Tuesday, April 06, 2010

Defrag - Lament element (Hymen Records) 2009


Entre deux citations de Lovecraft, le visage du mannequin de la couverture finit de se craqueler et de révéler les étranges mandibules de cet être insectoïde dont on ne devine encore que trop peu. L'obscurité et la peur ne font qu'un car on ne craint que ce que l'on ne peut pas voir. Lovecraft l'avait bien compris et ses phobies dévorantes lui faisait voir le monde sous l'angle d'un perpétuel inquiet, incapable de se rassurer de quoi que ce soit.

La peur était aussi le centre d'intérêt du Black Mass Radio Show, une émission radio anglaise indépendante qui débuta en 1963. Le but de ses acteurs était de retranscrire sous la forme radiophonique des histoires fantastiques écrites par des auteurs qui n'ont pas pour habitude de traiter de ce genre.

Les divers emprunts de voix proviennent exclusivement de ce programme mais projette le fantastique dans la science fiction du mélange de breakcore et de dubstep de Defrag, aka Jeff Dodson. Courir à travers les canalisations du sous sol d'une métropole en quête de lumière. Les explosions de beat rebondissent sur le sol et le plafond avec des frappes métallique. Des cordes s'entendent au lointain, dernière trace d'une civilisation humaine quand tout est dévoré par les battements découpés, tournés en boucle et interrompu pour former de complexes rythmes digitale entre breakbeat et indus.

Employé pour les performances d'acteurs des auteurs, les voix du Black Mass Radio Show alimentent à leur tour le souffle dub step qui fait de tout son une rythmique. La phrase est découpé de tel manière que ne reste que les syllabes, tout comme les break s'articulent et s'interrogent dans cette course poursuite à bout de souffle dans les dédales dont on ne distingue plus les battements de son cœur de ceux des menaces environnantes. Lament element est toutefois un disque très dansant où l'on imagine parfaitement des cyborgs s'animer sur ce même rythme dans ce chaos où ils se reconnaissent. L'effrayant monstre détenu dans sa carapace humaine n'est alors qu'un invité de plus à apprivoiser dans cet échange de beat aussi organique que mécanique.

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