dirty Von Donovan, le chanteur de Exploder) ou "the Lustful" et ses violons entétant. D'une durée raisonnable, ce premier album du Professor Fate est a encourager mais n'est pas pour l'instant une pièce maitresse de l'oeuvre de Mick Kenney mais un essai qui lui permet d'étendre son registre musicale. En effet, le bonhomme déclarait recemment sur sa page myspace qu'il désirait composer des musiques de films. "The Inferno", pris comme un carton d'invitation envoyé a de possibles réalisateurs, est donc une oeuvre a garder en mémoire quand elle lui permettra d'arriver a ses fins. Et avec un album aussi encourageant que celui ci, il y a des chances qu'il y arrive.

Tuesday, October 30, 2007

Ulcerate - Of fracture and malice (Neurotic Records) 2007


L'année 2007 fut chargé d'excellentes sorties black metal tandis que le death metal se tordait dans le coin en hurlant de douleur, ne sachant comme se renouveller. L'éthique black metal, si l'on peut appeler cela ainsi, donne l'avantage a ce "genre" car il permet aux groupes de s'aventurer dans des tas de directions différentes tout en étant encore considéré comme des groupes de black metal. L'exemple d'Ulver le montre bien. Même en étant a mille lieu aujourd'hui de ce qu'ils étaient à leur début, leur passé de groupes de black metal norvegien les poursuit encore dès que l'on mentionne leur musique. Les groupes de death metal en comparaison ont une marge de manoeuvre moins large et doivent donc, pour être encore affilié a ce domaine, joué avec les bases du genre. C'est à dire, des riffs technique et une atmosphère morbide souligné par une violence sonore crée par des cris gutturaux, des riffs discordants et une batterie déchainé qui enfile blast après blast. Les jeunes groupes de death metal s'orientent donc généralement vers des riffs gras, massifs, dans l'optique de faire bouger les têtes et les cheveux avant de faire se remuer les neurones. Le death metal, genre de metal qui privilegie la performance physique et la technique pure, s'enterre très souvent dans le répétitif et le bas du front.

Ulcerate, à l'instar de Psycroptic, ne délaisse pas la violence pure et dure pour mériter sa place dans le monde du death metal mais, car il y a toujours un mais, use tellement de capacités techniques chaotique que l'atmosphère ainsi crée est beaucoup plus interessant. Les riffs ne sont pas anguleux mais tortueux. On ne peut parler de sonorités grasses mais de fil enmélés dans une toile qui ferait passer le cube, du film du même nom, pour un bête rubix cube. Influencé par Hate Eternal, la déferlante de technique fait d'abord penser au dernier disque de ce même groupe, "I, monarch". Même genre de production, même obsession pour la technique. Mais là où Hate Eternal était encore proche d'un format de chanson classique, Ulcerate se la joue éléphant dans un jeu de quille et mélange tout avec force tout en faisant preuve de précision. L'éléphant renverse mais remet tout dans un nouvelle ordre que vous pourrez observer à loisir pendant de longs moment, sans comprendre ce qu'il vient de se passer comment a t'on pu en arriver là. Le jeu du batteur est tout particulièrement attractif car il délaisse le blast bête et linéaire et l'enrichit de multiples mouvements vers les cymbales ou de roulements. Une sorte de version plus comprehensible du batteur de Crowpath avec la dynamique en moins.

Death metal, donc plus statique qu'un groupe de grind, Ulcerate se place dans la catégorie des groupes que je qualifierais de cérébraux. Le fan de base aura du mal a aimer ce disque car il lui manquera les accroches qui le feront partir en furie en faisant le ménage avec ses cheveux. "Of fracture and malice" s'écoute attentivement et s'apprecie pour la merveille de technique qu'il représente ainsi que l'atmosphère morbide qui s'en dégage. De plages en plages on retrouve le même chaos explosif seulement interrompu par quelques notes sombres, de brèves interruptions procurant un peu de relief mais trop rare pour rendre le disque plus approchable par autre chose que des fans de death ou de technique. Dommage car si j'en juge par la présence d'un sweet shirt Isis sur une des photos promo, il y a fort à parier que Ulcerate gagnera sur son prochain disque en ouverture vers d'autres domaines. Peut être un peu moins death. Peut être encore plus cérébrale. Peut être pas plus technique par contre. Bien que la barrière ne cesse d'être franchis constamment avec toujours plus de jeunes groupes plus fous et rapide les uns que les autres, dans le cas de Ulcerate, rechercher a faire plus fou et plus technique reviendrait a délaisser l'aspect atmosphérique et, plus que tout, c'est cela qui fait de Ulcerate un excellent groupe de death metal, progressif et très interessant.

