Neurosis. La référence est évidente alors autant la planter dès le départ. Le groupe, dans le dernier interview qu'ils ont donnés au magazine Noise, semblait fatigué de cette comparaison de journaliste pressé de classifier Dirge dans un panorama. Le but de cette chronique sera donc de dépasser cette comparaison afin de rendre hommage a la grande qualité de l'album ici présent. "Wings of lead over dorment seas", un double album massif et complexe que l'on peut traiter d'oeuvre d'art sans peur de prétention. En concert, devant une toile projettant un film constitué d'images de phénomènes naturels, les musiciens inspirent un sentiment de dévotion. C'est en cela que l'on peut comparer Dirge à Neurosis (ou inversement) car chacun des deux groupes engendrent chez l'auditeur ce besoin de se receuillir et de se plonger au plus profond de soi. Le grain des voix aussi peut être mis en parallèle. Mais, une fois remplacé par un autre vocaliste, comme sur le deuxième disque, la comparaison n'a plus de sens et la force de Dirge prend tout son envol dans une longue plage d'une heure. Pas vraiment une chanson mais plutôt une pièce de musique où un saxophone, un violon, de la distorsion crée par ordinateur et les instruments restant accompagnent le film qui se déroule devant nos yeux. L'album ne pourrait toutefois pas être taxé de "conceptuel" à mon sens car la musique ne traite pas d'un sujet particulier. Ce serait plutôt à l'auditeur de créer soi même les images qui vont de pair avec ces deux disques.
Les longues plages du premier disque, sans former un tout aussi dense que le second, sont propices à une immersion sonore et spirituel complète. On ne pourrait écouter ce disque tout les jours distraitement. Pour cela il faut choisir un moment de silence complet pour que rien ne puisse venir troubler la surface de la substance sonore qui suinte des enceintes une fois la première chanson démarré. "Meridians", une invitation a la prière au nom de notre mère la Terre. 19 minutes entrecoupés par des textures noise. Peu de changement dans la mélodie ou le rythme mais une richesse bien particulière, celle que peuvent engendrer les groupes capable de créer un morçeau aussi hypnotique, cathartique et sombre. Ces deux derniers mots sont a mettre en gras quand on parle de ce disque. A se laisser pieger par le disque, on ne peut échapper au vagabondage de son propre esprit. Et que dire d'autre d'une musique aussi sombre et mélancolique qu'elle évoque les plus douloureux moments de notre vie. Cependant, car la longue traversée qu'impose le disque connait une conclusion, la lumière qui perce au bout du disque apporte plus que le douloureux receuillement qu'elle provoque. On aimera ou on ne supportera donc pas ce pelerinage sonore de plus d'une heure (les deux disques formant des pièces séparés, contrairement à un album comme "The fragile" de Nine Inch Nails) ou on ne sera pas touché par les mélodies et la douce lourdeur des guitares. "Wings of lead over dorment seas" est une expérience très particulière et elle ne plaira, bien evidemment, pas à tout le monde.
Plonger dans un disque de ce genre est un plaisir que l'on apprend a aimer bien plus difficilement que des albums comme ceux de Isis, Cult of Luna ou Mouth of the Architect. Des groupes que certains compareront peut être à Dirge mais qui n'ont strictement rien a faire cote a cote. Les guitares, tout en formant une masse cohérente et portant un rythme et une mélodie, sont accompagnés d'explosions sonores tout en gresillement et en effet psychédélique formant le vortex qui aspirera l'attention de l'auditeur. Malgrès la durée hors norme des chansons, elles ne se perdent pas dans une répétition facile d'un seul mouvement. Tout en étant monolithique, les arrangements n'ont rien de minimalistes et il faudra juste que l'auditeur se laisse guider par les mouvements des musiciens pour qu'il s'en rende compte. Dirge guide mais ne donne pas les clés du secret. Autant durant le premier que le second disque, personne ne viendra vous prendre par la main pour vous faciliter la tâche. Pas vraiment élitiste mais plutot destiné a une certaine catégorie de personne. "Wings of lead over dorment seas" n'est certainement pas un disque qui créera le consensus parmis les fans de ce "genre" de musique. Bien qu'entouré de références auquel le groupe ne peut échapper du fait de l'époque et de la popularité de Neurosis, Isis ou Cult of Luna, Dirge crée, grâce aux mêmes instruments et a des influences communes, une oeuvre forte et complexe. Une longue phrase que je résumerais en trois mots : Dirge crée. Ecoutez.
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