Sunday, February 14, 2010

The Dillinger Escape Plan à la Maroquinerie (10/02)

Pour son passage éclair sur le vieux continent, The Dillinger Escape Plan voyage léger et n'avait donc pas amené de premières parties avec eux. De peur de voir arrivé une première partie quelconque, récupéré dans un coin de rue, le public rentre et discute de la probabilité que le concert ne soit retardé ou que l'on ne leur ait réservé une surprise agréable.

De surprise, il y en aura une, mais pas celle que l'on attendait. Un jeune homme rentre sur scène, s'adresse au public et annonce qu'à la place d'une première partie il y aura un magicien : lui. La réaction générale du public semble alors être "Huh?" mais elle va assez vite se transformer en éclat de rire quand les pics du magicien à l'encontre du public et de ses assistants dévoués ou sélectionnés au hasard vont faire mouche. Magie et blague. Un cocktail qui marchait très bien aux Etats-Unis il y a deux dizaines d'années (dixit le comique Patton Oswalt qui a ouvert pour plus d'un à ses débuts) et suffira a combler une petit vingtaine de minute la scène le temps que les roadies finissent d'installer le matos. Une dernière pique et le type s'en va avec des applaudissements dans le dos et un public près à accueillir ses héros pour lesquels ils ont tout de même payés la modique somme de 28 euros.

Avant leur entrée en scène on entendait de part et d'autres des gens pronostiqué sur l'attitude du groupe. Allait il marcher sur les têtes des gens, comme sur ce fameux concert au Virgin Megastor que tout le monde s'est passé sur youtube? Est ce que le guitariste a tête d'emo allait encore sauter dans le public (seconde fashion : il a d'ailleurs coupé cette fameuse mèche) comme à l'Elysée Montmartre?

En conclusion, de saut dans le public il y aura mais de grandes explosion de folie, niet. Le Dillinger impetueux et instable des débuts semble avoir passé le cap pour présenter un spectacle bien plus rodé, plus prévisible mais toujours extrêmement bien jouer et énergique. Il ne faut pas leur jeter la pierre non plus. Ces mecs tournent constamment. Il est donc bien normal que l'envie de sauter dans le public et d'en découdre avec la tête entière leur soit passé. L'âge, forcemment. Et peut être aussi la lassitude d'être devenu le groupe que tout le monde attend au tournant pour faire toutes les conneries. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle Pucciato avait même arrêté de cracher du feu. Trop attendu. Trop facile.

Reste donc des morceaux gorgé de chaos et d'énergie avec tout les plans techniques que l'on connait si bien pour les avoir entendu chez eux, puis reproduit par des centaines d'autres groupes à travers le monde. The Dillinger Escape Plan n'en reste pas moins un groupe à part dont les titres, aussi chaotiques soient ils, restent les leur et peuvent être reconnu entre mille du même genre. Le nouvel album s'annonce d'ailleurs un peu moins chaotique et plus metal. Les riffs sentent le thrash passé à la moulinette et le tempo se ralentit bien plus. On a donc moins l'impression d'entendre les instruments dévaler un escalier.

Par conséquent, la touche rock and roll qu'apportait précédemment Gil Sharone (repartit dans Stolen Babies) n'est plus au gout du jour et manque assez au jeu de ce nouveau batteur, plus rigide, plus metal, avec moins de groove. L'effet se ressent surtout sur les titres de Ire works mais il n'en est pas moins des plus compétents pour le reste des morceaux, et bien sur pour les nouveaux auxquels il a participé. Autre défaut majeur pour la qualité du spectacle: la voix. Si Greg Pucciato ne reste pas en retrait et s'attaque au public du devant, le micro ne fait pas autant porter sa voix qu'il le devrait et dessert "When good dogs do bad things" et "Mouth of ghost" sur lesquels la voix est un élément central. En revanche, "Milk lizard" ou "Fix your face" sont repris en chœur par le public. Preuve que le public de "Calculating infinity" a pris la porte et que les fans sont maintenant ceux qui adorent toutes la discographie et non seulement leurs glorieux débuts.

Ils auraient pourtant pu être contenté par la set list puisque "Sugar coated sour", "The mullet burden" et en rappel (précédé d'une reprise rock non identifié) "The running board" et le fameux "43% burnt". Petit coup de "folie" sur ce dernier titre puisque Jeff Tuttle fait le tour à travers le public, en passant par le côté droit de la scène puis en revenant par la fosse, tout en continuant à jouer, tandis que Ben Weinman s'accroche au plafond par les pieds. Classique donc et assez prévisible, contrairement à ce nouvel album qui prévoit de très bonnes surprises si j'en juge par les trois nouveaux joués ce soir. Beaucoup moins incroyable qu'il y a quelques années, The Dillinger Escape Plan est toujours un groupe dont la musique défie les standards et les attentes, ce que son nouveau public semble apprécier. Gloire à eux et dommage pour les autres.

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