Pour la quatrième prestation de SunnO))) que j'ai eu le plaisir de voir, de sentir et d'entendre, ce fut de nouveau sur la scène du Point Ephémère que le spectacle pris place. Là même où j'avais assisté pour la première fois à une performance du duo accompagné de Malefic de Xasthur, d'un inconnu au machine et d'un autre au trombone.
Eagle Twin eu la tache d'ouvrir le bal avec sur leurs larges épaules de barbus la réputation d'un premier album au dimension cosmique si l'on en croit la parole des magazines Terrorizer et Rock a rolla. Guitare en alluminium et amplis SunnO))) reliés à deux têtes d'amplis Orange, le combo gagnant est réunit de ce côté là. Du point de vue de la performance, c'est une forme de doom complexe et écrasante qui assaille les tympans et se passe très bien de l'absence de basse grâce a l'imposante présence d'un batteur dont le jeu tout en finesse et en puissance aspire l'attention. Quarante minutes de musique sans interruption suffise à convaincre que le potentiel est non seulement là mais que le groupe déploie déjà assez de talent pour mériter tout le bien que l'on a pu en dire. Ce qui, au regard des articles dithyrambiques auxquels ils ont eu droit, n'est pas rien. Loin s'en faut. Quatre, cinq ou six morceaux furent joués, je n'en ai aucune idée. En revanche, acquérir leur album est devenu une idée fixe.
Puis, le culte du soleil (et des amplis du même nom) s'affairent sur la scène, en compagnie de roadie dont l'un porte fièrement un tatouage Retour vers le futur sur le bras, se prépare. Une fois la lumière éteinte, la musique annoncant le début du rituel retentit et il faudra atteindre une bonne dizaine de minutes avant que des figures encapuchonnés dans des robes de burre apparaissent à travers le mur de fumée.
Le spectacle commence d'abord dans un drone tout à fait primitif et etouffant. Les deux guitares massent le public tandis que le délégué aux effets sonores et au clavier se fait entendre. Un mouvement d'une dizaine de minute suivit d'un second percés de mélodies joués par Greg Anderson (O'Malley étant à la basse) jusqu'à ce qu'Atilla Csihar, des légendaires Mayhem (et maintenant aussi de Void Ov Voices) se place de dos devant son micro. Tout de noir vétu, il a révéti une robe de grand prêtre ne laissant apercevoir que son visage quand le projecteur l'éclairent d'une lumière verte fantomatique. Les phrases qu'il récite sont tout en anglais et glissent doucement de ses lèvres pour accompagner les lent mouvement des guitares. A la fois un élément narratif et purement sonore, Csihar n'est pas seulement un invité mais un membre part entière du groupe et de l'expérience.
Progressivement, la musique prend alors une tournure beaucoup plus religieuse. Plus les paroles s'effacent pour être remplacés par un long drone vocal, similaire au son d'un didgeridoo, et plus l'appellation de culte ne devient plus une hyperbole mais une réalité. Les vocalises font évidement pensé à la culture aborigène dont le duo Anderson et O'Malley s'inspire déjà en prenant le rôle de chaman venus filtrer le son des amplis à l'aide de leur propre corps. A l'instar du processus de purification du peyotl appliqué par les chamans où la drogue rituel est consommé avant que les initiés ne boivent l'urine de ceux-ci afin de ne pas subir tout les effets de ce puissant hallucinogène. L'intonation de Csihar permet à la frontière d'être alors totalement franchie pour créer un amalgame entre une atmosphère pieuse perverti par le black metal et l'avant garde. Le seul sacrifice demandé est celui des tympans et de l'énergie des participants volontaire car la messe durera plus d'une heure et quarante cinq minutes au total.
Il est donc bien évident que chaque instant de la performance ne sera pas absolument parfait. Le dernier volet de la soirée sera même d'abord introduit par un long passage noise, comparable au travail de Wolf Eyes, laissant penser à une conclusion avant qu'Attila ne revienne revêtu d'un costume couvert de plaque de verre. Auparavant il s'était recouvert le visage d'un masque laissant à penser à un masque de cire fondu. Une figure cauchemardesque que Stephen O'Malley lui avait tendu tandis que le grand prêtre de cérémonie poussait un cri terrifiant tout en recevant cet artefact.
Toutefois, revêtu de sa dernière tunique, il endossera le rôle d'un christ noir venu bénir les foules grâce à des rayons lasers accrochés au bout de chacun de ses doigts. Mais, avant de communiquer au public tout son pouvoir par la puissance de la lumière, il devra d'abord recevoir, cette fois des mains de Greg Anderson, une couronne d'épine faites de larges morceaux de verre enchassés sur un cercle. Le visage recouvert par le même masque de cire qu'il a revêtu lors de sa première transformation, ses traits ne se distinguent pratiquement plus, de même que ceux d'Anderson et d'O'Malley dont seuls des poils de barbe s'extraient de sous leurs robes.
Venu soutenir leur dernière album, célébrer par la critique, le quatuor ne s'est soumis à aucune règle en agissant comme à l'accoutumé. Ce ne fut donc pas une reproduction, même partiel, de cet album mais une performance à mi chemin entre l'improvisation et la représentation millimétré (j'en veux pour preuve les quelque moments où les musiciens s'interrompent en même temps ou les signes que faisait O'Malley à Csihar en le tapant sur l'épaule) passé sous le filtre des enseignement apportés par les collaborations de ce dernier album. Les concerts de SunnO)) se suivent mais ne se ressemblent pas. Alors que leur concert à Villette Sonique en ouverture de The Jesus Lizard était une célébration de la naissance de l'univers, le quatuor fait maintenant évoluer sa musique de plusieurs milliard d'année pour revenir à l'essence même des cultes et du religieux. Sans avoir de dieu à prier, les fidèles se réunissent pour partager un moment de communion intérieur dans une atmosphère recueilli et propre à l'entrée dans une transe purificatrice.
Il y aura bien toujours quelques marioles pour crier, faire entendre leur capacité à ne pas vouloir prendre au sérieux ce que l'on leur propose. Le cirque habituel des concerts de SunnO))) toujours suivis d'une procession vers la sortie quand ils se rendent compte qu'ils n'ont rien a gagner mais tout à donner pour pouvoir accéder à l'essence d'une performance de SunnO))). L'église du grand soleil vient de poser une nouvelle pierre son évolution avec une performance fantastique et unique. Mon impatience me dicte déjà de m'interroger sur la suite des évènement mais si le spectacle devait en rester là, il n'en serait pas moins imposant.
Sunday, February 07, 2010
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