Tuesday, October 23, 2007

Tha Blue Herb - Life story (THB Recording) 2007


Protégé de Dj Krush à leur début, Tha Blue Herb est un des groupes de rap japonais que l'on ne voit jamais sur le devant de la scène de ce pays qui reste déjà assez discret dans les medias européens, à quelques exceptions près, quand on parle de sa musique. Le Japon, pour ce qui est de sa scène rap, en est resté aux clichés américains de l'époque de 2Pac et de Notorious B.I.G. moins les guerres de gangs. Les yakuzas font encore partie de l'actualité mais la pègre et la violence, marque de fabrique du gangsta rap américain, n'est pas véritablement mis en avant dans cette scène qui compte des rappeurs comme Dabo ou Zeebra dans ses plus gros vendeurs. Deux noms qui ne voudront pas dire grand chose aux lecteurs de ce site. Une seule recherche sur youtube vous rassisera pourtant facilement en vidéo et vous montrera a quel point il n'y a pas grand chose de différent entre les clips de Jay Z et de Busta Rhymes et ceux des deux rappeurs susnommés. A passer en accélerer sans s'arrêter histoire de ne pas perdre de temps. Le vrai sujet de cette chronique est Tha Blue Herb, un des meilleurs groupe de rap indépendant japonais, et peut être même un des seuls (mes connaissances sur le sujet n'étant pas exhaustives).

Tha Blue Herb, si il fallait continuer la comparaison avec les Etats Unis sont au rap japonais ce que les Aesop Rock et El-P sont au pays de Lil Jon. Des anomalies que l'on a du mal a mettre dans le même genre ou a rattacher à la culture hip-hop. Et pour cause, alors que le rap parle de rue avec violence et regret, Tha blue Herb evoque des paysages mélancoliques où les instrumentales electroniques caressent l'oreille avec la même légereté qu'un rayon de soleil. La ville que décrit la musique de Tha Blue Herb est faite de voitures volants doucement et de néon légers, une ville silencieuse que les yeux de Illbostino, rappeur du groupe, regarde défiler devant ses yeux avec mélancholie. Le premier album du groupe, "Still, still dreaming", empruntait beaucoup au rap de rue de Nas et de son "Illmatic", influence assumé et revendiqué par le groupe. "Sell our souls", le deuxième, prolongeait les ambiances dans des instrumentales pratiquement dub et des experimentations sonores jouant sur les boucles et les rythmiques décalés. Un album plus difficile mais aussi plus aventureux. "Life story" continue sur cette route et l'achève en condensant les plages sur des durées plus courtes et des chansons plus variés. Notes de piano, rythmique légère, effets electroniques et flow s'allient et volent alternativement entre eux pour former des instrumentales variées mais qui ne pèsent jamais sur l'oreille.

