Thursday, October 18, 2007

Aesop Rock - None shall pass (Def Jux) 2007


Bazooka tooth avait laissé les fans de Aesop Rock avec une facette plus electronique et plus violente du rappeur. Ses qualités d'écritures et de compositeur n'était pas a remettre en doute mais la combinaison des deux se rapprochaient trop de l'experimentation de El P. Et un El P, on en a déjà un, c'est Aesop Rock que l'on veut. Plainte des fans, le maitre écoute et None shall pass éclot finalement après un EP sympathique, mais pas formidable, Fast cars dangers and guns. L'attente derrière ce disque était importante et se faisait anxieuse mais, dès le premier titre, toutes les inquiétudes sont balayés. Encore mieux, la première chanson eponyme se place d'ors et déjà sur la ligne de départ pour être le nouveau Daylight, le single magique et mémorable que tout le monde demandera a entendre. None shall pass n'est pourtant pas un pas en arrière dans sa carrière. Les effets electroniques de Bazooka tooth se retrouve encore sur des titres comme "No thieves" (et son "Money, money" ironique répétés par Mr Lif) mais ce sont les instrumentales riches en samples et naturels de Blockhead qui font la couleur de ce disque.

Le virage uniquement electronique était attrayant mais il ne convenait pas a un rappeur aussi humain qu'Aesop Rock. Ses paroles ont besoin de sonorités naturels pour former une équation parfaite et c'est cela que les fans ont bien fait de lui rappeler. Il ne délaisse pourtant pas la production et produit de très bons titres (et y'en a t'il de mauvais sur cet album ?) comme "Catacomb kids" ou "Citronella", un de mes titres favoris de l'album et peut-être même de l'année. Mais en se concentrant surtout sur les textes, il donne de la respiration a l'album en confiant la production a d'autres mains. Assisté par Blockhead mais, aussi par El-P (sur "Gun for the whole family" que l'on reconnait instantanement l'auteur) ou Rob Sonic ("Dark heart news") "None shall pass" a assez d'ambiances différentes pour être un album qui ne lasse pas et se laisse découvrir. Riche et divers, les quatorzes titres instrumentaux sont aussi une lettre d'amour à New York. Jazz, funk, sombres, urbaines et habités, l'identité de Aesop Rock se construit toujours dans les rues de la grosse pomme. Par contre, les paroles n'ont pas gagné en crédibilité si jamais le rappeur voulait se déguiser en prophète du ghetto. Dalek se charge très bien de ce quartier du rap indépendant.

Non. La touche Aesop Rock ce sont toujours ces textes complexes qu'une écoute attentive laisse reveur tant les images mentales changent de rimes en rimes pour s'unir a une même histoire coloré et vivante. Exemple, cette phrase extraite de la chanson eponyme "No score on a war torn beach where the cash cow's actually beef. blood turns wine when it leak for police like that's not a riot it's a feast, let's eat". Ce n'est pas, exactement, ce que j'appelerais, des paroles traditionnels en matière de rap. Rapide, assuré et vivant sous les coups des rimes multiples et surprenantes, le flow de Aesop Rock s'apprecie même sans se comprendre car il crée assez de mouvements pour se jouer du ton, en apparence, monocorde, du rappeur. Réaliste et magique à la fois, le visuel de l'album donne le ton en représentant un crâne dotés d'ailes et de mains s'envolés avec un coeur à l'intérieur et deux balances soutenant des représentations cartoons de Aesop Rock et de Blockhead, les deux architectes principaux de ce disque. Chercher l'interprétation ou le symbole fort serait passé a coté du but finale du disque. Car si l'on nous raconte une histoire, c'est aussi pour exciter nos oreilles et developper notre imagination. Le sens des paroles est laissé a interprétation et le cirque psychique crée par "None shall pass" vous embarque pour de nombreux tours de pistes. Infatiguable, ce nouvel album est un classique de plus a rajouté à la discographie de Aesop Rock. Pas de crédibilité ghetto ou de pretentions intellectuels, juste une collection de plus dans la vie d'un artiste complet.

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