Cette chronique englobe deux disques séparés, Manifestations 2000-2001 et Manifestations 2002 dont le point commun est de regrouper une collection de chansons inédites ou précédemment paru sur différents formats afin que les fans complétistes de Deathspell Omega arrivés après la sortie du monumental "Si monumentum recquires circumspice" puisse retracer les origines de ce disque.
Toutefois, pour que les fans de longues dates se repèrent et vérifient qu'ils n'ont pas déjà ces chansons quelque part, "Manifestation 2000-2001" comprend les morceaux parus sur les split partagés avec les allemands de Moonblood et un autre avec le français officiant sous le nom de scène de Mütiilation ainsi que la compilation Black Metal Blitzkrieg. Quand à "Manifestation 2002" il contient des morceaux qui auraient du paraïtre sur une des compilations "Crushing the holy trinity" et un split avec Cantus bestiae.
Deathspell Omega étant un groupe qui aime se disperser et avancer dans le silence médiatique le plus complet, cette compilation vient a point nommer pour tout les amateurs qui, comme moi, n'étaient même pas au courant de l'existence de ces titres. C'est a peine si le monde semble être au courant de l'existence de ces compilations !
Deathspell Omega ayant franchis un pas entre l'underground black metal et l'underground metal et plus si affinités depuis la sortie de "Si monumentum ...", ces disques ont maintenant un public beaucoup plus large et le méritent amplement.
Que l'on ne se méprenne pas pour autant, le duo franco / ukrainien n'a pas accouché d'un disque aussi parfait par le plus grand des hasard. Auteur de plusieurs très bon disques de black metal que l'on qualifierais presque de traditionnel en comparaison de la suite, il a fallut réfléchir et composer encore beaucoup pour atteindre le niveau que l'on connait aujourd'hui. Niveau qui est aussi due a un changement radicale de production, délaissant le vent froid et glacé d'une distorsion sèche propre au lo-fi du genre et empruntant des instruments évoquant les bourrasques inhumaines qui résonnent dans les profondeurs.
Cette différence dans l'enregistrement des morceaux y est pour beaucoup dans la différence qui marque ces deux disques de la suite. Sans le travail des samples et les accumulations de couches d'instruments, la frontière est mince jusqu'à l'échelon supérieur tant la production de "Manifestation 2002" est une véritable révolution par rapport a celle sur "Manifestations 2000-2001'. Dès le premier riff de "Insanity supreme", les mélodies dissonantes et endiablés aujourd'hui reconnus comme la marque de fabrique du groupe sont apparentes. La musique se fait aussi beaucoup plus lente par moment que sur les titres de "Infernal battles" et "Inquisitors of satan" comme sur le "Yells from the abyss". Cependant, à l'image des titres aux thèmes encore très crues et beaucoup moins recherchés que ceux d'aujourd'hui (le temps a bien passé entre "Black crushing sorcery" et "Bleed them like swine" pour en arriver à "Chaining the Katechon" ou "Carnal malefactor") la mue n'est pas encore achevé.
Car, aussi réducteur que puisse paraitre une simple comparaison entre des titres de chansons, ceux ci sont à l'image de la progression effectués par Deathspell Omega en quelques années. Ce changement est surtout révélateur du point de vue du tempo. Entre ces "Manifestations ..." et "Si monumentum ...", les accélérations à coup de caisse clair cher au black metal de Darkthrone ont disparus pour devenir beaucoup plus intense ou se moduler à l'instar du "Fuck the univers" de Craft. Contrairement aux albums suivant, ceux-ci pourraient encore interprété en concert par un groupe de black metal normal. Pourtant, Deathspell Omega n'a rien d'un groupe de black metal "normal" et inscrit au fer rouge sa suprématie dans le milieu. Rien que le changement entre la fin de "Black crushing sorcery", à la fin de "Manifestations 2000-2001" et "Tyrants and slaves" en introduction de "Manifestations 2002" est saisissant par la rupture au niveau de la production et du jeu des musiciens. Beaucoup plus précis, riche et intense.
On touche alors à ce qui fait la force et aussi la faiblesse de ces chansons, de mon point de vue de fans accros aux derniers disques. Bien que "Inquisitors of Satan" et "Infernal battles" soient des disques de black metal agréables, ils ne retiennent pas autant mon intention que la suite. Encore trop proche des canons du genre pour ce qui est de "Manifestations 2000 - 2001" et touchant du doigt l'absolu sur "Manifestations 2002" pour un résultat cependant déjà formidable. Diabolique mais pas encore aussi démoniaques. Originaux mais pas aussi révolutionnaire et fantastiques. Intense mais dénué de la richesse et de la cohérence des albums concepts qui suivront. Ces disques, tout comme les titres de ces deux compilation souffrent juste d'être des rééditions de chansons précédent l'avènement d'une des pierres angulaires du black metal moderne, voir de la musique extrême en général. Ceci étant dit, l'attrait de ces morceaux est aussi d'être justement des compositions intermédiaire entre le black metal traditionnel et la folie progressive d'aujourd'hui. Ces compilations éclairent donc beaucoup mieux la progression de Deathspell Omega tout en rendant accessible a un plus grand nombre des chansons qui méritent d'être entendus par les fans du groupe et du genre car ils y trouveront tous les marques d'un grand groupes marchant vers la gloire.
Sunday, January 25, 2009
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