Et c'est là que nous en venons aux paroles. Comment parler d'une langue que l'on ne comprends pas et dont on ne distingue pas vraiment les mots ? Et bien, avec l'experience d'une écoute attentive d'autres groupes de rap japonais. Même en ne comprenant rien a ce que racontait les rappeurs de Nitro Microphone Underground (dont le premier album éponyme est très recommandable), les mots en anglais et les phrases courtes ne laissait pas de doute sur la facilité de la langue et des paroles. Efficace et accrocheurs, les chansons étaient très sympa mais ne demandait surement pas beaucoup de reflection. Or, ce qui m'a en découvrant progressivement Tha Blue Herb, c'est a quel point le phrasé de Illbistino se sont orientés vers des rimes complexes, des phrases longues au flow alambiqué et surtout une sensiblité a fleur de peau. Et c'est cette voix morne et douce qui surmonte les compositions (dénués de samples) du producteur O.N.O. et amplifie l'émotion douce mais irrépressible qui domine cet album. En épousant aucun des clichés qui font du Japon cette curiosité culturel remplis de mangas, de néons et de perversions incompréhensibles, Tha Blue Herb réalise un film sonore dépeignant une métropole qu'eux seuls connaissent aussi bien et dans laquelle ils vous invitent, la ville de Sapporo, bien loin de Tokyo et de son excitation, une ville que j'aimerais visiter et que j'aime écouter.

Monday, October 22, 2007

Rosetta - Wake / Lift (Translation Loss) 2007


Après un premier album assumé comme étant un effort pour rendre hommage à leurs influences les plus évidentes, Neurosis et Isis, Rosetta devait trouver son propre souffle afin de faire voler aussi loin leur montgolfière que le héros de leur premier album, un astronaute, les avait emmenés. Dans l'espace fascinant et dangereux des jeunes groupes au potentiel palpable mais qui doivent encore faire leur preuve. Deux ans plus tard, avec un split avec Balboa entre, et les revoilà qui vienne nous déposer un nouvel album. Deux chansons de plus par rapport au précédent, des titres à la longueur plus variés (de la dizaine de minutes jusqu'a trois minutes pour la deuxième partie du triptique "Lift") et une originalité qui se dévoile avec grâce et majesté. Oui, ici à Eklektik on aime les groupes typé posthardcore. Je m'en rend coupable moi même et je sais que c'est dans l'air du temps de dire du bien de ce genre de groupe. Mais, voilà, quant il y a du talent, il faut bien le reconnaître, et de même pour l'originalité. Malgrès l'étiquette, les parallèles possible entre les groupes, il n'y a pas de mal a prendre du plaisir en écoutant un disque bien fait dont les musiciens tissent un nouveau tissu à partir d'influences communes a d'autres groupes.

Et le costume dont se drâpe Rosetta est d'un bleu lumineux qui leur sied à ravir. Ce qui est d'ailleurs plutot original pour un groupe que l'on associe a des artistes qui prone une cathartie douloureuse (Neurosis, Cult of Luna, Mouth of the Architect ...) . Dès le départ de l'album, malgrès les cris du chanteur, la musique est apaisé. Jouant sur des nappes de guitares plutot que des riffs, la mélodie qui nage entre la distorsion fait sourire et apaise. Et a partir de là, l'émotion continue et reste tel qu'elle. La composition évolue, la mélodie change. La distorsion se tait, la batterie continue de jouer de tomes en cymbales, mais le sourire reste à mon visage. Je dois être devenu un putain de hippie. Ca doit être ça. Ou alors Rosetta est un groupe qui me plait trop pour que je puisse en vanter les mérites sans être objectif. Mais est ce mon travail de toute manière ? Peu importe. Le résultat est là et vous en jugerez par vous même, je vous invite. Tout aussi bien produit que leur premier album, avec un son de guitare flou qui favorise l'émotion, dans les passages plus lourd, plutôt que de clarifier le jeu du guitariste, et toujours cette frappe naturel de batterie. L'acoustique ne change pas mais la pièce a beaucoup évolué avec ses acteurs plus confirmés.

