Wednesday, March 26, 2008

Genghis Tron - Board up the house


Un accident de voiture plus tard, le trio Genghis Tron est aujourd'hui moins ombrageux et rageur que sur leur premier album, "Dead mountain mouth". Apr_s avoir quitté le territoire de la musique copié / collé rigolote et s'être engouffré dans les méandres du breakcore aux accents grind, Genghis Tron présente maintenant une facette beaucoup plus mélodique, plus metal, plus complexe tout en leur ressemblant toujours autant sans être identique à leur production précédente. Le rythme de batterie effreiné, le son de clavier et la voix criarde, noyé dans les effets, sont des éléments distinctifs de l'identité du groupe qui permet aux fans de s'y retrouver tout de suite une fois un pied mis dans la maison. Seulement, la peinture a été refaite et l'on ne retrouve même plus les meubles à l'endroit où on les avait laissés. Il y a toujours des chansons courtes mais il y a aussi des chansons beaucoup plus longues (une première de cinq minutes et une dernière de dix), une voix mélodique plus présente et une alliance toujours plus prononcé entre les riffs de guitares et les mélodies électroniques. Cette dernière influence est d'ailleurs tellement intégré que la rythmique de conclusion parait même dansante ce qui, pour un groupe que l'on a qualifié de "cyber grind" une nouveauté surprenante.

Transformation, modulation, exploration et retour sur Terre pour présenter a la population ce que l'on a ramené de ce voyage cosmique. Genghis Tron est un groupe toujours plus à part et ne rentre dans aucune case. Post ... quelque chose ? Ou Avant ... ? Ou seraient ils juste extrêmement contemporain et capable de synthétiser avec trois paires de mains ce que Meshuggah, Autechre et des dizaines d'autres artistes accomplissent de leur coté pour en faire une collection de dix chansons. Toujours prêt a expérimenter mais pas a faire dans l'expérimental imbuvable et intellectuel, Genghis Tron écrit des chansons avec un début et une fin et des dizaines de rebondissements. De plages en plage on traverse les pièces d'une maison moderne qui a tout de la précision mécanique d'une usine fabriquant des rêves a la pelle mais où les ouvriers sont des peintres d'une autre dimension qui projette leur couleurs au quatre coins pour ne jamais prendre le risque de se répéter. Et la véritable magie de tout cela c'est qu'ils y arrivent et vous invitent au voyage. "I won't come back alive" pourrait être la musique d'accompagnement d'un voyage entre les étoiles d'une lointaine galaxie. Un space opera réunissant un groupe d'aventurier dont la route serait jonché de pluie d'astéroïde impromptu dans le calme spatial jusqu'à ce que l'attaque finale d'une race extra terrestre précipite les héros dans le doute jusqu'à ce qu'il triomphe victorieux à l'issu de la chanson, leur victoire étant annoncé par le riff d'introduction, glorieux et explosif, de la chanson suivante. Ca n'a peut être pas beaucoup de sens sans la musique derrière mais ça en a beaucoup dans mon esprit alors que j'écris ces lignes.

Les musiques les plus efficace et les œuvres les plus aboutis sont celle qui inspire l'auditeur et le pousse à créer a son tour. C'est pour cela que je ne peux qu'aimer et être fasciné par Genghis Tron. Disque après disque et écoute après écoute, il y a toujours du neuf chez eux et de raisons de suivre leur progression. Toujours plus d'idée mais toujours plus de cohérence envers et contre toutes les influences et les confrontations les plus improbables. L'écoute de "City on a hill" me laisse ébahis par tant d'idées réunis sur une même chanson de trois minutes. Epileptique mais jamais chaotique et incensé. Tout a sa place et tout a un sens. Les mélodies sont mis à leur avantage entre des explosions electronique et rythmique jusqu'à ce qu'un beat parte tressauter dans son coin et qu'une ligne mélodique fasse son chemin, jamais trop loin. Trois paires de main mais surtout trois cerveaux et trois paires d'oreilles attentives à tout. Le trio de musicien pourrait être une hydre que ça ne m'étonnerait pas tant la symbiose entre les différents instruments est complète. Jamais de formule répété de chansons en chansons. De "Dead mountain mouth" à "Board up the house", Genghis Tron a franchit un fossé que l'on pensait encore infranchissable et continu a explorer de nouveaux territoire. Véritable cowboys de la musique metallique et electronique, totalement décomplexé et jouissive a souhait. Plus d'une demi heure de bonheur.

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