Faire jouer deux groupes arty se prenant pour des japonais en ouverture d'un des monuments du doom était aussi bien avisé que de faire jouer Eddy Mitchell en ouverture de Cannibal Corpse. Ouverture avec Zeeck Scheck et suite avec la Chatte. Deux projets arty à souhait dont le visuel est plus travaillé que la musique. Zeeck Scheck, tout d'abord, est un groupe déguisé dont la musique free et noise s'articule autour de la projection d'un court métrage mettant en scène les personnages que les musiciennes incarnent. Mélangeant des costumes de monstres de la série Bioman et le cinéma de Bergman, le résultat est amusant puis lassant. Rien ne se passe. Tout les petits bruits sont bien ordonnés mais ne provoque strictement rien. De la performance pour de la performance. En comparaison donc, la Chatte est pratiquement plus intéressant puisque les gros rythme electro qui anime la performance de cette chanteuse dissimulé sur trois kilos de draps poussant des cris aigus recouvert de delay sont dansant. Cependant, les cris aigus ... sans être horripilant (aussi surprenant que ça puisse paraitre) ne provoque rien. Le vide totale. Que ce soit Zeeck Scheck ou la Chatte, ont sens une volonté de faire du "bizarre", de l'"arty", de l'original, voir même du japonais. Mais, en art, on ne s'invente pas une personnalité sans y mettre quelque chose de personnels. Or, la musique de ces artistes est tellement détaché de la réalité qu'ils ont l'effet d'un pétard mouillé.
Après donc deux premières parties plus que dispensable, vient enfin le tour de Corrupted qui interprétera ce soir "El mundo frio", son titre de 55 minutes le plus post rock et donc le plus décevant pour tout ceux qui étaient venu prendre du gros doom dans la tête. Psychédélique, lent et douce, les nappes de guitares qui introduisent le morceau désarçonnent tellement le public que certains protestent un peu. Des discussions animés démarrent dans le fond de la salle et couvre en partie la musique. Des cchht fusent alors mais ont le même effet. Un danois venus spécialement voir Corrupted et visiblement éméchés traverse le public en demandant pardon très fort pour aboutir sur le coté droit de la scène et commencer a demander où est Corrupted car il "aime le Corrupted", il "adore le Corrupted". Grand bien lui fasse mais si il pouvait se la fermer ce serait encore mieux. Heureusement, une envie préssante de rejoindre les toilettes le fera partir assez longtemps pour que tout se calme et que le morceau prennent de son ampleur. Quinze minutes se passent et le batteur arrive enfin. Le jeu est d'abord à l'image des guitares, doux et discret. Le rythme se fait ensuite plus lourd. Des frappes sur la grosse caisse donne le signal du départ. Le chanteur s'approche du micro et commence a parler en japonais d'une voix douce et langoureuse. La montée en puissant se fait de plus en plus dense, la basse envahit et l'espace et soudain, l'explosion. L'explosion de la tension est alors irrémédiable et fascinant. Le chanteur éructe avec un growl inhumain tandis qu'il brandit le micro et que son ombre se cambre, menaçante. Le son et le spectacle sont alors à la hauteur de l'attente du public venu spécialement pour entendre ce son massif. En tant qu'auditeur vierge de toute attente, je prends mieux conscience de la raison pour laquelle des gens viennent du Danemark pour voir le passage de Corrupted en Europe. Quand on aime le doom, on ne peut que venir prier à l'autel de ces dieux japonais. Entouré de ces mélodies douce et froide, à l'image du nom de la pièce qu'ils interprètent, ces riffs sont la quintessence de la lourdeur et de la lenteur. L'explosion sera cependant de courte durée en comparaison avec la lente progression mélodique et le rythme reviendra ensuite aux mélodies du début. Dix minutes s'écoulent au rythme d'une ambiance post rock sombre et froide pour qu'ensuite les riffs reviennent avec toujours la même force mais sans l'effet de surprise. La voix se refait virulente et explose d'une rage à l'opposé même de la figure douce et calme de l'homme qui s'était présente sur scène au départ avec son chapeau melon et son costume noir. Une dichotomie qui sied parfaitement a ces japonais expert dans l'art d'écraser son public. Le final se fera sur la seule conclusion possible, un mur de feedback dans lequel le public se noie pendant plus de cinq minutes, perdus mais fasciné par les instruments qui déversent ce son etouffant et salvateur. Le batteur quitte son siège, les riffs de guitares s'estompe, le chanteur remercie avec le sourire les gens qui les ont fait venir, leurs amis du Danemark, le public puis se retire sous une nuée d'applaudissement enthousiaste. Certain seront déçu par ce manque de lourdeur et ce contraste privilégiant la mélodie aux riffs lourd et gras mais j'ai justement adoré tout cela et je n'attends qu'une seule chose, renouveler l'expérience.
Saturday, October 18, 2008
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