Les compositions, comme l'on peut en juger par le composite "Lift" et les deux dernières plages, sont plus longues mais aussi plus complexes. Alors que "The galilean satellite" reprenait a son compte le sens de la composition de Isis, Rosetta prend plus de liberté et, tout en alternant entre la distorsion et la guitare claire, et alterne plus la dynamique. La batterie, toujours en mouvement, est largement mis à contribution pour faire l'originalité du groupe, mais la superposition de samples sur une ligne clair de guitare (comme sur "Lift part 2") et le jeu des instruments qui se chevauche pour mieux se rejoindre font de ce disque une nouvelle réussite qui conviendra autant aux fans de "postcore" qu'a ceux qui apprecient leur metal avec des experimentations et un besoin compulsif de passer au delà des clichés et de regarder bien plus loin que tout le monde. Tout en affirmant sa position de groupe à suivre avec attention dans un genre tellement bondé que les musiciens ne cessent de chercher de l'air en se callant contre les vitres, Rosetta poursuit sa course et satisfait les attentes du fan, que je suis, mais aussi celles du bouguon dubitatif, que je suis aussi, quelque part, qui voulait un peu plus de risque et de personnalité. "Wake / Lift" est un très bel objet, autant d'un point de vue musical que dans son packaging superbe présentant une architecture longue, complexe et porté vers les hauteurs. Une illustration qui représente parfaitement ce groupe.

Friday, October 19, 2007

The Black Dahlia Murder - Nocturnal (Metal Blade) 2007


The Black Dahlia Murder est un des groupes de metal que certains fans du genre renient et écoutent discrètement dans leurs chambres quand leurs parents sont parties. La raison de ce besoin de discrétion est floue mais il semblerait que certaines personnes commencent a porter des coupes de cheveux à mèches après avoir entendu un album. Grave symptome de notre temps que celui ci et l'on comprend bien que le risque de perdre toute crédibilité auprès de ses amis metalleux et bien trop grand pour ne donner ne serait ce qu'une chance a ce quintet américain. Pourtant, après des dizaines d'écoutes de l'album précédent je ne peux pas dire que j'ai eu envie de porter du slim, ni même d'aller a un concert de Fall Out Boy. The Black Dahlia Murder ne serait alors peut être pas un groupe d'emo ? Peut-être même, mais alors je m'avance un peu vite, que ce ne serait pas un groupe de metalcore ? Et alors, peut être, mais là je deviendrais déraisonnable pour tout le monde du metal, que the Black Dahlia Murder serait un putain de groupe de metal ? Juste un groupe de metal avec des influences death et thrash et une machine a blast dans le dos pour faire bonne mesure.

Cette chronique sera donc polarisé dans un sens : le plus. Mon but est de vous convaincre, vous, lecteurs qui doutez, que "Nocturnal" est un bon album. Ceux qui sont déjà conquis par "Miasma" et veulent se prendre une deuxième couche avec un supplément de violence, peuvent déjà passer à la caisse et emporter le disque chez eux. Les autres, écoutez moi bien. "Nocturnal", contrairement à Miasma, évite la case "intro instrumental sympa" et rentre directement dans le vif du sujet avec un de ces nombreux riffs que l'on aime retrouver sur un album de the Black Dahlia Murder. Une grosse influence At the Gates et Dissection se dégage de l'album. La couverture en elle même ne laisse pas de doute sur le sujet. Mais, c'est une infuence digéré et vomi avec force sous la forme de dix plages d'un metal violent et mélodique sans aucun compromis. Pas de mosh part ou de refrains mélodiques. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi, en dehors des groupes avec lesquels ils ont tournées, The Black Dahlia Murder a été associé a la vague metalcore depuis Unhallowed. Il paraitrait que leur premier disque était metalcore. Premier disque dont une chanson apparait d'ailleurs ici, "What a horrible night to have a curse". Mais si j'en juge par cette plage, elle n'a rien de metalcore et même le début de leur carrière serait donc consacré a fondre du metal en provenance de suède.

