Monday, March 01, 2010

The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble - Here be dragons (Ad Noiseam) 2009


Here be dragons conclu le triptique de l'année 2009 commencé avec le EP de remixe, Mutations, et suivit par un disque du collectif sous leur nom de The Mount Fuji Doomjazz Ensemble. La conclusion apporté par Here be dragons, mené par Gideon Kiers, aka Bong-Ra, mixeur breakcore (dub, indus, metal, drum and bass etc ...), est à l'image de sa pochette une figure aux nuances subtiles demandant attention et patience. Ceci explique donc la sortie tardive de cette chronique de mes mains, l'esprit trop perturbé par ce disque qui n'en finissait pas de se dévoiler.

L'approche du dragon se fait en silence avec toutes les précautions possible pour ne pas brusquer l'animal. Le grondement sourd du trombone introduit "Lead squid" vers ce territoire où synthétique et naturel font corps. A peu feutré, le morceau démarre en complète opposition aux atmosphères largement plus immédiates du EP. Des mélodies précédemment entendues sur celui-ci refont leur aspiration. Associé toutefois à des instruments totalement différentes, les deux disques ne se confondent en aucun point. Les mélodies vocales de Charlotte Cegarra n'intervenant qu'en écho à Mutations.

Ne s'y trompons pas non plus, bien que Mutations était un album de remixe, la place de l'électronique y est ici peut-être encore plus important. Si Dj Shadow avait eu un orchestre à l'époque d'Endtroducing, il aurait peut-être composé un disque comme celui-ci. Les liens avec le trip hop sont toutefois bien mince (des reflets de Portishead sur Embers) et il ne faut pas lire dans cette comparaison plus que de raison. L'atmosphère y est juste tout aussi prenante et la place des grand manipulateur des effets, Bong-Ra & Jason Kömnen (double basse, fretless et piano) , est tout aussi essentiel que celle de Shadow ou de James Plotkin dans son travail de post production sur les albums de Khanate.

Les musiciens jouent mais là où le groupe improvise au fil de l'eau en suivant la projection d'un film au sein du Mount Fuji Doomjazz Ensemble, ils sont ici manipulés par la suite par les mains expertes d'un duo de chef d'orchestre soignant tout de l'ajout de battements au moindre détail du mixage. "Senega" est cependant crédité de l'esprit de Charlotte Cegarda (chanteuse, pianiste, xylophone et Rhodes), preuve que le septet évoluera surement encore sur un prochain disque. Aucun instrument n'est laisé ni souligné, chacun a sa première voix et l'a fait entendre de bien belles manières au cours de ce voyage nocturne revélant un véritable travail de funambule entre l'obscurité et la tension, laissant la beauté se révéler dans un croisement de sonorité où l'on ne peut pas parler de métissage tant les influences seraient trop nombreuses à compter. Un disque unique aux facettes infinis.

2 comments:

Anonymous said...

merci pour cette chronique, et content de voir que ce disque t'a plu.

Petit détail, cependant: Gideon Kiers et Mr Bong-Ra sont bien tous deux membres de TKDE, mais sont aussi deux personnes distinctes. Le vrai nom de Bong-Ra est Jason Kohnen.

Hororo said...

Merci pour la précision, je vais de ce pas faire le changement sur la version finale de cette chronique qui apparaitra sur le webzine Eklektik-rock.
http://www.eklektik-rock.com/
J'y ai aussi chroniqué d'autres albums de AdNoiseam si ça vous intéresse.