Wednesday, November 12, 2008

Krallice - Krallice (Profound Lore Records) 2008

Dans la scène rap, le rap indépendant des labels Def Jux et Anticon sont distingués du reste des rappers par leur thèmes, les musiques sur lesquels il posent et leurs flows. Plus intellectuel et conceptuel que le rap plus traditionnel, direct, revendicatif ou tout simplement support d'un ego trip assumé et jouissif, Aesop Rock ou Dose One revendiquent leur appartenance a la scène rap d'une manière globale mais touche finalement a un registre beaucoup plus large. Bien que venant d'un milieu similaire, tout aussi urbain et bercé par les mêmes rappeurs, leur musique est plus le reflet d'un choix de registre. Comme le prouve très bien les aventures de Dose One au sein de formation aussi varié que Subtle (trip hop / rock), CloudDead (trip hop / avant garde) ou des artistes avec qui il collabore (Mike Patton, Sole ...) ou de El-P, fondateur du label Def Jux et collaborateur de Alec Empire (Atari Teenage Riot), Justin Broadrick (Jesu, Techno Animal ...), leur registre musical est loin d'être limité.

A l'instar de ces artistes, on retrouve une même volonté actuellement dans la scène black metal avec des expérimentations à plus (Wolves in the Throne Room) ou moins long terme (Black one de SunnO))), Weakling et leur unique album, "Dead as dreams"). Tout comme El-P et Dose One, les artistes à l'origine de ces disques collaborent généralement avec bon nombres de personnes ou sont issus de milieu atypiques. Leur musique trouve alors un auditoire au confluant de plusieurs genres ou dans le public de webzine intello/avant gardiste comme Pitchfork et les Inrockuptibles. La décision de faire du black metal l'espace d'un instant est alors motivé par des raisons esthétiques et culturels beaucoup plus réfléchis que la plupart des groupes du genre qui s'insèrent dans le style par simple attrait pour la musique, son histoire ou l'image qui y est associé.

Krallice rentre dans la première catégorie. Mick Barr (Orthrelm ...) à la guitare, à la basse et au chant, Colin Marston (Behold ... the Arctopus ...) à la guitare et à la basse et Lev Weinstein (Bloody Panda ...) à la batterie ne sont pas des norvégiens de pure souches. Bien au contraire. Musiciens chevronnés entourés d'autres esprits inventif, toujours en quête de nouveauté et de nouvelles sonorités, ce trio s'attaque aujourd'hui au black metal mais fera autre chose demain. L'aventure n'est que passagère mais le désir de respecter les codes et l'esthétisme du genre est bien là. Les riffs ne sont pas des parodies du genre mais des créations original évoquant le Darkthrone des débuts et les embardées épiques et déchirés de Weakling.

Fortement influencé par ces derniers, du point de vue de la structures des morceaux, Krallice n'est cependant pas un hommage mais un projet enfanté avec un état d'esprit similaire. La grande originalité de ce disque par rapport à tout les autres projets susnommés se trouve dans le talent des musiciens et leur habilité à savoir très bien joué de leur instruments. Sans pouvoir être qualifiable de technique, Krallice vogue entre les vents froids crée par les riffs glacés et répétitifs des premiers disques du black metal mais y ajoute des touches très personnels. Le soli de guitare distordu durant Timehusk par exemple. Comment empêcher des musiciens chevronnés de se laisser aller à montrer leur talent ? Et pourquoi leur en empêcher d'ailleurs. Le jeu de batterie explose donc derrière les guitares et la basse et soutient la dynamique tout en y apportant de nombreuses variations. De traces des groupes originaux de chacun l'on ne trouve que quelque faibles traces, comme le solo de guitare de Energy chasms qui évoque quelque instant Behold ... the Arctopus, suffisante cependant pour permettre aux disques de trouver des occasions supplémentaires de se distinguer.

Tout en étant esthétiquement parlant très black metal comme le prouve la pochette, le logo, la production très froide et le style des guitaristes, Krallice trouve une troisième voix dans les expérimentations des musiciens et donne un souffle nouveau et original à ce disque. Très mélodique, j'ai était surpris à quel point les chansons composés ici se révèlent plus facile d'accès que les groupes noise, extrême et avant gardiste de ces musiciens (le bassiste / guitariste jouant aussi au sein du duo noise / expérimental Infidel ? Castro !). Moins exceptionnel et surement moins envoutant que Wolves in the Throne Room et son idéologie ecologiste, Krallice n'est pas un disque de musicien mais un disque de black metal enregistré par des musiciens chevronnés toujours prêt a surprendre leur auditoire et eux même.

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