Pour mon premier concert dans la capitale anglaise je n'aurais pas pu choisir un lieu plus anodin que le Corsica Studio. Situé dans Elephant Street, en face d'un pan d'immeuble défraichi et a proximité d'un petit restaurant indien où j'ai mangé un cury en compagnie d'une araignée qui se balladait sur le mur, ce petit local passe totalement inaperçu si l'on n'a pas un plan avec soit. Preuve en est qu'arrivé bien avant l'heure je vis de nombreuses personnes tenté d'ouvrir la mauvaise porte avant que l'on ne leur fasse signe que l'action se déroulait ailleurs. Le lieu en lui même est bien emmenagé pour un local propice a une représentation. Une scène, de l'équipement et un bar. Une sorte de Point Ephémère réduit de deux tiers d'espace vitale. Les toilettes sont tout aussi propre et couvertes de graffitis que leurs homologues parisiennes. Les murs grisatre plongé dans l'obscurité seulement briser par un stroboscope en mouvement bien avant le début du concert. La scène n'étant pas assez grande pour le matériel de tout les groupes, le premier se produira donc sur le sol mais qu'à cela ne tienne, le public viendra les rejoindre pour une performance tout au naturel et parfaite pour se mettre en jambe. Kurtz joue un noise rock instrumental avec quelques passages posts et une bonne interaction entre la guitare et la batterie qui me rappelera Keelhaul, toute proportion gardé. Le groove est entrainant, ce qui est logique vu que les deux musiciens sont des frères jumeaux. Deux grands blonds décorés d'une légère mèche chacun, l'un concentré sur sa guitare et sa dizaine d'effet et l'autre assis à la batterie dont le jeu complètement très bien celui de son frère tout en évitant de faire de grands coups d'éclats. Le mélange prend bien et en l'espace d'une demi heure les jumeaux emportent une bonne moitié du public dans un hochement de tête léger et appréciatif, la meilleure mise en jambe que l'on aurait pu demander.
Flower-Corsano Duo aura droit a un public plus dense et attentif malgré une musique beaucoup plus complexe, voir même trop. Autre duo et autre autre ambiance. Le batteur, extrémement talentueux, est associé à un joueur de sitar aux accents asiatiques et explore de complexes rythmes autour des mouvements des doigts de son compagnon sans qu'ils ne réussissent à se croiser pendant le premier quart d'heure de jeux. Voir ces deux musiciens interpréter leurs musique est impressionnant mais ne contient aucun accroche, aucune structure et aucun intérêt en dehors de l'intensité technique de la performance. La suite de leur concert sera tout de même un peu plus passionnant grâce a l'introduction de mélodie et d'un jeu de batterie moins démonstratif. Je ne retiendrais pourtant aucun moment de leurs performances, juste le sentiment de voir deux musiciens très talentueux s'exercer ensemble a créer une musique originale sans jamais atteindre qu'il pourrait surement atteindre avec un peu plus de réserve.
Tout les éléments sont pourtant bien en place pour l'explosion atomique à venir. Les Master Musicians of Bukakke (sorte de side project des Secrets Chief 3 de Trevor Dunn) installent leur matériel avec l'attention au détail d'un groupe de musicien venus présenter un spectacle très personnel. Chaque fil est controlé, chaque instrument est convenablement placé au bon endroit et chaque milimètre inspecté par les membres et l'ingénieur du son. La machine a fumée peut donc commencer a faire son oeuvre et obscurcir la scène pour que commence la procession. Les six interprètes montent un à un prendre place sous une tunique rouge, un chapeau de sorcier et un masque semblable a ceux des apicultures. La transe peut donc prendre son envol. Le guitariste de droite, le plus allumé du lot qui rejoindra ses mains en relevant ses pouces et oscillera sur lui même quand il ne jouera pas de son instrument, introduit un drone lancinant en agitant son mediator frénétiquement. Le claviériste / guitariste sort une trompette tibétaine et annonce la venue du chef d'orchestre. Le chanteur franchit alors la fumée et vient prendre sa place sur scène vétu d'un costume recouvert de fougère. La bête des marais est arrivé. Le concert peut commencer. L'expérience musicale est alors très difficile à décrire sans utiliser de superlatifs. Les musiciens maîtres du bukakke (l'ejaculation faciale à la japonaise) jouent autant de la musique que la comédie. Je n'avais auparavant écouter que deux fois leur disque mais j'ai tout de même retrouvé dans leur interprétation toute la folie et l'attention aux détails qui m'avaient attirés. Pour preuve, la moitié d'entre eux jouent de plusieurs instruments pendant tout le concert. Les deux batteurs se lèvent à deux occasions pour secouer des clochettes tandis que l'un se penche aussi pour accmpagner à la voix. Le guitariste de gauche fait de même et joue aussi d'une sorte de petite sytare. Seul le bassiste, le chanteur et le guitariste de droite ne changent pas d'instrument mais ils ont déjà fort à faire, d'autant que le chanteur effectue des mouvements comparables a ceux des acteurs du théatre de No pendant toute la durée de l'expérience. Pendant un peu plus de quarante cinq minutes tout les sens de chacuns seront tournés vers la scène pour un concert mélangeant musique traditionnel japonaise, drone et psychédélisme débridé. Ce groupe mérite plus de public, plus de place, plus de frics ! Je serais donc parti avec un tee shirt et un vynil et il ce peut aussi que celui-ci figure dans mes disques de l'année. Une performance hors du commun !
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