En résumé, aucune controverse valable et juste quelques jaloux qui ne supporte pas qu'une bande d'américains s'approprient ce qu'ont fait des groupes suédois il y a une dizaines d'années. Et je veux bien le comprendre. Mais se vantent-ils d'avoir inventé quoi que ce soit ? Et est ce qu'ils le font bien ? Bon, alors, où est le problême ? Le metal est un genre qui se répète inlassablement et produit de nombreux disques identiques mais jouissif. "Nocturnal" est l'un d'entre eux et il, honte a lui, accompagné d'une horde de fans trop enthousiaste et d'une machine à hype exagéré. Mais, au delà des apparences, ce que l'on retrouve c'est tout simplement une collection de gros riffs très bien joués, des solis bien executés accentués par une rythmique implacable et une production puissante. Plus brutal et que son predecesseur et peut-être aussi un poil plus technique, la recette est la même mais ne me deplait pas pour autant. . A partir de là, en prenant ces éléments en compte, et en écartant ce qui entoure la musique, vous pouvez décider si vous avez besoin d'un album de death metal mélodique brutal de plus chez vous ou si vous pouvez faire sans. De mon coté j'ai eu un peur en attendant cet album mais tout mes doutes ont été écartés une fois que la première plage a été consommé. The Black Dahlia Murder fait ce que l'on lui demande très bien et je n'ai besoin d'aucun autre groupe pour satisfaire mes envies de metal brutal et efficace.

Thursday, October 18, 2007

Aborted - Slaughter & Apparatus (Century Media) 2007


Aborted, fier combattant du death grind, continue envers et contre tout de fournir des albums satisfaisant et viollement jouisif au fil des ans. Sven, meneur de jeu de la troupe qui ne cesse de se renouveller, garde la barque dans la même direction sans pour autant se répéter. La voix caverneuse du grogneur belge est toujours un des éléments les plus reconnaissable de Aborted mais, ce n'est pas le seul. Car, bien qu'augmentés de deux nouveaux guitaristes, Slaughter & Apparatus conserve ce feeling particulié que les couvertures d'albums illustrent bien. Les zombies et les films d'horreurs, c'est bien, mais les véritables carnage que l'humanité essème à travers son histoire sont beaucoup plus terrifiants. Preuve en est ce nouveau concept central qui s'inspire très fortement de l'holocauste et des mesures repressives que chaque dictature sait si bien instaurer pour faire taire toute possiblité d'éclosion d'un mouvement de resistance. Future proche, année indéterminé, une industrie d'extermination massive des renégats est instaurés afin de résoudre le problême grandissant d'une population bien trop importante. Le cauchemard Maltusien résolut a coup de camp d'extermination massifs.

Le thême n'est pas des plus originals mais il est beaucoup plus sérieux que le personnage de docteur fou, torturant ses patients, que les deux albums précédant arboraient. Et avec ce changement de ton viens aussi une orientation plus metal et une atmosphère beaucoup plus violente et malsaine. Mon seul reproche vis à vis de the Archaic abattoir était qu'il sonnait comme un album trop sympathique, trop distrayant, pour un groupe de death metal. Il n'y avait rien de menaçant dedans. Juste des chansons extremement efficace dans l'art de faire remuer les fosses et de faire se secouer les cheveux d'une horde de metalleux. Aborted a acquis une excellente réputation scénique grâce a celà, et tant mieux, mais il est temps de passer a un autre niveau, et c'est là que Slaughter & Apparatus intervient. En écoutant la mélodie d'introduction de "The foul nucleous of resurrection" ou le riff qui conclut "the Spawing sceance" je ne peux m'empecher de ressentir à chaque fois le même malaise que quand j'avais regardé "Zombie" il y a pas mal d'années. La déshumanisation de l'être humain. Les sentiments remplacés par le désir mécanique de tuer et de se nourrir. Aborted n'a cette fois pas produit qu'un album de death metal qui peut porter ce titre musicalement parlant mais aussi du point de vue du ressentis des riffs. Des riffs qui ne parlent plus que de détruire. Des riffs avec du vocabulaire en plus en quelque sorte. Sales, repoussants et vicieux mais agréables à l'oreille.

