On pourrait discuter de la place d'un album de rap sur unn webzine rock mais la vérité est que ce disque aurait sa place sur n'importe quel webzine traitant de musique contemporaine.
Depuis la sortie du single "Bring da ruckus", l'emprise du Wu Tang Clan sur la culture rap et l'industrie du disque n'a cessé de grandir. Aujourd'hui, le producteur et rappeur RZA, responsable de toutes les compositions sur lesquels posent les neufs membres du Wu Tang, se retrouvent au coté de Quentin Tarantino pour la bande originale du film Kill Bill ou dans les articles de presse du New York Times quand il offrit son soutien financier à la candidate Hilary Clinton jusqu'à ce que le chèque qu'il avait donné au fond de la campagne de la sénateur ne lui soit rendu car celle ci ne pouvait accepter un don provenant d'une source associé au crime organisé.
RZA, Method Man, Ol'Dirty Bastard, GZA, Raekwon, Inspectah Deck, Ghostface Killah, Masta Killa et U-God sont pratiquement tous maintenant connus pour leur disques solos ou leurs apparitions dans des films et des séries télévisés. Des neufs, Method Man est peut être celui dont la présence médiatique sur grand et petit écran est la plus importante. Une présence qu'il annonce déjà comme imposante sur la chanson solo qui lui est consacré à la neuvième plage.
Ce titre sera d'ailleurs un des singles bénéficiant d'une vidéo mais ce sera loin d'être le seul puisque sur 12 titres (sans coté la chanson bonus), sept sont devenus des singles reconnaissable instantanément pour quiconque aura prêté l'oreille à une radio ou une chaine musicale entre 1993 et aujourd'hui. "Bring da ruckus", "Shame on a nigga" (ensuite reprise avec des membres du groupe par System of a Down sur la compilation "Loud rocks"), "Can it be all so simple", "C.R.E.A.M.", "Method man", "Protect ya neck".
L'influence du Wu Tang est autant musicale que culturel. On reconnait son influence de la France (le groupe IAM et son "Ecole du micro d'argent" s'en sont inspirés plus que de rigueur) jusqu'au Japon (voir le collectif Nitro Microphone Underground) pour le format éclaté que prendra ensuite la discographie du groupe en choisissant de créer des side project ou des disques solos à une fréquente soutenu (six rien qu'entre la sortie de "Enter the 36th Chamber" et "Wu Tang Forever") édités chez des labels variés ou en s'introduisant dans la culture populaire par les diverses portes de la télévision, du cinéma ou de la mode.
Minimaliste et lourd, "Enter the 36th chamber" est pourtant un album agressif et pessimiste ("Can it be all so simple" où Raekwon énonce une liste d'amis disparu à cause de la drogue et des rixes entre gangs) entrecoupé d'un interlude un peu inutile sur lequel Method Man décrit chaque membre du groupe. Une marque de l'importance que chaque individu peut prendre dans le groupe car, même si le collectif est unit sous la bannière de l'empereur / producteur RZA c'est aussi pour mieux prendre position de la manière qu'il lui plait. Chacun avec son style et son flow fait prendre la direction qu'il veut aux chansons. Un disque qui ne souffre d'aucune redite et ne cesse de varier sous des samples envoutant où l'on reconnait à la fois les rues de New York et les montagnes de Shaolin où partirent s'entrainer RZA et Ol'Dirty Bastard. Le style de ce dernier est d'ailleurs un des plus remarquable par son flow presque improvisé que Method Man décrit bien comme n'étant le produit que de lui même.
Neuf rappeurs, sept singles, un interlude mais, surtout pas une chanson de trop. "Enter the 36th chamber" est donc un classique à plus d'un titre. D'une part pour la qualité des chansons que l'on y trouve. Pour l'importance historique qu'il a dans l'histoire d'un groupe, d'une culture et d'une industrie. Une combinaison rare pour un disque unique et inévitable.
Dès sa première sortie, le groupe montrait sa maturité et ne pouvait donc par la suite que decevoir. Les projets solos sont par contre tout autre et il y a beaucoup a écouter dans la discographie du Clan. Ce premier disque représente la pierre d'achoppement de tout une dynastie et d'un empire médiatique et culturel parti des rues de New York pour dominer le monde. La légende du Wu Tang n'a pas encore fini de se construire et d'étonner.
Friday, January 30, 2009
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