Thursday, September 28, 2006

Sulaco - Tearing through the roots (Willowtip) 2006


Durant mes études de psychologie j'ai appris les statistiques. Les formules ne m'ont guère intéréssés et je ne pourrais vous en reciter aucune. Par contre, une phrase qui m'a particulièrement marqué durant ces années est celle du "constat d'ignorance". Si le résultat que l'on obtiens a la fin d'un calcul ne nous donne aucune indication alors on conclue a un "constat d'ignorance". "Tearing through the roots", premier album de Sulaco, après un EP fort peu remarqué, pourtant distribué par Relapse, me force, tout comme mes calculs de statistiques que j'ai eu bien du mal a ingérer et a comprendre, à conclure a un constat d'ignorance. Je sais quoi penser de ce disque mais je ne saurais en donner une equation simple et facilement comprehensible par tout un chacun. Sulaco est tout simplement un groupe a part et on aura beau calculer la part de chaques sous genres present dans la formule de concoction de chacune des plages de ce disques, on en sera pas plus avancé. La somme de chaque part n'est pas egale a ce que l'on obtient une fois l'album placé dans le chaine hi fi. Pas vraiment un ovni pour autant, ne dégageant pas cette aura mystique que les albums inclassables inspirent au chroniqueur qui s'empresse de crier au génie, "Tearing through the roots" est un loup déguisé par un peau de mouton.

D'abord introduit par une liaison capable de provoquer l'excitation et l'interet, puisque constitué d'un ancien membre de Lethargy, legendaire monstre proposant une sorte de mélange entre le death et le grind, ou officiait auparavant, derrière la batterie, un certain Brann Dailor, que l'on retrouvera maintenant dans ce fameux petit groupe de quartier qu'est Mastodon. Sulaco offre donc d'entrée de jeu une association simple et clair avec un héritage musical prestigieux. Pourtant ou sont les influences communes dans tout cela ? Nulle part. Oui, un peu de grind dans tout cela, surtout dans un jeu de batterie qui n'est pas avard en blast beats, et aussi une affinité avec le death metal quand on observe ces riffs fortement techniques (mais jamais démonstratifs) qui possède parfois ce sentiment de crasse que Autopsy, ou Commit Suicide, dispense dans chacuns de leurs albums. Ajouté a cela des riffs que l'on tord et que l'on déplie sans prevenir et vous aurez tot fait de vous interroger longuement sur la direction vers laquelle votre esprit va vagabonder encore une fois que Eric Burke et son jeu original auront finit de faire mumuse avec vos attentes et les depasseront constamment. Et c'est bien sur sans compter les changements de tempos fréquent et inattendus (l'inattendus étant la seule constance dans le jeu et le format des chansons). Des interludes aussi, viennent pimenter le tout, et apportent des bouffées d'air frais necessaire a l'absorption d'une musique que mes phrases lourdes en supposition vous aurons convaincu que Sulaco n'est pas exactement un groupe comme les autres.

Alors que dire ? Devant un album insaissisable que l'on a du mal a comprendre on se retrouve a tourner autour du pot. A qui cela s'adresse t'il ? Aux fans de musique original et extrême, sans aucun doute. Peut être a ceux qui aiment les riffs anguleux à la Burnt by the Sun ? Tout aussi extrême d'ailleurs, le batteur, qui n'aurait pas a rougir devant Dave Wittie, et la voix crié, rugueuse, mais jamais exagéré, ne se privant pas d'intervenir. Sulaco est l'incarnation de ce monde indefinissable que nous appelons, chez Eklektik, le metal moderne. Un metal extrême qui se prévaut des clichés et se rend intouchable et impossible a cantonner a un seul style sinon celui des amateurs de guitares lourdes. Seul défaut, l'aspect impenetrable et imprevisible de l'ensemble des 11 plages rend le tout assez difficile d'accroche au premier abord, ainsi qu'au second et même au troisième ou vous serez surement encore surpris. Constance et perseverance, deux qualités dont ont dut faire preuve les membres de Sulaco après avoir passé beaucoup de temps sans un label avant que Willowtip ne leur ouvre les bras, vont être les deux qualités recquises avant de se lancer dans ce disque. Donc en gros, ce que je suis en train de vous dire, c'est que ce disque n'est pas vraiment un divertissement mais un album bourré de contour et de détour qui, sans être progressif ou experimental, vous fera l'effet d'une brique tombé du dixième étage. "Tearing through the roots" n'est pas un album qui vous prend par la main, cela va sans dire. Mais en même temps, a t'on besoin d'enfoncer un peu plus le clou alors que d'autres le font déjà trop ? Autant privilegier ce qui ressort de l'ordinaire. Et ça, "Tearing through the roots" le fait très bien.

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