Le mélange de la violence, des mélodies et des accroches vocales est encore plus aboutis que sur The archaic abattoir. Les solos de guitares sont aussi particulièrement bien joués. Non seulement d'un point de vue technique mais surtout car ils apportent vraiment une touche plus mature et plus réfléchis a ces chansons qui pourrait n'être qu'un enfilement de chansons violentes. Rigolotes mais oubliable très vite, comme un album de death metal classique. Mais, bien sur, Aborted n'est pas de ceux là et élimine facilement la concurrence, surtout quant on les compare a la moyenne des groupes de deathcore americains. Point de mosh part ici mais des rythmiques à base de blast et de double grosse caisse tellurique. Le batteur des australiens de Psycroptic joue très bien son rôle et fait preuve de virulence mais aussi d'un peu de retenu et de finesse, quant il le faut. Ces moments sont rares, mais il suffit de prêter l'oreille derrière le claquement omniprésent de la double pour se rendre compte que le batteur ne joue pas la facilité mécanique d'une bête boite a rythme et apporte une touche personnel a ce mur de violence. La production est froide et propre, Tue Madsen oblige, mais quand on fait dans la brutalité et que l'on veut donner vie par le son a un holocauste froid et méthodique ce n'est pas un mauvais choix. Du statut de groupe de death grind agréable, Aborted atteint le stade du groupe de death metal aux touches grindcore qui peut se vanter d'être plus qu'une simple machine a faire de la violence. Avec ce disque, le quintet de musicien a produit un maître étalon mémorable qui a de quoi faire palir la competition.

Aesop Rock - None shall pass (Def Jux) 2007


Bazooka tooth avait laissé les fans de Aesop Rock avec une facette plus electronique et plus violente du rappeur. Ses qualités d'écritures et de compositeur n'était pas a remettre en doute mais la combinaison des deux se rapprochaient trop de l'experimentation de El P. Et un El P, on en a déjà un, c'est Aesop Rock que l'on veut. Plainte des fans, le maitre écoute et None shall pass éclot finalement après un EP sympathique, mais pas formidable, Fast cars dangers and guns. L'attente derrière ce disque était importante et se faisait anxieuse mais, dès le premier titre, toutes les inquiétudes sont balayés. Encore mieux, la première chanson eponyme se place d'ors et déjà sur la ligne de départ pour être le nouveau Daylight, le single magique et mémorable que tout le monde demandera a entendre. None shall pass n'est pourtant pas un pas en arrière dans sa carrière. Les effets electroniques de Bazooka tooth se retrouve encore sur des titres comme "No thieves" (et son "Money, money" ironique répétés par Mr Lif) mais ce sont les instrumentales riches en samples et naturels de Blockhead qui font la couleur de ce disque.

Le virage uniquement electronique était attrayant mais il ne convenait pas a un rappeur aussi humain qu'Aesop Rock. Ses paroles ont besoin de sonorités naturels pour former une équation parfaite et c'est cela que les fans ont bien fait de lui rappeler. Il ne délaisse pourtant pas la production et produit de très bons titres (et y'en a t'il de mauvais sur cet album ?) comme "Catacomb kids" ou "Citronella", un de mes titres favoris de l'album et peut-être même de l'année. Mais en se concentrant surtout sur les textes, il donne de la respiration a l'album en confiant la production a d'autres mains. Assisté par Blockhead mais, aussi par El-P (sur "Gun for the whole family" que l'on reconnait instantanement l'auteur) ou Rob Sonic ("Dark heart news") "None shall pass" a assez d'ambiances différentes pour être un album qui ne lasse pas et se laisse découvrir. Riche et divers, les quatorzes titres instrumentaux sont aussi une lettre d'amour à New York. Jazz, funk, sombres, urbaines et habités, l'identité de Aesop Rock se construit toujours dans les rues de la grosse pomme. Par contre, les paroles n'ont pas gagné en crédibilité si jamais le rappeur voulait se déguiser en prophète du ghetto. Dalek se charge très bien de ce quartier du rap indépendant.

