Wednesday, December 10, 2008

Enhancer - Désobeïr

En 2000, quand je lisais encore Rock Sound et que je faisais encore parti de la street team Nowhere, j'étais fan de Enhancer. J'ai beau dire aujourd'hui que mon premier "vrai" concert était celui de Meshuggah au Trabendo en 2003 mais la vérité est tout autre. J'ai vu par deux fois Enhancer en show case à la Fnac pour la sortie de leur premier album, "Et le monde sera meilleur", ainsi que lors de la fête de la musique après avoir vu Aqme le même soir. J'adorais le style, les fringues et l'attitude du groupe. J'étais fan. J'étais adolescent.

Cela fait huit ans de cela et je n'ai plus retouché à leur disque après l'avoir usé pendant tout un été et même encore un peu plus. Huit ans d'exile pour un retour aujourd'hui par curiosité morbide histoire de voir si le groupe de mon adolescence compose encore la même musique.

Surprise et air décontenancé sur mon visage au début de "Debout" quand un des trois chanteurs tente de me faire croire qu'il sait chanter. Enhancer a laissé tomber le core et le neo metal pour le rock et les voix clair façon chanson française actuel. Le résultat les fera peut être passer sur les ondes mais j'aurais du mal à revenir sur ce passage, même pour faire rire les amis. Pourtant, des occasions de se moquer, ce disque n'en manque pas.

Depuis mon départ de leur univers, les musiciens d'Enhancer ont eux aussi grandit. Passé l'époque de la bière, des filles et des délires entre pote. Maintenant proche de l'âge d'être père (peut être le sont ils d'ailleurs), les trois chanteurs /rappeurs d'Enhancer ont découvert le journal de 20H de France 2 et les troubles politiques, économiques et sociaux d'aujourd'hui. Ils ne parlent donc plus de faire la fête et de se soutenir mais de créer un mouvement des "petites mains" contre les politiques. Si ils parlent de rues ce n'est plus pour y glander et trainer leurs baggys mais pour saisir les pavets et les jetter contre ce qui leur déplait dans la société de consommation.

"Désobeïr" est le mot d'ordre de ce disque qui se veut engager. Une rebellion mélangeant Gandy, Martin Luther King, les faucheurs d'OGM. Les symboles de l'opposition dont se réclame tout ce qui manifeste leur frustration vis à vis des inégalités de blablablablabla. Moi même je m'endors en récitant le résumé de tout ces clichés que l'on ressasse. Je n'ai rien contre les intentions, elles sont louables, mais le discours quand à lui est imbuvable et remplis de clichés.

Les paroles débiles du groupe que l'on pouvait faire passer sur le coup de leur jeunesse sont maintenant des paroles d'adultes débitant en rap (dont le flow est aujourd'hui très typé crunk) ce que les piliers de bars expriment quand ils se sentent investit d'un instinct de gauche.

Assorti à ces clichés on trouve du coté des compositions des samples de violons et de piano, histoire de faire plus mature et plus grave. La distorsion n'est plus autant de rigueur. Les chansons ne sont plus autant écrite pour faire sauter le public et sont bien souvent lente. Et longue. Très longue. Pourquoi continuer à écrire des titres de six et cinq minutes quand on a si peu à dire ? Les morceaux s'allongent au delà d'une durée tolérable et s'aventure même dans des second départ inexplicable comme ce poème récité en fin d'album. Symbole d'une nostalgie ? Symbole d'une maturité ? Symbole d'un besoin de se revêtir d'une parure d'adulte alors que l'on sait a peine de quoi l'on parle.

Le titre le plus malin et le plus efficace sur les quatorze qui composent ce disque est donc "SUPERficiel" où une voix de garçon et une voix de fille racontent leurs journées d'adolescent. "Sexe, frime, maille et gadget, c'est ce que j'ai dans la tête, tout ce que j'ai dans la tête". Une chanson pour souligner la superficialité des adolescents d'aujourd'hui vivant au rythme de la mode. Une mentalité que les membres d'Enhancer connaissent bien pour l'avoir pratiqué sur tout un disque. Mais aujourd'hui le temps est passé et c'est l'heure des regrets (sur la chanson du même nom). L'album se conclut toutefois sur une note optimiste, "Banlieue pavillonnaire", où l'on sort les guitares acoustiques pour chanter les souvenirs d'une enfance doré à l'abri de tout soucis. La chanson est mièvre, fade mais finit de confirmer tout le mal que je pense d'Enhancer en 2008.

Ce disque ravira surement les garçons et les filles de 14/16 ans qui découvriront Enhancer avec ce disque. Le discours rebelle leur plaira surement ainsi que les chansons rythmés et sautillantes. Enhancer était un des groupes phare de mon adolescence et a toujours tout ce qu'il faut pour plaire à des jeunes de cette tranche d'âge. Mais au bout de quatre album leur musique accuse le coup d'une mode défraichit et d'idée mal réchauffé. A se demander si il y a eu un jour une bonne époque et pas juste beaucoup de style pour peu de substance.

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