Non. La touche Aesop Rock ce sont toujours ces textes complexes qu'une écoute attentive laisse reveur tant les images mentales changent de rimes en rimes pour s'unir a une même histoire coloré et vivante. Exemple, cette phrase extraite de la chanson eponyme "No score on a war torn beach where the cash cow's actually beef. blood turns wine when it leak for police like that's not a riot it's a feast, let's eat". Ce n'est pas, exactement, ce que j'appelerais, des paroles traditionnels en matière de rap. Rapide, assuré et vivant sous les coups des rimes multiples et surprenantes, le flow de Aesop Rock s'apprecie même sans se comprendre car il crée assez de mouvements pour se jouer du ton, en apparence, monocorde, du rappeur. Réaliste et magique à la fois, le visuel de l'album donne le ton en représentant un crâne dotés d'ailes et de mains s'envolés avec un coeur à l'intérieur et deux balances soutenant des représentations cartoons de Aesop Rock et de Blockhead, les deux architectes principaux de ce disque. Chercher l'interprétation ou le symbole fort serait passé a coté du but finale du disque. Car si l'on nous raconte une histoire, c'est aussi pour exciter nos oreilles et developper notre imagination. Le sens des paroles est laissé a interprétation et le cirque psychique crée par "None shall pass" vous embarque pour de nombreux tours de pistes. Infatiguable, ce nouvel album est un classique de plus a rajouté à la discographie de Aesop Rock. Pas de crédibilité ghetto ou de pretentions intellectuels, juste une collection de plus dans la vie d'un artiste complet.

Wednesday, October 17, 2007

Asunder - Works will come undone (Profound Lore)


Le rythme funéraire de la musique ennivre et emporte sur les routes. Une longue procession moyennageuse où l'on célèbre la vie d'une femme ou d'un homme, non identifié. Asunder, groupe a la paternité prestigieuse, puisque fondé avec un ex Weakling, un des grands noms de la scène black metal americaine, se place dans le death doom des origines, My Dying Bride en référence première, mais élargit le champ d'action en forgeant un glaive beaucoup plus sombre et progressif. Works will come undone, monutmental disque a deux facettes de 20 et 50 minutes chacunes, n'est pas un album que l'on peut mettre entre toutes les mains, mais que l'on aimerait pouvoir faire écouter au plus de personne possible. Tout le monde n'aime pas les atmosphères sombre, les voix gutturales, les guitares lourdes et les chansons longues et complexes. Mais tout le monde devrait aimer les chansons riches en émotion, en savoir faire et en sincérité. Le monde n'en serait que meilleur. De là à dire que seul l'élite puisse apprecier ce disque, je n'irais pas jusque là. Mais, si vous aimez ce groupe, et si ces chansons vous touchent, alors je vous estime déjà beaucoup. Ce n'est pas grand chose, mais, c'est toujours ça de pris.

Un rythme funéraire donc, mais, aussi, une ambiance et une colline qui se dessine au fil des pas et des respirations de chacun des musiciens qui participe à cette procession. La route est sinueuse et le violon et la rythmique se charge de marquer ces changements de directions par une constance dans le ton mais une variété bien venu dans l'execution de cette tache. Car, quant on me parle de funeral doom, genre forcement associé a la thématique évoqué par Asunder, on ne pense pas a une composition riche mais a la répétition de riffs lourds et extremement lents. Ici, la variété du jeu de batterie et le son naturel des instruments donne toute sa vie a ses deux plages et transforme l'écoute en une activité qui invite l'auditeur a guetter le mouvement des musiciens plutôt que de le subjuguer avec une atmosphère lourde, lugubre et envahissante. La musique de Asunder, qu'importe la plage, transforme la pièce et vous emporte. Malgrès l'heure d'écoute, moi même je ne pourrais couper cette chanson pour la reprendre plus tard. Cela n'aurait pas de sens. Cela ne se peut. Une fois lancé, on se doit de finir la procession jusqu'à son terme pour en consommer le plus de détail possible jusqu'à la prochaine écoute.

Sombre mais pas grotesque. Subtile mais pas pédant ni trop recherché. Il y a quelque chose d'ancestrale dans Asunder mais aussi de très personnel. L'étiquette doom prend sens bien plus qu'au niveau musical mais aussi tout simplement en exprimant le sentiment d'inéluctabilité de la mort que célèbre Works will come undone. Les cinq musiciens jouent tous avec le même but : faire de ces deux plages des chefs d'oeuvres d'un metal sombre et romantique, embrassant leur héritage mais se delestant de tout clichés. Reste la durée abusive du deuxième titre. 50 minutes pour 25 minutes de drone leger en conclusion. Je coupe toujours la chanson a son milieu car j'ai du mal a saisir l'utilité de cette longue conclusion. Pas inécoutable mais redondant après deux plages riches en sonorités. Le passage au minimalisme est bien effectué et l'on pourrait se laisser porter encore un peu par ces gresillement légers. Je fais le choix d'interrompre le voyage a la conclusion qui me semble la plus logique. Decidez comme vous le voulez, mais prenez le temps d'apprecier ce qui précède car vous n'aurez pas souvent l'occasion d'entendre pareil musique. Asunder, mystérieux et sublime groupe de musicien, se place dans le même rang qu'un groupe comme Maudlin of the Well de par son originalité et son refus d'emprunter les routes balisés par d'autres musiciens. Car si il faut célébrer la fin de l'existence de quelqu'un, autant le faire en le montrant dans tout ce qui a fait de sa vie un monument. Et, a en écouter ce disque, cet enterrement est si riche et fastueux qu'il est digne d'un Roi.

Monday, October 08, 2007

Dossier death / mathcore

Le suffixe core se pose aujourd'hui partout. Postcore, breakcore, deathcore, ces genres ne datent pas d'hier et rassemblent sous leurs etiquettes communes un très large panel de musique qui n'ont pas grand chose au commun, voir rien du tout. Pensez que Isis, Squarepusher et Animosity partagent un suffixe en commun sans jamais ne rien a avoir de proche musicalement et vous comprendrez bien vite que mettre un core a la fin de votre genre signifie aussi le rendre aussi peu précis que possible. Parce que, qu'est ce que le core sinon une manière simpliste de dire d'un groupe qu'il est "quelque chose" mais avec un petit plus d'agressivité, de complexité etc ... Un petit plus qui fait la différence et nous amène aujourd'hui à parler de deux de ces avatars les plus populaire dans le millieu metal extrême : le mathcore et le deathcore.

Globalement influencé par, ou reconnaissable a des tics propre a, Meshuggah, les groupes de death metal technique comme Suffocation, Cannibal Corpse ou Cryptopsy, les accelerations dissonantes du grindcore et l'esprit de dépassement des limites musicale et de liberté du free jazz, les musiciens associés a ces deux genres exhibent une maitrise technique tournant parfois à la folie furieuse, Psyopus ou Sikth, par exemple, sans pour autant en faire leur fer de lance, comme chez Fuck the Facts par exemple. En effet, même si ces genres peuvent retracer leurs origines dans des directions aussi variés, on peut aussi les raccrocher a des références comme the Dillinger Escape Plan, Converge ou Today is the Day. Des groupes dont l'attitude n'a jamais été de faire de la technique pour 'épater la galerie mais pour avoir un plus large panel de choix afin d'exprimer leur musique le mieux possible et en variant d'autant plus les plaisirs.

D'autant plus que si on parle de deux genres, même avec des influences communes, c'est qu'il y a deux approches bien différentes. Le mathcore se rattache au mathrock mais y ajoute une large dose de dissonance et de riffs metallique pour en arriver a méler la variété des parties et des rythmes grâce a un grain de folie tout particulié que des groupes comme Sikth ou Between the Buried and Me explore en long et en large et en travers (en ne passant pas par la case départ). Le deathcore par contre est beaucoup plus restraint en comparaison et conserve l'idéal de brutalité et de dépassement physique du death metal mais en y injectant des moshs parts efficaces. Le pit explose et les musiciens sont content de causer encore plus de chaos dans la salle . Si on y ajoute des déchainements techniques et une variété de riffs tous plus gras les uns que les autres on obtient un mouvement musical très populaire, bizarrement, et qui n'a pas l'air de s'essoufler pour autant grâce a la jeunesse des musiciens (les membres de Despised Icon, Beneath the Massacre ou Animosity ont en moyenne la vingtaine et pas plus). Deux genres, deux attitudes et une attitude commune pour des résultats différents qui s'entrecroisent parfois. L'occasion d'un dossier mettant en avant les valeurs surs de ces genres.